Visite Médicale d'Anthelmios

*Outch...*

Oh oui, outch, c'était le cas de le dire.
Silvio se tenait juste devant la porte de l'infirmerie et… Il hésitait. Se grattait nerveusement le bras, tête basse et lèvre mordue.
Jusqu'alors, il avait toujours plus ou moins réussi à éviter les médecins, en jouant avec son emploi du temps, en râlant un peu, et montrant les muscles dur et pourtant discrets de ses bras, et grommelant "c'est pas de la bonne santé, ça ?" et en menaçant de le faire tester à quiconque doutait de sa santé. Les maladies ? Oh, rien de grave, ça allait passer tout seul, voyons. Et puis, il était costaud, il n'attrapait presque plus rien qui vaille la peine. Les bleus, les "égratignures" plus ou moins importantes des entrainements et des missions, il les soignait seul.
Il n'avait rien contre les médecins… C'étaient de braves gens… Diplômés… ou pas. Non, plus sincèrement, il doutait toujours de leurs capacités, mais était certain qu'ils aimaient baratiner, inventer des maladies, pour le plaisir de voir la tête effarée des patients, et de se mettre plein d'argent en poche. A tous les coups, ils avaient aussi négocié avec les pharmaciens pour donner des médicaments en plus aux patients et partager les bénéfices. Ouaaaaais… Ils en étaient bien capables, avec leurs ptites têtes de… de médecins… leurs dents blanches… leurs blouses blanches… Leur petit air vicieux et malsain… Et quoi de plus malsain qu'on docteur ? Tripoter le corps humain, vivant ou mort, chercher entre les entrailles… C'était gore ! Malsain ! Et les pervers, vous y avez pensé ? Pourquoi croyez-vous que les adolescents ricanent en proposant à leurs camarades féminins de jouer au docteur ? Là, vous voyez, deux fois plus malsains ! Il n'avait pas tort d'avoir peur, mon coco !
Et puis, il y avait ce qu'on lui avait dit… "Ne crains rien, elle est très gentille"…. "par contre elle est très chaleureuse, ça va pas t'plaire." Ses camarades de brigade savaient de quoi ils parlaient. Il faut dire qu'ils l'avaient déjà vu pâlir à l'annonce de son obligation de visite médicale, mais ils s'étaient bien esclaffés en voyant ses yeux grands ouverts, ensuite. "Chaleureuse" ? ils le connaissaient bien. Bien sûr que non, ça n'allait pas lui plaire, lui qui supportait à peine qu'on le frôle ! "chaleureuse", ici, ça voulait dire qui n'hésite pas à vous prendre dans ses bras et vous faire des gouzigouzi le p'tit brigadier ! Et Silvio, il redoutait peu de choses, mais ça…
Bon… Pour se rassurer, il pouvait se dire que l'infirmière n'allait sûrement pas lui sauter au cou et le papouiller comme cela… Pas très professionnel… Mais maintenant que les camarades lui avaient mis l'image en tête, il appréhendait deux fois plus cette visite. Il ignorait de nombreuses choses sur le comportement humain. Et il ignorait surtout comment une personne "chaleureuse", "médecin" pouvait être avec lui.

Il n'allait pas rester pendant des heures devant cette porte, ça faisait un peu garçon timide… Et il était second de commandor, que diable ! Un peu de tenue, un peu de courage dans les épreuves difficiles ! Il se redressa, pris une grande inspiration. Il passa une main dans ses cheveux, sans doute dans l'espoir vain de les recoiffer, et… Toqua. La mine certes dure et froide, mais au moins il ne semblait pas…Inquiet. Au contraire.

"- Bonjour… On m'a dit de venir pour une visite médicale." fit-il d'une voix rauque, sitôt la porte ouverte.

Il tendit, en confirmation de ses dires, un petit bout de papier où l'on voulait voir, en bas, la signature de l'infirmière. Foutue administration...