Premier souffle
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Premier souffle
~ Thème musical ~
Le noir. Chaud et apaisant. La première conscience.
Ça l’enveloppait tout entier, uniforme et sans bruit, presque doux dans son immatérialité. Pas de bruit ni d’éclat, juste l’ombre. L’ombre toute entière, en dedans et en dessous, pour lui et en lui. L’ombre et rien de plus. Sa simplicité lui plut, ce face à face intime sans imprévu. C’était entre lui et elle, leurs essences mêlées. Elle n’avait pas d’odeur qui puisse le déranger, juste sa trace le recouvrant, le préservant du monde. A l’aise au cœur de cette couche protectrice, il était. Cela lui suffisait. Les bras de l’ombre étaient immenses et infinis pour son esprit perdu. Bien trop vite, il en fut arraché par la sensation inconfortable du sol sous son dos et de l’éclat lumineux projeté sur ses paupières. L’homme ouvrit les yeux, les rivant vers l’étendue céleste loin au-dessus de sa tête. Il était là.
Il déplaça sa main de quelques centimètres. Les grains de la terre éraflèrent sa paume, piquant son épiderme. Face à lui, l’azur, profond et lointain. Ses iris basculèrent, s’égarant sur des nappes brumeuses, avant d’heurter une sphère, brûlante et incandescente, crevant les yeux. Son corps bascula, sa joue au sol tandis qu’il portait ses mains à ses paupières, aveuglé. Ses sourcils se froncèrent. La douleur. Il se dit qu’il détestait cela, et maudit le soleil. Son regard s’attarda ensuite sur ses doigts, les nombreux traits les traversant, les lignes arrondies au creux de ses mains. Il suivit le tracé de l’une d’entre elles rapidement avant qu’elle ne disparaisse, se confondant avec la couleur chair. Et entre les lignes, les courbes de faisceaux fluides et bleutés, partant après dans ses poignets, et ce jusqu’à ses coudes.
Lentement, son corps replié comme celui d’un tout petit enfant se détendit, pour se redresser avec application. Se hissant par la simple force de ses paumes appuyées au sol, il s’assit. Ne prenant plus le risque d’affronter le haut, son attention se concentra vers ce qu’il y avait autour de lui, et surtout sur lui. Ses jambes étendues, et les pieds les surmontant. Etrange chose que ceux-ci ne soient ornés d’aucune manière quand ses cuisses et ses mollets étaient couverts, ainsi que son buste et ses avant-bras. Il tâta le tissu de son pantalon, le coton de sa chemise aux courtes manches, et joua avec les boutons de ce dernier vêtement. Sa préférence fut pour l’habit à ses jambes, de la couleur pareille à la nuit. Ses pieds étaient de la même teinte que ses mains, et les veines y transparaissaient tout autant. La pulpe de ses doigts s’égara dans ses cheveux et redessina les contours de son visage. Ce ne fut qu’à ce moment que l’anneau à son annulaire lui apparut. Spontanément, il le saisit, et l’enfouit dans sa poche.
Il déplaça sa main de quelques centimètres. Les grains de la terre éraflèrent sa paume, piquant son épiderme. Face à lui, l’azur, profond et lointain. Ses iris basculèrent, s’égarant sur des nappes brumeuses, avant d’heurter une sphère, brûlante et incandescente, crevant les yeux. Son corps bascula, sa joue au sol tandis qu’il portait ses mains à ses paupières, aveuglé. Ses sourcils se froncèrent. La douleur. Il se dit qu’il détestait cela, et maudit le soleil. Son regard s’attarda ensuite sur ses doigts, les nombreux traits les traversant, les lignes arrondies au creux de ses mains. Il suivit le tracé de l’une d’entre elles rapidement avant qu’elle ne disparaisse, se confondant avec la couleur chair. Et entre les lignes, les courbes de faisceaux fluides et bleutés, partant après dans ses poignets, et ce jusqu’à ses coudes.
Lentement, son corps replié comme celui d’un tout petit enfant se détendit, pour se redresser avec application. Se hissant par la simple force de ses paumes appuyées au sol, il s’assit. Ne prenant plus le risque d’affronter le haut, son attention se concentra vers ce qu’il y avait autour de lui, et surtout sur lui. Ses jambes étendues, et les pieds les surmontant. Etrange chose que ceux-ci ne soient ornés d’aucune manière quand ses cuisses et ses mollets étaient couverts, ainsi que son buste et ses avant-bras. Il tâta le tissu de son pantalon, le coton de sa chemise aux courtes manches, et joua avec les boutons de ce dernier vêtement. Sa préférence fut pour l’habit à ses jambes, de la couleur pareille à la nuit. Ses pieds étaient de la même teinte que ses mains, et les veines y transparaissaient tout autant. La pulpe de ses doigts s’égara dans ses cheveux et redessina les contours de son visage. Ce ne fut qu’à ce moment que l’anneau à son annulaire lui apparut. Spontanément, il le saisit, et l’enfouit dans sa poche.
Le jeune homme était là. Seul avec lui-même et avec son ombre.
Jeune ? Peut-être. Dans les confins de sa pensée, les rouages mis en marche lui susurraient l’esquisse toute fraîche de sa vie depuis son éveil. Le vent vif sur sa peau lui rappelait cela, et le frissonnement l’accompagnant également. Autour de lui, un paysage dont il devinait tout et ne connaissait rien. Il se trouvait dans un ailleurs, et quel autre moyen de qualifier l’endroit quand aucun autre ne surgissait dans sa mémoire ? Dans sa bouche venaient les mots pour décrire et le savoir allant de pair, prêt à se déverser pour se situer. Mais si cette forme vaporeuse était un nuage, l’homme était dans l’incapacité de dévoiler d’où provenait cette information murmurée à son oreille. Il se savait homme, de même se savait capable de définir chacun de ses membres. Toutefois, de lui, rien d’autre. Et les environs se taisaient, moqueurs et ne pipant mot au Sans Nom.
Fourmillant d’un élan soudain, ses instincts s’étendirent à tout ce qui pouvait l’entourer. Sa vue se porta sur une étendue d’eau non loin de lui, mordant la terre. Une envie de quitter la place qu’il occupait le prit, désireux de partir, s’enfuir ? loin de l’idée saugrenue qu’une présence invisible se riait de lui et lui cachait quelque indice quant à son identité inconnue. Tremblant, l’humain, car se sachant tel que, se redressa. Ses pas l’amenèrent au rivage de ce qu’il appela rivière. Une rivière gargantuesque dont les limites était hors de sa portée. Une rivière, fit la voix malicieuse, ce n’est pas aussi gigantesque que cela. Pourtant, le nom était venu à ses lèvres plus vite que sa propre appellation. Sans Nom jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, embrassant le paysage derrière lui, soupçonneux et reniflant la malice. La seule volonté l’animant était celle de partir loin d’ici.
Ses orteils goûtèrent la texture aquatique, et il reconnut la sensation de l’eau sur son épiderme. Cela lui fut agréable, et il trempa son pied jusqu’à la cheville. Un pressentiment l’enjoignit de reculer, sans suite. Il allait faire un autre pas, quand une ombre filasse fusa vers lui. Il y eut l’éclat d’écailles et l’éclair de crocs brillants. La gueule du serpent frôla son talon qu’il eut tôt fait de retirer de l’onde dans une exclamation de stupeur. Le cœur battant et le souffle rapide, il contempla le reptile qui le défiait sous les troubles de la rivière sans fin. L’animal s’enroula sur lui-même, provocateur, gluant presque, sous la surface limpide, et repartit à son nid. Haletant, le jeune homme ne pouvait observer autre chose que l’endroit où il était apparu. Sans nom était certain, en son for intérieur, que, si la morsure avait eu lieu, il serait agonisant.
Fourmillant d’un élan soudain, ses instincts s’étendirent à tout ce qui pouvait l’entourer. Sa vue se porta sur une étendue d’eau non loin de lui, mordant la terre. Une envie de quitter la place qu’il occupait le prit, désireux de partir, s’enfuir ? loin de l’idée saugrenue qu’une présence invisible se riait de lui et lui cachait quelque indice quant à son identité inconnue. Tremblant, l’humain, car se sachant tel que, se redressa. Ses pas l’amenèrent au rivage de ce qu’il appela rivière. Une rivière gargantuesque dont les limites était hors de sa portée. Une rivière, fit la voix malicieuse, ce n’est pas aussi gigantesque que cela. Pourtant, le nom était venu à ses lèvres plus vite que sa propre appellation. Sans Nom jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, embrassant le paysage derrière lui, soupçonneux et reniflant la malice. La seule volonté l’animant était celle de partir loin d’ici.
Ses orteils goûtèrent la texture aquatique, et il reconnut la sensation de l’eau sur son épiderme. Cela lui fut agréable, et il trempa son pied jusqu’à la cheville. Un pressentiment l’enjoignit de reculer, sans suite. Il allait faire un autre pas, quand une ombre filasse fusa vers lui. Il y eut l’éclat d’écailles et l’éclair de crocs brillants. La gueule du serpent frôla son talon qu’il eut tôt fait de retirer de l’onde dans une exclamation de stupeur. Le cœur battant et le souffle rapide, il contempla le reptile qui le défiait sous les troubles de la rivière sans fin. L’animal s’enroula sur lui-même, provocateur, gluant presque, sous la surface limpide, et repartit à son nid. Haletant, le jeune homme ne pouvait observer autre chose que l’endroit où il était apparu. Sans nom était certain, en son for intérieur, que, si la morsure avait eu lieu, il serait agonisant.
Il était là, sans nom, avec l’unique certitude d’exister, et la certitude qu’il ne voulait pas mourir.
Car il se savait vivant, entre autres. Le battement dans sa poitrine. L’expiration et l’inspiration. L’air dans ses poumons. Juste la plante de ses pieds sur le sol et la fraîcheur encore vive de l’onde sur l’un d’eux. D’infimes traces qui lui prouvaient qu’il était bel et bien en vie. Sous l’onde, la terre meuble, et l’empreinte de son pas. Il avait laissé une marque. Il existait. Convaincu de ce dernier élément, il comprit que sa priorité première était de ne jamais laisser lâche le fil de sa vie entre ses poings. Il était sa propre priorité, et ensuite seulement venaient les autres objets de son intérêt. Nerveusement, il avala sa salive, son regard toujours sur l’eau. Cette eau étant dangereuse, il fallait donc dorénavant faire en sorte de l’éviter afin de ne plus avoir à se frotter à ses habitants. Trouver alors un autre échappatoire était primordial.
Sans Nom se détourna. Se refusant toutefois à faire demi-tour, ses jambes se mirent en marche vers l’ouest. Par logique, s’il longeait la rivière sans fin, il finirait par découvrir un passage qui lui permettrait de passer outre l’eau. Le jeune homme, déterminé, marcha sans attention particulière pour l’endroit qu’il avait occupé auparavant. Les mains dans les poches, ses pieds nus sur la terre, il songea à la place où il avait atterrit. Ses affirmations n’ayant toujours pas de précédents, il pouvait néanmoins dire qu’il avait été avant. Avant d’être ici, dans ce lieu qui ne lui disait rien. Qu’importe. La seule préoccupation était de s’échapper dans cet endroit non indiqué dans ses souvenirs. Et ce même si ses souvenirs étaient, de toute façon, dépourvus de toute bribe, quelle qu’elle fut.
L’importance surpassant toutes les autres était sa survie. S’il sortait d’ici, il pourrait réfléchir à autre chose. A qui il était. D’où il venait. Ces détails ne pouvaient trouver réponse qu’à partir de fouilles assidument menées, et quelque part où il se sentirait à l’abri. Dans l’enclos de tissu à son pantalon, reposait la bague. Sans Nom aurait aimé pouvoir affirmer que cela était déjà un début de piste, et que le destin aurait pu être plus cruel à son encontre. Mais la providence lui avait offert des vêtements, et avait glissé à son doigt la preuve d’une ancienne existence. Cependant, si le geste était appréciable, il savait l’anneau lourd dans sa prison. Pour rien au monde il ne l’en aurait sorti, son doigt se refusant à l’étreinte du métal.
Sans Nom se détourna. Se refusant toutefois à faire demi-tour, ses jambes se mirent en marche vers l’ouest. Par logique, s’il longeait la rivière sans fin, il finirait par découvrir un passage qui lui permettrait de passer outre l’eau. Le jeune homme, déterminé, marcha sans attention particulière pour l’endroit qu’il avait occupé auparavant. Les mains dans les poches, ses pieds nus sur la terre, il songea à la place où il avait atterrit. Ses affirmations n’ayant toujours pas de précédents, il pouvait néanmoins dire qu’il avait été avant. Avant d’être ici, dans ce lieu qui ne lui disait rien. Qu’importe. La seule préoccupation était de s’échapper dans cet endroit non indiqué dans ses souvenirs. Et ce même si ses souvenirs étaient, de toute façon, dépourvus de toute bribe, quelle qu’elle fut.
L’importance surpassant toutes les autres était sa survie. S’il sortait d’ici, il pourrait réfléchir à autre chose. A qui il était. D’où il venait. Ces détails ne pouvaient trouver réponse qu’à partir de fouilles assidument menées, et quelque part où il se sentirait à l’abri. Dans l’enclos de tissu à son pantalon, reposait la bague. Sans Nom aurait aimé pouvoir affirmer que cela était déjà un début de piste, et que le destin aurait pu être plus cruel à son encontre. Mais la providence lui avait offert des vêtements, et avait glissé à son doigt la preuve d’une ancienne existence. Cependant, si le geste était appréciable, il savait l’anneau lourd dans sa prison. Pour rien au monde il ne l’en aurait sorti, son doigt se refusant à l’étreinte du métal.
Sortir, il ne lui suffisait que de cela.
Dernière édition par Soham Smaran le Lun 24 Jan - 23:06, édité 5 fois
Soham Smaran~ Nouvel Arrivé ~ - Camp : Guilde Impériale
Âge réel : 0
Âge d'apparence : Entre 20 et 25 ans
Compétences
Mémoire:
(0/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Compagnon
Re: Premier souffle
Dans sa tête, Shane avait des idées. De nombreuses idées qui se battaient les unes contre les autres pour être nommée par mon informaticien comme étant LA meilleure solution. Et la compétition était rude, toutes ses idées voulaient être l’élue, toutes prouvaient que les autres étaient fausses, artificielles et faites de beaux mensonges et de fausses attentes. Mon Brigadier était perturbé par ce qu’il devait faire. Il regardait son devoir, ce qu’on lui avait donné de faire et qu’il devait mener à bien pour satisfaire Tristan. Pirater Oméga. Encore une fois, il se heurtait à ce problème, il cherchait une solution. Tristan n’y avait pas été de main morte cette fois. Cela faisait de nombreux jours déjà qu’il s’attelait à cette équation, et il avait l’impression d’être dans un labyrinthe dont l’unique sortie était encore loin de lui. Mais il ne pouvait pas échouer. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Il avait déjà attendu de nombreuses années (9 ans) avant que Tristan ne s’intéresse à lui. S’il échouait, Darek serait déçu, il l’oublierait pendant un temps plus ou moins long, mais venant de Tristan, Shane imaginait ce temps plus long que court.
Bref, Shane s’arrachait les cheveux sur se problème lorsque son téléphone portable sonna. Sa main gantée de cuir noir tâtonna sur la table mais ses yeux ne quittaient pas l’écran de son ordinateur. Et l’inévitable arriva, dans sa maladresse son téléphone tomba de la table, atterrit lourdement sur le sol. Une petite grimasse et mon brigadier quitta des yeux son écran pour constater l’ampleur des dégâts : rien. Soulagé, il ramassa le pauvre petit objet sans défense et commença à regarder vaguement qui cherchait à le joindre. Il roula des yeux. Il y avait deux raisons pour laquelle l’administration appelait Shane : soit c’était pour lui rappeler qu’il n’était pas à jour dans ses visites médicales (dans 90% des cas) car mon Brigadier avait une sainte horreur des médecins, soit, c’était parce qu’un nouvel oublié avait été repéré près de l’enceinte et que mon informaticien avait été désigné pour parrain. Shane s’apprêtait donc à entendre l’habituelle réprimande de l’administration comme quoi il était ENCORE en retard dans ses visites médicales, que s’il ne s’y rendait pas dans les plus brefs délais, de lourdes sanctions seraient à envisager. Shane se prendrait un savon pendant un quart d’heure pour finalement se voir assigner un nouveau rendez-vous au Sapienta, rendez-vous auquel il ne se rendrait tout simplement pas.
Mais au grand bonheur de Shane, ce ne fut pas pour ce motif là qu’on le contactait, mais plutôt pour le second cas. Un nouvel oublié avait été repéré par les caméras de surveillance de la ville et donc la Guilde lui envoyait bien gentiment un parrain pour le guider dans cette nouvelle vie. Mon brigadier devait avoir un petit semblant de nostalgie. En fait, à chaque fois qu’il était assigné à s’occuper d’un nouvel arrivant, il repensait à sa propre arrivée à Nosco. Ca lui permettait notamment de se remémorer dans quel contexte, il y a bientôt dix ans, il avait lui-même été. Son amnésie, sa crainte, le froid et la faim qui lui tenaient le corps, et sa peur surtout. Oublier, jusque même son nom, était à en devenir fou. Shane était arrivé en plein mois de février, il y avait eu de la neige au dehors, et l’habillement dans lequel mon brigadier été arrivé à Nosco ne s’adaptait pas au climat qu’il y faisait. Et il s’était bien vite retrouvait avec un corps endolori par le froid, la peau devenant affreusement bleue. Il avait cru mourir. Bref tout ça pour dire que Shane gardait un très mauvais souvenir à Nosco (au point même d’en craindre le froid hivernal comme la peste), c’était peut-être ce qui le rendait empathique envers tout nouvel oublié. Trop empathique peut-être. Il faudrait qu’il songe à se guérir de sa maladie que l’on pourrait qualifier plus communément de syndrome du papa poule. Oui je sais, une poule n’est pas mal, mais dire que Shane puisse être assimilé à une maman lui aurait fait facilement porter une robe et ainsi de suite. Quand on connaissait l’orientation sexuelle de mon brigadier, mieux valait ne pas s’aventurer dans ce terrain là. Certes, entre Silvio et lui, Shane était celui qui avait la carrure la moins imposante, celui qui avait les gestes plus doux et celui qui avait les mains les moins abîmée mais… Non, Shane ne serait résolument pas la femme de leur couple caché. Dans un même temps, ce n’était pas de sa faute s’il y avait une telle disparité entre les deux hommes. Shane n’était pas un informaticien inactif. Il faisait beaucoup de sport, plus que ses collègues de travail. Mais pour un informaticien, il était très difficile d’être plus musculairement formé que Silvio, un brigadier de terrain, second de surcroît dans la section anti-terroriste.
Shane se leva, ferma son ordinateur portable et le rangea rapidement dans sa sacoche dont il passa la lanière à son épaule. Bien, il avait un oublié à aller chercher. Rapidement, il visualisa l’endroit où son futur filleul l’attendait et quitta le Quartier Général de la Brigade Impériale direction la surface. Marcher à pied était des choses que Shane faisait souvent. Il n’avait pas spécialement envie de se presser. Ce n’était pas comme si son oublié allait s’envoler non plus. Il commençait à faire froid. L’hiver Noscoien, qui était plus rude que l’hiver des faibles souvenirs qui lui revenait de son ancienne vie, commençait à montrer le bout de son nez, laissant l’informaticien dans une crainte à venir. Il n’aimait pas l’hiver. Il n’aimait le froid. Dès qu’il se sentait venir un frisson, c’était tout son corps qui se mettait en alerte. Shane était de ceux qui collaient les radiateurs lorsqu’il marchait dans un couloir. D’ailleurs son lit, dans son appartement était si proche du chauffage. Il était persuadé que s’il avait pu intégrer le radiateur directement à son lit, il l’aurait fait. Bref ? il faisait froid donc, et Shane remonta le col de sa tunique à manches courtes, mise cette fois par-dessus un sous-pull noir qui lui tenait un peu plus chaud que le chandail blanc qu’il portait à l’ordinaire. Il passa enfin les bâtiments du Sapienta. Là, il retrouva son enceinte, encore et toujours, ce mur haut de plusieurs mètres, avec sa paroi blanche tellement lisse que Shane était persuadé que même une ventouse n’aurait pas pu s’y adhérer sans glisser progressivement vers le sol sous l’effet de l’attraction terrestre. Il paraîtrait que chacun avait sa vision de cette enceinte. Comme si ce mur possédait une quelconque faculté magique qui, à la manière d’un caméléon avait le don de changer d’apparence comme bon lui semblait. En fait non, c’était plutôt la personne qui voyait ce mur d’une manière différence. Etait-ce comme une part de soi-même ce mur ? Shane n’avait pas vraiment trouvé de réponses là-dessus. Des hypothèses, tout comme il en avait fait beaucoup sur le monde de Nosco sans jamais avoir une réponse solide et concrète de la vérité.
Lorsqu’il arriva à destination, Shane fut frappé d’une chose assez incroyable : mais où était donc passé son oublié ? Il ne l’avait pas encore trouvé qu’il le perdait déjà ! C’était du beau travail ça ! Rapidement, il regarda à gauche et à droit et vit au loin, une silhouette qui marchait comme cherchant à sortir. Pauvre être. Un pincement dans le cœur de mon Brigadier. Non, ne pas être sentimental… Il fallait qu’il se ressaisisse un peu. Il accéléra le pas, en vue de rejoindre son filleul (qui était un homme, à vue d’œil), raccourcissant son chemin en « coupant à travers champ » et lorsqu’il ne fut qu’à une petite dizaine de mètres de lui, il parla d’une voix forte et grave pour que l’autre s’arrête et remarque sa présence :
« Il n’y a pas de sortie, j’en suis désolé. Néanmoins, si tu veux faire le tour, je t’attends là et disons rendez-vous dans trois heures… Peut-être deux si tu marches vite. »
De l’humour un peu, pour faire passer la sombre vérité de ce qu’il venait d’avancer : il n’y avait pas de sortie, il n’y en avait jamais eu, et mon informaticien craignait qu’il n’y en ait jamais. L’humour et le sourire, pour essayer de faire passer les douleurs. Peut-être que l’autre s’arrêterait enfin pour lui adresser la parole, lui demander qui il était et ce qu’il lui voulait au juste. Ou pas. Auquel cas, Shane poserait son derrière à terre, pianoterait sur son ordinateur quelques heures et attendait que son petit oublié ait fini de faire son tour avant d’engager une discussion sérieuse. Peut-être qu’il ne le croirait pas au fond, peut-être penserait-il encore qu’il y avait une sortie, peut-être qu’il voulait en avoir le cœur net et vérifier par lui-même. Soit, le sport faisait du bien. Une fois que l’autre serait persuadé que Shane ne lui avait pas menti, il reviendrait certainement vers lui pour en savoir d’avantage. Ou bien il lui ferait tout de suite confiance et lui poserait ces questions sur le champ. C’était son choix. Mon brigadier, quant à lui, s’arrêta de marcher. Le nouvel oublié l’avait très certainement entendu, s’il voulait de lui, il viendrait vers lui. Shane ne voulait pas l’effrayer non plus en l’emmenant avec lui. Lentement, mon Brigadier orienta sa tête vers le haut et regarda un peu le ciel, d’un air pensif.
Bref, Shane s’arrachait les cheveux sur se problème lorsque son téléphone portable sonna. Sa main gantée de cuir noir tâtonna sur la table mais ses yeux ne quittaient pas l’écran de son ordinateur. Et l’inévitable arriva, dans sa maladresse son téléphone tomba de la table, atterrit lourdement sur le sol. Une petite grimasse et mon brigadier quitta des yeux son écran pour constater l’ampleur des dégâts : rien. Soulagé, il ramassa le pauvre petit objet sans défense et commença à regarder vaguement qui cherchait à le joindre. Il roula des yeux. Il y avait deux raisons pour laquelle l’administration appelait Shane : soit c’était pour lui rappeler qu’il n’était pas à jour dans ses visites médicales (dans 90% des cas) car mon Brigadier avait une sainte horreur des médecins, soit, c’était parce qu’un nouvel oublié avait été repéré près de l’enceinte et que mon informaticien avait été désigné pour parrain. Shane s’apprêtait donc à entendre l’habituelle réprimande de l’administration comme quoi il était ENCORE en retard dans ses visites médicales, que s’il ne s’y rendait pas dans les plus brefs délais, de lourdes sanctions seraient à envisager. Shane se prendrait un savon pendant un quart d’heure pour finalement se voir assigner un nouveau rendez-vous au Sapienta, rendez-vous auquel il ne se rendrait tout simplement pas.
Mais au grand bonheur de Shane, ce ne fut pas pour ce motif là qu’on le contactait, mais plutôt pour le second cas. Un nouvel oublié avait été repéré par les caméras de surveillance de la ville et donc la Guilde lui envoyait bien gentiment un parrain pour le guider dans cette nouvelle vie. Mon brigadier devait avoir un petit semblant de nostalgie. En fait, à chaque fois qu’il était assigné à s’occuper d’un nouvel arrivant, il repensait à sa propre arrivée à Nosco. Ca lui permettait notamment de se remémorer dans quel contexte, il y a bientôt dix ans, il avait lui-même été. Son amnésie, sa crainte, le froid et la faim qui lui tenaient le corps, et sa peur surtout. Oublier, jusque même son nom, était à en devenir fou. Shane était arrivé en plein mois de février, il y avait eu de la neige au dehors, et l’habillement dans lequel mon brigadier été arrivé à Nosco ne s’adaptait pas au climat qu’il y faisait. Et il s’était bien vite retrouvait avec un corps endolori par le froid, la peau devenant affreusement bleue. Il avait cru mourir. Bref tout ça pour dire que Shane gardait un très mauvais souvenir à Nosco (au point même d’en craindre le froid hivernal comme la peste), c’était peut-être ce qui le rendait empathique envers tout nouvel oublié. Trop empathique peut-être. Il faudrait qu’il songe à se guérir de sa maladie que l’on pourrait qualifier plus communément de syndrome du papa poule. Oui je sais, une poule n’est pas mal, mais dire que Shane puisse être assimilé à une maman lui aurait fait facilement porter une robe et ainsi de suite. Quand on connaissait l’orientation sexuelle de mon brigadier, mieux valait ne pas s’aventurer dans ce terrain là. Certes, entre Silvio et lui, Shane était celui qui avait la carrure la moins imposante, celui qui avait les gestes plus doux et celui qui avait les mains les moins abîmée mais… Non, Shane ne serait résolument pas la femme de leur couple caché. Dans un même temps, ce n’était pas de sa faute s’il y avait une telle disparité entre les deux hommes. Shane n’était pas un informaticien inactif. Il faisait beaucoup de sport, plus que ses collègues de travail. Mais pour un informaticien, il était très difficile d’être plus musculairement formé que Silvio, un brigadier de terrain, second de surcroît dans la section anti-terroriste.
Shane se leva, ferma son ordinateur portable et le rangea rapidement dans sa sacoche dont il passa la lanière à son épaule. Bien, il avait un oublié à aller chercher. Rapidement, il visualisa l’endroit où son futur filleul l’attendait et quitta le Quartier Général de la Brigade Impériale direction la surface. Marcher à pied était des choses que Shane faisait souvent. Il n’avait pas spécialement envie de se presser. Ce n’était pas comme si son oublié allait s’envoler non plus. Il commençait à faire froid. L’hiver Noscoien, qui était plus rude que l’hiver des faibles souvenirs qui lui revenait de son ancienne vie, commençait à montrer le bout de son nez, laissant l’informaticien dans une crainte à venir. Il n’aimait pas l’hiver. Il n’aimait le froid. Dès qu’il se sentait venir un frisson, c’était tout son corps qui se mettait en alerte. Shane était de ceux qui collaient les radiateurs lorsqu’il marchait dans un couloir. D’ailleurs son lit, dans son appartement était si proche du chauffage. Il était persuadé que s’il avait pu intégrer le radiateur directement à son lit, il l’aurait fait. Bref ? il faisait froid donc, et Shane remonta le col de sa tunique à manches courtes, mise cette fois par-dessus un sous-pull noir qui lui tenait un peu plus chaud que le chandail blanc qu’il portait à l’ordinaire. Il passa enfin les bâtiments du Sapienta. Là, il retrouva son enceinte, encore et toujours, ce mur haut de plusieurs mètres, avec sa paroi blanche tellement lisse que Shane était persuadé que même une ventouse n’aurait pas pu s’y adhérer sans glisser progressivement vers le sol sous l’effet de l’attraction terrestre. Il paraîtrait que chacun avait sa vision de cette enceinte. Comme si ce mur possédait une quelconque faculté magique qui, à la manière d’un caméléon avait le don de changer d’apparence comme bon lui semblait. En fait non, c’était plutôt la personne qui voyait ce mur d’une manière différence. Etait-ce comme une part de soi-même ce mur ? Shane n’avait pas vraiment trouvé de réponses là-dessus. Des hypothèses, tout comme il en avait fait beaucoup sur le monde de Nosco sans jamais avoir une réponse solide et concrète de la vérité.
Lorsqu’il arriva à destination, Shane fut frappé d’une chose assez incroyable : mais où était donc passé son oublié ? Il ne l’avait pas encore trouvé qu’il le perdait déjà ! C’était du beau travail ça ! Rapidement, il regarda à gauche et à droit et vit au loin, une silhouette qui marchait comme cherchant à sortir. Pauvre être. Un pincement dans le cœur de mon Brigadier. Non, ne pas être sentimental… Il fallait qu’il se ressaisisse un peu. Il accéléra le pas, en vue de rejoindre son filleul (qui était un homme, à vue d’œil), raccourcissant son chemin en « coupant à travers champ » et lorsqu’il ne fut qu’à une petite dizaine de mètres de lui, il parla d’une voix forte et grave pour que l’autre s’arrête et remarque sa présence :
« Il n’y a pas de sortie, j’en suis désolé. Néanmoins, si tu veux faire le tour, je t’attends là et disons rendez-vous dans trois heures… Peut-être deux si tu marches vite. »
De l’humour un peu, pour faire passer la sombre vérité de ce qu’il venait d’avancer : il n’y avait pas de sortie, il n’y en avait jamais eu, et mon informaticien craignait qu’il n’y en ait jamais. L’humour et le sourire, pour essayer de faire passer les douleurs. Peut-être que l’autre s’arrêterait enfin pour lui adresser la parole, lui demander qui il était et ce qu’il lui voulait au juste. Ou pas. Auquel cas, Shane poserait son derrière à terre, pianoterait sur son ordinateur quelques heures et attendait que son petit oublié ait fini de faire son tour avant d’engager une discussion sérieuse. Peut-être qu’il ne le croirait pas au fond, peut-être penserait-il encore qu’il y avait une sortie, peut-être qu’il voulait en avoir le cœur net et vérifier par lui-même. Soit, le sport faisait du bien. Une fois que l’autre serait persuadé que Shane ne lui avait pas menti, il reviendrait certainement vers lui pour en savoir d’avantage. Ou bien il lui ferait tout de suite confiance et lui poserait ces questions sur le champ. C’était son choix. Mon brigadier, quant à lui, s’arrêta de marcher. Le nouvel oublié l’avait très certainement entendu, s’il voulait de lui, il viendrait vers lui. Shane ne voulait pas l’effrayer non plus en l’emmenant avec lui. Lentement, mon Brigadier orienta sa tête vers le haut et regarda un peu le ciel, d’un air pensif.
Shane M. Lewis~ Brigadier Informatique ~ - Camp : Guilde Impériale
Profession : Brigade Informatique
Âge réel : 10 ans
Âge d'apparence : 19 ans
Compétences
Mémoire:
(3000/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître
Re: Premier souffle
Et où chercher ? Et où aller ?
Ses pieds nus s’enfonçaient dans la terre mouillée, goûtant la fraîcheur de l’onde, mais pas assez limpide pour apaiser son esprit. La morsure omniprésente n’était qu’à un pas de lui, et s’il se risquait à laisser son regard effleurer la surface de la rivière, il le savait, les yeux acérés engloutiraient les siens. Ancrée en lui, tatoué sur sa peau, cette certitude était part de son essence. Alors il avançait, faisant fi de l’étreinte glaciale du vent, des picotements sur sa nuque lui murmurant qu’il le guettait. Le cœur serré, les pensées fuyantes. Car c’était bien la seule chose à faire : fuir. Traquer la faille, et ce malgré la ville qui lui tendait les bras. Sans Nom n’avait que faire des cages. Sans s’en souvenir, l’image qu’il en avait suffisait à n’en pas vouloir. Il aurait pu se réjouir du ciel et de ses nappes brumeuses, partir en quête de ce qu’il ne connaissait pas… Mais il y avait la rivière sans fin.
Et le serpent. Le sournois serpent. Sa ligne flasque et gluante faisant un nœud dans la matière aquatique, l’attendant pour clore la boucle, et lui à l’intérieur. Son corps se raidit et le souffle lui manqua. Il se retourna d’un coup, son iris dans la sienne, couleur de châtaigne. En un éclair, il détailla celui lui faisant face. Les cheveux d’argent, la peau de lune et les habits sombres. Sa première pensée pour lui fut qu’il lui était différent, toutefois les mots manquaient à son appellation. C’était… Un autre. Et là où il aurait dû voir deux jambes, comme les siennes, et un nez comme le sien, il vit l’œil, il vit la chevelure, il vit la taille, et tout ce qui les séparaient. La méfiance naquit au creux de son ventre et engourdit ses membres car elle allait de pair avec la peur. D’où venait l’autre ? S’il n’était pas lui, marchait-il avec lui ? Si sa physionomie ne lui était pas semblable, par conséquent, ses actions non plus. De même que ses paroles trahissaient un savoir qu’il détenait et lui non, et, en cela, l’autre lui était supérieur. Néanmoins l’autre représentait le seul autre qu’il ait jamais vu depuis son éveil.
L’autre lui parla, des mots qu’il n’avait jusqu’alors qu’uniquement pensés sortir de sa bouche et allèrent naturellement jusqu’à son ouïe. Sans Nom comprit le sens et décela l’ironie, se découvrant une aptitude insoupçonnée de sa part : celle de communiquer. Car si l’autre pouvait discuter avec lui, il se savait capable du même prodige, ses doigts tâtant encore, mais sentant sous la poussière ce trésor oublié. Soupçonneux, il ne cessait de le fixer, souhaitant croire en lui quand son instinct lui criait de douter. L’autre était dangereux. Sa puissance pouvait le renverser et l’attirer dans les bas fonds… Pourtant, Sans Nom pressentait l’erreur à ne pas lui tendre la main. Après tout, il n’avait que l’autre au monde. Et si l’autre connaissait l’endroit, assurément il pourrait lui apprendre. Sauf s’il lui mentait, mais lui faire part de sa réserve n’aurait pas été dans son intérêt si lui-même voulait endormir la méfiance de l’autre. La voix de Sans Nom jaillit, voilée d’un sommeil indéfini, nouvelle à ses propres oreilles.
« Pas de sortie… »
Sans qu’il puisse l’en empêcher, ses yeux scrutèrent, encore une fois, les environs. Aucun échappatoire, c’était cela la réponse ? Si l’autre disait vrai, la rivière sans fin entourait donc la ville, et ce sans barrage creusé entre ses eaux, sans chemin où se frouiller. Dans un cruel éclair de lucidité, Sans Nom se rendit compte du piège, les paroles de l’autre prenant tout sens dans les méandres de son esprit. Ah, c’était cela donc que tu me réservais. Le serpent qui se mord la queue et qui rit de sa souffrance. Il y eut un éclat de rubis parmi les troubles de l’onde, et le jeune homme réalisa qu’il y avait bien des genres de morsure. La boucle était bouclée, et il n’y avait nul besoin de son cou à l’intérieur pour qu’il en soit étouffé. Les crocs de la créature s’ouvrirent, son ricanement silencieux juste pour lui.
« Pas de sortie. » Et c’était définitif. « Soit. »
Il considéra l’autre, pensif, cette conclusion entraînant d’autres questions. Que faisait donc cette ville au creux de cette prison infranchissable ? S’il y avait une ville, il y avait donc une population entre ces murs, avaient-ils fait germer leur propre graine pour s’étendre là ? Ou étaient-ils tous comme lui, reclus et oubliés de l’ailleurs ? En ce cas, cela signifiait qu’aucun n’avait trouvé un moyen de quitter les lieux. L’autre était le seul habitant de la ville que Sans Nom découvrait toutefois, qui lui disait que d’autres étaient à ses côtés ?
« Si on ne peut pas sortir, comment est-on entré ? A moins qu’il n’y ait pas de sortie que d’un seul côté ? Es-tu seul en ces lieux ? »
Ses pieds nus s’enfonçaient dans la terre mouillée, goûtant la fraîcheur de l’onde, mais pas assez limpide pour apaiser son esprit. La morsure omniprésente n’était qu’à un pas de lui, et s’il se risquait à laisser son regard effleurer la surface de la rivière, il le savait, les yeux acérés engloutiraient les siens. Ancrée en lui, tatoué sur sa peau, cette certitude était part de son essence. Alors il avançait, faisant fi de l’étreinte glaciale du vent, des picotements sur sa nuque lui murmurant qu’il le guettait. Le cœur serré, les pensées fuyantes. Car c’était bien la seule chose à faire : fuir. Traquer la faille, et ce malgré la ville qui lui tendait les bras. Sans Nom n’avait que faire des cages. Sans s’en souvenir, l’image qu’il en avait suffisait à n’en pas vouloir. Il aurait pu se réjouir du ciel et de ses nappes brumeuses, partir en quête de ce qu’il ne connaissait pas… Mais il y avait la rivière sans fin.
Et le serpent. Le sournois serpent. Sa ligne flasque et gluante faisant un nœud dans la matière aquatique, l’attendant pour clore la boucle, et lui à l’intérieur. Son corps se raidit et le souffle lui manqua. Il se retourna d’un coup, son iris dans la sienne, couleur de châtaigne. En un éclair, il détailla celui lui faisant face. Les cheveux d’argent, la peau de lune et les habits sombres. Sa première pensée pour lui fut qu’il lui était différent, toutefois les mots manquaient à son appellation. C’était… Un autre. Et là où il aurait dû voir deux jambes, comme les siennes, et un nez comme le sien, il vit l’œil, il vit la chevelure, il vit la taille, et tout ce qui les séparaient. La méfiance naquit au creux de son ventre et engourdit ses membres car elle allait de pair avec la peur. D’où venait l’autre ? S’il n’était pas lui, marchait-il avec lui ? Si sa physionomie ne lui était pas semblable, par conséquent, ses actions non plus. De même que ses paroles trahissaient un savoir qu’il détenait et lui non, et, en cela, l’autre lui était supérieur. Néanmoins l’autre représentait le seul autre qu’il ait jamais vu depuis son éveil.
L’autre lui parla, des mots qu’il n’avait jusqu’alors qu’uniquement pensés sortir de sa bouche et allèrent naturellement jusqu’à son ouïe. Sans Nom comprit le sens et décela l’ironie, se découvrant une aptitude insoupçonnée de sa part : celle de communiquer. Car si l’autre pouvait discuter avec lui, il se savait capable du même prodige, ses doigts tâtant encore, mais sentant sous la poussière ce trésor oublié. Soupçonneux, il ne cessait de le fixer, souhaitant croire en lui quand son instinct lui criait de douter. L’autre était dangereux. Sa puissance pouvait le renverser et l’attirer dans les bas fonds… Pourtant, Sans Nom pressentait l’erreur à ne pas lui tendre la main. Après tout, il n’avait que l’autre au monde. Et si l’autre connaissait l’endroit, assurément il pourrait lui apprendre. Sauf s’il lui mentait, mais lui faire part de sa réserve n’aurait pas été dans son intérêt si lui-même voulait endormir la méfiance de l’autre. La voix de Sans Nom jaillit, voilée d’un sommeil indéfini, nouvelle à ses propres oreilles.
« Pas de sortie… »
Sans qu’il puisse l’en empêcher, ses yeux scrutèrent, encore une fois, les environs. Aucun échappatoire, c’était cela la réponse ? Si l’autre disait vrai, la rivière sans fin entourait donc la ville, et ce sans barrage creusé entre ses eaux, sans chemin où se frouiller. Dans un cruel éclair de lucidité, Sans Nom se rendit compte du piège, les paroles de l’autre prenant tout sens dans les méandres de son esprit. Ah, c’était cela donc que tu me réservais. Le serpent qui se mord la queue et qui rit de sa souffrance. Il y eut un éclat de rubis parmi les troubles de l’onde, et le jeune homme réalisa qu’il y avait bien des genres de morsure. La boucle était bouclée, et il n’y avait nul besoin de son cou à l’intérieur pour qu’il en soit étouffé. Les crocs de la créature s’ouvrirent, son ricanement silencieux juste pour lui.
« Pas de sortie. » Et c’était définitif. « Soit. »
Il considéra l’autre, pensif, cette conclusion entraînant d’autres questions. Que faisait donc cette ville au creux de cette prison infranchissable ? S’il y avait une ville, il y avait donc une population entre ces murs, avaient-ils fait germer leur propre graine pour s’étendre là ? Ou étaient-ils tous comme lui, reclus et oubliés de l’ailleurs ? En ce cas, cela signifiait qu’aucun n’avait trouvé un moyen de quitter les lieux. L’autre était le seul habitant de la ville que Sans Nom découvrait toutefois, qui lui disait que d’autres étaient à ses côtés ?
« Si on ne peut pas sortir, comment est-on entré ? A moins qu’il n’y ait pas de sortie que d’un seul côté ? Es-tu seul en ces lieux ? »
Soham Smaran~ Nouvel Arrivé ~ - Camp : Guilde Impériale
Âge réel : 0
Âge d'apparence : Entre 20 et 25 ans
Compétences
Mémoire:
(0/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Compagnon
Re: Premier souffle
Peu à peu, le nouvel arrivant semblait se faire à l’idée qu’il n’y ait pas de sortie d’ici. Shane resta à le regarder, attentivement, voyant sur son visage combien la compréhension s’installait. Il avait presque envie de sourire face à cela, non pas pour se moquer, il s’agirait d’avantage d’un sourire compatissant, un peu de ceux que l’on offre même lorsqu’on est un peu touché par la scène. Pauvre chose qu’un nouvel oublié : sans nom, sans attache, sans passé. Il y avait aussi un avenir auquel on n’osait pas encore trop songer, tellement le passé était déjà flou en lui-même. Alors, ce sourire vint presque naturellement sur les lèvres de mon homme aux cheveux d’un gris métallisé. Il ne cherchait à pas le brusquer, il voulait lui signifier qu’il prendrait le temps qu’il faudrait, qu’il était là, présent pour lui, pour l’aider. On pouvait dire ce que l’on voulait de la Guilde et de sa dictature, il y avait des choses pour lesquelles tout ce qu’on pouvait dire de néfaste à son sujet n’étaient pas véritablement le pur reflet de la réalité. Si Shane était venu là pour accueillir ce nouvel arrivant et le guider à travers la Guilde, il n’en demeurait pas moins vrai qu’il ne le forçait pas. Il comptait bien avancer en douceur, le dompter petit à petit.
Ce n’était jamais une chose bien facile. On avait souvent, lorsqu’on débarquait pour la première fois à Nosco, mille et une questions. Parfois on pouvait y répondre, d’autres fois, la réponse s’avérait impossible à donner, soit par ignorance, soit parce qu’il s’agit d’un tabou, soit parce qu’il s’agit d’un secret. Et dans ce genre de réponses, le nouvel arrivé pouvait soit se résigner et se dire que les choses étaient ainsi, qu’il ne fallait pas trop en demander, car à trop en vouloir, on finit par ne plus rien avoir. Soit il pouvait hurler contre se manque d’information, se révolter, vouloir des réponses. Les choses pouvaient mal finir. Elles se concluaient souvent par un changement de camp, soit vers la Confrérie, soit vers la Congrégation, elle n’était jamais facile, et pour le parrain, c’était d’un poids assez remarquable. La culpabilité avait ce don d’être plus lourde que l’imaginable.
Elle pouvait simplement être aussi de nature à mettre sous surveillance un nouvel arrivé. Car il n’était pas toujours nécessaire de fuir vers un autre camp. Mais le nouvel oublié, d’ores et déjà frustré de l’absence de réponses à ses nombreuses questions, se sentira davantage observé. De là nait un certain malaise qui ne dure pas, ca le nouvel oublié va tout faire pour se racheter, ou bien va fuir. C’était pour éviter ce genre de choses que Shane y avait toujours été lentement avec les nouveaux oubliés. Avec prudence, il avançait vers eux, mesurant ses mots avec une infinie précision et une infinie concentration. L’accueil de ces gens là ne se faisait pas n’importe comment, il y avait certaines règles à suivre. Shane avait un peu l’habitude des filleuls, il n’en demeurait pas moins vrai qu’il ne sombrait pas vers le laxisme. Cela signifie que ses premiers accueils avaient été faits avec une grande réserve et une grande organisation. Ce nouvel accueil était aussi assidument traité que le premier, et le second, et tous les autres qui ont suivi et conduit à celui-ci.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Shane n’avait pas exposé mille et une notions de prime phrase. Il en avait donné une, lourde, et cruelle. Mais il était certain qu’une fois que son oublié aurait assimilé la chose, tout se passerait bien mieux par la suite. Comme à toute nouvelle personne entrant dans la société pour la première fois, il fallait exposer les grands fondement, répondre aux questions les plus lourde, et déduire de ce fondement les autres règles, lentement. Alors oui, il n’y avait pas de sortie. Pas de moyen de passer au-delà de l’enceinte. C’était une prison. C’était un fait. Mais dans cette prison, malgré l’odeur putride de la peur qui planait au dessus d’eux, de nombreux Noscoiens, avant lui, avant eux, avaient édifié cette cité, reconstruit, établi pour que l’enfer ne soit plus. Les yeux d’un brun clair de Shane ne perdirent quelque part, au loin, silencieusement. Il regardait l’enceinte. On disait que pour chacun, elle prenait une forme bien particulière, était-ce là une forme de démon qu’il nous fallait anéantir. Peut-être se perdait-il dans les méandres des suppositions farfelues, mais il fallait avouer qu’il n’y avait rien de scientifique qui puisse expliquer que l’enceinte n’apparaisse pas identique d’un Noscoien à l’autre. Il y avait là de quoi se poser des questions, questions que se posaient encore mon Brigadier, car, quand bien même cela ferait bientôt dix ans qu’il était ici, il avait lui aussi, comme un nouvel oublié, des questions qui étaient restées sans suite. Qu’importe. Il les trouverait avec le temps, ou il ne les trouverait pas. Jusqu’ici, ça ne l’avait guère empêché de vivre normalement à Nosco.
Pour mon Brigadier, l’enceinte était une haute paroi, probablement très épaisse et très solide. Enfin, il ne savait pas trop, il n’avait jamais cherché à la casser, à l’enfoncer. En fait, la Brigade Impériale l’aurait pris pour un fou. Peut-être l’aurait-on fiché en le voyant agir de la sorte sur les caméras. Il y avait des choses pour lesquelles il ne fallait pas plaisanter, et sortir de Nosco étant l’une des choses interdites par la dictature, mieux valait ne pas trop se frotter à un bélier capable de détruire ce mur. Le mur était haut, blanc et tellement lisse. Il était même certain qu’on ne pouvait pas s’y agripper pour l’escalader. Même des ventouses n’auraient fait que glisser sur cette paroi à laquelle rien ne s’accrochait. Un mur, infranchissable. Comme toutes les autres représentations que pouvaient en avoir ses confrères Noscoiens. On ne pouvait pas sortir de Nosco. Et pour quoi faire ? Qui avait-il derrière ce mur de si intéressant ? L’inconnu. Comme pour beaucoup de monde, l’inconnu faisait peur à mon Brigadier, il n’y avait rien là-bas qui puisse retenir son attention. Rien, il n’avait pas envie d’y aller. Et ce n’était pas seulement pour le caractère incertain que cela pouvait comporter, mais d’avantage en raison de ce qu’il quitterait de cette ville. Shane avait une vie ici, un lieu où habiter, un métier à exercer, des ambitions à assouvir, il avait aussi des collègues et des amis. Il avait aussi… Un amant caché. Non vraiment, il n’était pas prêt d’abandonner son Silvio.
Durant ce temps de pensées, il avait laissé au nouvel oublié de quoi réfléchir à ce que mon Brigadier lui avait dit, et lorsque l’autre parla, ce sembla être pour signaler qu’il en avait bien compris là tous le sens. Shane resta encore silencieux, le temps de laisser à l’autre le temps de se convaincre lui-même de ses propres paroles. Et puis, il avait toujours ce petit sourire rassurant aux lèvres, comme l’ombre d’un soutien, toujours présent néanmoins, mais qui avait été créé un peu plus tôt, et s’en trouvait peut-être usé à présent. Essayez donc de sourire en permanence, et vous verrez que votre sourire, bien que présent, se détend au fil des secondes. Ce n’est pas la un signe que le sourire était faux, mais d’avantage le signe que toute chose est éphémère, rien n’est gagné ou acquis définitivement, la volonté seule est la maîtresse de l’avenir certain. Et enfin, comme l’attendait Shane, les questions vinrent, comme si c’était normal, comme si c’était la suite logique. C’était le cas. Le vide laisse place à l’incertitude, et l’incertitude est par définition un ensemble de questions auxquelles nulle réponse n’est encore apporté et que la réclamation de celle-ci ne tarde jamais à se faire connaître.
« Je me pose cette même question. Je n’y ai pas trouvé de réponse. On apparaît ici, à proximité de l’enceinte, et on vit, à Nosco, avec à l’esprit la certitude qu’on ne peut quitter cet endroit. Tu verras que cette évidence viendra à toi, naturellement. »
Un nouveau moment de silence, Shane ne voulait pas parler tout de suite et répondre à ses questions. Encore une fois, il voulait laisser à l’autre le temps de se faire à la première réalité. Il continua cependant, mais sur des choses moins difficiles à accepter :
« Je m’appelle Shane Maël Lewis. Je suis Brigadier Informatique de la Guilde Impériale. Bienvenu à Nosco. Pour répondre à ta question, non, je ne suis pas le seul être peuplant cet endroit. Heureusement d’ailleurs, je me serai senti bien seul pendant tout ce temps… Néanmoins, même si je ne suis pas le seul ici, je suis celui qui a été appelé pour être ton parrain, en quelque sorte, pour t’aider et te guider dans cette nouvelle vie… »
Il marqua une pause encore une fois, alors qu’il détaillait le jeune homme face à lui. Il ne faisait pas spécialement chaud en cette saison hivernale. Si Shane était bien emmitouflé dans son manteau, ce n’était pas forcément le cas de l’autre, à qui mon brigadier tendit une veste polaire. Certes, ça ne l’aiderait pas à braver le froid qui régnait, mais ça servirait très certainement, le temps qu’ils se rendent à l’administration. Shane poursuivit dans sa parole :
« … Oui, nouvelle vie. Je ne sais pas comment on peut appeler ça, étant donné que tout souvenir du passé n’est plus. Tu comprends bien qu’il ne peut pas exister de nouvelle vie, s’il n’y en a pas eu une ancienne. Néanmoins, elle n’a pas d’importance. Comme toi, je ne m’en souviens pas, j’ignore jusqu’à mon propre prénom. Mais ce n’est pas bien grave, ici, tu en auras un autre… »
Un autre. Autre nom, autre vie, autre monde, il allait falloir s’y habituer, c’était là, le quotidien de tous.
« … Rassure-toi donc, tu n’es pas le seul à être frappé d’amnésie. Tu n’es pas plus faible, plus désavantagé… Tu es juste comme nous. Tiens prend la veste, il ne fait pas chaud. »
Car il avait toujours la veste tendue. Peut-être que l’autre ne l’avait pas vue, peut-être qu’il n’avait pas compris que c’était pour lui, peut-être que… Et encore des peut-être. Le fait est que la veste, Shane l’avait bien prise pour l’autre, et il gardait le bras tendu pour le moment.
« Tu as l’air de bien tenir debout ? Mal quelque part ? Tout va bien ? »
Ce n’était jamais une chose bien facile. On avait souvent, lorsqu’on débarquait pour la première fois à Nosco, mille et une questions. Parfois on pouvait y répondre, d’autres fois, la réponse s’avérait impossible à donner, soit par ignorance, soit parce qu’il s’agit d’un tabou, soit parce qu’il s’agit d’un secret. Et dans ce genre de réponses, le nouvel arrivé pouvait soit se résigner et se dire que les choses étaient ainsi, qu’il ne fallait pas trop en demander, car à trop en vouloir, on finit par ne plus rien avoir. Soit il pouvait hurler contre se manque d’information, se révolter, vouloir des réponses. Les choses pouvaient mal finir. Elles se concluaient souvent par un changement de camp, soit vers la Confrérie, soit vers la Congrégation, elle n’était jamais facile, et pour le parrain, c’était d’un poids assez remarquable. La culpabilité avait ce don d’être plus lourde que l’imaginable.
Elle pouvait simplement être aussi de nature à mettre sous surveillance un nouvel arrivé. Car il n’était pas toujours nécessaire de fuir vers un autre camp. Mais le nouvel oublié, d’ores et déjà frustré de l’absence de réponses à ses nombreuses questions, se sentira davantage observé. De là nait un certain malaise qui ne dure pas, ca le nouvel oublié va tout faire pour se racheter, ou bien va fuir. C’était pour éviter ce genre de choses que Shane y avait toujours été lentement avec les nouveaux oubliés. Avec prudence, il avançait vers eux, mesurant ses mots avec une infinie précision et une infinie concentration. L’accueil de ces gens là ne se faisait pas n’importe comment, il y avait certaines règles à suivre. Shane avait un peu l’habitude des filleuls, il n’en demeurait pas moins vrai qu’il ne sombrait pas vers le laxisme. Cela signifie que ses premiers accueils avaient été faits avec une grande réserve et une grande organisation. Ce nouvel accueil était aussi assidument traité que le premier, et le second, et tous les autres qui ont suivi et conduit à celui-ci.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Shane n’avait pas exposé mille et une notions de prime phrase. Il en avait donné une, lourde, et cruelle. Mais il était certain qu’une fois que son oublié aurait assimilé la chose, tout se passerait bien mieux par la suite. Comme à toute nouvelle personne entrant dans la société pour la première fois, il fallait exposer les grands fondement, répondre aux questions les plus lourde, et déduire de ce fondement les autres règles, lentement. Alors oui, il n’y avait pas de sortie. Pas de moyen de passer au-delà de l’enceinte. C’était une prison. C’était un fait. Mais dans cette prison, malgré l’odeur putride de la peur qui planait au dessus d’eux, de nombreux Noscoiens, avant lui, avant eux, avaient édifié cette cité, reconstruit, établi pour que l’enfer ne soit plus. Les yeux d’un brun clair de Shane ne perdirent quelque part, au loin, silencieusement. Il regardait l’enceinte. On disait que pour chacun, elle prenait une forme bien particulière, était-ce là une forme de démon qu’il nous fallait anéantir. Peut-être se perdait-il dans les méandres des suppositions farfelues, mais il fallait avouer qu’il n’y avait rien de scientifique qui puisse expliquer que l’enceinte n’apparaisse pas identique d’un Noscoien à l’autre. Il y avait là de quoi se poser des questions, questions que se posaient encore mon Brigadier, car, quand bien même cela ferait bientôt dix ans qu’il était ici, il avait lui aussi, comme un nouvel oublié, des questions qui étaient restées sans suite. Qu’importe. Il les trouverait avec le temps, ou il ne les trouverait pas. Jusqu’ici, ça ne l’avait guère empêché de vivre normalement à Nosco.
Pour mon Brigadier, l’enceinte était une haute paroi, probablement très épaisse et très solide. Enfin, il ne savait pas trop, il n’avait jamais cherché à la casser, à l’enfoncer. En fait, la Brigade Impériale l’aurait pris pour un fou. Peut-être l’aurait-on fiché en le voyant agir de la sorte sur les caméras. Il y avait des choses pour lesquelles il ne fallait pas plaisanter, et sortir de Nosco étant l’une des choses interdites par la dictature, mieux valait ne pas trop se frotter à un bélier capable de détruire ce mur. Le mur était haut, blanc et tellement lisse. Il était même certain qu’on ne pouvait pas s’y agripper pour l’escalader. Même des ventouses n’auraient fait que glisser sur cette paroi à laquelle rien ne s’accrochait. Un mur, infranchissable. Comme toutes les autres représentations que pouvaient en avoir ses confrères Noscoiens. On ne pouvait pas sortir de Nosco. Et pour quoi faire ? Qui avait-il derrière ce mur de si intéressant ? L’inconnu. Comme pour beaucoup de monde, l’inconnu faisait peur à mon Brigadier, il n’y avait rien là-bas qui puisse retenir son attention. Rien, il n’avait pas envie d’y aller. Et ce n’était pas seulement pour le caractère incertain que cela pouvait comporter, mais d’avantage en raison de ce qu’il quitterait de cette ville. Shane avait une vie ici, un lieu où habiter, un métier à exercer, des ambitions à assouvir, il avait aussi des collègues et des amis. Il avait aussi… Un amant caché. Non vraiment, il n’était pas prêt d’abandonner son Silvio.
Durant ce temps de pensées, il avait laissé au nouvel oublié de quoi réfléchir à ce que mon Brigadier lui avait dit, et lorsque l’autre parla, ce sembla être pour signaler qu’il en avait bien compris là tous le sens. Shane resta encore silencieux, le temps de laisser à l’autre le temps de se convaincre lui-même de ses propres paroles. Et puis, il avait toujours ce petit sourire rassurant aux lèvres, comme l’ombre d’un soutien, toujours présent néanmoins, mais qui avait été créé un peu plus tôt, et s’en trouvait peut-être usé à présent. Essayez donc de sourire en permanence, et vous verrez que votre sourire, bien que présent, se détend au fil des secondes. Ce n’est pas la un signe que le sourire était faux, mais d’avantage le signe que toute chose est éphémère, rien n’est gagné ou acquis définitivement, la volonté seule est la maîtresse de l’avenir certain. Et enfin, comme l’attendait Shane, les questions vinrent, comme si c’était normal, comme si c’était la suite logique. C’était le cas. Le vide laisse place à l’incertitude, et l’incertitude est par définition un ensemble de questions auxquelles nulle réponse n’est encore apporté et que la réclamation de celle-ci ne tarde jamais à se faire connaître.
« Je me pose cette même question. Je n’y ai pas trouvé de réponse. On apparaît ici, à proximité de l’enceinte, et on vit, à Nosco, avec à l’esprit la certitude qu’on ne peut quitter cet endroit. Tu verras que cette évidence viendra à toi, naturellement. »
Un nouveau moment de silence, Shane ne voulait pas parler tout de suite et répondre à ses questions. Encore une fois, il voulait laisser à l’autre le temps de se faire à la première réalité. Il continua cependant, mais sur des choses moins difficiles à accepter :
« Je m’appelle Shane Maël Lewis. Je suis Brigadier Informatique de la Guilde Impériale. Bienvenu à Nosco. Pour répondre à ta question, non, je ne suis pas le seul être peuplant cet endroit. Heureusement d’ailleurs, je me serai senti bien seul pendant tout ce temps… Néanmoins, même si je ne suis pas le seul ici, je suis celui qui a été appelé pour être ton parrain, en quelque sorte, pour t’aider et te guider dans cette nouvelle vie… »
Il marqua une pause encore une fois, alors qu’il détaillait le jeune homme face à lui. Il ne faisait pas spécialement chaud en cette saison hivernale. Si Shane était bien emmitouflé dans son manteau, ce n’était pas forcément le cas de l’autre, à qui mon brigadier tendit une veste polaire. Certes, ça ne l’aiderait pas à braver le froid qui régnait, mais ça servirait très certainement, le temps qu’ils se rendent à l’administration. Shane poursuivit dans sa parole :
« … Oui, nouvelle vie. Je ne sais pas comment on peut appeler ça, étant donné que tout souvenir du passé n’est plus. Tu comprends bien qu’il ne peut pas exister de nouvelle vie, s’il n’y en a pas eu une ancienne. Néanmoins, elle n’a pas d’importance. Comme toi, je ne m’en souviens pas, j’ignore jusqu’à mon propre prénom. Mais ce n’est pas bien grave, ici, tu en auras un autre… »
Un autre. Autre nom, autre vie, autre monde, il allait falloir s’y habituer, c’était là, le quotidien de tous.
« … Rassure-toi donc, tu n’es pas le seul à être frappé d’amnésie. Tu n’es pas plus faible, plus désavantagé… Tu es juste comme nous. Tiens prend la veste, il ne fait pas chaud. »
Car il avait toujours la veste tendue. Peut-être que l’autre ne l’avait pas vue, peut-être qu’il n’avait pas compris que c’était pour lui, peut-être que… Et encore des peut-être. Le fait est que la veste, Shane l’avait bien prise pour l’autre, et il gardait le bras tendu pour le moment.
« Tu as l’air de bien tenir debout ? Mal quelque part ? Tout va bien ? »
Shane M. Lewis~ Brigadier Informatique ~ - Camp : Guilde Impériale
Profession : Brigade Informatique
Âge réel : 10 ans
Âge d'apparence : 19 ans
Compétences
Mémoire:
(3000/10000)
Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître
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