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Requiem

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Message par Tristan Darek Jeu 3 Mar - 4:39

J'ai froid. Mes lèvres sont bleues, ma peau est blafarde, je tremble. Dis-moi pourquoi j'ai si froid. Dis-moi pourquoi mes cheveux sont sans couleur et mes yeux si pâles... Longtemps j'ai cherché à panser les plaies de mon âme et regarde aujourd'hui, mon sang coule, mon cœur s'assèche comme s'il n'avait plus assez de larme pour pleurer mon mal. Quel est cette punition qu'on m'inflige encore ? Si j'étais croyant il y a bien longtemps que j'aurai perdu la foi. La science ne me sauvera pas, tu ne me sauveras pas, personne ne viendra. Mais dis-moi, qu'ai-je fait pour que tu m'infliges une si haute punition ? N'était-ce pas assez cher payé...

*

On l'avait laissé libre de ses mouvements, par plaisir de l'observer ou parce que c'était inutile, qu'il ne s'échapperait pas, bien fermé dans sa cage, loin du monde, loin de tout, sans plus jamais voir la lumière du jour, sans plus jamais entendre d'autres voix que celles de ses oppresseurs, sans plus jamais sentir d'autres contacts que ceux de ses tortionnaires. S'amusait-on à le voir ainsi tourner comme un lion en cage ?
Assis par terre, il regardait le mur où avait séché son propre sang, où erraient çà et là quelques formules, quelque signe mathématique qui puisse lui changer les idées, l'emmener dans ce monde qui était sien et auquel on l'avait arraché. Il tremblait, en manque de toutes ses drogues, l'informatique, le café... S'il n'avait pas eu quelques calculs qu'il avait sans cesse répété, s'il n'avait cessé de mesurer son tombeau, de calculer toujours plus finement sa surface, d'imaginer le parcours d'un fourmi, de voir les plans d'un robot là, d'imaginer un écran ici et de lire les codes de l'enceinte là-bas, il serait sûrement devenu fou ou bien il serait mort, son cœur, son esprit auraient lâché. Mais son instinct animal, sa volonté de fer le gardaient précieusement en vie, lui ôtaient tout idée de suicide, sans qu'il ne conserve vraiment l'espoir qu'un jour on revienne le chercher, même vaguement, au moment où ils avaient franchi le seuil des sous-sols désaffectés, il avait su qu'il était perdu. Collaborer ? Jamais. Survivre ? A quoi bon... Et pourtant. Il savait que ce cachot serait son tombeau, qu'un jour ou l'autre on se lasserait et qu'on le laisserait mourir ici puis se décomposer, on ne lui ferait l'honneur de funérailles décentes, on ne rendrait jamais son corps. C'était ça la guerre.
Et pourtant.

Et pourtant, il lui restait une dernière chose à dire.

Alors... murmura-t-il, aujourd'hui c'est entre toi et moi... est-ce que c'est vraiment ce que tu crois ? Oh je suis navré, c'est faux. Tu crois qu'en te glissant dans les ténèbres de mon monde et en te servant de celui-ci ça servira à quelque chose ? Oh non, c'est faux.

Il s'était approché lentement d'un mur, il avait levé une main pour le toucher, ses doigts maintenant glissaient contre celui-ci.

Belle prouesse d'avoir évité le pseudo pour poursuivre l'homme dans ses faiblesses mais tu sais, l'affrontement ne se trouve pas là. Je n'ai pas peur, ni de tomber ni de mourir. Je n'ai pas peur de la souffrance ou de la douleur. Longtemps j'ai cherché un remède à mes maux, longtemps j'ai couru à la recherche du bonheur mais tu sais, c'est faux. Ce monde-là que tu vois, ce monde-là que je touche, il est faux. Tristan Darek n'a jamais existé. Louis Zeldir est mort. Et celui que j'ai tué le savait bien, il n'aurait pas dû l'oublier.

Il ferma les yeux, sentant les larmes monter.

Comment ne pourrais-je pas lui pardonner ? Moi aussi j'ai eu mes faiblesses.

Il appuya son front contre le mur.

Eh bien, m'y voilà dans ce lieu et comme toujours les circonstances font que les choses ne changent pas. Tu vois, tu t'es trompé, tu avais tort de croire, j'avais raison de penser que l'espoir était vain. Est-ce que c'était vraiment nécessaire de partir, est-ce que ça t'a apporté quelque chose d'autre que davantage de malheur ? J'aurais dû... non je ne sais pas... toi non plus... A quoi bon se laisser ronger alors que nous n'y pouvions rien ?

Il se redressa, commença à faire quelques pas, ses doigts effleurant toujours le mur.

Alors, pirate, crois-tu vraiment que tant d'efforts étaient utiles ? Oh qu'importe ce que tu m'infligeras, mes mots ne seront toujours qu'un vague flot que tu ne comprendras sans doute jamais, n'y cherche pas de codes ou de sens, cela ne regarde que moi, que ma vie fanée et sans saveur. Ils viendront me chercher et si le prix est trop fort alors vous n'aurez rien de mieux à faire que de me tuer. J'irai hanter un autre monde et les démons me suivront. La belle victoire que vous avez arrachée là en enlevant le plus faible des hommes ! Mais vous savez, même en supprimant les plus belles pièces, tant que le roi n'est pas mis en échec, le jeu n'est ni gagné ni perdu. Et votre coup finalement est misérable, je ne vaux quelque chose que devant ce qui me permet de rejoindre mon monde et je ne travaillerai pas pour vous, ma parole est unique et je ne la reprendrai pas. Je ne dirai rien, je connais déjà le goût sanglant de la torture, vous arracherez mes cris, vous arracherez mes craintes peut-être finalement m'en exorciserez-vous, elles vous hanteront alors.

Il s'arrêta.

Tu t'es trompé de terrain, tu t'es trompé de combat, m'enlever ou enlever un autre... peut-être auriez-vous gagné à en prendre un plus bavard que moi. Tu me déçois, tu sais j'ai déjà formé mes successeurs et j'en connais des meilleurs que toi. Tu sais, je m'en fiche de toi, tu n'es rien d'autre qu'un homme et j'en ai déjà trop vu. Je sais à quel point les hommes peuvent être bas, oh je le sais trop bien, je suis moi-même un monstre. Bientôt vous serez débarrassé de l'horreur que je vous inspire, bientôt je ne serai plus.

Il braqua son regard sur la caméra, pourtant discrète, tout en prononçant ses derniers mots.

Mais qu'importe, je ne veux même pas voir à quoi ressemble ton visage.

Virulino, il avait pris soin de choisir son pseudo, il était un virus, un élément essentiel à son monde, utile pour le mettre à défi et le renforcer et lorsqu'il aurait rempli son rôle, comme un programme inutile, il serait supprimé. Darek n'avait jamais pris la peine de s'informer sur son adversaire et si l'on connaissait quelque chose comme son nom ou ses traits de caractère, il en ignorait tout, il ne s'était jamais intéressé qu'à ses actes et à son talent, veillant et surveillant le nouveau prodige qu'avait réussi à enrôler la rébellion.
Il ne connaîtrait jamais cet homme-là, peut-être que finalement il avait su comment gagner contre lui en utilisant la seule faille qu'on pouvait lui connaître : le monde réel. Mais c'était tricher, c'était renoncer à la fierté, à l'immense égo qu'on lui accordait si facilement à ce rebelle. Pensait-il que la loi de la nature était plus forte, qu'il fallait éliminer à tout prix, quels qu'en soient les moyens ? Tristan ne le destituerait jamais mais Traktueur un jour le ferait. Shane, c'était lui qu'il avait balancé au front sans prendre le temps de le former, des petites guerres il était passé à l'équivalent du nucléaire sans transition. S'il y brillait alors il aurait mérité sa place à ses côtés, sinon il ne serait plus jamais autre chose qu'un quidam à ses yeux. Il ne connaîtrait sûrement jamais la réponse, il ne pourrait jamais être fier ou déçu de son élève, il ne pourrait jamais achever sa formation. Mathys le ferait, il devait le faire, en sa mémoire. Il connaissait les projets qu'il avait formé pour Shane, bientôt il n'aurait plus besoin de le considérer comme un ennemi menaçant de prendre sa place, quand on annoncerait sa mort, il pourrait suivre l'idée qui était née dans son esprit depuis l'alerte.

Il ne devait plus penser à tout cela, il devait oublier la guilde et les siens, il devait oublier sa brigade et tous ceux qu'il avait toujours plus ou moins considéré comme ses fils, ses frères, sa seule famille, tout ce qu'il lui restait. Il savait qu'un jour quelqu'un de plus doué que lui arriverait à Nosco, peut-être était-il déjà là, il reprendrait les rênes, il poursuivrait ses travaux, qu'importe qu'il soit de la guilde ou de la rébellion ou d'autre chose, ce n'était pas l'allégeance qui comptait, c'était l'œuvre qu'il avait a peine eu le temps d'ébaucher.
Il fallait oublier, tout oublier mais c'était trop dur.

Ses forces lâchant soudain, il tomba à genoux, ses mains posées à plat sur le sol il resta prostré, immobile, silencieux, jusqu'à ce que la vague d'émotion le submerge. Il hurla longtemps.

Tu m'avais promis ! Cria-t-il. Tu m'avais promis, est-ce que tu t'en souviens ? Tu m'avais promis et tu m'as laissé tomber ! J'avais besoin de toi !

Il hurla, encore et encore, il voulait hurler si fort et si longtemps que sa voix s'en briserait pour toujours. Ainsi il serait sûr de ne plus jamais parler.

Tu m'avais promis, recommença-t-il mais cette fois-ci sa voix se brisa. J'avais besoin de toi et tu es parti ! Tu le savais alors pourquoi est-ce que tu as fait ça ! Tu étais plus intelligent que moi alors pourquoi est-ce que tu m'as laissé tomber ? Tout ça pour ça, pour que je vois couler ton sang entre mes mains et que je lise la douleur et la mort sur ton visage !

Il hurla. Il hurla toujours plus fort. Il hurla sa douleur et sa tristesse. Il hurla sa colère et sa peine. Il hurla de rage tandis que la souffrance la plus aiguë le submergeait.

Tu m'avais promis, lâcha-t-il dans un souffle. Pourquoi est-ce que tu me tortures comme ça, est-ce que je n'ai pas assez payé ?

Il était prostré sur lui-même, ses cheveux sales tombaient jusqu'au sol, masquant son visage mais on pouvait entendre qu'il pleurer. Il hurla encore jusqu'à ce que sa voix ne soit plus assez forte. Il hurlait, il pleurait pour la première fois ce qu'il s'était interdit pendant des décennies entières. Ce n'était pas un exutoire, la douleur, la culpabilité le rongeraient toujours mais il n'avait plus de force pour résister à ce qu'il ressentait. C'était des années d'apathie qui se brisaient et le flot de ses émotions étaient aussi vaste que l'océan.
Ce deuil il savait bien qu'il ne le ferait jamais, il aurait pu se vêtir de noir pour toujours et se saigner encore et encore que rien n'aurait disparu. Il aurait pu se laver les mains cinquante fois de suite qu'il aurait toujours senti ces tâches sur ses mains. Si seulement il n'y avait eu que ce meurtre, que cette faute.
Les derniers souvenirs de Louis remontaient à la torture qu'il avait lui-même subit et après... mais on ne parlait pas d'après, jamais. Il allait revivre la même chose, ce n'était qu'une question de jours, d'heures, de minutes. Tic. Tac.

Il s'était laissé tomber au sol, prenant ses jambes entre ses bras, comme un fœtus, comme lorsqu'il était ce petit être inconscient dans le ventre de sa chienne de mère. Comment avait-elle pu, comment avait-elle laissé ? Le monstre.
Les ténèbres étaient là.

Tu m'avais promis, répéta-t-il d'une voix tremblante. Son corps aussi tremblait, il avait froid, il avait chaud, il avait mal, son corps saignait, son âme était brisée et puis on avait piétiné le tout, donnant quelques coups de hache par-ci par-là. Pourquoi ? Pourquoi ? Chuchotait-il sans plus savoir ce qu'il disait vraiment.

Pour la première fois sa raison vacillait, il ne faisait plus la différence et il avait peur, si peur. Un bruit le mit en alerte. Ce bruit il le connaissait trop bien, ce bruit c'était la porte qui s'ouvrait. Tout allait recommencer, encore et encore. Les coups, la douleur, le goût du sang, la torture mentale. Il ne voulait pas, il tremblait et retenait tout juste les gémissements de peur qui voulaient sortir.

Le spectacle de cet être misérable devait paraître glorieux à tous les rebelles et Virulino, plus triomphal que jamais devait bien rire de le voir dans cet état-là mais lui, le déchet qu'on lui avait toujours juste permis d'être s'en fichait bien, ce n'était pas sa principale préoccupation ; et puis, si un jour il leur arrivait de tomber entre les mains ennemis, ils comprendraient bien vite.
Il n'eut besoin de regarder que les pieds au sol pour savoir de qui il s'agissait, il n'avait pas envie d'en voir plus, il ne voulait plus voir de visages, il ne voulait plus rien voir de ses pairs humains, il avait autant horreur d'eux qu'il en avait peur. Ses machines, tout ce qu'il voulait retrouver c'était son monde. Il le jurait, il ne ferait plus jamais de mal mais qu'on le laisse en paix, loin des hommes, loin de ceux qui l'écœuraient tant.

Alors que la terreur montait lentement en lui, il replia la tête vers son torse, la protégeant de ses bras couverts de bleus et de plaies. Qu'ils le tuent ou le laissent tranquille, il ne voulait plus, il ne parlerait pas. Tout ce qu'il voulait c'était vivre, vivre et continuer à créer son monde, un monde moins noir que celui-là, un monde où il avait toujours su trouver du réconfort, loin de la froideur inhumaine de celui-ci.

Je voulais que tu reste avec moi, toi tu m'aurais protégé, tu ne les aurais pas laissé... mais tu n'es plus là... tu n'es plus là... plus là... souffla-t-il sans se préoccuper que l'on comprenne, que l'on écoute. Peut-être croyaient-ils que c'était le bon moment, qu'il allait enfin craquer mais c'était faux, terriblement faux.

Ma lettre, je veux ma lettre, donne-moi ma lettre, rends-la-moi, chuchota-t-il à l'intention de la rebelle cette fois, d'une voix rauque, brisée et suppliante.

Depuis combien de jours, combien de nuits pourrissait-il ici ? Allait-on enfin le libérer ? Que faisait la guilde ? L'avait-elle oublié ? Quand viendraient-ils le sauver ? Quand anéantiraient-ils la rébellion ? Quand leur ferait-elle payer les actes inhumains qu'ils faisaient ici ? Ils se proclamaient sauveurs, garants de la liberté... jamais son attachement et sa fidélité envers la guilde n'avait été si forts. S'ils ne venaient pas c'est qu'ils n'avaient pas pu. Chiens de rebelles.

Mais que voulait-elle ? Pourquoi attendait-elle ? Et si seulement quelques secondes s'étaient écoulées ? Les secondes étaient devenues dans sa tête des heures et les heures... il n'osait y penser.
Tristan Darek
Tristan Darek
~ Commandor ~
Section informatique


Camp : Guilde Impériale
Profession : Commandor de la brigade informatique
Âge réel : 107 ans
Âge d'apparence : Environ 27 ans

Compétences
Mémoire:
Requiem Left_bar_bleue9750/10000Requiem Empty_bar_bleue  (9750/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître

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Message par Lian Grenfield Sam 19 Mar - 4:40

Qu’était-ce une seconde pour un humain ? Une donnée de temps qui lui permettait de calculer l’heure, de se repérer dans le temps… Qu’était-ce à Nosco ? Rien, une infime partie de la longue et interminable vie que l’on pouvait espérer avoir dans la ville qui permettait d’échapper aux griffes du temps. Une heure à Nosco était certainement une seconde de temps normal… On pouvait donc facilement imaginer le désespoir qui devait prendre Tristan Darek et lui faire penser qu’il pourrait rester indéfiniment torturé et prisonnier des rebelles. Aucune échappatoire, il ne pouvait rien faire pour réellement apaiser ses souffrances, tout ce qu’il pourrait avouer n’aurait aucun pouvoir puisque tout ce qu’il savait avait certainement été modifié pour que les rebelles ne puissent rien utiliser contre la guilde. Il était seul à lutter contre ses démons et contre la douleur. On lui avait laissé la possibilité de se mouvoir sans entraves, bien que le froid qui glaçait l’air de la pièce servait déjà de barreaux et de piques sur la peau mise à nue de l’informaticien. Voilà qu’il commençait à délirer et à parler tout seul…. Bon pas tant que cela, il s’adressait à un interlocuteur virtuel, ne sachant pas si celui-ci l’écoutait réellement… Oh bien sur il n’était pas dur d’imaginer et de savoir que Virulino surveillait et espionnait chaque mot et chaque geste de son adversaire… Cependant il pouvait sembler que Tristan faisait une conversation à sens unique puisque sans réponse… Comment pouvait il être sur qu’on l’écouterait, qu’on prêterait attention à ses paroles jusqu’au bout.

Après avoir hurlé et parlé au mur, voilà que le prisonnier torturé s’était enfin calmé, et avait fini prostré sur le sol en murmurant des paroles pour lui-même. Deux semaines qu’il était dans les sous-sols, deux longues semaines pleines de souffrances multiples, physiques mais aussi morales. Lian s’était finalement décidé à aller revoir l’informaticien, bien que la première fois ai échoué, elle avait une nouvelle fois ouvert la porte, et de s’approcher de l’être détruit. Elle portait des chaussures qui lui servait aussi dans les souterrains, une bonne paire pouvant servir à marcher des kilomètres et des kilomètres dans la boue, l’eau ou le sang sans être affectée, imperméables et agréables. Bien sur, elles avaient été lavées depuis sa dernière sortie. Tristan continuait de murmurer sans que l’on puisse comprendre à qui il parlait ou ce qu’il évoquait. Et puis soudain, comme s’il reprenait conscience d’où il était et avec qui, il formula sa première demande concrète et réaliste. Sa lettre ? Bien sur qu’elle pouvait lui rendre, elle était là dans sa poche, et la rebelle l’avait prise en photo, l’image était sur son ordinateur, la jeune femme n’avait plus besoin de l’original pour connaître chacun des mots qu’elle connaissait d’ailleurs presque par cœur, à force de les lire et de se les répéter. Elle s’approcha doucement et posa une main réconfortante sur l’épaule du blessé, qui de toute façon ne pourrait sans doute pas lui faire grand mal, puis elle murmura.

Don’t be afraid, I’m right here
With you, my little vampire.


Il était si pâle… Mais… Que disait-elle? Pourquoi ses paroles semblaient si étranges et étrangères à ses propres oreilles? Qu’entendait-elle au loin ? Un bruit qui lui semblait familier et pas si désagréable après tout… Soudain le son se fit plus clair, tandis que ses lèvres murmuraient sans prononcer les mots des Beatles.

As I write this letter,
Send my love to you,
Remember that I'll always,
Be in love with you.

Pourquoi ce nouveau souvenir ? Avait-il un lien avec une lettre ? Se pourrait il que la lettre de Tristan ne soit que le recopiage d’un envoi qu’il aurait reçu dans son passé ? Mary recevait elle aussi beaucoup de courriers ? Toujours ce même groupe mythique et emblématique qui résonnait à ses tympans. PS : I will always love you and be with you… Darek était seul, personne ne pourrait lui envoyer de soutient, de lettre pour lui confirmer qu’on pensait toujours à lui là-haut. Personne ne lui révèlerait le tenant et les aboutissants des discussions et des compromis effectués le concernant. Surtout qu’à chaque fois qu’ils semblaient trouver un accord, faire un pas en avant, à chaque fois la guilde ou la rébellion faisait un pas en arrière, arrêtant une nouvelle fois le processus, qui prenait ainsi beaucoup plus de temps qu’il n’aurait du.

Treasure these few words 'till we're together,
Keep all my love forever, P.S., I love you.
You, you, you.
I'll be coming home again to you, love,
And 'till the day I do, love, P.S., I love you.
You, you, you.

Pouvait-on aimer deux fois dans sa vie ? Etait-ce possible d’oublier son âme sœur ? Elle se souvenait de l’étrange et déprimante réponse qu’il lui avait fournit sur le réseau alpha, en affirmant « L'âme sœur... si elle existait, si je voulais bien y penser ne serait-ce qu'une nuit... oh, je crois bien que je l'ai tuée. » Le cœur de l’informaticien était il donc clos, incapable d’aimer encore ? Attendait il juste de retrouver son aimée ? Voilà alors pourquoi il tenait tant à la lettre… Celle-ci ne disait pas grand-chose sur son auteur, pas assez en tout cas et Yan n’avait rien su détecter, malgré qu’on parlait de lui dans celle-ci. La musique de fond était encore plus forte, quand soudain une nouvelle voix la couvrit tandis que Lian clignait en se fixant dans un miroir. Elle avait… rajeunit et il n’y avait plus aucune cicatrice sur son visage. Etait-ce un rêve ? Non… un souvenir. Elle avait les yeux rouges, comme si elle avait pleuré toute la nuit, et un teint absolument affreux, des cernes sous les deux orbes noisette. Et soudain une voix masculine encore qui hurlait,

"Et t'as toujours pas cessé, avec ta came ? Mais tu vas te niquer le cerveau, ma pauvre fille ! Et tes études, alors ? Mince, ça coûte aux parents, t'es au courant de ça ? C'est pas qu'on est dans la dèche, mais c'est tout comme, et si tout l'argent que tu gagnes passe en crack ou en hasch, t'es mal barrée..."

Mais que voulait-il ? Qui était-ce ? Ah oui… Ca, c'était son frangin. Grand, mince, playboy, crétin. Un grand frère au plus beau sens du terme, quoi... Il ne pouvait pas s’occuper de ses oignons ? Depuis quand lui demandait elle des conseils sur comment gérer sa vie ?! Merci, son cerveau allait très bien, s’il voulait simplement arrêter de hurler tout le temps ça irait bien mieux aussi ! Shut up ! Clap you mouth ! Be quiet and stop talking ! Bien, puisqu’il semblait vouloir continuer encore et encore, il allait falloir lui rabattre le caquet. Mary le toisa de toute sa hauteur et répondit d’un ton virulent.

"Et toi, ta bouteille, elle va comment ?"

Non mais, qu'il se mêle de ce qui le regarde ! Et bam ! Elle avait frappé là où ça faisait mal. En plus il n’y connaissait rien en LSD et Marijuana, alors de quel droit il venait parler ? Non mais franchement, aucune ouverture d’esprit ! Il n’abolirait jamais les frontière de son égocentrique mental… Ils étaient tous des enfants de la nature et des fleurs… la nature ne pouvait donc pas leur vouloir de mal, et les feuilles de coca étaient utilisées depuis très longtemps pour leurs effets bénéfiques. Et puis contrairement à la plupart des autres usagers, elle n’avait pas forcement la crainte de ne plus avoir assez d’argent pour s’en fournir… Non pas qu’elle soit accro ? N’est ce pas ?!



As I write this letter,
Send my love to you,
Remember that I'll always,
Be in love with you.

Ne jamais être seul, être là avec son addiction. Je serais toujours amoureux de toi… Tu seras toujours dans mes pensées. Tu es ma drogue, mon addiction, ma raison de vivre…

Treasure these few words 'till we're together,
Keep all my love forever, P.S., I love you.
You, you, you.
As I write this letter, (Oh oh oh) Send my love to you, (You know I want you to)
Remember that I'll always, (Yeah)
Be in love with you.
I'll be coming home again to you, love,
And 'till the day I do, love, P.S., I love you.
You, you, you. You, you, you. I love you.

Je reviendrais bientôt à la maison pour être encore avec toi, promets-moi de ne pas m’oublier, ô ma drogue à moi ! Soudain l’image de son frère sembla s’effacer doucement, remplacée par celle qui semblait bien plus réelle de Tristan Darek, aux lèvres bleues de froid et qui tremblait.

Told me! Talk to me, now… Please.
Do not make my anger rise!


My anger... my fury and my rage… Toute cette colère. Non pas qu’elle soit venu pour lui faire du mal, seulement obtenir des informations et comprendre. Informaticien, le terme désignait ceux qui travaillaient sur ordinateur et pourtant il était si proche du mot information. Les informaticiens de l’information, n’était-ce pas ceux qui s’occupaient de gérer, trier, classifier et cataloguer toutes les données ? Ils géraient le tous, utilisant l’informatique comme moyen d’y parvenir le plus facilement.
Lian Grenfield
Lian Grenfield
~ Bras Droit de Y. Merling ~


Camp : Confrérie de la Rébellion
Profession : Bras droit de Yan Merling, mini général de l'armée des rebelles
Âge réel : 15
Âge d'apparence : 20

Compétences
Mémoire:
Requiem Left_bar_bleue1500/10000Requiem Empty_bar_bleue  (1500/10000)
Compétence principale: Armes à feu
Niveau de Compétence: Maître

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Message par Tristan Darek Sam 30 Avr - 2:00

Cette main posée sur son épaule, comble de l'horreur, le fit frisonner. Oh le monstre, pourquoi le touchait-il encore ? Pas qu'il soit bien plus pur que lui mais ce n'était pas une raison pour qu'il apprécie un tel geste. S'il y avait une quelconque once de gentillesse, de volonté, ou pire, de réconfort dans celui-ci, lui n'y voyait que l'emprise d'une domination à laquelle il ne pouvait se battre qu'à armes inégales. Cette main c'était l'horrible étreinte qui se resserrait sur son corps, cet étau qui allait bientôt le broyer jusqu'à ce qu'il soit assez brisé pour qu'il ne s'en relève plus jamais.

Ne me touchez pas... chuchota-t-il sans bouger pour autant.

A quoi bon se battre dans le monde de la physique. Ici ce n'était pas étudier les lois de la nature, c'était les subir comme un maillon enchaîné à la chaîne, un poisson coincé dans son bocal sans autre choix que de tourner en rond, encore et toujours.

Je ne parle pas cette langue, je ne comprends pas. Laissez-moi tranquille.

Démons obscurs dont le spectre s'agitait devant lui, cet horrible sourire grimaçant, cette danse macabre. Que ses yeux soient ouverts ou fermés, tout ça ne changeait rien, il était abattu, épuisé, affamé, assoiffé, il avait mal partout et la douleur résonnait même jusqu'au plus profond du cœur qu'il avait voulu faire de pierre. Échec. Fallait-il donc que sa vie ne soit qu'un champ de ruines et qu'il voit chaque jour les pierres s'écrouler davantage, l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien ?

Cette femme devant lui avait cette beauté enjôleuse, celle à laquelle on résistait difficilement. Le regard habillé d'un noir profond, il ne s'en détachait pas souvent. Les lèvres peintes d'un rouge violent, la robe trop courte qui mettait si bien ses formes parfaites en valeur. Sa peau était d'un blanc pur bien qu'abîmée par quelques cicatrices dont il ne connaissait pas l'origine. Ses longs cheveux un peu décoiffés suivaient les courbes de son corps. C'était une femme qu'il pouvait aimer, l'aimait-il, avait-il lui aussi ce désir violent, ce désir d'homme qui brûle jusqu'au fond des entrailles ?
Elle avait perdu un peu de sa fraîcheur, on voyait bien qu'elle n'était plus au cœur de sa jeunesse, c'était une femme mûre mais elle n'avait pas perdu de sa beauté, bien au contraire. Elle n'avait plus ces formes androgynes et douces d'une gamine, on voyait bien sur ses traits durs et dans ses yeux la lueur de son caractère farouche. Elle n'était pas du genre à se laisser faire, et pourtant aujourd'hui il la jaugeait d'un air cruel et méprisant et elle ne disait rien, debout devant lui.
Il baissa les yeux un instant, porta le verre à ses lèvres. Il planait une odeur d'alcool et de fumée, le tout était mêlé à quelque chose de gras qui rendait l'endroit déplaisant aux bouches fines mais tous deux n'y faisaient pas attention, habitués. Ils étaient seuls.

Ne me dis pas que tu n'aimes pas ça, je n'y croirais pas, lâcha-t-il d'un air détaché, un sourire amusé sur les lèvres. Il ne la regardait plus. Elle n'était à ses yeux rien de plus qu'un tas de chair qui lui rapporterait un paquet de fric jusqu'à ce qu'elle soit trop vieille et qu'il s'en débarrasse sans l'ombre d'un remords. Vieillarde avant l'âge, elle crèverait au coin d'une rue comme tant des siennes, ces jouets qu'on avait trop usé et qu'on avait fini par casser. De toute façon tu n'as pas réglé ta dette. A vrai dire il te faudra plus de cinq vies pour la régler, et encore, si tu étais favorite. Mais là...

Son regard sévère et impitoyable s'était planté dans le sien, appuyant ses propos. Ils se regardaient sans ciller tout en sachant que c'était lui qui allait gagner, encore et toujours. Que pouvait-elle bien faire contre lui qui avait décidé de déchaîner sur elle toute la haine qu'il y avait dans son cœur ?
Son regard s'était fait envoûtant, séducteur puis peu à peu suppliant, à mesure qu'elle perdait du terrain. Elle finit par baisser les yeux, au bord des larmes.

Elle s'appelait Rosalie mais elle n'avait de la rose que la beauté et le parfum entêtant. Je l'ai toujours gardée près de moi et je l'ai brisée. Mais je ne m'en repends pas, elle a payé pour avoir laissé grandir un monstre en elle.

Chaque mot avait été prononcé d'une voix neutre, il n'y avait plus de place pour les sentiments dans ce simple constat, le regret avait été éphémère et sa rage s'était effacée avec le temps, peut-être parce que son corps qu'il adorait autant qu'il le révulsait n'était plus là pour lui rappeler la cruelle vérité.
Ils voulaient qu'il parle eh bien il allait parler, puisqu'il le fallait.

Dans le bruit assourdissant il la regardait danser parmi les autres femmes. Là-bas elle n'avait rien de plus, elle n'était qu'une trainée parmi tant d'autres et si elle finissait assassinée dans un caniveau, ce ne serait pas la police qui irait enquêter sur la disparition tragique d'une catin. Pauvre petit bout de chair, réduite au désir de ces messieurs, sans autres choix, sans espoir.
Il lui avait donné des rêves, parfois il cessait de se comporter comme un salaud avec elle, ses regards méchants et ses répliques acerbes laissaient place à des mots doux, des promesses, des sourires. Et puis comme toujours, lorsqu'elle finissait par y croire il lui riait au nez, il l'écrasait du plat du talon comme un insecte, il la regardait de haut et la remettait à sa place. Il n'était plus le gosse, il était le patron et elle l'employée. Il avait fait pire, il avait fait d'elle une esclave, réduite à ses services, soumise, malheureuse, il s'occupait d'elle assez pour qu'elle survive, il la charmait parfois, il la faisait rire autant qu'il la frappait. Et peu à peu son cœur s'asséchait, sa peau se flétrissait. Il les voyait bien ces petites rides aux coins de ses yeux, vaguement camouflées par tout le maquillage qu'elle se mettait.

Elle te plait, hein ? L'homme éclata de rire.
J'ai ma façon de l'aimer, déclara-t-il simplement. Il avait mis bien des filles dans une cage dorée mais elle, il s'était arrangé pour qu'elle voit bien les barreaux de sa propre cage et qu'elle réalise peu à peu que le doré qui les recouvrait n'était pas de l'or mais rien qu'un misérable artifice, encore l'une de ses nombreuses tromperies.

Lui il savait que cette nuit, acculée contre un mur, il ferait ce qu'il voudrait d'elle. Et ce serait tout.

Je n'aimais pas les femmes, je les voyais belles et perfides. J'en ai bien connu de ces femmes de caractère mais on finit toujours par dresser les gens quand on sait bien s'y prendre. Il semblerait que j'étais doué à ce petit jeu-là, un peu trop. Et comme toujours quand on est doué, quelqu'un vient pour vous le faire payer.

Ça n'avait pas été très long, il aurait pu en profiter pour la torturer davantage mais ce n'était pas nécessaire, à cet instant-là elle avait compris l'ultime trahison et il avait brisé son pauvre cœur de femme. Si son geste n'avait pas appelé la faucheuse, elle en serait sûrement morte.
Il n'avait pas sourit, il n'avait pas laissé voir un air amusé ou une once de regret, son visage était vide, impassible. Bientôt il se retourna, laissant le cadavre s'écrouler par terre et baigner dans son sang. Il ne se sentait pas libéré, il lui en voudrait toujours, malgré les mondes qui les séparaient, il passerait désormais ses colères sur quelqu'un d'autre, il fallait qu'il fasse payer et ce ne serait jamais assez cher pour qu'il soit satisfait, pour qu'elle rembourse le mal qu'elle avait créé.

Finalement tout ça ne rimait à rien, ce n'était même pas un jeu. C'est peut-être mieux, j'ai connu des jeux bien cruels, déclara-t-il pour lui-même sans se soucier de l'être tout près de lui.

La verdure, l'air de la campagne avaient toujours été pour lui des paysages heureux, des terres de liberté où tout devenait possible, même ce qu'il n'osait espérer. Tous ces lieux qui avaient si souvent habité ses rêves et qu'il ne retrouverait jamais ici, en Nosco. Lentement ils semblaient s'étendre sous ses yeux.
Mais tout ça ne ressemblait plus qu'à des cendres, le reflet de ce qu'il vivait maintenant, il n'y avait eu besoin que de quelques jours pour briser l'éclat de cette beauté fragile.
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Message par Lian Grenfield Ven 3 Juin - 12:22

La pièce était remplie de silence, au point que Lian réussit à percevoir le murmure du prisonnier. Ne pas le toucher ? Bien d’accord… pour le moment en tout cas. Elle le lâcha. Tiens, il semblait avoir retrouvé sa langue pour un instant… mais sans reconnaître celle employée par la rebelle. Non, définitivement Tristan ne parlait pas anglais, n’avait jamais apprit, ou ne s’en souvenait pas. Cela avait été instinctif chez Lian, de reprendre sa langue maternelle et de l’employée. Il fallait qu’elle fasse attention, elle ne s’en était pas rendue compte, ne voyant presque plus la différence entre le langage qu’elle parlait habituellement et celui de son passé. Si elle avait encore été à la Guilde cela aurait pu être dangereux, ici chez les rebelles c’était juste ennuyant pour se faire comprendre et certainement surprenant pour ceux qui ne pouvaient pas comprendre qu’elle avait retrouvé quelques souvenirs. Ici à Nosco on devait faire table rase du passé, et tous s’accorder à parler la même langue, qui en plus leur semblait simple et évidente, comme s’il ne pouvait y avoir qu’elle. Dans la cité, on effaçait, on floutait les différences d’origines et de parcours, c’était si simple puisque tout le monde arrivé sans passé, sans souvenirs. Tous égaux pour tout réapprendre. Chacun choisissait son camp et son chemin.

Celui de l’informaticien avait été couvert de fautes de frappes, d’erreurs et de beugs. Rien ne coulait de source pour Tristan Darek, chemin chaotique et caillouteux. Et voilà qu’il était tombé au fond du trou, mais point de lapin blanc pour le guider, juste la douleur. Et il refusait de parler, se murant dans son silence et ses délires. Un s’enfermait dans un corps qui perdait petit à petit de son humanité, pauvre être abandonné de tous. Il ne parlerait pas car il n’avait personne à qui parler ou se confier. A quoi bon former des mots pour exprimer sa pensée lorsque l’on était seul ? Mieux ne valait il pas se perdre dans ses pensées, son imagination et son monde intérieur ? Tristan était comme un gamin abandonné, un adulte plongé dans l’alcool de ses problèmes, on l’avait laissé coulé, et il n’avait pas su nager pour remonter à la surface, alors il s’enfonçait dans les eaux sombres, observant simplement la lumière qui s’éloignait de plus en plus… Il allait manquer de souffle très bientôt, ne plus pouvoir respirer, aspirer l’oxygène vital… Et pourtant, voilà qu’il reprenait la parole, pour s’exprimer sur quelque chose qui n’avait aucun rapport avec sa phrase précédente. Ca y est, il perdait déjà les pédales ? Il était devenu fou ? Que disait-il ?

Rosalie ? Un monstre ? Lian ne s’y connaissait pas trop en biologie… Mais soit Tristan insinuait que Rosalie s’était transformée en quelqu’un de mauvais, et qu’il l’avait fait payer. Ou bien il faisait référence à un enfant qu’elle aurait porté. Tristan aurait il eut un enfant dans une vie précédente ? Mais pourquoi traiter son enfant de monstre alors ? Lian était perdue parmi les maigres indices qu’on lui donnait. Que signifiait ce charabia ? Avaient-ils le moindre lien avec la lettre ? En tout cas il continuait à parler, à tenter de se justifier encore et toujours. Et elle écoutait et tentait de comprendre du mieux possible. La voix de l’informaticien était si neutre, comme s’il était totalement détaché de ce qu’il parlait. N’était ce qu’un tissu de mensonges crée par son imagination pour simplement parler, raconter n’importe quoi et les distraire ? Oui, peut être, il y avait une forte probabilité. Mais tout mensonge se fonde sur quelque chose, une idée… un fond de vérité, même si c’était inconscient. Alors autant écouter la complainte du prisonnier abattu.

Il n’aimait pas les femmes. Avait il prononcé le verbe au passé car il avait changé, ou était-ce simplement parce qu’il parlait du passé mais que son comportement et ses sentiments n’avaient pas évolués ? Lian fronça les sourcils, s’inquiétant un instant pour Angie. Elle connaissait bien le commandor, trop bien et pourtant… Belles et perfides ? Oui, les femmes pouvaient être ainsi qu’il le décrivait, pourtant il convenait de ne pas en faire une généralisation. Ainsi Tristan s’était fait manipulé dans le passé et il en avait voulu à la population féminine sans aucune distinction ? Les paroles de Darek glaçaient son sang, elle écoutait sans répondre. Dresser les gens ? Les êtres humains ne sont pourtant pas des animaux ! Faire payer quand on est doué ? Ou bien alors lorsque l’on rabaisse les gens et que l’on ne s’en soucie pas… La vengeance vient toujours après un mauvais coup, et parfois de là où on ne l’attend pas… Il y avait tellement de douleur et de tristesse dans ses mots et pourtant il les disait avec tant de détachement, comme si cela ne le touchait plus. Peut être finalement le mensonge était il là. Des jeux cruels, il en existait plein… Celui de la torture qu’il subissait depuis qu’il avait passé la porte des rebelles par exemple.

Lors d’un interrogatoire, lorsque l’on ne savait pas ce que l’on cherchait, et parce que Tristan semblait prêt à parler de quelque chose, alors mieux valait user de questions ouvertes, surtout vu l’état de semi-conscience dans lequel il était. Darek aurait été bien incapable de se concentrer pour répondre un simple oui ou un non, alors mieux valait le guider doucement mais surement vers la voix des paroles. Par des questions simples et lui laissant libre possibilité de s’exprimer, tant qu’il n’allait pas trop loin. Et puis après tout, vu son état physique, il ne représentait pas un danger. Si on ne pouvait pas le toucher, pas le relever pour avoir une conversation normale, mieux valait le laisser à terre, et doucement murmurer des questions, sans lui faire de mal.

Pourquoi ?

Quelle question pouvait être plus ouverte, elle laissait des milliers de possibilités de réponses. Il n’avait qu’à choisir, mais le voulait il ? Trouverait-il sa voie, ou continuerait-il avec sa voix ? Il évoquait des choses sans les remettre en contexte et c’était sans doute le plus difficile à discerner, à comprendre. Elle lui laissa le temps de répondre ou de réfléchir, et puis finalement, le désir d’assouvir sa curiosité reprit le dessus et elle l’interrogea.

Et la lettre, d’où vient-elle ? Qui l’a écrite ?
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Message par Tristan Darek Mar 21 Juin - 19:33

Il laissa échapper un soupir, son regard s'était perdu dans le vide, il n'était même pas braqué sur elle mais après tout peu importait, qu'il la regarde, qu'il regarde quelqu'un d'autre, dans le passé ou dans l'avenir, qu'il voit quelque chose ou rien du tout. Il n'avait aucune certitude que cette cellule serait son tombeau et à ce moment-là, il s'en fichait bien, il se sentait presque détaché de tout, les douleurs qui l'étreignaient et qui pesaient sur ses épaules semblaient s'être effacées un instant, pourtant, le souvenir amer qu'il en gardait ne s'était pas dissipé. Une torture, une autre, des malheurs les uns après les autres, son moral presque toujours au plus bas, il lui semblait aujourd'hui que sa vie avait été toute tracée et qu'il se soit jeté plus ou moins tôt dans le gouffre béant de son échec n'avait pas l'air d'avoir la moindre importance. Quoi qu'il fasse, il avait compris qu'il reproduirait toujours les mêmes choses, que ce qu'on ne lui avait jamais appris, il ne le comprendrait jamais, son avenir s'était forgé du jour où il avait quitté l'enfance et cru qu'il pourrait contrôler sa vie de ses propres mains. Il était né dans le sang et dans la misère, on ne lui avait jamais appris les valeurs qui lui permettrait un jour de sortir de son cercle vicieux et c'était comme ça. Alors il soupirait, il se jetait son propre mépris à la gueule, il était triste de ce qu'il lui arrivait. La seule chose qu'il ait jamais réussie à faire c'était gagner du temps.

― Il s'appelait Louis, Louis Zeldir, né dans un quartier pauvre de Paris dans les dernières décennies du XIXème siècle, dit-il d'un ton particulièrement détaché et neutre.

Il ne se souvenait pas de ses premières années, il n'était même pas sûr de connaître avec exactitude le jour et l'année où on l'avait mis au monde mais ça n'avait aucune importance, il aurait même été heureux que le temps lui permettre d'oublier petit à petit les souvenirs de cet homme. Mais ce qu'il y avait de plus marquant restait dans sa tête avec la même empreinte qu'une inscription marquée au feutre indélébile, un tatouage qu'on aurait fait sur sa peau avec un fer rouge.
Parfois, tous ces souvenirs, toutes ces choses ne lui faisaient plus rien, il aurait aimé quand même pouvoir s'en défaire, ce n'était jamais agréable de connaître de près les horreurs qu'avait pu commettre un homme. Lui y lisait beaucoup d'ironie, on n'aurait jamais pu l'arrêter, Louis était blanc comme neige au sens propre comme au sens figuré. Jamais on n'avait réussi à se débarrasser de lui d'une manière légale. Il aurait pu se vanter d'avoir utilisé ce génie pour des actions nobles mais ce n'était pas le cas, il le savait trop bien. Tout ce qu'il avait pu élaborer avait aussi servi à faire des horreurs et encore une fois, il n'y avait rien pour l’inquiéter, la seule arme qu'il ait pu dresser contre quelqu'un n'avait fait que frapper son propre corps.
S'il avait été masochiste, la torture qu'on lui infligeait aurait été un doux paradis, ce n'était pas non plus un enfer, il y voyait la punition qu'il méritait mais ne cherchait pas la rédemption, il savait que s'il sortait un jour d'ici il ne serait pas un homme meilleur. Il y avait cru une seule fois et la réalité avait été trop douloureuse, chacun de ses coups s'était fait un peu plus douloureux. Et puis il avait sombré.

― Laissez cet air plein de pitié et de compréhension à d'autres, si vous ne le croyez pas encore, alors je vous le dit de ma propre voix : oui, j'ai bien des choses à me reprocher. Je suis le premier à m'être jugé et ne pensez pas que ma condamnation fut plus douce que la vôtre. Mais ni mon passé ni ma vie d'ici ne vous intéresse, je sais ce que vous voulez. Est-ce que vous pensez l'obtenir un jour ? Même si j'avouais quoi que ce soit, soyez bien sûr que je me suis toujours arrangé pour que les mots de passe et les modes d'accès soient changés. De toute façon pour obtenir ce qui vous intéresse il faudrait que vous soyez branché localement aux serveurs. Ne me prenez pas pour quelqu'un de naïf, on a déjà changé leur emplacement. Et si Virulino voulait vraiment avoir accès à Oméga, il n'a qu'à prouver la hauteur de son génie lui-même.

Il se tut, sa dernière phrase n'avait rien de provocant dans la manière dont il l'avait prononcée, le fait même qu'il arrive ou non à ce piratage semblait lui faire ni chaud ni froid mais celui-ci, s'il l'avait écouté depuis quelques temps devait bien avoir compris qu'il n'avait pas une très haute estime de ses compétences.

― Je ne suis pas aussi hostile envers la rébellion que vous l'êtes envers moi, je n'ai d'ailleurs jamais beaucoup attaqué votre propre système. Mais vous vous fichez bien de ce plaidoyer-là, vos idées sont déjà bien fixées dans votre tête, vous êtes sans doute aussi têtue que moi.

A vrai dire, il se fichait bien de connaître la jeune femme, oui bien sûr il l'avait reconnue, il connaissait son nom mais que ce soit elle ou quelqu'un d'autre ne changeait pas grand-chose. Il n'y avait dans ce qu'il disait rien d'une confession, il aurait pu aussi bien se parler à lui-même, garder tout ça dans sa tête ou prononcer les mots avec pour seules destinataires ses oreilles.
Il se sentait las de tout ça et il lui aurait bien demandé d'achever sa triste vie s'il n'avait pas su qu'elle s'y refuserait certainement et que son prochain voyage se butterait sans doute aux mêmes obstacles. Retourner dans son passé, rester ici, partir ailleurs, en dehors du décor et des personnages, rien ne changeait finalement. C'était le plus triste, c'était ça qui lui faisait mal, l'espoir à jamais abattu d'un coup de fusil ne lui permettait pas de remonter la pente.

― Ma lettre... C'est vraiment ça qui vous a fait venir près de moi, perdre votre temps pour écouter un vieux fou comme moi ? Vous devriez céder à votre curiosité, l'histoire de cette lettre est triste, vous êtes trop jeune, ne cherchez pas avec autant d'ardeur ce qui pourrait vous ronger pour toujours. Je vous promets que cette erreur se paye cher.

Il ferma les yeux et son visage se crispa, en proie soudain à une mauvaise douleur, sa main s'était refermée sur ses côtes. Depuis qu'ils le torturaient, ils semblaient ne pas avoir compris que la douleur mentale était toujours plus forte que la douleur physique, un homme comme lui, aussi rongé par sa propre vie, avait les armes pour résister, il n'avait de toute manière jamais su se plier à des exigences lorsque celles-ci ne lui plaisaient pas. Le confort que lui offrait la guilde n'était pas, comme on pouvait le croire, sa petite faiblesse, c'était sa prison dorée, ces barreaux vulgairement peints qui lui permettaient de se rappeler chaque jour que l'espoir était mort, à jamais.

― Je suis pourtant étonné que personne ici n'ait reconnu son écriture. Si c'est un leurre pour raviver en moi d'anciennes douleurs, c'est bien inutile, moi je m'en rappelle tous les jours. Mes erreurs, mes faiblesses, tout ce en quoi j'ai malheureusement cru.

La douleur n'avait pas cessé mais il l'avait oublié, il avait à nouveau ouvert ses yeux qui ne voyaient plus rien, rien d'autre que des cendres.

― Rassurez-vous, je vais assouvir votre curiosité. Avait-il vraiment gardé le secret de leur amitié jusqu'à la tombe ? Avaient-ils tous deux tu tout cela pendant si longtemps ? Il allait aujourd'hui en parler pour la première fois mais qu'ils ne s'y trompent pas, il garderait l'essentiel pour lui, rien que pour eux deux, après tout, cette histoire n'était à personne d'autre. L'auteur de cette lettre s'appelait Julien Joyce, il n'est plus connu aujourd'hui que sous le nom d'Xxcel, à vrai dire ce qui l'ont connu de son vivant sont bien rares maintenant. Il m'a écrit cette lettre peu de temps avant d'accepter d'aider les rebelles tout en restant à la surface, un comme tous ceux qui le font aujourd'hui, même dans ma propre brigade, n'est-ce pas ? C'est lui qui m'a tout appris en informatique, nous avons toujours pris soin de cacher que nous nous connaissions.

Il tourna légèrement la tête pour l'apercevoir, assis dans la même cellule que lui, en train de le regarder, avec cet air triste et ce sourire sur son visage. Cette expression il la connaissait bien, il avait toujours essayé de l'effacer mais Joyce lui avait un jour avoué qu'il commençait lui aussi à avoir la même. Il sourit doucement, aujourd'hui leurs expressions étaient traits pour traits les mêmes.

― Allons, rendez-moi cette lettre maintenant. Ne m'imposez pas de raconter davantage de souvenirs, ils ne vous mèneront à rien d'autre qu'à contempler la douleur sur mon visage. Si vous prônez le bien, si vous croyez vraiment à vos idéaux, alors laissez-moi en paix.

Nouveau soupir. Il avait l'air épuisé, il avait une sale mine, creusée par la faim et la douleur mais plus que tout il avait l'air meurtri au plus profondément de son âme. S'il existait un dieu quelque part, ce visage ne donnait plus envie de croire en lui, sans doute.

― Laissez-moi seul avec lui, juste un peu.
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Message par Lian Grenfield Ven 22 Juil - 22:14

Finalement la voix de Tristan s’éleva à nouveau pour quelques révélations. Louis Zeldir, L. Zeldir. Etait ce vraiment l’auteur de la missive ou bien inventait il cette histoire ? Après tout il pouvait tout aussi bien délirer totalement vu ses conditions de détentions. En prisonnier conscient des dangers, il savait qu’il se devait de parler, cependant rien ne l’obligeait à dire la vérité. Il aurait sans doute fallu le torturer encore plus pour obtenir des aveux et des promesses de réponses véridiques. Pourtant l’imagination ne se forme qu’à partir de choses que l’on connaît. Il y avait donc un fond de connaissance dans ce que disait le prisonnier, il avait forcément déjà entendu ce prénom ou ce nom, même si c’était de manière détaché, il y a des dizaines d’années ou plus… Il restituait forcement des connaissances emmagasinées et dont il ne soupçonnait pas forcement l’existence.

Par exemple le fait le plus parlant était qu’il venait de citer Paris. Paris ? Cela pouvait être un prénom, mais aussi une plante, le comte tiré de l’histoire de Roméo et Juliette ou encore le héro grecque ayant enlevé la belle Hélène et déclenché la guerre de Troie. Pourtant non, car Darek y avait apposé le mot quartier pour situer un lieu, c’était donc qu’il faisait référence à une ville. Évoquait-il la capitale de la France, ce pays si proche de la Grande-Bretagne et cette ville rivale de Londres et de ses habitants ? Il était en effet fort probable qu’il parle d’un homme ayant retrouvé son passé, sinon comment aurait il pu imaginer qu’il y avait eu une dix-neuvième siècle quelque part dans un univers parallèle ?

Alors il avait retrouvé des souvenirs ? Inventait-il cette histoire ? Ou le lui avait on vraiment racontée ? Il aurait fallut alors que ce soit un ami très proche qui ne craigne absolument pas sa trahison de quelque manière que ce soit, car un mot de trop et c’était se mettre la guilde sur le dos. Qui avait eu assez d’amitié pour Tristan pour ainsi se confier ? Un instant Lian se demanda si certains des congrégationnistes avaient déjà recueillit des confessions de nosciens racontant leur vie passé, loin des caméras de l’Impératrice et de son règne tyrannique. Même parmi les rebelles ce n’était pas forcement un sujet très abordé même s’ils s’encourageaient les uns les autres à retrouver ces brides leurs permettant de comprendre mieux Nosco et cet avant si inconnu pour la plupart. Un monde différent, avec des villes différentes, et même des quartiers pour ces dernières… mais aussi un décompte temporel bien différent. Nosco était si jeune par rapport à cet autre monde ! Deux siècles ne pourraient pas rivaliser avec des millénaires de civilisation et pourtant d’après ses souvenirs Lian avait cru voir que ceux de dehors n’étaient pas aussi avancés qu’eux. Qu’est ce qui différenciait les oubliés de leurs passés ? La volonté de survivre peut être. Dans un monde rempli de créature il fallait se défendre et utiliser au mieux leurs maigres ressources sans les gaspiller. Au moins Mary n’avait pas besoin de plaider la cause de la planète, puisqu’elle était évidente et que même Joséphine de Busy en avait conscience et le prenait en compte.

L’écoutant Lian se laissa porter par ses paroles, même si elles étaient un mensonge, ne pourraient-elles pas être une jolie histoire à écouter et à décortiquer ? Les contes sont parfois cruels mais ils ont toujours une morale à la fin, même s’il faut parfois chercher cette dernière. Pourtant voilà que le prisonnier était parti dans un plaidoyer pour sa vie, destiné sans doute à faire perdre patience les rebelles et surtout leur enlever le moindre espoir de tirer quoi que ce soit de ce muet captif. Certes Darek n’avait jamais été agressif envers les rebelles et leur réseau Tango, et pourtant… Tant de personnes le haïssaient, au moins pour ce qu’il avait fait lorsqu’ils étaient encore des nosciens lambda et qu’ils s’étaient fait prendre. Le principal danger dans les souterrains n’était pas le commandor de la section informatique, c’était un fait. Pourtant il restait un adversaire bien coriace et qu’il fallait détester dans tous les cas… Un toutou de l’impératrice qui n’écoutait que les ordres de ses supérieurs et s’y pliait bien volontiers. Est-on moins coupable lorsque l’on obéit que lorsqu’on est celui qui prend les décisions ?

Sa lettre… il l’avait dit presque avec douceur. Il y tenait vraiment. C’est étrange comme parfois on pose des sentiments si fort dans un simple objet, on en fait une relique, un bien à compter parmi les plus précieux, car il évoque un souvenir cher, ou bien parce qu’il a appartenu ou été touché par un être que l’on a aimé, un héritage ou simplement une trouvaille sur le sol ou dans un vieux grenier poussiéreux. Il est parfait si agréable de tenir entre ses mains un objet dont la création précède notre date de naissance et de s’imaginer tous ses propriétaires qui ont fini pour une raison ou une autre par céder leur bien à quelqu’un d’autre. Chaque objet a une mémoire, celle de ses anciens possesseurs. Quel dommage qu’ils ne parlent pas !

Malgré son souffle erratique l’informaticien continuait à parler, peut être s’adressait il plus à un de ses souvenirs qu’à la rebelle qui était présente dans la pièce avec lui. Ainsi il était surpris que personne n’ai reconnu son écriture ? Et pourtant ! Pourtant cet usage s’était perdu si rapidement à Nosco. Lian ne se souvenait plus de l’époque où tout avait été informatisé dans la cité, où chaque conversation écrite l’avait été en caractère typographique d’imprimerie et par un ordinateur ou quelque chose s’en approchait plutôt que par le papier, si couteux et rare en Nosco, et par la plume et l’encre. Ainsi il serait probable que quelqu’un reconnaisse la manière d’écrire de l’auteur ? Lian n’y aurait même pas pensé. L’idée même que les gens puissent avoir une manière de tenir leur stylo ou d’accentuer leurs lettres lui était étrangère. Maintenant qu’elle y pensait, il y avait sans doute de nombreux indices qu’elle avait laissés échappé. Et si… la provenance du papier et la façon de le fabriquer… la couleur de l’encre… tout cela pouvait être important et donner quelques réponses !
Pendant ce temps là Darek souffrait physiquement, et Grenfield ne pouvait certes pas l’aider, ne sachant absolument pas comment soulager une douleur à la poitrine sans avoir au moins connaissance de l’origine du problème.

Et puis finalement il se décida à révéler ce qu’il gardait pour lui. A enfin parler vraiment de cette lettre, peut être parce qu’on l’avait écouté pour le début de son discours. Julien Joyce. Elle nota ce nom même s’il ne lui évoquait absolument rien. Peut être était-ce un nouveau mensonge ? Cela ne coutait rien de vérifier en tout cas. Mais le pseudonyme que lui fournit ensuite l’informaticien éclaira tout. Enfin dans la limite du raisonnable du savoir de Lian sur l’informatique et les informaticiens ayant marqués Nosco de leur patte. Xxcel ! Bien sur qu’elle en avait entendu parler, même s’il n’était plus depuis bien longtemps. Pas étonnant si c’était celui qui avait tout enseigné à Traktueur, alors il avait été plus âgé, depuis plus longtemps à Nosco. Et il avait trahit la Guilde pour les rebelles, pour tenter d’aider les bleus des sous-sols désaffectés. Il avait aussi écrit un courrier à son ami caché, une dépêche pour le supplier de faire comme lui et de trahir. Pourtant Tristan était commandor et il n’avait jamais fait partie des rebelles… Il n’avait pas accéder à la requête de son compagnon. Leurs chemins s’étaient séparés, entrainant la mort de l’un des deux. Etait- ce parce qu’il avait fait le mauvais choix ? Celui du mauvais camp ? Celui de se confier à Darek ? Personne ne pouvait changer le passé, la douleur qu’exprimait l’informaticien le montrait bien. Il aurait tout fait pour modifier ce qui s’était passé mais c’était désormais impossible.

La supplique de Tristan était émouvante, sa requête de retrouver son bien était légitime, et ses paroles ne permettaient pas que Lian lui refuse ce qu’il avait le droit de demander. Alors elle replia soigneusement la lettre, après y avoir jeté un dernier regard et la lui remit. Elle ne souhaitait pas forcement en savoir plus, ni le torturer plus qu’il ne l’était déjà. A quoi bon s’attaquer à un homme déjà brisé, par les sévices de ses compagnons et par son passé qui semblait si douloureux. Et puis à quoi bon lui faire avouer quelque chose qui n’aurait peut être aucune conséquence. Cela n’aurait aucune influence sur la guerre entre les guildiens et les rebelles. Certes c’était une pièce du puzzle du passé et Lian irait demander à Rian de plus ample renseignement, quitte à tenter avec lui de décrypter ce qu’ils savaient et d’en tirer les conclusions qui s’imposaient. En effet Virulino était parfois plus doué qu’elle pour mettre son nez dans les affaires des autres et comprendre certains mystères. A moins que ce soit lié au fait qu’il puisse fouiller presque à volonté le réseau pour y découvrir certaines informations qui seraient restées scellés sous le sceau du secret sans son intervention. Tristan Darek était maintenant seul avec sa précieuse lettre.
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