Son Prisonnier | Tristan
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Nescio Vos :: A vous l'Aventure... - RP - :: Sous-Sols Désaffectés :: Quartiers désaffectés :: Quartier Général :: Salles d'isolement
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Son Prisonnier | Tristan
« Yan, je t’arrête tout de suite : je-ne-coucherai-pas-avec-Tristan-même-si-on-me-payait-pour-ça ! »
Il était dix heures du matin lorsqu’on était venu réveiller Angie, elle avait-il voulu la voir ? Elle ne se sentait pas spécialement bien depuis qu’elle savait que Tristan était dans les murs de l’un des bunkers rebelles. Il était un informaticien extrêmement doué, et s’il parvenait à signaler leur position à ses camarades Guildiens ? Il en serait bien capable. Elle savait bien que Tristan n’avait à sa disposition aucun objet informatique, mais ça n’enlevait pas la boule qu’elle avait dans le ventre depuis quelques jours déjà. La rebelle n’avait pas assisté à la moindre séance de torture du pauvre Darek. Elle s’en était tenue à l’écart comme on évite la peste. Elle avait eu de nombreux prétextes à exposer lorsque la probabilité que ce soit son tour de taper dessus devienne un peu trop élevée. Un grand nombre des rebelles étaient bien ravi de prendre ça place, alors la chose avait passé inaperçu. Ou presque, car cette fois-ci, elle était convoquée par Yan, et elle avait la vague sensation que c’était pour traiter du sujet ‘otage’. Et son intuition n’avait pas été mauvaise. Yan lui avait alors parlé des nombreux essais infructueux pour faire parler Tristan. La torture n’avait rien donné et ça n’avait pas vraiment épaté Ann-Juliett. A partir de là, Yan avait commencé à faire d’étrange allusion en parlant de « douceur » et de « chaleur féminine » pour « lui faire cracher le morceau ». Angie n’avait pas la tête vide, elle l’avait vu venir. Au fond, elle avait le même âge que Tristan, elle avait ses atouts et elle connaissait assez bien Tristan puisqu’ils étaient probablement aussi anciens l’un que l’autre. Beaucoup de point en communs, d’autant plus qu’Angie n’avait pas participé aux séances de torture infligée à Darek. Elle avait donc répondu immédiatement qu’elle ne coucherait pas avec Tristan. Non pas qu’elle trouvait Tristan laid, car il était joli garçon. Mais officiellement, elle le haïssait, officieusement, elle était son ancienne amante, et elle n’avait pas envie de relier avec le passé. Trop difficile pour elle, elle craignait que ce soit elle qui se fasse influencer par Darek, car c’était possible. Heureusement, elle avait pour elle une couverture : la haine qu’elle éprouvait officiellement contre tous les Guildiens. Yan avait alors enchaîné sur le fait qu’elle agirait pour une noble cause, qu’il fallait que Tristan parle. Mais Angie était buttée. Elle l’avait laissé parlé pour claquer un « non » final complètement catégorique.
Il était dix heures du matin lorsqu’on était venu réveiller Angie, elle avait-il voulu la voir ? Elle ne se sentait pas spécialement bien depuis qu’elle savait que Tristan était dans les murs de l’un des bunkers rebelles. Il était un informaticien extrêmement doué, et s’il parvenait à signaler leur position à ses camarades Guildiens ? Il en serait bien capable. Elle savait bien que Tristan n’avait à sa disposition aucun objet informatique, mais ça n’enlevait pas la boule qu’elle avait dans le ventre depuis quelques jours déjà. La rebelle n’avait pas assisté à la moindre séance de torture du pauvre Darek. Elle s’en était tenue à l’écart comme on évite la peste. Elle avait eu de nombreux prétextes à exposer lorsque la probabilité que ce soit son tour de taper dessus devienne un peu trop élevée. Un grand nombre des rebelles étaient bien ravi de prendre ça place, alors la chose avait passé inaperçu. Ou presque, car cette fois-ci, elle était convoquée par Yan, et elle avait la vague sensation que c’était pour traiter du sujet ‘otage’. Et son intuition n’avait pas été mauvaise. Yan lui avait alors parlé des nombreux essais infructueux pour faire parler Tristan. La torture n’avait rien donné et ça n’avait pas vraiment épaté Ann-Juliett. A partir de là, Yan avait commencé à faire d’étrange allusion en parlant de « douceur » et de « chaleur féminine » pour « lui faire cracher le morceau ». Angie n’avait pas la tête vide, elle l’avait vu venir. Au fond, elle avait le même âge que Tristan, elle avait ses atouts et elle connaissait assez bien Tristan puisqu’ils étaient probablement aussi anciens l’un que l’autre. Beaucoup de point en communs, d’autant plus qu’Angie n’avait pas participé aux séances de torture infligée à Darek. Elle avait donc répondu immédiatement qu’elle ne coucherait pas avec Tristan. Non pas qu’elle trouvait Tristan laid, car il était joli garçon. Mais officiellement, elle le haïssait, officieusement, elle était son ancienne amante, et elle n’avait pas envie de relier avec le passé. Trop difficile pour elle, elle craignait que ce soit elle qui se fasse influencer par Darek, car c’était possible. Heureusement, elle avait pour elle une couverture : la haine qu’elle éprouvait officiellement contre tous les Guildiens. Yan avait alors enchaîné sur le fait qu’elle agirait pour une noble cause, qu’il fallait que Tristan parle. Mais Angie était buttée. Elle l’avait laissé parlé pour claquer un « non » final complètement catégorique.
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« Je le hais… Je le hais ! Yan, tu vas me le payer cher ! »
Fit-elle entre ses dents quand, deux heures plus tard, elle se dirigeait vers la cellule de Tristan Darek. Yan avait fini par la menacer et obliger la jeune femme à rendre visite à son ancien amant pour essayer à son tour la manière douce. Ah ! Le beau paradoxe ! Angie et la manière douce ! Quel rigolo ce Yan ! Elle entra dans la cellule de Tristan, claqua la porte derrière elle (ca avait du sortir Tristan de sa léthargie) et s’adossa à la porte, les deux bras croisés sous sa poitrine, le visage rouge de colère. Angie, en mode dragon, ca rendait l’atmosphère électrique, et Tristan devait bien sentir que la jeune femme était tout sauf ravie d’être présente. Elle portait son habituelle combinaison, proche du corps, afin d’être prête à être sur le terrain qui l’alarme retentissait dans les couloirs du bunker. Elle n’avait pas mis une jolie robe pour « faire de l’effet » à Tristan comme Yan le lui avait conseillé. Elle avait presque déjà renoncé à faire quoique ce soit avec lui, elle n’avait ni envie de lui faire du mal, ni envie de lui faire du bien. Elle resta près de la porte des bras croisés, sa respiration pleine de colère et de mécontentement.
« Je te dispense de tout commentaire, Darek. »
Un ton froid, sec, montrant sa colère bien plus fort que jamais. Tristan avait toujours eu l’art de placer la bonne réplique qui faisait mal au bon moment, et elle ne voulait pas l’entendre. Bien sûr, le meilleur moyen de le faire taire aurait été de le bâillonner, mais elle n’en avait ni l’envie ni le moyen, ainsi s’il voulait se montrer sarcastique, il en avait encore l’opportunité. Angie n’était néanmoins pas d’humeur à l’entendre, alors s’il tenait un tant soit peu à son nez, il la bouclerait. Elle s’approcha finalement de lui, il était assis, dos contre un mur, les mains liées. Un prisonnier. Son prisonnier à cet instant bien précis. Elle appuya ses coudes et l’avant de ses bras croisés contre le mur au dessus de Tristan et cala son genoux sous son menton pour lui relever la tête. Elle la regardait à travers le trou formé par ses bras, son visage relevé.
« Ils t’ont bien amoché, bel ami. »
Cette fois, la colère avait presque disparu. Elle avait laissé place à une sorte de peine, un peu particulière : elle était triste pour ce qui lui arrivait, mais d’un autre côte, il n’aurait qu’à parler pour ne pas finir ainsi. Il aurait été installé dans la confrérie de la rébellion et aurait été protégé de la Guilde. C’était peut-être une peine sans en être une, mais elle existait bel et bien dans son cœur, même si elle faisait tout pour l’étouffer. Elle respira profondément, pour reprendre le dessus sur la mélancolie qui apparaissait un peu trop sur son visage. Et puis elle releva la tête, fixant le mur à vingt centimètres de son nez, Tristan à ses pieds. L’humilier ? Peut-être bien. Angie avait toujours eu ce besoin de dominer et de maîtriser la situation dans laquelle elle était. Aujourd’hui, même après dix ans d’absence, ça n’avait pas vraiment changé. Et ce n’était pas la seule chose qui était restée identique : dans son esprit, elle était toujours l’amante qu’elle avait été. Ils ne s’étaient pas dit adieu, ils ne s’étaient pas quittés. Juste laissés de côté pendant dix ans.
« Que vas-tu faire cette fois Tristan, sans tes machines pour t’aider ? Tu n’as plus d’armes pour te battre. La réalité est un tout autre terrain que ce qui se passe par un écran de virtualité ? Que vas-tu faire, dis-moi ? Comment comptes-tu t’en sortir ? Vas-tu attendre qu’on vienne te chercher ? Vas-tu te laisser détruire ? »
Détruire Darek. A défaut de pouvoir lui soutirer des informations importantes, l’ordre de Yan avait été d’anéantir Tristan, faire en sorte qu’il devienne un homme qui ne se relève jamais plus.
Fit-elle entre ses dents quand, deux heures plus tard, elle se dirigeait vers la cellule de Tristan Darek. Yan avait fini par la menacer et obliger la jeune femme à rendre visite à son ancien amant pour essayer à son tour la manière douce. Ah ! Le beau paradoxe ! Angie et la manière douce ! Quel rigolo ce Yan ! Elle entra dans la cellule de Tristan, claqua la porte derrière elle (ca avait du sortir Tristan de sa léthargie) et s’adossa à la porte, les deux bras croisés sous sa poitrine, le visage rouge de colère. Angie, en mode dragon, ca rendait l’atmosphère électrique, et Tristan devait bien sentir que la jeune femme était tout sauf ravie d’être présente. Elle portait son habituelle combinaison, proche du corps, afin d’être prête à être sur le terrain qui l’alarme retentissait dans les couloirs du bunker. Elle n’avait pas mis une jolie robe pour « faire de l’effet » à Tristan comme Yan le lui avait conseillé. Elle avait presque déjà renoncé à faire quoique ce soit avec lui, elle n’avait ni envie de lui faire du mal, ni envie de lui faire du bien. Elle resta près de la porte des bras croisés, sa respiration pleine de colère et de mécontentement.
« Je te dispense de tout commentaire, Darek. »
Un ton froid, sec, montrant sa colère bien plus fort que jamais. Tristan avait toujours eu l’art de placer la bonne réplique qui faisait mal au bon moment, et elle ne voulait pas l’entendre. Bien sûr, le meilleur moyen de le faire taire aurait été de le bâillonner, mais elle n’en avait ni l’envie ni le moyen, ainsi s’il voulait se montrer sarcastique, il en avait encore l’opportunité. Angie n’était néanmoins pas d’humeur à l’entendre, alors s’il tenait un tant soit peu à son nez, il la bouclerait. Elle s’approcha finalement de lui, il était assis, dos contre un mur, les mains liées. Un prisonnier. Son prisonnier à cet instant bien précis. Elle appuya ses coudes et l’avant de ses bras croisés contre le mur au dessus de Tristan et cala son genoux sous son menton pour lui relever la tête. Elle la regardait à travers le trou formé par ses bras, son visage relevé.
« Ils t’ont bien amoché, bel ami. »
Cette fois, la colère avait presque disparu. Elle avait laissé place à une sorte de peine, un peu particulière : elle était triste pour ce qui lui arrivait, mais d’un autre côte, il n’aurait qu’à parler pour ne pas finir ainsi. Il aurait été installé dans la confrérie de la rébellion et aurait été protégé de la Guilde. C’était peut-être une peine sans en être une, mais elle existait bel et bien dans son cœur, même si elle faisait tout pour l’étouffer. Elle respira profondément, pour reprendre le dessus sur la mélancolie qui apparaissait un peu trop sur son visage. Et puis elle releva la tête, fixant le mur à vingt centimètres de son nez, Tristan à ses pieds. L’humilier ? Peut-être bien. Angie avait toujours eu ce besoin de dominer et de maîtriser la situation dans laquelle elle était. Aujourd’hui, même après dix ans d’absence, ça n’avait pas vraiment changé. Et ce n’était pas la seule chose qui était restée identique : dans son esprit, elle était toujours l’amante qu’elle avait été. Ils ne s’étaient pas dit adieu, ils ne s’étaient pas quittés. Juste laissés de côté pendant dix ans.
« Que vas-tu faire cette fois Tristan, sans tes machines pour t’aider ? Tu n’as plus d’armes pour te battre. La réalité est un tout autre terrain que ce qui se passe par un écran de virtualité ? Que vas-tu faire, dis-moi ? Comment comptes-tu t’en sortir ? Vas-tu attendre qu’on vienne te chercher ? Vas-tu te laisser détruire ? »
Détruire Darek. A défaut de pouvoir lui soutirer des informations importantes, l’ordre de Yan avait été d’anéantir Tristan, faire en sorte qu’il devienne un homme qui ne se relève jamais plus.
Ann-Juliett Taylor~ Rebelle ~ - Camp : Confrérie de la Rébellion
Profession : Rebelle
Âge réel : 140 ans
Âge d'apparence : 28 ans
Compétences
Mémoire:
(5250/10000)
Compétence principale: Armes à feu
Niveau de Compétence: Maître
Re: Son Prisonnier | Tristan
S'ils avaient vraiment voulu obtenir quoi que ce soit de lui, ils auraient quand même pu se passer de la bonne idée de lui lier les mains et à la place lui filer une bonne boîte de craies et une demi douzaine de grands tableaux. Franchement, déjà que les hommes de terrain n'étaient pas fut fut, les rebelles ne faisaient non seulement pas exception à la règle mais ils la confirmaient et étaient en plus capables d'abattre toutes les espérances de ce côté-là. Comme si inventer un robot doté d'une intelligence artificielle à échelle au moins humaine était bien la seule et toute dernière chance de croire en l'utopie de l'homme de terrain doué d'une intelligence hors du commun.
Espéraient-ils vraiment obtenir quelque chose de sa part ou ces longs jours passés à réduire son corps en charpie n'étaient-ils qu'une odieuse mascarade ? Eux seuls le savaient. Mais ils avaient choisi la mauvaise méthode. Existait-il seulement une méthode, un remède contre la fidélité poussée à son apogée où chaque épreuve renforçait le zèle ancré dans son corps et dans son âme ? Folie... Et de la folie était né le génie d'un homme qui n'avait finalement plus rien d'autre à espérer que l'or qui que l'on pouvait trouver au fond de son cerveau et que l'on espérait extraire par tous les moyens. Mais il n'était pas la poule aux œufs d'or et que l'on attende ou qu'on l'ouvre il n'en sortirait rien, jamais rien.
Acculé contre un mur, acculé entre la souffrance et la violence, il avait fermé les yeux, il s'était fermé à la réalité et tant pis s'il n'en reviendrait jamais, à quoi bon rester encore ici alors qu'il n'avait plus rien à attendre des hommes ? L'horreur face à son passé avait été une épreuve qu'il n'avait pu surmonter et aujourd'hui il lisait le mal dans tous ces hommes et ces femmes. Il aurait voulu leur hurler de ne pas faire ça, d'oublier ces idées, que leurs actes un jour les rongeraient jusqu'à la moelle ou bien qu'ils en seraient un jour punis, peut-être même les deux mais il n'y était pas parvenu. Il avait regardé, il avait été témoin et ces images ne s'effaceraient jamais de sa tête. Comment avoir encore la foi ? Comment avoir encore confiance ? Comment pouvoir un jour encore aimer autre chose que la froideur de son monde fait de rationalité et de données quantifiables ?
Acculé à son dégoût, il avait fermé les yeux, il avait cessé de se demander depuis quand il était là, s'il s'en sortirait, s'il existait une autre voie que la souffrance. De toutes ses forces il avait lutté contre le chaos de ses sentiments qui s'affrontaient en lui et il s'était plongé corps et âme dans l'apathie, dernier remède qu'il avait trouvé pour ne pas sombrer dans plus noires ténèbres que celles qu'il traversait déjà.
Le manque l'avait rendu tremblant, lui qui ne passait pas une minute loin d'un écran, lui dont l'alimentation se limitait aux cafés les plus imbuvables avait été sevré trop vite. Le bien-être qui l'avait toujours accompagné à l'instant même où il touchait un clavier, où ses yeux se posaient sur l'écran familier était peut-être révolu à jamais. Son âme desséchée avait peu à peu perdu le souvenir de ces instants fragiles et l'incapacité à tester tout ce qu'il avait bien pu imaginer, l'impossibilité totale de voir le fruit de son travail l'avait obligé à abandonner avec désespoir sa matière favorite.
Comme dans ses pires cauchemars, il était retombé dans un monde sans technologie, il avait retrouvé le XIX ème siècle et perdu tout moyen de vivre. La solution s'était trouvé dans un autre domaine, là où il avait abandonné depuis si longtemps ses recherches qu'il avait un instant eu peur de tout oublier. Mais la mémoire de Tristan Darek était des plus fiables et tel un disque dur doté des bons logiciels, il avait peu à peu reconstruit les données dont il ne restait plus que quelques fragments, jusqu'à ce que tout soit complet et qu'il puisse se replonger complètement dans ses problèmes. Complet. Voilà un mot qui éveillait en lui des souvenirs. Les problèmes NP-complet. Le problème P = NP. Joyce était-il encore là ? Aiden était-il tombé ? Mathys était-il entré dans sa vie ? Le temps n'avait plus d'importance, ce n'était qu'un flot au milieu de ses équations, de ses recherches. On lui avait lié les mains, il ne pouvait rien écrire et il devait tout faire de tête sans jamais s'appuyer sur une surface écrite pour lui rappeler ce qu'il avait négligé mais on ne lui avait pas enlevé sa voix. Alors il s'était surpris à murmurer le fruit de ses recherches. Nul doute qu'on l'écoutait avec attention, que dans les premiers instants on avait cru qu'il commençait à avouer. Belle naïveté. Lui, derrière son écran devait bien savoir de quoi il parlait, il avait bien dû comprendre que ce qu'il faisait ne les avancerait pas, que c'était vain, qu'il ne trouverait pas en l'espace de quelques jours la solution d'un problème qui depuis des années prenait l'esprit et la raison des grands mathématiciens qui s'acharnaient dessus.
Ce jour-là, Tristan avait ouvert les yeux, une autre lueur y régnait, loin de la mort terne qui le dévorait depuis si longtemps. Comme lorsqu'il se sentait tout près de la solution, une étrange frénésie s'était emparé de son corps, lui avait permis de revivre encore un peu. Combien de temps mettraient-ils pour abattre ses espérances, ses moments de calme où il pouvait s'adonner à ce qui lui avait toujours permis de lutter contre la mort ?
Le bruit de la porte le fit sursauter mais il ne fit guère attention à ceux qui entraient pour le torturer encore. Il n'était plus de ce monde, il devait s'en convaincre – ne disait-on pas que l'esprit était plus fort que la matière ? - il devait oublier toutes ces choses-là pour se consacrer uniquement à ce qui le faisait vibrer et rendait sa vie aussi excitante que celle d'un chasseur à l'approche de sa proie.
Ce qui restait de l'homme s'était tu. Sans fierté derrière l'ombre de ses pensées, il avait peu à peu réussi à se convaincre qu'il était au milieu de bêtes sauvages, qu'il lui fallait encore rester humain et se détacher de tout ce mal, qu'il fallait lutter pour la beauté de l'intelligence, pour prouver que la raison était plus forte que la pire des folies, le plus sombre des aveuglements.
Pour quelle cause se battait-il ? Ne valait-il pas mieux se mettre sous leur protection et les éclairer de sa science ? De quel côté étaient les plus aveugles, les pires des hommes ? Qu'avait donc la guilde de mieux que ceux-là ? Pourquoi l'avait-il choisit elle et pas eux ? Il ne se souvenait plus, peut-être n'y avait-il pas de raisons, la seule chose qui demeurait c'était son obsession. Son obsession à prouver que P = NP ou bien que P ≠ NP , son obsession à lutter contre ces sauvages sans visage, son obsession à se battre contre le spectre de la mort avec plus de force et plus d'ardeur que ceux qui n'étaient jamais tombés au fond de l'enfer et qui n'en risqueraient jamais la chute.
Plongé dans sa vaste quête, il n'avait pas écouté ce qu'on lui disait, il n'avait pas réagi ni regardé et avait poursuivi sa litanie de formules et d'équations, répétant parfois plusieurs fois chacune des lignes qu'il énumérait pour ne pas perdre le nord.
Cela faisait bien des heures qu'il ne dormait plus, qu'il ne mangeait plus, tout ça pesait de plus en plus sur son esprit à chaque minute un peu plus vacillant. Ses paupières étaient lourdes, sa voix cassée et toujours plus faible, son visage n'avait jamais été si creux et il avait tant maigri qu'il ne lui restait cette fois plus que la peau sur les os.
On s'était penché sur lui, on l'avait forcé à relever la tête pour qu'il voit le visage de son tortionnaire et il s'était laissé faire sans réticence. Son regard embrumé eut la force de la reconnaître.
Angie... C'est toi ? Murmura-t-il, comme s'il n'était plus tout à fait sûr, après tout peut-être lui faisait-on croire, peut-être que tout ceci n'était que virtuel et que son esprit était si convaincu que c'était la réalité qu'il ne pouvait se rendre compte de sa fausseté. Où était la réalité ? Existait-elle vraiment ?
Parfois il arrivait encore à s'évader totalement mais on ne lui laissait jamais bien longtemps ce maigre répit, ce bienfaisant souffle de vie.
Il faut... Il faut que je continue... Il faut que je trouve la solution, oui, c'est ça, la solution à ce problème... tu sais... le problème P = NP, il faut que je le résolve, je dois... dois le faire...
Sans penser à lui en expliquer d'avantage, à évoquer la raison de cette nécessité, il se remit à parler le langage mathématique qu'elle ne devait pas comprendre. Pas longtemps néanmoins car un éclair de lucidité lui permit de reprendre ses explications.
Si elle est validée on pourrait résoudre tous les problèmes NP-complet dans un temps polynomial... il faudrait changer les systèmes de cryptographie... à clé publique... tu sais ceux... mais si c'est le contraire on saurait peut-être pourquoi il faut utiliser... il faut utiliser la force brute... c'est tellement important... peut-être qu'en fait il est indécidable... il faut chercher... chercher encore...
Le regard dans le vide, l'esprit conditionné pour cet unique travail, comme un robot, il poursuivit ses recherches, quitte à tourner en rond pendant des heures pour être sûr qu'il ne se soit pas trompé, quitte à y perdre son âme. Mais c'était le seul moyen de lutter, n'est-ce pas ?
Espéraient-ils vraiment obtenir quelque chose de sa part ou ces longs jours passés à réduire son corps en charpie n'étaient-ils qu'une odieuse mascarade ? Eux seuls le savaient. Mais ils avaient choisi la mauvaise méthode. Existait-il seulement une méthode, un remède contre la fidélité poussée à son apogée où chaque épreuve renforçait le zèle ancré dans son corps et dans son âme ? Folie... Et de la folie était né le génie d'un homme qui n'avait finalement plus rien d'autre à espérer que l'or qui que l'on pouvait trouver au fond de son cerveau et que l'on espérait extraire par tous les moyens. Mais il n'était pas la poule aux œufs d'or et que l'on attende ou qu'on l'ouvre il n'en sortirait rien, jamais rien.
Acculé contre un mur, acculé entre la souffrance et la violence, il avait fermé les yeux, il s'était fermé à la réalité et tant pis s'il n'en reviendrait jamais, à quoi bon rester encore ici alors qu'il n'avait plus rien à attendre des hommes ? L'horreur face à son passé avait été une épreuve qu'il n'avait pu surmonter et aujourd'hui il lisait le mal dans tous ces hommes et ces femmes. Il aurait voulu leur hurler de ne pas faire ça, d'oublier ces idées, que leurs actes un jour les rongeraient jusqu'à la moelle ou bien qu'ils en seraient un jour punis, peut-être même les deux mais il n'y était pas parvenu. Il avait regardé, il avait été témoin et ces images ne s'effaceraient jamais de sa tête. Comment avoir encore la foi ? Comment avoir encore confiance ? Comment pouvoir un jour encore aimer autre chose que la froideur de son monde fait de rationalité et de données quantifiables ?
Acculé à son dégoût, il avait fermé les yeux, il avait cessé de se demander depuis quand il était là, s'il s'en sortirait, s'il existait une autre voie que la souffrance. De toutes ses forces il avait lutté contre le chaos de ses sentiments qui s'affrontaient en lui et il s'était plongé corps et âme dans l'apathie, dernier remède qu'il avait trouvé pour ne pas sombrer dans plus noires ténèbres que celles qu'il traversait déjà.
Le manque l'avait rendu tremblant, lui qui ne passait pas une minute loin d'un écran, lui dont l'alimentation se limitait aux cafés les plus imbuvables avait été sevré trop vite. Le bien-être qui l'avait toujours accompagné à l'instant même où il touchait un clavier, où ses yeux se posaient sur l'écran familier était peut-être révolu à jamais. Son âme desséchée avait peu à peu perdu le souvenir de ces instants fragiles et l'incapacité à tester tout ce qu'il avait bien pu imaginer, l'impossibilité totale de voir le fruit de son travail l'avait obligé à abandonner avec désespoir sa matière favorite.
Comme dans ses pires cauchemars, il était retombé dans un monde sans technologie, il avait retrouvé le XIX ème siècle et perdu tout moyen de vivre. La solution s'était trouvé dans un autre domaine, là où il avait abandonné depuis si longtemps ses recherches qu'il avait un instant eu peur de tout oublier. Mais la mémoire de Tristan Darek était des plus fiables et tel un disque dur doté des bons logiciels, il avait peu à peu reconstruit les données dont il ne restait plus que quelques fragments, jusqu'à ce que tout soit complet et qu'il puisse se replonger complètement dans ses problèmes. Complet. Voilà un mot qui éveillait en lui des souvenirs. Les problèmes NP-complet. Le problème P = NP. Joyce était-il encore là ? Aiden était-il tombé ? Mathys était-il entré dans sa vie ? Le temps n'avait plus d'importance, ce n'était qu'un flot au milieu de ses équations, de ses recherches. On lui avait lié les mains, il ne pouvait rien écrire et il devait tout faire de tête sans jamais s'appuyer sur une surface écrite pour lui rappeler ce qu'il avait négligé mais on ne lui avait pas enlevé sa voix. Alors il s'était surpris à murmurer le fruit de ses recherches. Nul doute qu'on l'écoutait avec attention, que dans les premiers instants on avait cru qu'il commençait à avouer. Belle naïveté. Lui, derrière son écran devait bien savoir de quoi il parlait, il avait bien dû comprendre que ce qu'il faisait ne les avancerait pas, que c'était vain, qu'il ne trouverait pas en l'espace de quelques jours la solution d'un problème qui depuis des années prenait l'esprit et la raison des grands mathématiciens qui s'acharnaient dessus.
Ce jour-là, Tristan avait ouvert les yeux, une autre lueur y régnait, loin de la mort terne qui le dévorait depuis si longtemps. Comme lorsqu'il se sentait tout près de la solution, une étrange frénésie s'était emparé de son corps, lui avait permis de revivre encore un peu. Combien de temps mettraient-ils pour abattre ses espérances, ses moments de calme où il pouvait s'adonner à ce qui lui avait toujours permis de lutter contre la mort ?
Le bruit de la porte le fit sursauter mais il ne fit guère attention à ceux qui entraient pour le torturer encore. Il n'était plus de ce monde, il devait s'en convaincre – ne disait-on pas que l'esprit était plus fort que la matière ? - il devait oublier toutes ces choses-là pour se consacrer uniquement à ce qui le faisait vibrer et rendait sa vie aussi excitante que celle d'un chasseur à l'approche de sa proie.
Ce qui restait de l'homme s'était tu. Sans fierté derrière l'ombre de ses pensées, il avait peu à peu réussi à se convaincre qu'il était au milieu de bêtes sauvages, qu'il lui fallait encore rester humain et se détacher de tout ce mal, qu'il fallait lutter pour la beauté de l'intelligence, pour prouver que la raison était plus forte que la pire des folies, le plus sombre des aveuglements.
Pour quelle cause se battait-il ? Ne valait-il pas mieux se mettre sous leur protection et les éclairer de sa science ? De quel côté étaient les plus aveugles, les pires des hommes ? Qu'avait donc la guilde de mieux que ceux-là ? Pourquoi l'avait-il choisit elle et pas eux ? Il ne se souvenait plus, peut-être n'y avait-il pas de raisons, la seule chose qui demeurait c'était son obsession. Son obsession à prouver que P = NP ou bien que P ≠ NP , son obsession à lutter contre ces sauvages sans visage, son obsession à se battre contre le spectre de la mort avec plus de force et plus d'ardeur que ceux qui n'étaient jamais tombés au fond de l'enfer et qui n'en risqueraient jamais la chute.
Plongé dans sa vaste quête, il n'avait pas écouté ce qu'on lui disait, il n'avait pas réagi ni regardé et avait poursuivi sa litanie de formules et d'équations, répétant parfois plusieurs fois chacune des lignes qu'il énumérait pour ne pas perdre le nord.
Cela faisait bien des heures qu'il ne dormait plus, qu'il ne mangeait plus, tout ça pesait de plus en plus sur son esprit à chaque minute un peu plus vacillant. Ses paupières étaient lourdes, sa voix cassée et toujours plus faible, son visage n'avait jamais été si creux et il avait tant maigri qu'il ne lui restait cette fois plus que la peau sur les os.
On s'était penché sur lui, on l'avait forcé à relever la tête pour qu'il voit le visage de son tortionnaire et il s'était laissé faire sans réticence. Son regard embrumé eut la force de la reconnaître.
Angie... C'est toi ? Murmura-t-il, comme s'il n'était plus tout à fait sûr, après tout peut-être lui faisait-on croire, peut-être que tout ceci n'était que virtuel et que son esprit était si convaincu que c'était la réalité qu'il ne pouvait se rendre compte de sa fausseté. Où était la réalité ? Existait-elle vraiment ?
Parfois il arrivait encore à s'évader totalement mais on ne lui laissait jamais bien longtemps ce maigre répit, ce bienfaisant souffle de vie.
Il faut... Il faut que je continue... Il faut que je trouve la solution, oui, c'est ça, la solution à ce problème... tu sais... le problème P = NP, il faut que je le résolve, je dois... dois le faire...
Sans penser à lui en expliquer d'avantage, à évoquer la raison de cette nécessité, il se remit à parler le langage mathématique qu'elle ne devait pas comprendre. Pas longtemps néanmoins car un éclair de lucidité lui permit de reprendre ses explications.
Si elle est validée on pourrait résoudre tous les problèmes NP-complet dans un temps polynomial... il faudrait changer les systèmes de cryptographie... à clé publique... tu sais ceux... mais si c'est le contraire on saurait peut-être pourquoi il faut utiliser... il faut utiliser la force brute... c'est tellement important... peut-être qu'en fait il est indécidable... il faut chercher... chercher encore...
Le regard dans le vide, l'esprit conditionné pour cet unique travail, comme un robot, il poursuivit ses recherches, quitte à tourner en rond pendant des heures pour être sûr qu'il ne se soit pas trompé, quitte à y perdre son âme. Mais c'était le seul moyen de lutter, n'est-ce pas ?
Tristan Darek~ Commandor ~
Section informatique- Camp : Guilde Impériale
Profession : Commandor de la brigade informatique
Âge réel : 107 ans
Âge d'apparence : Environ 27 ans
Compétences
Mémoire:
(9750/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître
Re: Son Prisonnier | Tristan
[Désolé du temps de latence...]
Le visage de Tristan semblait avoir traversé bien des combats. La mer, le vent et le sable, mais rien n’avait semblé pouvoir l’achevé. Il restait là, encore, dans un piteux état certes, dans un délabrement de l’esprit atroce, bien plus encore, mais il fallait convenir qu’il était encore debout cet homme là. Etrange. Angie ne l’aurait pas cru aussi résistant. Lui, Traktueur, qui restait plus de la moitié de sa journée accroché à son ordinateur comme une sangsue à la peau. Alors non, elle n’aurait pas vraiment cru que Tristan soit encore en vie. La situation était loin de lui déplaire, elle aurait été attristée de sa mort, mais comme tous les morts à Nosco, ils sombrent dans l’oubli lorsque naissent de nouveaux héros. Tristan n’avait pas vraiment été le genre de héros qui épée en main et bouclier de l’autre, montait sur son fier cheval blanc combattre des armées. Angie pouvait même dire ne jamais avoir vu Tristan porter la moindre épée. L’arme de Darek avait toujours été ces petits joujoux informatiques. Ici, dans les geôles rebelles, il s’en trouvait fort dépourvu. Etait-ce donc cela qui produisait ces délires chimériques ? La parole de Tristan, comme un écho éthéré, traitait de sujets étranges, comme des bribes d’arcanes dont il faudrait percer le secret. Ann-Juliett ne se sentait ni le force ni l’envie de découvrir ce qu’il disait. Elle se contenta de répondre à la première question.
« Oui, c’est moi. Bien réelle. Si tel n’était pas le cas, tu fantasmerais sur moi en prison. Je suis touchée. Si tu me demandes, c’est que tu en doutes, n’est-ce pas ? Sois rassuré, je ne suis pas ton bourreau. »
Elle laissa ses jambes se plier sous elle jusqu’à elle assise à califourchon sur lui, son visage à hauteur du sien. Son visage était détendu, aucune ride d’un quelconque sentiment ne venait le ternir. Cependant, ses yeux vides et ses paupières mi-closes, regard vers le bas, trahissait bien la peine qu’elle avait de voir son ancien amant de la sorte. Juste de la peine. Il n’y avait pas de remords. Il n’y avait rien qu’elle puisse regretter. Elle avait suivi son chemin et lui le sien. Ils s’étaient séparés par la force des choses. Il ne lui avait pas manqué. Elle n’avait pas senti de vide en elle. Aujourd’hui, il était là, et elle avait l’impression de retrouver une douceur d’antan, sans que celle-ci lui soit indispensable. Sa relation avait Tristan avait toujours été des plus étranges et pourtant des plus simples à comprendre. Il y avait eu de l’attachement, pas de l’amour. Il y avait des plaisirs charnels et une possession qui se limitait à des moments bien précis dans leurs existences, sans que cela ne rime ni avec toujours, ni avec jamais. C’était des fois, souvent, ou très peu, c’était parfois, mais aucun excès romanesque n’avait eu tiré de leur union. Il était là aujourd’hui, et demain, il ne le serait plus. Ca lui faisait une belle jambe. Ce qui lui importait fut qu’il soit là ce jour, cet instant. Il n’y avait pas d’avenir. Elle prit sa propre manche dans sa paume et essuya le sang sur la joue de l’albinos.
« Espèce d’idiot. Aussi brillant puisses-tu être, tu ne trouveras jamais ce à quoi beaucoup se frottèrent avant toi sans en trouver la clé. La science ne remplacera jamais le hasard. Ta quête est vouée à un échec, abandonne. »
Etait-ce cruel de sa part de vouloir briser ce qui retenait Tristan en vie ? C’était sa quête, à lui et elle souhait l’en priver. Pourquoi ? Parce que c’était sans espoir. Il y avait d’ailleurs bien longtemps qu’Angie avait perdu tout espoir en ce monde Noscien. Tout ici était vide. Pourquoi Tristan s’accrochait-il ? Pourquoi s’acharnait-il ? Il aurait été plus simple de sombrer lentement dans la folie. Ca aurait été plus doux. Ne croyez pas que c’était ce qu’Angie souhaitait. Mais Tristan parait la folie par la folie. Alors quitte à y plonger, autant choisir la manière la plus douce. Et puis, dans cette première manière, Tristan parlerait. Cela profiterait au camp rebelle.
« Abandonne. »
Souffla-t-elle dans son cou. Il était chaud, son souffle. Et il se perdait dans le silence. Elle était bien basse Angie, dans son cœur. Jamais son âme, en 140 années ne s’était autant égarée dans les limbes de l’absence et de l’abnégation. Elle aurait voulu tout oublier jusqu’à son propre nom. N’avait-elle pas déjà oublié ? Et lorsque ça avait été le cas, ce fut Morgane de Welfort qui était venue à bras ouverts l’accueillir. Combien de belles années dans l’innocence ? Et combien fut lourd le réveil. Douloureux, aussi, dans un même temps. Ce fut les créatures. C’était ce monde incertain, plein de danger. Jeune, elle avait voulu se faire le soldat des Nosciens. Mais peu à peu, elle avait découvert l’horreur de se monde. De l’espoir naquit le dégoût. Et aujourd’hui elle n’avait plus rien. C’était alors peut-être la jalousie qui l’animait. C’était peut-être parce que Tristan trouvait encore quelque chose à quoi se raccrocher, et que elle, elle n’avait trouvé aucune bras, aucune main tendue pour la retenir dans sa chute. Tout sa vie Noscoienne, elle avait été là pour faire grandir les autres, les protéger. En vétérante, on l’appelait Madame et on la vouvoyait. Elle aurait aimé un peu plus de proximité avec des semblables. Mais ceux de l’époque des de Welfort s’étaient faits de plus en plus rares, et elle s’était retrouvée dans le silence et l’obscurité de la solitude. De ce gouffre est née la haine. Et elle détestait dès lors Nosco.
Le visage de Tristan semblait avoir traversé bien des combats. La mer, le vent et le sable, mais rien n’avait semblé pouvoir l’achevé. Il restait là, encore, dans un piteux état certes, dans un délabrement de l’esprit atroce, bien plus encore, mais il fallait convenir qu’il était encore debout cet homme là. Etrange. Angie ne l’aurait pas cru aussi résistant. Lui, Traktueur, qui restait plus de la moitié de sa journée accroché à son ordinateur comme une sangsue à la peau. Alors non, elle n’aurait pas vraiment cru que Tristan soit encore en vie. La situation était loin de lui déplaire, elle aurait été attristée de sa mort, mais comme tous les morts à Nosco, ils sombrent dans l’oubli lorsque naissent de nouveaux héros. Tristan n’avait pas vraiment été le genre de héros qui épée en main et bouclier de l’autre, montait sur son fier cheval blanc combattre des armées. Angie pouvait même dire ne jamais avoir vu Tristan porter la moindre épée. L’arme de Darek avait toujours été ces petits joujoux informatiques. Ici, dans les geôles rebelles, il s’en trouvait fort dépourvu. Etait-ce donc cela qui produisait ces délires chimériques ? La parole de Tristan, comme un écho éthéré, traitait de sujets étranges, comme des bribes d’arcanes dont il faudrait percer le secret. Ann-Juliett ne se sentait ni le force ni l’envie de découvrir ce qu’il disait. Elle se contenta de répondre à la première question.
« Oui, c’est moi. Bien réelle. Si tel n’était pas le cas, tu fantasmerais sur moi en prison. Je suis touchée. Si tu me demandes, c’est que tu en doutes, n’est-ce pas ? Sois rassuré, je ne suis pas ton bourreau. »
Elle laissa ses jambes se plier sous elle jusqu’à elle assise à califourchon sur lui, son visage à hauteur du sien. Son visage était détendu, aucune ride d’un quelconque sentiment ne venait le ternir. Cependant, ses yeux vides et ses paupières mi-closes, regard vers le bas, trahissait bien la peine qu’elle avait de voir son ancien amant de la sorte. Juste de la peine. Il n’y avait pas de remords. Il n’y avait rien qu’elle puisse regretter. Elle avait suivi son chemin et lui le sien. Ils s’étaient séparés par la force des choses. Il ne lui avait pas manqué. Elle n’avait pas senti de vide en elle. Aujourd’hui, il était là, et elle avait l’impression de retrouver une douceur d’antan, sans que celle-ci lui soit indispensable. Sa relation avait Tristan avait toujours été des plus étranges et pourtant des plus simples à comprendre. Il y avait eu de l’attachement, pas de l’amour. Il y avait des plaisirs charnels et une possession qui se limitait à des moments bien précis dans leurs existences, sans que cela ne rime ni avec toujours, ni avec jamais. C’était des fois, souvent, ou très peu, c’était parfois, mais aucun excès romanesque n’avait eu tiré de leur union. Il était là aujourd’hui, et demain, il ne le serait plus. Ca lui faisait une belle jambe. Ce qui lui importait fut qu’il soit là ce jour, cet instant. Il n’y avait pas d’avenir. Elle prit sa propre manche dans sa paume et essuya le sang sur la joue de l’albinos.
« Espèce d’idiot. Aussi brillant puisses-tu être, tu ne trouveras jamais ce à quoi beaucoup se frottèrent avant toi sans en trouver la clé. La science ne remplacera jamais le hasard. Ta quête est vouée à un échec, abandonne. »
Etait-ce cruel de sa part de vouloir briser ce qui retenait Tristan en vie ? C’était sa quête, à lui et elle souhait l’en priver. Pourquoi ? Parce que c’était sans espoir. Il y avait d’ailleurs bien longtemps qu’Angie avait perdu tout espoir en ce monde Noscien. Tout ici était vide. Pourquoi Tristan s’accrochait-il ? Pourquoi s’acharnait-il ? Il aurait été plus simple de sombrer lentement dans la folie. Ca aurait été plus doux. Ne croyez pas que c’était ce qu’Angie souhaitait. Mais Tristan parait la folie par la folie. Alors quitte à y plonger, autant choisir la manière la plus douce. Et puis, dans cette première manière, Tristan parlerait. Cela profiterait au camp rebelle.
« Abandonne. »
Souffla-t-elle dans son cou. Il était chaud, son souffle. Et il se perdait dans le silence. Elle était bien basse Angie, dans son cœur. Jamais son âme, en 140 années ne s’était autant égarée dans les limbes de l’absence et de l’abnégation. Elle aurait voulu tout oublier jusqu’à son propre nom. N’avait-elle pas déjà oublié ? Et lorsque ça avait été le cas, ce fut Morgane de Welfort qui était venue à bras ouverts l’accueillir. Combien de belles années dans l’innocence ? Et combien fut lourd le réveil. Douloureux, aussi, dans un même temps. Ce fut les créatures. C’était ce monde incertain, plein de danger. Jeune, elle avait voulu se faire le soldat des Nosciens. Mais peu à peu, elle avait découvert l’horreur de se monde. De l’espoir naquit le dégoût. Et aujourd’hui elle n’avait plus rien. C’était alors peut-être la jalousie qui l’animait. C’était peut-être parce que Tristan trouvait encore quelque chose à quoi se raccrocher, et que elle, elle n’avait trouvé aucune bras, aucune main tendue pour la retenir dans sa chute. Tout sa vie Noscoienne, elle avait été là pour faire grandir les autres, les protéger. En vétérante, on l’appelait Madame et on la vouvoyait. Elle aurait aimé un peu plus de proximité avec des semblables. Mais ceux de l’époque des de Welfort s’étaient faits de plus en plus rares, et elle s’était retrouvée dans le silence et l’obscurité de la solitude. De ce gouffre est née la haine. Et elle détestait dès lors Nosco.
Ann-Juliett Taylor~ Rebelle ~ - Camp : Confrérie de la Rébellion
Profession : Rebelle
Âge réel : 140 ans
Âge d'apparence : 28 ans
Compétences
Mémoire:
(5250/10000)
Compétence principale: Armes à feu
Niveau de Compétence: Maître
Re: Son Prisonnier | Tristan
Il s'était tu pour la laisser parler, il n'avait pas bougé quand elle était venue près de lui, il était immobile, comme un spectre, un esprit devenu prisonnier d'un corps trop leste, trop loin de sa nature. Les choses avaient toujours été ainsi mais maintenant qu'on avait tant détruit les bouts de chair qui autrefois lui permettaient de se tenir debout, il n'en voyait plus l'utilité. Si seulement il avait pu fermer les yeux, laisser son esprit s'envoler et s'échapper de ce poids qui faisait son malheur, bien sûr cela n'aurait pas pansé les blessures de son âme mais il se serait quand même senti mieux, juste un peu mieux. Autrefois il donnait du temps pour les plaisirs de l'esprit comme pour ceux du corps, aujourd'hui il n'avait plus les moyens de satisfaire ce deuxième. Dans cette ascèse forcée, seule la douleur lui faisait finalement tord. Peut-être, si un jour il s'en sortait, il pourrait continuer dans cette voie-là, laisser le confort pour se plier aux plus hautes exigences de son esprit, peut-être n'y avait-il en fait pas de place pour les deux. Ici, il avait parfois l'impression d'avoir plus de temps pour se consacrer à ses recherches, si seulement les visites n'avaient pas été si fréquentes... Mais jamais personne n'avait su le laisser en paix, jamais finalement il n'avait été seul, lui qui était pourtant si éloigné du genre humain, de cette espèce sociable.
― Non, répondit-il d'un air résolu. Non je n'abandonnerai pas, non ça jamais. Personne n'a réussi à me convaincre, guildien, rebelles, amis, amours, personne jamais ne m'obligera à abandonner. Il faudra me tuer pour ça.
Son regard s'était perdu sur son visage, elle n'avait pas du tout changé, encore aujourd'hui il aurait pu la désirer s'il en avait eu la force, il n'aurait pas cessé d'aimer la relation qui les avait uni. Pourtant dans sa tête c'était plus que clair, il savait que c'était fini et il ne ferait rien pour tenter de regoûter au moins une fois à ce plaisir-là. Aujourd'hui ça aurait été trahir sa lutte, demain c'était impossible, il serait soit mort, soit loin des rebelles. Jamais non jamais il ne ferait partie de leurs rangs. A quoi bon trahir ? Ce n'était pas tant à la guilde qu'il tenait mais à tout ce qu'il avait pu construire là-bas et il ne laisserait jamais s'écrouler le travail de temps d'années, il ne laisserait pas tomber ceux qui avaient cru en lui, ceux qui lui étaient fidèles.
― Tu sais, j'ai perdu l'espoir d'être heureux, d'avoir la vie dont je rêvais, je l'ai choisi d'une certaine manière... Mais ça je ne l'abandonnerai pas, je ne laisserai pas tout tomber, pas parce que c'est la seule chose qui aujourd'hui me tient en vie, simplement parce que comme il y a des gens pour diriger, pour aimer la vie, pour faire rêver les autres, il y a les fourmis qui construisent des systèmes, qui dévouent leur vie à l'améliorer et qui mourrait pour que jamais il ne soit détruit.
Il lui expliquait à elle mais il espérait qu'elle ne soit pas la seule à écouter, s'ils n'arrêteraient jamais de le torturer, il voulait quand même qu'ils comprennent pourquoi il faisait tout cela, pourquoi il ne choisissait pas la douceur et la faiblesse, pourquoi il sacrifiait tout ça à la douleur et au mal-être. C'était sans doute vain d'espérer leur expliquer ces choses-là, ils ne devaient pas pouvoir comprendre le but de ses actions malgré toutes ses explications, peut-être que ses raisons pourtant leur paraîtraient moins obscures.
Tant pis, lui-même s'était avoué vaincu face à eux, non décidément il ne comprenait pas le but de ces gens-là, ils n'étaient qu'un rassemblement chaotique de Noscoiens mécontents du système en place, c'était la seule chose qui les réunissait, leur groupe n'avait rien d'efficace. Pire, l'estime qu'il avait d'eux était tombée au zéro absolu, eux qui se proclamaient différents du gouvernement impérial, eux qui criaient tant contre le mal infligé, l'espionnage, la dictature, se contentaient de lui imposer leurs idées, de le torturer comme on torturait dans les cellules de la prison impériale. Quelle différence entre ces deux camps finalement ? Comment les rebelles pouvaient déclarer apporter quelque chose de meilleur quand ils n'étaient même pas capable d'en apporter la preuve à ceux qu'ils capturaient ? S'il n'y avait personne pour se révolter contre le traitement qu'on lui infligeait alors Yan Merling était un bon manipulateur, un homme qui lui aussi avait réussi à étouffer la liberté des siens mais plus que tout leur liberté de pensée.
― Et puis... Quand je vois jusqu'où vous vous rabaissez... La torture, les attentats, si vous prenez le pouvoir ce sera un coup d’État, d'où revendiquerez-vous votre pouvoir soi-disant légitime ? Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que votre régime sera meilleur que le précédent ? Vous apportez le chaos et non la paix, la guilde n'est pas parfaite mais on y vit bien. Non, ne me dit pas que c'est parce que je suis commandor, moi aussi j'ai un jour été simple citoyen et le régime autrefois était plus dur qu'aujourd'hui. Avant de juger l'impératrice je me rappelle toujours qu'il pourrait y avoir pire dirigeant à la tête d'une nation. Vous ne pouvez pas blâmer le régime impérial de traiter mal les vôtres, c'est vous qui avez déclaré la guerre les premiers, les terroristes, c'est vous.
Comme s'il était déjà vieil homme il avait parlé calmement et non avec la verve d'un jeune homme plein de fraîches convictions politiques. Son récit sans être vraiment construit laissait ressortir des idées qui avaient germé pendant longtemps dans son esprit et si l'on suivait sa vie de près, on savait qu'il ne balançait pas ses opinions politiques à la tronche de n'importe qui. Même en cherchant sans cesse à le pousser à bout il pouvait rester aussi stoïque que d'habitude, non, en fait les seules fois où il en parlait c'était quand il le décidait.
― Abandonnez... Abandonnez un combat qui n'en vaut pas la peine, vos efforts ne feront que détruire ce monde, il y a des fléaux qui guettent la première instabilité pour ne laisser que des cendres. Quand les hommes seront occupés à s'étriper les uns les autres, qui sera là pour repousser les créatures, qui produira encore les ondes alpha dont nous avons tant besoin ?
Ses yeux n'avaient pas quitté les siens, il ne cherchait pas à y lire quelque émotion, il savait qu'il ne pourrait jamais déceler grand-chose dans le regard des gens et bien qu'il aurait aimé la convaincre rien que le temps de quelques minutes, il savait bien que ce ne serait sans doute pas le cas. Ses paroles étaient sûrement aussi vaines que la rébellion et pourtant il avait envie de les dire, ainsi il comprenait un peu ce qui les poussait à être ce qu'ils étaient. Mais quand même, une lutte dont ils ne verraient sans doute jamais le bout valait-elle une vie faite de misère et d'obscurité ?
Tant pis, les choses étaient faites ainsi et ainsi allait le monde, rien ni personne ne pourrait jamais y changer, on avait beau crier, prier, l'essence des choses resterait la même.
― Pourquoi est-ce que tu es venue me voir ?
― Non, répondit-il d'un air résolu. Non je n'abandonnerai pas, non ça jamais. Personne n'a réussi à me convaincre, guildien, rebelles, amis, amours, personne jamais ne m'obligera à abandonner. Il faudra me tuer pour ça.
Son regard s'était perdu sur son visage, elle n'avait pas du tout changé, encore aujourd'hui il aurait pu la désirer s'il en avait eu la force, il n'aurait pas cessé d'aimer la relation qui les avait uni. Pourtant dans sa tête c'était plus que clair, il savait que c'était fini et il ne ferait rien pour tenter de regoûter au moins une fois à ce plaisir-là. Aujourd'hui ça aurait été trahir sa lutte, demain c'était impossible, il serait soit mort, soit loin des rebelles. Jamais non jamais il ne ferait partie de leurs rangs. A quoi bon trahir ? Ce n'était pas tant à la guilde qu'il tenait mais à tout ce qu'il avait pu construire là-bas et il ne laisserait jamais s'écrouler le travail de temps d'années, il ne laisserait pas tomber ceux qui avaient cru en lui, ceux qui lui étaient fidèles.
― Tu sais, j'ai perdu l'espoir d'être heureux, d'avoir la vie dont je rêvais, je l'ai choisi d'une certaine manière... Mais ça je ne l'abandonnerai pas, je ne laisserai pas tout tomber, pas parce que c'est la seule chose qui aujourd'hui me tient en vie, simplement parce que comme il y a des gens pour diriger, pour aimer la vie, pour faire rêver les autres, il y a les fourmis qui construisent des systèmes, qui dévouent leur vie à l'améliorer et qui mourrait pour que jamais il ne soit détruit.
Il lui expliquait à elle mais il espérait qu'elle ne soit pas la seule à écouter, s'ils n'arrêteraient jamais de le torturer, il voulait quand même qu'ils comprennent pourquoi il faisait tout cela, pourquoi il ne choisissait pas la douceur et la faiblesse, pourquoi il sacrifiait tout ça à la douleur et au mal-être. C'était sans doute vain d'espérer leur expliquer ces choses-là, ils ne devaient pas pouvoir comprendre le but de ses actions malgré toutes ses explications, peut-être que ses raisons pourtant leur paraîtraient moins obscures.
Tant pis, lui-même s'était avoué vaincu face à eux, non décidément il ne comprenait pas le but de ces gens-là, ils n'étaient qu'un rassemblement chaotique de Noscoiens mécontents du système en place, c'était la seule chose qui les réunissait, leur groupe n'avait rien d'efficace. Pire, l'estime qu'il avait d'eux était tombée au zéro absolu, eux qui se proclamaient différents du gouvernement impérial, eux qui criaient tant contre le mal infligé, l'espionnage, la dictature, se contentaient de lui imposer leurs idées, de le torturer comme on torturait dans les cellules de la prison impériale. Quelle différence entre ces deux camps finalement ? Comment les rebelles pouvaient déclarer apporter quelque chose de meilleur quand ils n'étaient même pas capable d'en apporter la preuve à ceux qu'ils capturaient ? S'il n'y avait personne pour se révolter contre le traitement qu'on lui infligeait alors Yan Merling était un bon manipulateur, un homme qui lui aussi avait réussi à étouffer la liberté des siens mais plus que tout leur liberté de pensée.
― Et puis... Quand je vois jusqu'où vous vous rabaissez... La torture, les attentats, si vous prenez le pouvoir ce sera un coup d’État, d'où revendiquerez-vous votre pouvoir soi-disant légitime ? Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que votre régime sera meilleur que le précédent ? Vous apportez le chaos et non la paix, la guilde n'est pas parfaite mais on y vit bien. Non, ne me dit pas que c'est parce que je suis commandor, moi aussi j'ai un jour été simple citoyen et le régime autrefois était plus dur qu'aujourd'hui. Avant de juger l'impératrice je me rappelle toujours qu'il pourrait y avoir pire dirigeant à la tête d'une nation. Vous ne pouvez pas blâmer le régime impérial de traiter mal les vôtres, c'est vous qui avez déclaré la guerre les premiers, les terroristes, c'est vous.
Comme s'il était déjà vieil homme il avait parlé calmement et non avec la verve d'un jeune homme plein de fraîches convictions politiques. Son récit sans être vraiment construit laissait ressortir des idées qui avaient germé pendant longtemps dans son esprit et si l'on suivait sa vie de près, on savait qu'il ne balançait pas ses opinions politiques à la tronche de n'importe qui. Même en cherchant sans cesse à le pousser à bout il pouvait rester aussi stoïque que d'habitude, non, en fait les seules fois où il en parlait c'était quand il le décidait.
― Abandonnez... Abandonnez un combat qui n'en vaut pas la peine, vos efforts ne feront que détruire ce monde, il y a des fléaux qui guettent la première instabilité pour ne laisser que des cendres. Quand les hommes seront occupés à s'étriper les uns les autres, qui sera là pour repousser les créatures, qui produira encore les ondes alpha dont nous avons tant besoin ?
Ses yeux n'avaient pas quitté les siens, il ne cherchait pas à y lire quelque émotion, il savait qu'il ne pourrait jamais déceler grand-chose dans le regard des gens et bien qu'il aurait aimé la convaincre rien que le temps de quelques minutes, il savait bien que ce ne serait sans doute pas le cas. Ses paroles étaient sûrement aussi vaines que la rébellion et pourtant il avait envie de les dire, ainsi il comprenait un peu ce qui les poussait à être ce qu'ils étaient. Mais quand même, une lutte dont ils ne verraient sans doute jamais le bout valait-elle une vie faite de misère et d'obscurité ?
Tant pis, les choses étaient faites ainsi et ainsi allait le monde, rien ni personne ne pourrait jamais y changer, on avait beau crier, prier, l'essence des choses resterait la même.
― Pourquoi est-ce que tu es venue me voir ?
Tristan Darek~ Commandor ~
Section informatique- Camp : Guilde Impériale
Profession : Commandor de la brigade informatique
Âge réel : 107 ans
Âge d'apparence : Environ 27 ans
Compétences
Mémoire:
(9750/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître
Re: Son Prisonnier | Tristan
Ne jamais abandonner. Ce semblait être le fil de la vie de Tristan. Il fallait avouer que, centenaires, il était difficile de tenir sa ligne droite. Il y avait eu trop de rêves déçus, trop d’illusions dévorantes que poursuivre et regarder droit devant soi avait toujours fait partie du miracle pour ceux qui avaient vécu trop longtemps. Parfois, il arrivait à Angie d’assassiner dans le noir tout espoir, et puis le lendemain, y croire. Il s’agissait néanmoins d’un cycle, et la chute était d’autant plus brutale. Puis, l’insensibilité avait pris le dessus, laissant naitre en elle une certaine monotonie destructrice. Elle avait conscience que tout ne ferait que se poursuivre éternellement dans ce sens. Alors, elle avait abandonné, au grand damne d’elle-même, elle avait baissé les bras face à cette cité trop vielle ou trop jeune pour pouvoir changer. Si elle ne l’avait pas vue éclore à ses débuts, elle aurait peut-être eu encore l’envie de poursuivre et marcher main dans la main avec Nosco, pour la conduire, avec ses camarades à l’union que tous attendaient. Mais elle avait vu la beauté du bourgeon avec ses reflets de miel lorsque se posent les premiers rayons du soleil. A l’aube de sa vie, le ciel de plomb s’était illuminé de tant de couleurs. Il y avait eu les ondes alpha aux teintes bleues et vertes qui avaient offert le réconfort de la vie pour tous. Que n’avait-elle aimé cette époque avant de voir la ville sombrer sous les coups de feu et les jets de sang ! Que n’avait-elle aimé cette époque avant de constater combien la pourpre des rois avaient envahi l’esprit des uns et avait poussé les autres à le contrer. Et puis enfin certains des individus avaient préféré la vie de moine sous l’étendard viride.
« Le sais-tu… ? Je t’envie. »
Répondit-elle sombrement. Abandonné, elle l’avait déjà fait. Reprendre les rênes, elle l’avait déjà tenté aussi. Ce n’avait été que si peu de temps avant de sombrer de nouveau dans la noirceur de ses regrets. Abandonné, elle l’avait fait, depuis quelques temps déjà, ses bras blancs le long de son corps fragilisé par les blessures accumulées. Ca n’avait fait que l’accabler plus encore. Elle passa ses doigts fins dans les cheveux devenus crasseux de Tristan. Elle enviait tellement l’informaticien à ce moment même. Non pas pour les tortures qu’on lui infligeait, mais pour sa manière de résister au trou noir et béant dans lequel les rebelles essayaient de le pousser. Il y avait sur le visage de son ami des tâches violâtres dus aux coups et brûlures. Les blessures étaient tant apparentes que le spectacle en était affreux. Les mots de Tristan étaient tellement touchants que l’horreur du monde dans lequel ils étaient semblait s’effacer. La lutte prenait fin. Ann-Juliett savait pourtant Ô combien le cauchemar ne toucherait pas à sa fin. Alors elle lui avait sourit, comme un enfant sourit à son paternel lorsqu’il lui raconte de belles histoires où s’accumulent princes et princesses qui, malgré les épreuves de la vie, parviennent à trouver le bonheur. Tristan était les sept petits nains de Blanche-Neige, la marraine de Cendrillon et les trois bonnes fées de la Belle au Bois Dormant. Il était le chevalier de la réussite Guildienne, et il œuvrait sans relâche, non pas pour sa propre victoire et sa propre gloire, mais pour celle de la Guilde.
Elle s’était accroupit sur lui depuis quelques instants déjà. A l’écouter, il y avait quelques fous pour y croire encore à Nosco. L’un et l’autre n’étaient pas si différents au fond. Ils avaient renoncé à leur propre bonheur, avançant dans l’obscurité de la vie, pourvu que cela puisse faire perdurer les autres. A une différence près : Angie perdait le goût de poursuivre, encore, alors que Tristan se rattachait à cette corde qui s’enroulait autour de son cou. Serait-il alors le charmeur de serpent pour dompter la corde avant qu’elle n’ait raison de lui ? Seul le temps le dira, mais Angie doutait voir ce temps venir, non pas qu’elle douta de Tristan, mais parce qu’elle croyait à sa propre mort plus que jamais. Elle n’était pas suffisamment scientifique pour déduire de quelques angles d’un goniomètre la trajectoire de deux droites pour déterminer l’instant précis où la ligne de sa vie croiserait celle de la mort, mais elle avait cette intuition que pour elle, rien ne serait plus absurde que de vivre encore.
« Ton impératrice ne leur a pas laissé le choix. »
S’ils avaient pu parler, les rebelles, peut-être n’en seraient-ils pas arrivés à ce point de paradoxe. Mais lorsqu’une fois, le doigt a été pris dans l’engrenage il était bien impossible de s’en défaire à moins de s’en couper la main. Peut-être même le bras, et sûrement était-il trop tard si le corps tout entier était pris dans la machine. La formulation de la phrase d’Angie rappelait encore son détachement par rapport aux deux clans. Elle n’avait dit ni « notre impératrice », ni « ne nous as pas laissé le choix » mais bien « ton » et « leur ».
« Ils n’entendent plus rien d’autre que le grondement de leur cœur, ils sont aveugles, ils sont perdus. S’ils cessent de se battre, c’est eux qui se feront abattre. Leur seule issue c’est la victoire qu’ils n’auront jamais. Lorsque les de Welfort sont partis, Madame de Bussy et Monsieur Cadmun auraient du marcher main dans la main. Joséphine s’est prise de gourmandise, et Allan a été trop lâche pour le lui dire. Dès le début, les choses ont été faites pour qu’elles tournent mal. Tristan, ne jette pas la pierre sur quelqu’un d’autre. Nous sommes tous coupables. »
Angie ne pouvait pas blâmer Joséphine. Elle avait été humaine, poussée par des vices humains. Et lorsque Yan lui avait un jour planté le couteau, elle n’avait pu que songer au « tu quoque mi fili » de César, trahi par son propre enfant en quête de son propre pouvoir. La guerre n’était qu’un éternel recommencement. C’était à chaque fois la même histoire qui se répétait, avec d’autres noms et d’autres visages, mais une trame toujours aussi semblable.
« J’étais venue te dire adieu… »
Fit-elle alors lorsqu’il posa une question tout à fait différente de ce qu’il avait pu dire avant. La raison de sa présence. Etait-il utile de lui dire que Yan l’avait envoyée pour lui tirer les vers du nez ? Non, il avait bien du s’en douter, tout comme il avait du comprendre qu’elle n’en avait pas la moindre envie. Elle posa ses lèvres sur les siennes en un ultime baiser. Lorsqu’elle était partie, dix années plus tôt, ils n’avaient pu se dire « au revoir », faute d’un départ précipité. Mais c’était chose faite à présent, la blessure pouvait se refermer. Elle avait toujours pu la nier, mais elle avait été présente. Elle se releva finalement, le cœur plus léger. Elle pouvait mourir en paix à présent. Elle n’avait plus de dette, plus rien à faire. La seule mission qui lui restait à accomplir, c’était de se débarrasser des créatures. Elle savait que c’était un objectif vain, alors elle avait fait tout ce qu’elle avait eu à faire. Elle quitta la cellule, silencieuse, les yeux teintés d’un mélange de satisfaction et de peine.
HRP: Désolé pour le temps de réponse, j'ai pensé qu'il valait mieux clore vu le temps depuis lequel ce RP est en cours, si soucis, MP moi ^^
« Le sais-tu… ? Je t’envie. »
Répondit-elle sombrement. Abandonné, elle l’avait déjà fait. Reprendre les rênes, elle l’avait déjà tenté aussi. Ce n’avait été que si peu de temps avant de sombrer de nouveau dans la noirceur de ses regrets. Abandonné, elle l’avait fait, depuis quelques temps déjà, ses bras blancs le long de son corps fragilisé par les blessures accumulées. Ca n’avait fait que l’accabler plus encore. Elle passa ses doigts fins dans les cheveux devenus crasseux de Tristan. Elle enviait tellement l’informaticien à ce moment même. Non pas pour les tortures qu’on lui infligeait, mais pour sa manière de résister au trou noir et béant dans lequel les rebelles essayaient de le pousser. Il y avait sur le visage de son ami des tâches violâtres dus aux coups et brûlures. Les blessures étaient tant apparentes que le spectacle en était affreux. Les mots de Tristan étaient tellement touchants que l’horreur du monde dans lequel ils étaient semblait s’effacer. La lutte prenait fin. Ann-Juliett savait pourtant Ô combien le cauchemar ne toucherait pas à sa fin. Alors elle lui avait sourit, comme un enfant sourit à son paternel lorsqu’il lui raconte de belles histoires où s’accumulent princes et princesses qui, malgré les épreuves de la vie, parviennent à trouver le bonheur. Tristan était les sept petits nains de Blanche-Neige, la marraine de Cendrillon et les trois bonnes fées de la Belle au Bois Dormant. Il était le chevalier de la réussite Guildienne, et il œuvrait sans relâche, non pas pour sa propre victoire et sa propre gloire, mais pour celle de la Guilde.
Elle s’était accroupit sur lui depuis quelques instants déjà. A l’écouter, il y avait quelques fous pour y croire encore à Nosco. L’un et l’autre n’étaient pas si différents au fond. Ils avaient renoncé à leur propre bonheur, avançant dans l’obscurité de la vie, pourvu que cela puisse faire perdurer les autres. A une différence près : Angie perdait le goût de poursuivre, encore, alors que Tristan se rattachait à cette corde qui s’enroulait autour de son cou. Serait-il alors le charmeur de serpent pour dompter la corde avant qu’elle n’ait raison de lui ? Seul le temps le dira, mais Angie doutait voir ce temps venir, non pas qu’elle douta de Tristan, mais parce qu’elle croyait à sa propre mort plus que jamais. Elle n’était pas suffisamment scientifique pour déduire de quelques angles d’un goniomètre la trajectoire de deux droites pour déterminer l’instant précis où la ligne de sa vie croiserait celle de la mort, mais elle avait cette intuition que pour elle, rien ne serait plus absurde que de vivre encore.
« Ton impératrice ne leur a pas laissé le choix. »
S’ils avaient pu parler, les rebelles, peut-être n’en seraient-ils pas arrivés à ce point de paradoxe. Mais lorsqu’une fois, le doigt a été pris dans l’engrenage il était bien impossible de s’en défaire à moins de s’en couper la main. Peut-être même le bras, et sûrement était-il trop tard si le corps tout entier était pris dans la machine. La formulation de la phrase d’Angie rappelait encore son détachement par rapport aux deux clans. Elle n’avait dit ni « notre impératrice », ni « ne nous as pas laissé le choix » mais bien « ton » et « leur ».
« Ils n’entendent plus rien d’autre que le grondement de leur cœur, ils sont aveugles, ils sont perdus. S’ils cessent de se battre, c’est eux qui se feront abattre. Leur seule issue c’est la victoire qu’ils n’auront jamais. Lorsque les de Welfort sont partis, Madame de Bussy et Monsieur Cadmun auraient du marcher main dans la main. Joséphine s’est prise de gourmandise, et Allan a été trop lâche pour le lui dire. Dès le début, les choses ont été faites pour qu’elles tournent mal. Tristan, ne jette pas la pierre sur quelqu’un d’autre. Nous sommes tous coupables. »
Angie ne pouvait pas blâmer Joséphine. Elle avait été humaine, poussée par des vices humains. Et lorsque Yan lui avait un jour planté le couteau, elle n’avait pu que songer au « tu quoque mi fili » de César, trahi par son propre enfant en quête de son propre pouvoir. La guerre n’était qu’un éternel recommencement. C’était à chaque fois la même histoire qui se répétait, avec d’autres noms et d’autres visages, mais une trame toujours aussi semblable.
« J’étais venue te dire adieu… »
Fit-elle alors lorsqu’il posa une question tout à fait différente de ce qu’il avait pu dire avant. La raison de sa présence. Etait-il utile de lui dire que Yan l’avait envoyée pour lui tirer les vers du nez ? Non, il avait bien du s’en douter, tout comme il avait du comprendre qu’elle n’en avait pas la moindre envie. Elle posa ses lèvres sur les siennes en un ultime baiser. Lorsqu’elle était partie, dix années plus tôt, ils n’avaient pu se dire « au revoir », faute d’un départ précipité. Mais c’était chose faite à présent, la blessure pouvait se refermer. Elle avait toujours pu la nier, mais elle avait été présente. Elle se releva finalement, le cœur plus léger. Elle pouvait mourir en paix à présent. Elle n’avait plus de dette, plus rien à faire. La seule mission qui lui restait à accomplir, c’était de se débarrasser des créatures. Elle savait que c’était un objectif vain, alors elle avait fait tout ce qu’elle avait eu à faire. Elle quitta la cellule, silencieuse, les yeux teintés d’un mélange de satisfaction et de peine.
HRP: Désolé pour le temps de réponse, j'ai pensé qu'il valait mieux clore vu le temps depuis lequel ce RP est en cours, si soucis, MP moi ^^
Ann-Juliett Taylor~ Rebelle ~ - Camp : Confrérie de la Rébellion
Profession : Rebelle
Âge réel : 140 ans
Âge d'apparence : 28 ans
Compétences
Mémoire:
(5250/10000)
Compétence principale: Armes à feu
Niveau de Compétence: Maître
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