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Tellement parfait

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Message par Shane M. Lewis Sam 16 Avr - 16:59

    P!nk--F**kin' Perfect


    Sur le pavé, je suis tombé et je ne sentais même plus le froid de la pierre contre mon visage. Je ne sentais même plus le vent hivernal. Mon corps était brulant et je ne ressentais ni chaud, ni froid. Pourtant, mon chandail blanc me collait à la peau, tant il était humide et l’air glacial me refroidissait affreusement. Je savais que c’était désagréable comme sensation, mais l’information ne me venait pas à l’esprit. J’avais tout oublié, comme avant, comme au premier jour. Je n’arrivais plus à respirer. J’avais besoin que l’on m’apprenne à nouveau comment faire, comme aspirer l’air et la recracher. Mais, plus aucun souvenir ne voulait remonter à la surface. Je me sentais abandonné de tout mon esprit, seul mon corps frissonnait, je ne savais trop comment. Mais c’était électrisant. Et la pierre sous mes yeux s’assombrit. Avait-on éteint la lumière, ou était-ce moi qui sombrais ? Je perdais pied. La lumière était toujours là, c’était moi qui avais lentement fermé les yeux. J’avais le vertige, ma tête me tourner, je ne voulais plus rien voir. J’entendais des pas, c’était si lointain. Etait-ce quelqu’un ou l’écho des miens qui s’estompaient lentement, terriblement, comme ma dernière heure.

    Made a wrong turn
    Once or twice
    Dug my way out
    Blood and fire
    Bad decisions
    That's alright
    Welcome to my silly life
    Pris un mauvais virage,
    Une ou deux fois,
    Creusant ma sortie.
    Sang et feu.
    De mauvaises décisions,
    C'est vrai.
    Bienvenue dans ma stupide vie !


    Sur le pavé, je suis tombé et mon corps semblait bouger tout seul. Etait-ce quelqu’un qui me retournait ? J’ouvrais les yeux de stupeur, suffoquant, j’avais fini par ne plus essayer de respirer. Tout avait été si vain. Mes yeux ouverts fixaient le bleu profond du ciel et toutes ces étoiles, c’était beau. Les plus belles étoiles, je les avais trouvées. Elles étaient là, juste à ma vue, dans ces deux yeux verts. Mon corps raidit ne pouvaient plus rien faire, pas même un sourire. Je me sentais… Mort ? Oui ce devais être quelque chose comme cela. Je ne respirais plus, je n’étais même plus capable de faire le moindre mouvement et mes yeux clairs avaient perdu toute la lumière qu’ils pouvaient posséder. Jusqu’à la moindre étincelle. Il n’y avait plus rien. Juste le pâle souvenir de ce qui fut autrefois. On me touchait le cou, qu’y cherchait-on au juste ? On ne touchait le torse. Donnez-moi plutôt de l’air, je n’y arrive plus. Je ne sais plus, je n’y parviens plus. Je m’en veux d’être dans cet état, je n’arrivais pas à oublier cette pièce étroite, cette foule si dense. Je n’y arrivais plus. Je voulais d’autres visions, d’autres paysages. Je voulais des espaces grands, des espaces immenses, et des espaces ouverts. Je voulais voir le ciel dans toute sa splendeur, je voulais voir mes rêves et les caresser du bout des doigts. Et je sombrais, je sombrais un peu plus. Mon Silvio pardonne-moi. Je ne voulais pas être aussi faible et aussi misérable.

    Mistreated, misplaced, misunderstood
    Miss "no way it's all good"
    It didn't slow me down
    Mistaken,
    Always second guessing,
    Underestimated
    Look, I'm still around...
    Maltraitée, égarée, incomprise
    Aucune voie n’est parfaite.
    Cela ne m'a pas ralenti.
    Erronée
    Toujours deuxième à deviner
    Sous-estimée.
    Regardez, je suis toujours là ...!


    Sur le pavé, je suis tombé et mes lèvres reçurent le baiser divin. J’étais, je vivais. J’avais l’impression de renaître. Les lèvres fuyaient, mon cœur battait si fort. Pourvu qu’elles reviennent. Et elles revenaient, je les gardais pour moi, jalousement, je les retenais encore un plus longtemps. Mais elles s’échappaient encore. Et mon cœur qui battait, battait. J’avais le sang qui affluait dans mes artères et irriguait mon corps. Et puis ces lèvres encore. Elles me donnaient de l’air, un nouvel oxygène dans mes poumons. J’avais mal. C’était dur de respirer à nouveau une fois que l’on avait vidé ses poumons. Ca me brûlait et je refusais ses lèvres. Je criais la douleur qui me tenait, je recrachais cet air qu’il attaquait mes pauvres poumons. Je manquais d’air à nouveau. Je reprenais une bouffée d’air, tout seul cette fois, et j’avais encore mal. Je la ressortais, et je recommençais mon manège, car je manquais à nouveau d’air. Ca me faisait mal à chaque fois, mais un peu moins, encore une fois. J’avais la respiration haletante et le cœur qui battait si fort. Silvio… Pourquoi avais-tu pris ce risque ? Ces lèvres sur les miennes… Et les caméras alors ? Que faisais-tu des caméras ? Tu m’avais embrassé devant elles. Elles allaient tout répéter. Oh… Silvio qu’avais-tu fait ?

    Pretty, pretty please
    Don't you ever, ever feel
    Like your less than
    Fuckin' perfect
    Pretty, pretty please
    If you ever, ever feel
    Like your nothing
    You're fuckin' perfect to me !
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Ne te sens-tu jamais, jamais
    Comme moins que
    Tellement parfait ?
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Si tu te sens jamais, jamais
    Comme rien du tout ?
    Tu es tellement parfait pour moi.


    Sur le pavé, je suis tombé et mes souvenirs me revenaient. Si mon cœur battait plus fort, tout à l’heure, c’est parce que tu l’y obligeais. Si l’air était venu à mes poumons, c’est parce que tu m’avais insufflé cet air. J’avais encore la chaleur de tes lèvres sur les miennes. Et je frissonnais. J’avais froid. La sueur avait humidifié mon chandail et tout mon corps perlaient. L’air froid de l’hiver les rendaient fatale ces gouttes d’eau. Oh… Silvio, j’avais froid. Ramène-moi à la maison. Je suis fatigué, je suis essoufflé, je suis incapable de marcher encore. Pitié, ne me laisse pas. J’ai juste besoin de toi. Il y avait son bras dans ma nuque, puis derrière mes jambes. Et je quittais terre. Je tremblais dans ses bras, tant j’avais froid, je respirais bruyamment. Je savais que j’étais dans les bras de Silvio. J’aurais reconnu son étreinte parmi mille. Combien de nuit avait-on passées ensemble, blottit contre l’autre à partager les mêmes rêves ? Je n’ai pas oublié Silvio. Je n’oublierai jamais. Je t’aimais plus que tout. Le moindre rejet de toi pouvait me détruire. Tu avais ce pouvoir là. J’espère que tu le découvrais. J’avais peur de te donner tout de moi. Tu me fais peur parce que tu me contrôles, je sais que tu peux penser à ma place. Alors qu’y avait-il ? Qu’avais-je fais de mal pour que tu me dises non ? Qu’avais-je fait de mal ? Pourquoi est-ce que tu ne m’aimais plus ? Tu me donnais la vie comme le mort. Tu étais mon secret, mon trésor. Si on te découvrait, si on t’arrachait à moi, ou si tu partais, je serais si pauvre, je serai tellement rien. Alors, dis-moi, Pourquoi est-ce que tu ne m’aimes plus ?

    You're so mean
    When you talk
    About yourself
    You were wrong
    Change the voices
    In your head
    Make them like you
    Instead
    Tu es si méchant
    Quand tu parles
    À propos de toi.
    Tu as tort ;
    Change les voix
    Dans ta tête.
    Fais en sorte qu'elles t'aiment,
    Au lieu de cela.


    Sur le pavé, j’étais tombé et c’est sur le matelas cette fois que je repose. Il a mis son front contre mon torse, je cherche à l’attraper, mes gestes sont si lents que lorsque je peux enfin l’avoir, il est déjà parti. Mais où vas-tu mon Silvio ? Pourquoi me fuis-tu ? Qu’as-tu à courir de partout ? Je te veux juste toi. Je sentais un linge humide venir se poser sur mon front. Je cherchais mon amant du regard. J’avais bu suffisamment pour que ça me donne le tournis. Et enfin je le voyais. Il était là. Et puis il ne l’était plus. Mon Silvio, pourquoi me faisais-tu courir du regard ? Je suis déjà essoufflé, j’ai mal à la tête et j’ai envie de crier. Je réprimais ce hurlement en moi. Je fermais les yeux, si étroitement. J’avais juste mal. Je voulais que ça s’arrête. Alors, je prenais sur moi. Je me concentrais sur la respiration, je tâchais de lui donner un rythme raisonnable. Je m’obligeais à ne pas respirer tout de suite, attendre un peu, pour que la fréquence soit correcte. Je comptais, dans ma tête. Des chiffres… Des chiffres. Ca me faisait du bien. Je me sentais dans mon élément. Je trouvais à mes côtés des choses un peu plus familières. Je parvenais, enfin, à quelque chose de plus raisonnable. Il m’avait rendu complètement fou. C’était ça. Silvio, tu me rendais fou. Où étais-tu ? Que faisais-tu ? Reviens près de moi, tu me manqué déjà. Tu m’offrais tes lèvres tout à l’heure. Pourquoi m’en prives-tu maintenant ? Qu’ai-je fais ? Pitié dis-le moi.

    So complicated
    Look how big you'll make it
    Filled with so much hatred
    Such a tired game
    It's enough
    I've done all I can think of
    Chased down all my demons
    see you do the same
    Si compliqué !
    Aie l'air heureux, tu en seras capable.
    Rempli de tant de haine.
    Un jeu tellement fatiguant.
    Ça suffit !
    J'ai fait tout ce que j'ai pu,
    Pourchassé tous mes démons.
    A toi d’en faire autant.


    J’attrapais sa main, cette fois, je la tenais si fort et je promettais de ne plus la lâcher. Elle était à moi, tu me l’avais offerte. Tu n’avais pas le droit de me la reprendre. Je me sentais tellement coupable. Et j’avais peur pour nous deux. Je ne savais pas où nous allions. Qui avait fait rentrer de l’eau dans notre bateau ? Je ne comprenais pas. Serait-ce possible qu’il sache ? Serait-ce possible qu’il m’en veuille pour cela ? Il lisait tant en moi que j’imaginais tout. Surtout après quelques verres d’alcool.

    « Je regrette… Je regrette… Je n’aurais pas du le tuer. Je ne sais pas ce qui m’avais pris. Je ne me reconnais pas. J’étais fou de rage… Silvio… Si tu savais comme je regrette. Ils voulaient m’avoir, ils voulaient m’enfermer… Ils voulaient m’emprisonner… Silvio, ne m’en veut pas toi aussi… Je t’en supplie. Ne m’en veux pas. »

    J’attrapais la main de Silvio. Je le tirai vers moi, je ne voulais pas qu’il s’en aille. Je voulais qu’il reste. Je voulais qu’il m’écoute. J’avais tellement de choses à lui dire. Il ne fallait pas qu’il parte, pas maintenant. Pas tant que je n’aurais pas tout fait pour le retenir. S’il ne m’aimait plus, je voulais qu’il sache que moi, je l’aimais.

    « Approche, je vais te dire un secret… »

    Et je tirais son bras, je voulais parler à son oreille, tout bas. Je voulais son odeur.

    Pretty, pretty please
    Don't you ever, ever feel
    Like your less than
    Fuckin' perfect
    Pretty, pretty please
    If you ever, ever feel
    Like your nothing
    You're fuckin' perfect to me !
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Ne te sens-tu jamais, jamais
    Comme moins que
    Tellement parfait ?
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Si tu te sens jamais, jamais
    Comme rien du tout ?
    Tu es tellement parfait pour moi.


    J’approchais les lèvres, j’embrassais sa nuque, et je lui soufflais doucement dans le creux de son oreille ce dont je n’avais parlé encore à personne. Je divaguais. Je n’aurais peut-être pas du. Il allait penser que je suis un rebelle, que je l’ai trahi. Mais n’était-ce pas pour cela qu’il m’en voulait ?

    [Le passage qui suit est caché]

    [Fin du passage caché]

    The whole world's scared so I swallow the fear
    The only thing I should be drinking is an ice cold beer
    So cool in line and we try try try
    But we try too hard, it's a waste of my time
    Done looking for the critics, 'cause they're everywhere
    They don't like my jeans, they don't get my hair
    Excahnge ourselves and we do it all the time
    Why do we do that?
    Why do I do that?
    Why do I do that?
    Tout le monde est effrayé alors je ravale ma peur
    La seule chose que je devrais boire est une bière glacée
    Si gentil en bout de ligne, nous essayons, essayons, essayons.
    Mais nous essayons trop dur, c'est des heures de ma vie.
    Recherché par la critique, parce qu'elles sont partout !
    Ils n'aiment pas mes jeans, ils n'apprécient pas mes cheveux
    Nous changeons et nous le faisons tout le temps
    Pourquoi faisons-nous cela?
    Pourquoi fais-je cela?
    Pourquoi fais-je cela?


    Je relâchais la pression et le laissais s’écarter, s’il le voulait, s’il avait peur de moi, s’il ne m’aimait plus. Je n’aurais peut-être pas du le lui dire, j’aurais du garder cela. Mais à bien y réfléchir, si j’avais eu à le dire à quelqu’un, c’était bien à lui.

    « Chaque jour, je prie pour qu’ils me pardonnent. Quand tu es entré complètement de ma vie, j’ai cru que c’était ce signe que j’attendais. J’ai cru que j’avais payé pour mon crime et que j’avais enfin droit au bonheur. Silvio… Pitié, ne te laisse pas gouverner par eux. Ne me dis pas que tu m’as été offert pour m’être enlevé. Ne me dis pas qu’ils ont fait de toi mon bourreau. Ne me dis pas que tu es avec eux… Ils me font peur. Ils me détestent. Ils me haïssent. Silvio… Pourquoi tu ne m’aimes plus ? Pourquoi ? »

    Pretty, pretty please
    Don't you ever, ever feel
    Like your less than
    Fuckin' perfect
    Pretty, pretty please
    If you ever, ever feel
    Like your nothing
    You're fuckin' perfect to me !
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Ne te sens-tu jamais, jamais
    Comme moins que
    Tellement parfait ?
    Assez, assez, s'il vous plaît !
    Si tu te sens jamais, jamais
    Comme rien du tout ?
    Tu es tellement parfait pour moi.


Dernière édition par Shane M. Lewis le Mar 19 Avr - 22:57, édité 8 fois
Shane M. Lewis
Shane M. Lewis
~ Brigadier Informatique ~


Camp : Guilde Impériale
Profession : Brigade Informatique
Âge réel : 10 ans
Âge d'apparence : 19 ans

Compétences
Mémoire:
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Compétence principale: Informatique
Niveau de Compétence: Maître

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Message par Silvio Anthelmios Sam 16 Avr - 21:17

Era--Prêt à tout.

Vite, quelque chose, quelque chose ! Il était si froid, bon sang, si froid ! Mais je ne suis pas docteur ! ...Entre nous, ce n'était peut-être pas un mal. Moi, au moins, j'avais une chance de le guérir. Non, sans plaisanter, qu'aurait fait van Berghen à ma place ? Un médicament. Je n'en ai pas. J'ai du sucre. Du miel. Du miel artificiel, mais qui soigne habituellement ma gorge fragile. Oui, ma gorge est fragile. Cela reste entre nous, hein ? Personne ne doit savoir que quelque chose en moi est fragile. Personne. Où l'on m'attaquera par là. C'est comme Shane. Personne ne doit savoir. La plus grande faiblesse du guerrier, c'est son coeur. Attaquez mon Shane, je m'en offense personnellement. Faites-lui du mal, je souffre. Y a pas de raisons pour que je souffre moins que lui. S'il est malade, alors je suis malade aussi. Il y aura donc deux tisanes. Avec du miel, les deux.
Je prépare ces tisanes comme un alchimiste prépare son élixir de vie éternelle. Voilà, elles étaient faites. Brûlantes, encore, mais faites. Je les attrapais donc à pleines mains, et tant pis si cela me blessait. Ne le méritais-je pas ? Je m'en voulais encore, et encore. C'était de ma faute s'il était malade. Le guérir... Si je n'y arrivais pas, j'étais un assassin. Encore une fois. Et sa mort serait la mienne, ou du moins celle de mon esprit.

Je posais les tasses sur la table. Etait-ce une impression...? Ne tremblait-il pas ? Avait-il mal ? J'aurais voulu être lui, pour le savoir, pour pouvoir vraiment le guérir. Il m'aurait suffit de lui demander... J'allais le faire. Je m'assis à ses côtés. Je n'étais pas bien ainsi, mais il me fallait être prêt à bondir sur tout ce qui pouvait faire taire ses souffrances.
Ta main sur la mienne. Je ne la rejetterai pas, cette fois, non. Je n'aurais jamais dû la rejeter. Ma main est à toi. Les caméras, les autres, ils n'avaient pas ma main. Qui aurait remarqué ? Qui nous l'aurait reproché ? Une main sur une autre, alors qu'à côté, bien plus intéressant, un jeune homme se déshabillait ! Allez plutôt l'embêter, lui, il n'attend que ça ! Shane, ma main est à toi, c'est toi qui y a passé l'anneau. Je n'avais pas d'anneau à t'offrir, alors je t'ai offert mon corps. C'est peu, c'est si peu ! Dire que cela me paraissait important !
Je posais mon autre main sur la sienne. Vois, elles sont toutes chaudes mes mains. C'est la tisane... Mais pas seulement. J'ai chaud, c'est peut-être la panique, c'est peut-être la maladie. Mais on s'en moque, mes mains sont chaudes, il faut qu'elles réchauffent la tienne, il faut qu'elles l'empêchent de trembler, qu'enfin tu sois apaisé. Où avais-tu mal ? J'ouvris la bouche, pour te le demander, tu m'interrompis.

Quoi ? Qu'est-ce donc que ces histoires ? Tuer ? J'étais surpris. Non pas qu'il ait tué quelqu'un, mais qu'il en parle, maintenant, alors que je m'attendais à... à... Je ne sais pas, des questions, des reproches ! De plus, ses paroles semblaient tellement...Etranges. Etait-ce un souvenir, comme les miens ? Lui aussi était persuadé d'avoir tué quelqu'un ? Allons bon, ça nous faisait une belle jambe. Deux assassins ensemble. Il semblait regretter autant que moi... Comment aurais-je pu lui en vouloir ? C'aurait été l'hôpital qui se fout de la charité. D'autant plus que lui, maintenant, il était informaticien. Moi, j'étais commandor. Je continuais à tuer et, à tout moment, je pouvais à mon tour me faire tuer. Shane, si tu croyais que j'allais t'en vouloir...! Toi, tu n'étais ni assassin, ni assez cruel pour être passé en brigade de terrain. Bon sang, je me serais rongé les doigts jusqu'aux os lorsque tu serais parti en mission ! Non, je serais venu avec toi, je t'aurais protégé, tout le temps. Mais j'aurais eu si peur, bon sang, si peur qu'il t'arrive quelque chose...
Si tu croyais que j'allais t'en vouloir...!

Stupéfait, je ne bougeais plus, et gardais cet air à la fois surpris et légèrement attristé. Comment pouvait-il croire cela ? Je me laissais faire lorsqu'il m'attira vers lui. Ca ne me déplaisait pas, non. J'aurais préféré m'allonger à ses côtés, le prendre contre moi et lui souffler que ce n'était rien, le bercer comme un enfant, contre moi. Mais il fallait que je reste prêt à filer en cuisine, ou dans la douche, ou que sais-je encore...
Tant pis, je me penchais encore, pour avoir le secret. Presque allongé, son visage proche du mien... Si proche que bientôt ses lèvres rejoignirent ma peau. Mes mains se serrèrent sur la sienne. Il m'aimait encore...
Mais bientôt, il me fit penser à autre chose. Ce qu'il me confia me laissa un instant bouche bée. C'était donc cela, la vérité ? Pas étonnant que Shane le sache, c'était lui le plus proche des dieux. J'eus envie de caresser ses ailes, comme si cela pouvait me prouver que c'était bien vrai. Mais je caressais sa main, et c'était son souffle contre ma peau qui me rendait sûr et certain qu'il ne mentait pas, que c'était là toute la vérité, la seule et l'unique. Je lui faisais confiance, une confiance absolue, et elle n'était pas aveugle. Au contraire, je voyais bien mieux ainsi. Désormais, tout devenait clair, évident. C'était pour cela.... Notre prison de regrets. Si c'était cela, j'étais prêt à regretter pour l'éternité encore...
Il me relâcha. Alors oui, je me redressais... Pour mettre mes jambes dans le lit, pour m'allonger près de lui, et l'attirer contre moi. Là, je le serrai dans mes bras, et cachais mes yeux dans son cou. Si j'allais pleurer ? Peut-être. J'avais les yeux humides. La voix de Shane... Et cette confiance qu'il m'accordait, ce secret qu'il me dévoilait, à moi qui l'avait rendu malade... Je crus comprendre ce qui le tourmentait, et pourquoi il m'avait avoué cela. Il y avait un lien logique, un rapport: moi. Ce foutu moi, ce maudit "je", le coupable. Maintenant, je savais pourquoi mon "non" lui avait fait tant de peine.
Alors je le serrai un peu plus fort contre moi, me mordis les lèvres. Je ne voulais pas. Sa dernière question me tua. Quoi, moi, ne plus l'aimer ? Etait-il fou ? Je l'aimais ! Je l'aimais ! Je ne savais pas comment le dire, et je ne savais pas comment le montrer. J'essayais, j'essayais ! J'avais fait une erreur, mais maintenant, je ne la ferai plus. Jamais plus, tu m'entends, Shane ? Tu entends comme je le pense fort ? Ce n'est plus penser, c'est hurler. C'est jeter vers toi toute mon âme, tout l'amour que j'ai pour toi, et tout mes regrets, pour que tu saches, pour que tu sentes, enfin, la vérité. Je t'aime !
Ma gorge, ma fragile petite gorge était toute serrée. Un Commandor ne pleure pas. Un garçon ne pleure pas. Et l'amant de Shane ne pleure pas. Il doit rester fort, il doit pouvoir le protéger, n'importe quand. Si je parlais, il allait sentir que je pleurais, il allait...
Qu'allait-il faire ? Baste, c'était mon amant, pas mon père, ni mon instituteur, ni mon bourreau ! Pourquoi l'oubliais-je, pourquoi voulais-je me cacher devant lui ? Pour le mériter ? Si je voulais le mériter, mieux valait que ce ne soit pas mon masque qui le mérite, mais ce que j'avais au fond de moi. La vérité, rien que la vérité. La vérité, là, était que je pleurais, parce que je l'aimais, et qu'il ne le croyait pas. Blessé ? Si c'était le cas, c'était par ma propre main, qui avait été l'auteur du crime. Elle avait poussé Shane à dire ces mots. Il croyait que je ne l'aimais plus...

"- Shane..."


Ma voix, je ne la reconnaissais plus. Jamais je ne parlais en pleurant, jamais. C'est-à-dire qu'habituellement, quand je pleurais, j'étais seul, bien caché. C'était rare, mais ça arrivé. Ma voix était brisée, c'était un murmure. Je ne pouvais pas parler trop fort. Si je le faisais, ma voix se casserait, je n'en pleurerais que plus fort, il serait plus difficile de parler. Il était déjà difficile de parler. Alors je m'accrochais plus fort à lui. Vas-y, Silvio. Un bon coup.

"- Ne dis pas ça... C'est faux. Shane, je ne voulais pas te blesser. Je voulais juste nous protéger... Nous protéger des autres. Tu sais qu'ils ne nous aiment pas, tu sais qu'ils nous tueraient... Je te préfère en vie. Je m'y suis mal pris, je n'aurais pas dû le faire comme ça, j'ai été bête... J'ai fait une erreur... Shane, pour toi, je suis prêt à tout, tout... "

Mes larmes mouillaient désormais son épaule. Je ne disais pas ce que je voulais. Les mots me semblaient vide, à moi qui les ressentais si fort. Impuissant, juste impuissant, je n'étais même pas sûr qu'il m'entende, qu'il comprenne mes mots, tant ils étaient murmurés. J'avais l'impression d'une puérile explication d'un enfant qui ne veut pas être puni. Ridicule ! Si je ne l'aimais vraiment pas, pourquoi m'accrocherais-je à lui ? Pourquoi ces larmes, pourquoi perdre l'eau de mon corps, pourquoi risquer ma vie et mon grade, pour quelqu'un que je n'aurais pas aimé ? Ce n'était pas une explication puérile. C'était la vérité.

"- Pardonne-moi, Shane. J'ai été si... Je ne voulais pas... Je ne voulais pas... Tu es tellement parfait..."


Des preuves ! Quelles preuves avais-je ? Je n'avais que mes sentiments, rien que mes sentiments, ces petites choses que jadis je ne partageais pas, ces petites choses que je tentais de lui transmettre, malgré mon manque d'expérience. Fatal manque d'expérience ! J'aurais dû avoir des amours, jadis, pour être préparé à celui-là... J'aurais dû...

"- Je t'aime, Shane. "

C'était là toute la vérité, la seule et unique vérité. C'était là mes sentiments, résumés en quelques mots, quand j'aurais pu écrire des ouvrages épais comme votre bras sur eux.
Je l'aimais, c'était un cri que seule ma gorge brûlante avait réussi à contenir, à changer, en murmure. C'était un cri, celui de mon coeur qui blessait ma poitrine. C'était le cri de mon esprit qui menaçait de se briser en mille morceaux pour quelques mots de lui.
Mais si cela pouvait le rendre heureux... Alors que l'on me brise. Ca me serait égal. Si lui est heureux... Si lui est heureux, alors je peux tout faire, désormais. La prochaine fois, ce verre, je le boirai, et cul-sec, si cela pouvait le rendre heureux. Tout, désormais. J'étais prêt à tout...

"- Prêt à tout..."
Silvio Anthelmios
Silvio Anthelmios
~ Commandor ~
Section Anti-Terroriste


Camp : Guilde Impériale
Profession : Second de Judikhael Wienfield
Âge réel : 30années
Âge d'apparence : vingt

Compétences
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Compétence principale: Armes blanches
Niveau de Compétence: Maître

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Message par Shane M. Lewis Dim 17 Avr - 13:29

    Sa main était chaude. C’était si bon. Je le laissais propriétaire de ma main, je serrais la sienne. Je sentais ses doigts sur les miens. Où étaient passés mes gants ? J’avais du es perdre en chemin, ou les ôter en entrant. Je voyais mes mains. Sa poigne avait la fermeté d’un soldat et la douceur d’un amant. Je me sentais protégé, à l’abri de tout lorsque je caressais une main si forte. Il aurait pu me briser le mienne s’il l’avait voulu, mais tu ne le veux pas. Tu veux seulement me protéger, et je t’aime pour ça. Je n’ai jamais connu quelqu’un capable de s’oublier lui-même, pourvu que je sois heureux. Etait-ce ce qu’il fallait pour infâme capricieux tel que moi ? Je m’en veux parfois de ne te nourrir que de mon bonheur, je voudrais que tu aies le tien propre. Etait-ce que tu avais voulu me dire tout à l’heure, lorsque tu as objecté ce « non » ? En as-tu assez de moi ? C’est ce que je craignais, au plus profond de moi. C’était comme un grondement sourd qui résonne et qui vivre dans les cavités de mon corps. Et je tremble de ces vibrations. Le sens-tu que je tremble ? Est-ce pour cela que tu serres ma main si fort ? Ô bel ami, bel amour, tu en fais trop pour moi. Je te cause encore du chagrin, je te vois anxieux. De quoi as-tu peur ? Je ne vais pas partir, je vais presque bien. Tout le mal, je ne le sentais plus vraiment, c’était l’une des vertus de l’ignoble alcool. M’en veux-tu d’avoir bu ? Tu ne bois pas, toi. Est-ce que je te dégoûte ? Est-ce que tu me hais d’être ainsi ?

    Je lui parlais de mes souvenir, je lui parlais à nouveau de quelque chose d’interdit. Par Joshi, n’était-ce pas inscrit dans les préceptes de la Guilde qu’il n’est point autorisé de rechercher son passé ? Je ne comprenais plus. J’aurais voulu voir la rancœur dans ses yeux lorsque je lui ai dit que j’ai tué quelqu’un, j’aurai voulu voir de la méprise dans son regard lorsque je lui disais me souvenir de mon passé. Non pas que je sois masochiste (quoique) mais je voulais connaître la raison pour laquelle il me détestait, la raison pour laquelle il ne m’aimait plus. Je ne voyais aucune trace de répulsion. Pourquoi ? Qu’avais-je donc fait alors ? Pourtant, je lui disais que j’avais une activité prohibée, celle qui consistait à reformer mon passé oublié, je prenais des bribes, de-ci, de-là et je refabriquais ce monde autrefois. Alors, pourquoi ne criais-tu pas ? Pourquoi ne me frappais-tu pas ? Pourquoi ne partais-tu pas en claquant la porte ? Pourquoi ne me dénonçais-tu pas ? Qu’est ce qui pouvait bien te retenir ? Si je n’étais pas persuadé que tu ne m’aimais plus, j’aurais bien vite trouvé la raison, l’unique. Mais cette fois, j’étais méditatif et mon cerveau embrumé par l’alcool m’empêchait de réfléchir. Je lui avais soufflé mon secret, celui que j’avais découvert. Ce n’était qu’une faible partie, je le savais, de ce qu’était véritablement Nosco, mais je m’approchais de cette vérité cachée par les grands qui gouvernent. Ne voyez pas là mon anti-impérialisme. Ce n’est pas le cas, j’admire et je respecte Sa Majesté. Je me battais toujours à ses côtés, depuis quelques années déjà, j’avais été forgé à aimé la Guilde, je l’aimerais encore à l’avenir. Ce n’était pas pour les secrets que je trouverais sur mon chemin que ma vision changerait. Ou peut-être que si. Mais je n’étais pas encore prêt à cela. J’avais bien trop d’attache dans la Guilde, à commencer par Silvio, pour oser me détourner d’elle.

    Il s’allongeait près de moi et me serrait dans ses bras. Dire que je m’y sentais bien serait si faible. J’étais au paradis, les flammes infernales de l’enfer des criminels étaient bien loin. Je voyais ces yeux humides. Je ne l’avais jamais vu ainsi. Il se cachait de ma vue. Je restais figé. J’avais encore à l’esprit ces perles vertes tellement troublées et lorsqu’il prononça mon nom, tout mon corps frémit. Le ton de sa voix ne fit que me confirmer que ce que j’avais cru voir. Il pleurait. Mon Silvio pleurait. Je n’aurais jamais cru voir ça un jour. Silvio, mon soldat, mon commandor, mon brave homme. Nul ne t’avais jamais vu pleurer. Je te savais si fort, si résistant. Je te savais à présent sensible. Silvio, tu étais juste magnifique. Je saisissais son menton et je le fixais, encore incapable de réaliser ce que j’avais là, juste sous mes yeux. Des perles d’eau salée qui coulait de tes si beaux yeux et coulaient le long de tes joues. Et je contemplais ces larmes comme un pirate contemple le trésor qu’il a sorti des abîmes. Je ne l’avais jamais vu pleurer. Personne ne l’avait vu pleurer. Silvio avait cette carapace de marbre, tellement admirable. Il avait cet air sauvage qui repoussait les gens autour de lui. Combien je ne l’avais pas apprécié à nos débuts ? Ne l’avais-je pas vu si féroce et si animal ? Si je le voyais doux aujourd’hui, si je le voyais autre, ce n’était pas le cas pour tout le monde. C’était un privilège que j’avais et personne ne comprenait vraiment pourquoi je me liais d’une pseudo amitié avec une brute telle que lui. Mais eux, n’avaient pas senti ce cœur qui bat, ils ne voyaient que le mur de glace, je voyais bien au-delà. Ils ne connaissaient pas la douceur de ses mains et la tendresse de ses étreintes. Ils n’avaient vu que le tranchant de son épée et ses coups fatals. Moi, je le voyais autre, et qu’importe qui on ne comprenait pas notre amitié apparente et notre amour caché. Le caractère de Silvio permettait d’enfouir encore plus profondément notre secret. Alors je contemplais ces larmes et j’entendais sa voix brisée. J’en avais la chair de poule. Je n’avais plus froid, j’étais juste bien. Il m’aimait.

    Je caressais sa joue pour effacer cette larme qui coulait. Mes yeux clairs étaient encore flous, je ne savais pas ce que je regardais vraiment, j’avais laissé mon regard se perdre dans le sien et je m’y noyais bien volontiers. J’avançais ma tête vers lui, juste un peu plus prêt. Ma main remontait à sa tempe et mes doigts allaient se glisser dans ses cheveux blonds. Je lui dégageais le visage, doucement. La sueur avait collé ses cheveux sur son front, je les repoussais en arrière avec lenteur. Jamais je ne détachais mes yeux des siens.

    « Ne pleure pas… »

    Soufflais-je alors. Ce n’était pas véritablement un ordre. Je cherchais simplement à calmer son cœur et le protéger de l’ouragan qui le dévastait. Son esprit était agité, je le voyais dans ses yeux. Je posais un baiser sur ses lèvres doucement. J’en étais enivré. Je fermais les yeux et je recommençais mon acte. Je me détachais encore, je prenais du recul, j’ouvrais les yeux et je le fixais. J’attendais que cela me manque. J’attendais que mon désir monte. Je patientais, j’avais mes yeux dans les siens, je le fixais, je lui disais par eux, combien je l’aimais, combien j’avais peur de le perdre. Je lui disais, par eux, combien je n’avais pas voulu le tourmenter, combien je craignais une rupture. Ca me faisait peur, j’étais tellement accroché à lui, que même si je le devais, je ne parviendrais pas à l’abandonner. Silvio, quel accro as-tu fais de moi ? Je revenais vers lui, plus sauvagement cette fois, ma patience avait été lourdement mise à l’épreuve. Je lui sautais dessus qu’il se retrouvait sur le dos, et moi sur lui. Je dévorais ses lèvres. Quelques secondes plus tôt, j’avais grandement manqué d’air, et voilà que je mettais encore mon souffle à rude épreuve. J’eus tôt fait de m’en rendre compte et je détachais mes lèvres des siennes, bien malgré moi, lamentablement essoufflé pour si peu. Promis, je reprends l’entrainement sportif prochainement. Non, roh Silvio ne me regarde pas comme ça, je me pensais pas à ça ! Disons avec les derniers événements, à savoir l’enlèvement de Tristan, je n’ai pas trop eu le temps de songer à m’entrainer au combat. Il n’y a bien eu d’un cours donné par miss Welka qui m’a tenté. Non, en fait, c’est Nelsen qui m’avait forcément, sinon je serais bien resté devant mon ordinateur… Bref.

    Je m’étais défait de lui et je me laissais retomber sur le dos, à ses côtés. Je l’avais attiré avec moi, je ne voulais pas le perdre. Il m’écrasait, au dessus de moi, mais comme j’adorais me retrouver ainsi coincé entre le matelas et lui, sans défense aucune et… Non je ne suis pas soumiiis ! Je respirais encor fort et je passais mes bras autour de son cou, avec cette passion qu’on les amants. C’était ce quelque chose d’inexplicable qui faisait un bien fou. Je passais mes doigts dans son dos, je caressais ses muscles un par un, il était tellement beau.

    « Je t’aime, Silvio. Juste toi. J’ai été bête de croire que tu ne ressentais plus rien. J’ai peur que tes sentiments changent et que je ne le voie pas venir. C’est stupide. Je sais que tu m’aimes… Tu as bien fait de me dire non… Ce que je t’avais demandé était absolument fou. Il aurait été puéril de se complaire dans des actes futiles et éphémères. Je veux ton cœur bien plus que ta peau. »

    Arf ! J’avais déjà plus de souffle et il fallait que j’aie la parole si longue. Maudit sois-je. Je repoussais doucement mon amant sur le côté et je me redressais, assis, la respiration haletante. Bon sang, j’avais envie de l’embrasser, de lui parler, et je ne pouvais pas. Je manquais d’air et là, assis, mon corps si loin de lui, j’avais froid. Je posais mes deux mains sur mes épaules opposées et je frissonnais. J’enlevais mon chandail humide et froid et je tirais les couvertures sur lesquelles nous étions assis pour me couvrir. Je ne me sentais pas bien. Je n’arrivais pas à faire ce que je voulais faire. Parler, l’embrasser me devenait impossible et je claquais à présent des dents. Oh oui ! J’étais maudit. Je me penchais contre lui et posais ma tête sur son torse, toujours assis et emballé dans la couette. Le corps de Silvio était tellement chaud. Avait-il de la fièvre ? Je relevais mes yeux vers lui :

    « Tu es un cadeau du ciel… Tu es ma rédemption. Silvio… Comment fais-tu pour t’oublier toi-même ? Comment fais-tu pour ne songer qu’à mon bonheur ? Je voudrais tellement que tu connaisses le tien propre…»

    Il y avait tant de choses dont j’aurais voulu lui parler ce soir. Mon esprit alcoolisé me mettait en confiance absolue. Je n’avais rien à craindre de Silvio.

    « Silvio… Je t’ai dit connaître de mon passé avant Nosco… Pourquoi ne m’as-tu pas grondé ? C’est interdit… »

    Il n’y avait bien que les rebelles qui prônaient une quête du passé lointain et oublié. Par delà les murs de la ville, il y avait cet autre monde, j’en suis certain. Je lui en avais parlé, librement. Je l’aimais et j’avais confiance. Si je devais mourir, par sa main, je serais heureux. S’il me dénonçait, j’aurais eu tord de l’aimer et de lui faire confiance, mais je ne le regretterai pas. J’aurai connu la félicité dans ses bras, je pouvais bien connaitre l’enfer. Il aurait pu m’en vouloir. Mais il ne m’en voulait pas, encore une fois… Silvio… Comment pouvais-tu m’aimer comme cela ? J’étais tellement bouleversé de la savoir ainsi. J’étais touché, j’étais heureux. Non, je n’étais pas heureux. J’étais plus heureux encore que je ne le voulais bien le dire. Avec lui, je pouvais être comme je le souhaitais. Il ne m’en voulait pas d’avoir tant de caprices. Il avait même trouvé un juste milieu. Il m’avait dit non, mais c’était pour mon bien, c’était pour nous protéger. Il avait eu raison. Silvio, c’est toi qui est parfait.
Shane M. Lewis
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Message par Silvio Anthelmios Dim 17 Avr - 16:16

Ne pas pleurer ! Il était bien drôle ! Comment étais-je censé retenir mes larmes après l'avoir vu tomber sous mes mots, après l'avoir vu malade, après l'avoir entendu dire que je ne l'aimais pas ? Comment pouvais-je supporter ces blessures ? Je ne saignais pas, la douleur devait bien partir, d'une façon ou d'une autre. Alors c'était l'eau de mes yeux, celle que je cachais habituellement, celle que nul ne devait voir. Personne. Sauf Shane, l'Homme qui avait le droit de fouiller jusqu'au plus profond de mon âme s'il le voulait. Rien ne lui était interdit. Mes plus grandes hontes, il pouvait les voir, s'il le voulait. Les plus petits recoins de mon esprit, il pouvait y aller, jamais je ne ressentirai de viol s'il s'y aventurait. N'était-ce pas normal que lui, maître de ma vie, ait accès à tout ? Je lui faisais confiance, je savais que jamais il n'utiliserait ces informations contre moi.

Lui, il m'avait ouvert son esprit. Il m'avait dit ce qu'il pensait de Nosco, ce fameux message de Joshi. Il m'avait dit avoir tué quelqu'un, avant. Il me l'avait dit, et au fond, allais-je un jour utiliser cela contre lui ? Non. Ca serait trop traitre, j'avais tout de même des principes. Trahir un ami m'aurait semblé une honte plus qu'une victoire, alors trahir mon amant... Non, j'en aurais été incapable. Pour toutes les promotions du monde, pour tous les florins, jamais je ne l'aurais trahi. Jamais je ne l'aurais dénoncé. C'aurait été d'autant plus fourbe que j'avais commis le même crime que lui: mon passé, je le connaissais de plus en plus, et je refusais de cesser de le chercher. Je voulais savoir le prénom de celle qui j'avais assassinée. Au moins son prénom, pour le murmurer, pour demander à Joshi de veiller sur elle. Que savais-je pour le moment ? Que mon père travaillait dans les voitures, que j'avais à un moment pris la rélève et... Avais-je fuit ? Il fallait le croire. Je me souvenais de cette Shelly, aussi... Charmante enfant. Je crois bien que je l'aimais. Pas comme j'aimais Shane, non. Je me souvenais qu'elle m'avait demander d'aller acheter des capotes. Avant, je devais être beaucoup moins prude qu'aujourd'hui, où je menaçais de finir prêtre tant mon mode de vie était strict. Je me souvenais également d'une virée au commissariat. Souvenir frustrant, j'ignorais encore ce que j'avais fait pour y aller... Impuissant, j'attendais la suite de mes souvenirs avec impatience. [NDJ: pépi, ceci n'est pas un message subliminal.]
Il m'avait parlé un tout petit peu de ses souvenirs, il devait en savoir bien plus. Mais je ne le forcerai pas à en parler. Je voulais que cela vienne de lui, qu'il voie qu'il pouvait avoir confiance, qu'il se sente libre face à moi. La Guilde nous imposait des barrières, mais seul à seul, nous étions libres, totalement. En avait-il conscience ? Ne voyait-il pas qu'entre ces murs qui nous protégeaient, nous pouvions être libres ?

Il vint sur moi, m'embrasser entre mes larmes. J'avais un peu de mal à respirer. Lui aussi. Nous avions sans doute eu très peur, tous les deux. Quelle idée ! Il savait que je l'aimais, et... Je ne doutais pas de ses sentiments. Il avait tant fait pour moi que je ne pouvais plus douter. Pour moi, il n'était plus l'homme un peu volage qu'il avait été. Il acceptait le secret, il avait accepté de m'accorder une chance, alors que je lui avais mis une gifle à son premier baiser. Il faisait tant d'autres choses... Dont la cuisine, parfois, et ça, c'était vraiment bien ! Non, sans rire, je ne doutais pas de lui. Il était une perle rare. Que dis-je, un cristal unique... Tellement parfait, mon Homme. Comment avais-je pu ne pas le voir avant ? Désormais, j'étais lié à lui, menotté, corps et âme. Des menottes que je chérissais. Qu'on ne me les retire jamais. Il était venu vers moi en premier... A ce moment-là, je n'imaginais pas la chance que c'était. Je re-pensais à ce jour en souriant, parfois, de ma bêtise, et de ma chance... Il m'avait choisi, entre les hommes, entre les femmes de Nosco, moi qui n'était ni très beau, ni très drôle, ni réputé particulièrement tendre. Bon sang, la chance que j'avais ! Il était ma chance. Quelque part, on pouvait quand même m'accorder le mérite d'avoir su la chance, cette chance, quand j'aurais pu refuser sèchement. Mon inconscient avait-il joué un rôle ? Avait-il su, bien avant moi, que c'était lui qu'il me fallait, lui, le seul, l'unique ? Est-ce qu'un être supérieur m'avait poussé vers lui ? Je l'ignorais. Mais je l'avais fait. Je ne regrettais pas. Au contraire... Il m'avait tant offert...

Je viens sur lui. Ses bras passèrent dans mon dos, ses doigts le long de ma peau. Cette petite sensation calmait peu à peu mon souffle. Je me sentais mieux. Il y en a qui ont des bisous magiques, moi j'ai un Shane magique. Il n'a qu'à me frôler. Je le serrais contre moi, à nouveau. Il était là, entre mes bras, mon Shane, à moi. Qu'il se sente à l'abri de tout danger, ici. Je veillais.

"- Tu n'as pas à avoir peur, Shane."

Il voulut me repousser, je le laissais faire. S'il voulait respirer, ou bondir vers les toilettes, c'était mieux. J'aime beaucoup Shane, mais, comment dire... Je ne tenais pas à partager son repas ainsi. Tandis qu'il retirait son chandail, je m'assis à mon tour. Quand il s'installa sous les draps, je fis de même. Mieux: je les tirais pour pouvoir nous envelopper tous les deux. Si avec nos deux chaleurs on n'arrivait pas à le réchauffer, je voulais bien me changer en glaçon ! Mais ça n'arriverait pas. Il vint contre moi, je passais à nouveau mes bras autour de lui. Sa peau était froide, si froide... Je frottais un peu son dos.

"- Je ne t'abandonnerai pas." C'était le serment que je réitérais.

Je l'entendis me dire que j'étais un cadeau du ciel, me demander comment je faisais pour m'oublier moi-même. J'aurais pu lui renvoyer ses propres mots: ce n'était pas moi, l'ange, ici. Et je m'étais tellement oublié que je l'avais rendu malade ! J'étais bien beau, tiens ! Quand à mon bonheur... Ah, shane, depuis tout ce temps, ne savais-tu pas qu'il ne dépendait que de toi ? N'avais-tu pas remarqué ? Mon inquiétude durant tes silences, mon sourire quand tu sautillais de bonheur. Je n'étais peut-être pas le plus démonstratif en matière de sentiments, mais tout de même, face à toi, je faisais des efforts ! ...Bon, je me cachais peut-être un peeeu quand j'allais mal. Mais c'était pour le protéger, lui. Pour qu'il ne s'inquiète pas. Pour lui, juste pour lui, j'avais fait cela. Sans réfléchir. Etrange, certaines choses que je faisais pour lui me venaient comme cela, à l'instinct. Peut-être des restes de lectures, ou de passé... Je ne sais pas. N'allons pas nous plaindre.
Ah, Shane, tu m'idéalises ! Quel amant n'aurait pas fait ce que je fais pour toi ? C'est le minimum, c'est tout. Tu mérites les meilleurs soins... Je ne suis pas encore l'amant parfait, Shane, mais je vais tenter de l'être. Tu le vaux, Shane. Si tu étais un autre, alors je ne suis pas sûr que je serai autant attaché à toi. Il me faut mon Shane, le seul, l'unique. Il n'y a que lui qui me rend ainsi.

"- J'ai mon bonheur, Shane. C'est toi." lui soufflais-je à l'oreille. A mes yeux, ces explications étaient plus que suffisantes.

Mes lèvres passèrent là, dans son cou, près de son oreille, glissèrent le long de sa joue, et vinrent se poser sur ses lèvres, tout doucement. Mêle ton souffle au mien, Shane. Nos deux respirations mêlées sont sans doute complémentaires.
Je lui expliquais ce qui me semblait évident:

"- Tu croyais vraiment que j'allais te reprocher cela ? On est nombreux, Shane, très nombreux à le faire, malgré l'interdiction. Il ne faut rien dire, c'est tout. Mais à moi, tu peux le dire sans crainte: je ne te dénoncerai pas. Jamais."

Mes yeux se fermèrent. Tiens, je ne pleurais presque plus. Je murmurais encore, mais mes larmes s'étaient calmées. Etait-ce parce que j'avais l'impression d'être pardonné ? Ou parce que Shane était contre moi ? Peu m'importait. Au fond, qu'est-ce qui m'importait, là ? Que Shane aille mieux. Qu'il se sente bien. C'était tout. Mais il y avait autre chose. Je le sentais, s'il y avait un jour, un moment, où je devais lui avouer ça, c'était maintenant.

"- Tu sais... Moi aussi, avant, j'ai tué quelqu'un. Et... Peut-être... Qu'on ressent la même chose face à cela."

C'était l'impression que j'avais. Nous deux, mêmes souffrances. Nous avions tué, nous regrettions, nous ne voulions pas recommencer. C'est pourquoi j'avais confiance en lui. Tout comme je haïssais tuer quelqu'un qui n'était ni rebelle ni créature, je devinais qu'il ne devait pas aimer tuer non plus. Sa voix me l'avait dit. La mienne avait pris le ton d'une grande confession, un peu craintive.

"- Tu m'en veux ?"

Comment prendrait-il la question ? Pour le "non" ou pour mon assassinat ? Ou pour les deux. S'il m'en voulait pour quoi que ce soit, je voulais qu'il me le dise, maintenant. Ma tête s'était posée à nouveau sur son épaule, fatiguée, et mes mains sur ses omoplates maintenaient son corps contre le mien. J'avais l'impression qu'il était moins froid. N'était-ce qu'une impression ?
Silvio Anthelmios
Silvio Anthelmios
~ Commandor ~
Section Anti-Terroriste


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Message par Shane M. Lewis Dim 17 Avr - 18:37

    Je posais ma tête sur son torse et j’écoutais les battements de son cœur. Il avait un rythme régulier, je tachais de baser ma respiration sur celui-ci. Et je comptais dans ma tête, je comptais… L’air qui entrait dans mes poumons me faisait mal, comme si c’était contre nature que de respirer de l’air. Mais que pouvais-je bien respirer d’autre ? L’air, c’était bien. Je fermais doucement les yeux pour garder ce rythme. J’étais en bonne voie. Grâce à toi Silvio. J’allais bien grâce à toi. Tu me donnais beaucoup et tu acceptais beaucoup pour moi. Tu faisais beaucoup de concession, et moi tellement moins. Tu te remettais en question, mais n’y crois de rien. Tu es parfait pour moi, tu as tout ce que je recherche. J’ai l’impression d’être égoïste, j’ai l’impression de ne penser qu’à moi dans cette histoire qui se vit à deux. Etais-tu heureux ? Ou peut-être était-ce parce que je savais que tu ne serais heureux que si je le suis. Alors je faisais en sorte d’être heureux. Parfois mon bonheur allait à l’encontre du tien. Je repensais encore à ce que nous avions vécu sous la douche. Silvio n’aurait jamais aimé une telle relation sexuelle si elle n’était pas passée par mon bonheur. J’aurai voulu lui crier combien il me rendait heureux. Ma tête posée contre lui, je la tournais un peu, pour embrasser son torse. Je lui donnais, quelques baisers, là, pour ne pas qu’il m’oublie, jamais. J’étais bête, il m’avait promis. Je laissais ses lèvres balayer ma peau. Il me rendait fou, fou de lui. Je me blottissais tout contre son corps, cherchant sa chaleur. Qu’il était chaud mon Silvio. Etait-il malade ? Avait-il pris froid ? Je savourais ses lèvres comme on déguste un plat exquis. Et bon sang, pourquoi manquais-je d’air encore ? Je calmais mes ardeurs et revenais poser mon oreille contre son cœur. Et je comptais, je comptais.

    Je fermais mes paupières et je les serrais fort pour faire passer la douleur. Foutue claustrophobie. Pourquoi avaient-ils voulu m’enfermer ? S’ils n’avaient pas cherché à me mettre en prison, je serai un peu plus libre, moins asservi à cette peur. J’avais mal et mon corps se raidissait le temps que la douleur passe. Je m’accrochais à lui en passant mes mains sous ses épaules. Je sentais ses bras qui m’encerclaient, ses mains qui caressaient mon dos. Je frissonnais. J’étais bien, j’étais en sécurité, il me réchauffait. Il prenait son de moi. Il prenait toujours soin de moi. Il était juste magnifique. Mon visage se décrispait peu à peu. L’alcool embrouillait ma vision, à moins que ce ne soit parce que j’ai serré mes yeux un peu trop fort. Qu’importe. Dans tous les cas, j’avais la vision floue. Etait-ce deux tasses que je voyais sur la table, là ? Comment étaient-elles arrivées là ? J’étais tellement maniaque que j’aurais du les avoir rangées. Je voyais qu’elles fumaient. Ah ! C’était donc cela que tu courrais de partout mon Silvio ? Je me redressais et je saisissais une tasse. Entre mes mains, je sentais sa chaleur. Je restais sous la couette, assis, près de mon Silvio, la tasse sous le nez. Je t’adore mon Silvio *.* Il me parlait, et je me taisais. Comme un enfant, j’écoutais l’histoire qu’il me racontait. Je suivais les aventures palpitantes qu’il me narrait. Il parlait de Nosco. Ils parlaient de ces gens à la recherche de leurs souvenirs… Comme moi. Comme lui ? C’était à Nosco depuis si peu de temps… Dire que Silvio avait passé trois fois plus de temps que moi, ici. Il en savait d’avantage. Alors je n’étais pas seul. D’autres aussi entendaient les voix de Joshi ? D’autres aussi écoutaient ses louanges, les psaumes lu par ce prophète, des défis qui s’enchaînaient. Qu’avait-on à prouver ? Qu’on le voulait ce passé ? J’étais fier alors de me battre là. Et puis, à Nosco, il y avait des gens qui individuellement avaient un passé. Silvio avait tué… Il avait tué… Je baissais les yeux vers ma tasse, respirant l’odeur de la tisane. Et pis je le regardais. Il aussi. Est-ce que je lui en voulais ? Non. La forme arquée de mes sourcils en témoignaient.

    « Non… Bien sûr que non. Je ne t’en veux pas. Comment le pourrais-je ? »

    Je lui adressais un sourire, enfin. Ma voix était calme, ce qui me permettait de respirer en paix sans avoir à manquer de m’étouffer. Mes yeux retrouvaient peu à peu leur lumière. Je revenais à moi. Je me sentais mieux. En un instant, Silvio avait repoussé toutes mes craintes. Je n’étais pas seul à trouver dans l’ombre d’un gouffre ces bribes de passé. Ce terrain n’était pas inconnu de tous et quelques Guildiens passaient par là. Silvio aussi passait par ici. Mon brigadier comprenait mieux ainsi les paroles du haut prêtre de la congrégation de Joshi, lorsqu’il avait pour la première fois fait sa rencontre dans la chapelle du sanctuaire. La Guilde se gangrène de l’intérieure. C’était vrai. Silvio ne faisait que lui confirmer cette sinistre vérité. Il se sentait rassuré, alors comment aurait-il pu lui en vouloir ? Jamais.

    « Je me souviens de la maison à Trenton. Elle n’était pas bien grande pour une famille qui s’agrandissait peu à peu. Je dormais dans le même lit que ma sœur. April. Elle s’appelait April… D’habitude, c’était notre mère qui nous réveillait, mais ce jour là, ce fut lui. On partait. On déménageait. La situation serait mieux ailleurs, mon père avait trouvé une opportunité de carrière. Je me souviens de nos jeux d’enfants, j’entends encore ces rires innocents. Je sens les larmes sur mes joues, quand je cœur se fait lourd… Mais ce n’étaient que des caprices. Je n’ai même plus mal lorsque j’y pense… Ca fait bizarre, quand on est figé dans le temps à Nosco, de penser que l’on puisse avoir été qu’un enfant et qu’on n’était destinés à voir nos peaux se creuser de rides… »

    Je fermais les yeux, retrouvant toutes ses images dans mon esprit. C’était presque doux, ce passé d’autre fois. Je songeais encore au goût du chocolat, et aux bonbons. Nos jeux étaient tellement doux. Mais le temps de l’innocente enfance était révolu. Je n’étais plus ce petit bonhomme de cœur tout vibrant. J’avais à l’esprit d’autres choses, d’autres orgueils et d’autres ambitions. J’avais aussi d’autres sentiments. Silvio n’était pas une amourette qu’on embrasse une fois dans un coin de la cour de récréation pour ne pas que le surveillant ne nous prenne.

    « J’étais officier de police. Un pirate informatique de surcroît… C’est fou comme on reste inchangé de là bas à ici. Sensiblement les mêmes, différents en un même temps. J’étais fier de défendre mon pays, fier de défendre la loi, fier de lutter contre le crime. Et j’en ai commis moi-même un… »

    Ma voix s’éteignait, je trempais mes lèvres dans la tisane et j’en buvais une gorgée. Elle était chaude. Ca me faisait tellement de bien… Je me rendais compte que j’arrivais mieux à parler sans avoir le souffle coupé. Et je me plongeais dans mes souvenirs. Dans tous ceux là, le plus douloureux.

    « Je me souviens… Mes mains qui se serrent autour de sa gorge. Je l’entends hurler. Je le vois s’étouffer. Et je serre plus fort. Je le vois mourir sous mes yeux, et je ne fais rien… Je voulais le tuer… J’étais hors de moi. Quand j’y repense, j’ai envie d’hurler, j’ai envie de dire qu’il faut que je m’arrête… Mais je ne m’écoute pas… Je ne m’entends plus. Je suis fou. Je suis bien puni… C’est à moi d’étouffer quand tout se resserre autour de moi… Comme mes mains… Sur sa gorge… »

    Je tenais ma tasse plus que d’une main. L’autre se frottait machinalement contre mon pantalon. Elle était sale. Elle avait sur elle de la honte, elle portait la mort, elle portait le sang… Sale, elle était sale et je la détestais. De tout mon cœur, de toute mon âme, je la détestais. Je reposais ma tasse, elle menaçait de se renverser par mon agitation. Je ne l’avais pas finie, mais j’en avais bu beaucoup. Je me sentais mieux. Je revenais contre Silvio et je cachais mes mains sous la couverture. Je voulais les oublier.

    « J’ai encore beaucoup de choses dont je me souviens. Il y avait une fille… Mary. J’ignore si on avait des projets ou si ce n’était qu’une nuit. Je me souviens de sa peau, sous mes doigts. Je crois bien que je ne l’aimais plus… »

    Je fermais les yeux doucement. Je caressais du bout des doigts son torse, sous la couverture.

    « Et… Et toi ? Il y a quoi… Dans ton passé ? »

    J’osais lui demander, mais le ton de ma voix annonçait déjà qu’il n’était pas obligé de répondre. Son passé lui appartenait. Rien ne s’apparentait à un bâton pour le frapper si jamais il ne voulait pas parler. Je regardais vaguement devant moi, je vite, attaqué par mon passé. J’avais fait d’étrange choses autre fois. Et si je compte bien, j’avais passé le double de temps là-bas qu’ici. Je savais ma vie à Nosco bien remplie, il y avait donc encore beaucoup de choses que j’ignorais de ce moi qui m’était encore inconnu et que je tentais d’approvoiser, tout doucement.
Shane M. Lewis
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Message par Silvio Anthelmios Dim 17 Avr - 22:04

Je laissais un peu d'air à Shane, et il s'empara d'une tasse. Un sourire dut s'afficher sur mon visage. Il prenait conscience de son environnement. Il respirait plus calmement. Il allait aller mieux. Il semblait confiant. J'avais réussi une partie de mon travail, il me fallait cependant continuer. Pourvu que la tisane elle aussi fasse son effet ! Je ne touchais pas à la mienne, non. Pas tout de suite. En revanche, j'essuyais les joues humides, d'un revers de manche. Enfin, de poignet, mes manches étaient toujours retroussées, mon chemisier toujours à moitié ouvert. Là, sur ma peau, je sentais encore des endroits un peu frais où s'étaient posées les lèvres de Shane. Il avait même sourit. J'aurais pu fondre. Un sourire, quoi ! Je ressentais, bien sûr, un peu de fierté due à la réussite de mon entreprise. Il y avait du soulagement. De la joie. Une joie pure et simple. Il me souriait, j'étais heureux. Que demande le peuple ? Un sourire de Shane, j'en étais sûr, pouvait ramener la paix en Nosco. Les raz-de-marées faisaient demi-tour lorsqu'apparaissait cette petite ride au coin de sa bouche. Et moi, moi qui ne suis qu'un pauvre humain, un homme capable de sentiments, que je le veuille ou non, moi qui lui avait donné dans ma vie le rôle de mon coeur, de mon sang, je ne pouvais pas rester de marbre face à ce sourire. Je le lui rendais. Un sourire franc. J'ignore à quoi cela devait ressembler, étant donné que je n'avais pas l'habitude de sourire. Mais c'était pour lui dire que je le préférais ainsi, que je voulais le voir sourire tout le temps...
Alors je l'écoutais parler. Rassuré, vraiment. Il n'était plus dans cet état de fièvre qui m'avait fait si peur. Pensez-vous, j'avais eu peur qu'elle l'emporte ! Il était en vie, il semblait prêt à y rester, alors... Que voulez-vous que je vous dise ! Une partie de la pression et de l'angoisse en moi s'évanouissait peu à peu. Je l'écoutais. Dans un silence presque religieux. Je m'imprégnais de ses paroles. Il fallait que je me souvienne du moindre de ses mots. Ces souvenirs devaient être aussi importants que les miens. Il fallait que je voie, moi aussi, la maison. J'imaginais le visage de sa soeur, des traits proches des siens, une robe blanche, peut-être. Et Shane, enfant, tout sautillant, peut-être que lui aussi avait aimé les voitures...
Il ferma les yeux. Prédateur, je bondissais sur l'occasion et... Caressais sa joue. Héhé, tu ne l'as pas vue venir, celle-là, hein ! Je souriais, encore, malicieux. Sa joue, elle était toute belle. Toute lisse, sans tache, presque laiteuse. Qu'on me pardonne, elle attirait ma main comme du chocolat attire les enfants ! Ma pauvre main ne pouvait que subir le charme de Shane. Mes doigts s'approchèrent un moment de sa bouche, alors qu'il reprenait la parole. Officier de police ? Ca te ressemblait bien. Protéger la justice, la veuve et l'orphelin, et... Derrière un ordinateur, certes, mais cela ne changeait rien. Depuis que tu étais là, je n'insultais plus les informaticiens de lâches et de paresseux. Ma main descendit le long de son cou, sur son torse. Oui, tu l'avais tué. Etrange, j'avais l'impression, à travers ses mots, de pouvoir ressentir son souvenir. Il savait manier les mots, Shane. Pas moi. Un instant, je jalousais une Mary. L'instant d'après, j'étais ravi: il me préfèrait à elle ! Niark !
Re-levant les yeux, de son torse à son regard, je laissais un instant de silence, pour bien me souvenir de tout. Puis je fermais les yeux. Mes souvenirs...

"- J'ai beaucoup moins de souvenirs que toi. C'est beaucoup plus flou et incertain. Je me souviens de mon père, un mécanicien. Il réparait les voitures. Il y avait une forte odeur de pétrôle. J'aimais bien, cette odeur. Et les voitures, aussi. J'ai fini par prendre sa place, je crois. Après... Je sais plus trop ce qu'il s'est passé, j'ai fuit, je crois. Mes derniers souvenirs sont en ville. Je partage un appartement avec une charmante jeune fille, nommée Shelly."

Je souriais, comme si je faisais exprès de chercher à le rendre jaloux. Sans prévenir, je m'emparais de sa tasse et, sans en détacher ses mains, la portait à mes lèvres. La chaleur se répandait doucement dans mon organisme, et je sentais le miel sucré caresser ma langue.

"- Je l'aimais moins que toi, je crois. En tout cas, ça semblait plus... Sexuel. Mais je... Tu sais, Shane, je me demande si ce n'est pas elle que j'ai tuée. Je me souviens être allé au commissariat, mais je ne sais pas si c'était pour ça. En tout cas, je suis persuadé d'avoir tué quelqu'un. Une fille. Je l'aimais, je crois. C'est pire. Ca fait trente ans que je le sais... Trente ans que je regrette, que je fais tout pour me faire pardonner... Mais je crois que c'est impardonnable. Je l'ai tuée..."

Un vertige me prit, et ne me laissa donc pas plus de temps pour culpabiliser. Je lui laissai ma tasse et m'appuyai sur le lit, les yeux fermés. Qu'était-ce...? Les images me revenaient, précises. Vite, vite, que je les dise à voix haute ! Il me le raconterait ensuite !

"- Je me souviens... Allé faire les course, puis sorti... Dans une grande rue. Beaucoup de monde. Bousculade. Deux sacs pour les courses, assez lourds. Putain, une manifestation ! Pas que ça à faire, c'est déjà assez pénible ! Oui, on sait, le capitalisme c'est pas bien, mais vous avez vu ce qu'a fait le communisme ? Y a des bruits, j'entends crier. Je marmonne. On ordonne d'arrêter, mais ils arrêtent pas, ça serait trop beau ! Le visage de Shelly... J'y re-pense. C'est pour elle que j'avance. Hâte d'être à nouveau avec elle. Ca se bouscule un peu plus fort, mais je continue d'avancer, rien à faire. Des cris, encore, mais je réfléchis pas, je lève même pas le nez, je..."

Je secoue la tête. Brusquement, les images se sont arrêtées. Je respire un peu fort. Mes yeux reviennent vers ceux de Shane. Un peu perdu. Je me souvenais des images, mais elles étaient devenues floues. Mon discours avait-il été plus précis ?

"- Je... J'ai dit quoi ?"
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Message par Shane M. Lewis Lun 18 Avr - 22:58

    Je voyais son sourire, merveilleux sourire, et je parlais en toute confiance. Mes yeux finissaient par le regarder lui, comme mon unique source d’inspiration. Je haïssais certains de mes souvenirs. Je ne pouvais m’empêcher d’être ému par d’autre. Je n’aurai jamais cru pouvoir un jour parler librement de cela à quelqu’un. Je touchais quelque chose d’unique et de véritablement précieux. Avec Silvio, il n’y avait plus aucun tabou, ou si peu. Je pouvais lui dire ce que je voulais. Ma confiance en lui était indestructible. J’avais fermé les yeux et surpris, j’avais senti sa main sur ma joue. C’était tendre. Je laissais ses doigts s’approcher de mes lèvres. J’adorais ses mains. Je les idolâtrais. Elles étaient tendres et avaient cette fermeté et cette rudesse masculine. J’avais goûté à cela. Et j’aurais bien du mal si un jour, je devais sentir à nouveau des mains de femmes sur moi, ou celles d’un homme moins viril que lui. Non, vraiment, Silvio avait ce quelque chose de particulier. Je n’étais pas en sucre, mais s’il aurait voulu me tuer, me briser, il aurait pu le faire sans soucis. Je savais qu’il ne me ferait pas de mal, alors ce n’avait pas peur de ces mains, elles me protégeaient, alors je les vénérais. Et je les vénérais davantage encore lorsqu’elles caressaient ma peau. Silvio… Pose encore tes mains sur moi. Vois comme je frisonne. Vois comme j’en demande encore.

    Ses doigts glissent dans mon cou, sur mon torse. Je me sens ébranlé et je tiens bien ma tasse pour ne pas la renverser. Je lui parle de Mary. Mais elle n’est plus rien pour moi. J’ignore si elle avait seulement été un jour quelque chose à mes yeux. Et si ça avait été le cas, c’était du passé. C’était Silvio que j’aimais. Il me parlait de son enfance, comme je lui avais parlé de la mienne. Et j’imaginais un Silvio minuscule, des cheveux blonds et du cambouis plein le visage regardant son homme plus grand, travaillant sur ces machines qu’étaient les voitures. Il n’y en avait pas de telles à Nosco. On se déplaçait en velojet. Et rien n’avait l’odeur de l’essence.

    Je l’écoutais me conter ces merveilles et je me figer en l’entendant parler d’adorable petite Shelly. J’avais envie de lui arracher les yeux moi à cette Shelly ! J’affichais une moue boudeuse et renfrognée. Et puis je sentis ses mains (vous savez, celles que j’adore) se poser sur les miennes. Il portait la tasse –ma tasse- à ses lèvres et buvait. J’avais l’impression de le nourrir, et ça lui faisait du bien. Shelly ou pas Shelly, cette fille n’était que comme Mary, elle était restée de l’autre côté du mur. Et dans cette chambre, c’était moi qui tendais les bras pour qu’il boive et qui rougissait comme une écolière de cette scène. Je me sentais manipulé, utilisé. Et j’aimais ça. Il aurait pu faire de moi ce qu’il voulait, j’aurai rougi de lui avoir servi. J’aurais partagé avec lui toutes les tasses de tisanes qu’il voulait. Ce qui était à moi était à lui. Je m’en rendais compte. Il avait voulu me rendre jaloux avec Shelly. Mais il me rassurait par ce geste : sa vie, c’était avec moi et personne d’autre qu’il la partageait.

    J’étais pensif néanmoins. Sexuel ? Silvio avait eu une vie ainsi ? Lui qui était si prude, si loin de tout ça. Pendant trente années, il n’avait pas touché à la chair humaine. Il l’avait peut-être tuée, disait-il ? Ca expliquerait bien des choses. Les moines ne font pas tous vœu d’abstinence par amour pour le Christ. C’était parfois des vies ratées et des amours déchus qui poussaient à un tel comportement. Si c’était le cas, Silvio, j’étais ravi d’avoir pu te faire oublier cela.

    « Silvio… »

    Soufflai-je doucement dans le creux de son cou. J’étais venu me loger là, pendant qu’il parlait. Je trouvais du réconfort dans sa présence. Ca me faisait du bien.

    « Je crois que personne à Nosco pourra te le reprocher… Je me demande si… Cet endroit, ce n’est pas une seconde chance. Les autres ne savent pas ce que tu as fait de bien ou de mal. Tu es quelqu’un de tout neuf, avec des pages vierges sur lesquelles on peut écrire… »

    Je me levais du lit, brusquement, hors de ses bras et je revenais bien vite avec ce que j’étais allé chercher. J’ouvrais le feutre noir et je m’appliquais sur son torse à tracer ces courbes et ces lignes. Mais je n’eus pas le temps de terminer mon ouvrage. Mon Silvio avait l’air bizarre. Je restais immobile, les yeux rivés sur lui, cherchant ce qui n’allait pas. Il n’aimait pas mon dessin ? Non, il parla. Des choses. Comme un paysage. Je l’écoutais perdu, le marqueur dans les airs, tout aussi perdu. Et puis il semblait revenir à lui, me poser une question. Je ne savais pas quoi lui dire, alors je répétais :

    « Je… Je… Ne suis pas certain… Tu parlais d’une foule compacte qui manifestait contre le capitalisme… Bon sang, la politique a toujours fait des guerres. Les gens ne peuvent-ils pas se contenter de ce qu’ils ont ? Tu n’as pas l’air de les aimer… Du moins, tu as d’autres idées en tête. Tu penses encore à elle… Elle t’aide à avancer, tracer ton chemin. Elle te guide… »

    Je baissais les yeux. Elle. Etait-ce un appel du cœur ou de la chair ? Je terminais alors le dernier morceau au feutre noir. Ravi, je contemplais le « Jefferson » que j’avais tracé, sur une vingtaine de centimètres au niveau de son cœur, dans l’ouverture de son chemisier. Je lui donnais mon nom, mon vrai nom. Je voulais qu’il sache qui j’étais. Je refermais le bouchon et me mettais contre lui. Je fixais ces neuf lettres et je pensais à cette Shelly.

    « Silvio… Quoiqu’elle soit devenue, elle est restée de l’autre côté du mur… »

    J’allais mieux, c’était grâce à lui.

    « Comment t’appelles-tu ? »

    Lui demandais-je finalement. Je savais que j’étais Jefferson Wheeler. C’était comme des présentations, comme si Silvio me présentait quelqu’un.
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Message par Silvio Anthelmios Mar 19 Avr - 10:14

Une page vierge ? Un personnage tout neuf ? Etrange comme façon de penser. Pour moi, même si aux yeux des autres nous n'avions pas de passé, nous l'avions tout de même vécu, et il constituait notre être. Même si nous avions construit un nouvel être détaché de ce passé, les souvenirs que nous recevions n'étaient pas anodins, et ne devaient pas rester une charmante histoire que l'on se raconte avant de s'endormir. Notre corps et notre esprit avaient vécu ces événements. A nous de nous les approprier, de les utiliser, pour devenir nous-même, un mélange de cette expérience puis de l'expérience de Nosco: la distance, la remise à zéro, les idées Guildiennes, notre nouveau vécu. Je connaissais deux "Silvio", dans mes premiers temps en Nosco: celui tout neuf, tout blanc, qui s'était engagé dans la brigade pour maintenir la paix des civils, et celui qui avait tué quelqu'un, quelqu'un qu'il aimait. Mon premier souvenir n'avait été qu'une sensation. Plus que frustré, ce jour-là, j'en avais été malade. Encore tout jeune brigadier, on m'avait porté en infirmerie, fièvreux, nauséeux, et grelottant. Tout c'était mélangé en moi, mais une chose était sûre, désormais: j'avais la conviction d'être un assassin.
Comment voulez-vous considérer votre nouvelle vie comme complètement détacjée de l'ancienne lorsque vous êtes un assassin ? Shane avait bien dû le sentir. L'envie de ne pas recommencer, la peur, la crainte, le mépris de soi. Je m'étais traité de tous les noms. J'avais été un être qui avait tué... Mais le même sang coulait encore dans mes veines, c'était le même corps, la même âme, bien qu'elle ait tout oublié. J'étais coupable de ce que j'avais fait avant. Oui, Nosco ne connaissait pas mon crime. Oui, moi-même je l'avais ignoré. Mais il était là, cependant. Il existait, au moins dans ma tête, et dans ce "passé". J'étais toujours cet assassin, ce criminel. Entre-temps, j'avais changé, heureusement. Mais le crime était là et quelque chose en moi me poussait à tenter de me faire pardonner. Par qui, quoi ? Je ne savais pas. Une entité supérieur, peut-être quelqu'un qui ferait les comptes à ma mort. Peut-être ma victime... Aux yeux des autres Noscoiens, j'étais blanc, mais à leurs yeux, je le savais, je ne l'étais pas.
Cela voulait également dire que j'avais été cet enfant. Cela voulait dire que j'avais aimé Shelly, je ne pouvais pas le nier. Ce n'était pas l'amour que j'avais pour Shane, mais j'avais ressenti quelque chose. C'était fini, je n'étais plus amoureux. Les actes étaient là, bien sûr, et la même personne qui avait vu mon crime, celle qui faisait les comptes, avait vu ce que j'avais pu faire avec Shelly, et sans doute les bonbons que j'avais volé, enfant. Mais ces souvenirs-là n'influaient pas vraiment sur ma vie quotidienne. Même dans les bras de Shane, je ne pensais pas à Shelly. D'ailleurs, il avait sa tête dans mon cou. J'avais l'impression de pouvoir le protéger, quand il était comme ça. Petit être fragile, tout affectueux, tu as chosi le bon endroit ! Il y avait encore ce souffle qui réchauffait ma peau, avec un rythme régulier. Ce même souffle m'accompagnait depuis quelques temps, le soir, avant de dormir. Je le trouvais apaisant. Shane était là, vivant, calme, alors on pouvait dormir sur nos deux oreilles (de lapin). Le centre de ma vie, désormais. Si jamais je venais à perdre la mémoire à nouveau, je conserverais ce manque de Shane, j'en étais sûr, et continuerait de l'aimer, sans souvenir, puis avec.
Ah, mais il avait raison mon Shane. Une page vierge, oui... Mais prise au milieu d'un livre. Le début ré-apparaissait peu à peu, mais il y avait tout de même une césure entre le début et la re-naissance. A son oreille, je soufflais un petit "tu as raison"...

J'eus cet instant étrange durant lequel, justement, un de mes souvenirs me revint. Joshi avait-il senti que l'on parlait de lui ? On ne savait jamais, avec celui-là. Toujours était-il que, pour moi, le monde tournait un peu, tanguait. Mais cela restait supportable. Mes idées demeuraient floues, difficiles à mettre en place. J'écoutais mon homme. Pour le coup, Joshi, c'était un peu lui. Et il me parlait de Shelly. Parler d'une ancienne amie aussi proche était une chose, entendre Shane en parler, c'était presque regretter de lui avoir donné son nom. Allait-il être jaloux et croire que je ne l'aimais plus ? Je le sentis à nouveau contre moi, comme un grand enfant. Alors je le prenais à nouveau dans mes bras et cachais mon vilain nez dans ses cheveux.

"- Je sais bien, Shane, qu'elle est de l'autre côté du mur. Je ne l'aime plus. Il n'y a que le Silvio d'avant qui l'a aimée."

Je subtilisais discrètement son feutre. Oui-oui, discrètement. Mes derniers entrainements me poussaient plus à des gestes discrets, fourbes. Que voulez-vous, c'était ça, aussi, la montée en grade ! Bref, j'avais son stylo, et posais la tasse. et, sous le petit "Jefferson", je traçais maladroitement un petit "Shane". C'était plus beau que "Jefferson". Je n'avais pas bien connu ce dernier, mais le nouvel homme qu'il était...

"- Je n'ai pas encore de prénom comme celui-là. Juste Silvio. Ca me reviendra peut-être..."

Je me sentais épuisé, tout à coup, comme si la fatigue des larmes, du chemin avec Shane dans les bras et de la peur, retombait tout à coup. Mes chaussures valsèrent donc un peu plus loin. Je fis s'allonger Shane. Mes mains caressèrent son torse, leur future victime. Car en effet, désormais, je m'attaquais au feutre noir à son corps, et là, je marquais " Silvio", en toutes lettres. J'aurais aimé pouvoir dessiner autre chose, quelque chose qui irait avec ses ailes. Mais ça ne me vint pas à l'esprit. En revanche, j'eus la bonne idée de passer un fin coup de crayon sur mes dents, puis de venir le mordre doucement, là. C'était plus un suçon qu'une morsure, mais c'était fait: il avait ma marque ! C'était le mien, à moi !

"-On a quand même trouvé meilleur, comme goût..."

Une grimace. Le feutre, ça restait moyen. Sa peau, en revanche... Bref. Je re-fermais le feutre, le posais sur la table, avec la tasse. Puis, revenant sur lui, je laissais ma tête sur son épaule, non-loin de son coeur.

"- Je crois que c'est comme cela qu'on est le mieux...."


Comprenez que c'était ainsi, paisibles, confiants et amoureux, qu'on était le mieux. Je ne réclamais rien d'autre. Cet instant ne valait-il pas toutes les peines que nous avions eues ? Lui, moi, libres, seuls, personne pour nous empêcher de dire ou faire ce que nous voulons. Il aurait fallu que cela dire pour l'éternité. Ma main se posa là, à côté de ma tête. Il était mieux qu'un lit, pour dormir ! Plus confortable, plus chaud, plus rassurant. Sa présence était indispensable à mon être pour être serein, désormais. Non, sa présence était juste obligatoire pour ma survie.
Mais là, j'étais bien. Juste bien. Peut-être que, plus loin, les bruits de la fête continuaient, peut-être qu'Aaron avait fini en boxer sur la piste de danse... Mais je préfèrais être ici, loin de toute cette euphorie. Je fermais les yeux. faites que cela dure des siècles, des années...
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Message par Shane M. Lewis Mar 19 Avr - 22:38

    Je laissais un petit sourire s’installer, vous savez, le sourire qui n’apparait que sur l’un seul des deux coins des lèvres. Et bien, c’était à peu près cela. Il me confirmait ne plus l’aimer, que c’était du passé. Je savais que je devais lui faire confiance, et tout ça, mais je sentais comme un étrange soulagement à l’entendre prononcer ces mots là. Rah ! Il fallait que je croie bien plus d’avantage à son amour. Pourquoi avais-je autant peur qu’il ne m’aime plus ? Parce que ce que je vivais avec lui, c’était bien trop beau pour être vrai ? Oh… Certainement. J’avais toujours étouffé mes envies avec d’autres. Je savais que ça agaçait. Avec Silvio ce n’était pas pareil. Il comprenait mes caprices. Il savait que j’en avais envie, il savait que j’avais besoin de ces petits bonheurs pour être heureux. C’était la satisfaction d’avoir accompli quelque chose, d’avoir atteint un but (aussi futiles puissent-ils être parfois). J’étais le genre de personne à être frustré par l’échec. On ne pouvait pas toujours gagner, alors il me fallait mes caprices pour consoler et m’empêcher de sombrer dans la morosité. N’était-ce pas depuis que j’étais avec Silvio que j’avais pu m’épanouir professionnellement. Je me sentais moins frustré, j’avais d’avantage confiance en moi. J’avais l’impression de briller, et que c’était ainsi que Tristan m’avait vu.

    « Tu me le diras, quand tu le sauras, alors… »

    Je l’avais regardé écrire un « Shane » sur son propre torse et j’avais franchement souri. Je lui avais demandé son nom, il ne l’avait pas, ça viendrait un jour, je crois qu’on a toute l’éternité devant nous à Nosco. Je réalisais alors : il m’avait pris le feutre ! Je clignais des yeux, abasourdi, et je cherchais dans ma mémoire le moment où il avait commis son larcin. Mais je ne trouvais rien. Pas étonnant au fond : mon homme était le meilleur commandor de Nosco ! Je regardais les lettres de son prénom se tracer sur ma peau. Et vint cette morsure, laissant cette marque sur ma peau. Je frissonnais en sentant ses dents sur ma peau. J’avais poussé un petit gémissement, à mi chemin entre la douleur et le plaisir. Je passais mes doigts dans ses cheveux blonds. J’adorais et j’en voulais encore. Je ne réclamais pas pourtant. Il relâcha sa prise, je regardais ma marque : j’étais à lui. Je lui appartenais. J’étais sa propriété. J’avais signé ce contrat invisible avec lui quelques mois plus tôt déjà. Combien ? Je ne savais plus. Le temps passait si vite dans ses bras et si lentement en dehors que j’en étais déboussolé et j’en avais perdu toute notion de temps.

    On était bien là. Oui, on l’était, je répondais par un gémissement, un « mmh » qui voulait dire oui. Il avait sa tête près de mon cœur, et je fermais les yeux. Je me sentais mieux. Silvio avait le don de savoir me prendre à bout de bras dans les situations les plus désespérées et il me tirait hors de l’eau (non, pas ce que vous pensez !) quand je commençais à couler.
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