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Au hasard d'une rencontre

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Message par Allan Cadmun Sam 22 Jan - 23:45

Il y a en toute chose une part de hasard, et cette perle rare est une prouesse que le plus doué des stratèges n'égalera jamais. Sans avoir prétention au titre, lui qui n'aspirait qu'à raser les murs, Allan appréciait que tout ne soit pas figé, comme si dans cette laxité résidait tout ce qu'il demeurait de liberté en Nosco.

J'ai fait le tour de la ville et les issues sont bouclées. De ciel il n'y a pas, de terre moins encore. Ce gruyère aux allures d'égout ne mènera à rien de bon... Que peux-tu espérer trouver au fond, sinon des immondices ! Tu crois en ta liberté comme d'autres croient en Dieu ! Ou en Joshi !

Allan refoula sans peine ces souvenirs d'un autre âge, d'une époque où il aspirait à la fuite et à la vérité plus qu'à toute autre chose. Il avait désormais atteint le stade dérangeant où prostration et mensonge sont paradoxalement enviables et hors d'atteinte. Détenir sa clef ne lui avait pas apporté le moindre secours. Il aurait pu s'en douter. Il aurait du s'en douter. L'espoir avait balayé ce qui lui restait de bon sens, effacé les résultats évidents des désastres expérimentaux, et si Merio prétendait l'ignorer, Allan tirait fierté de n'avoir jamais fermé les yeux... Illusion que cela.

C'était l'un de ces jours où, lunatique, le haut prêtre errait par les couloirs sans parler à personne, certain que personne ne désirait l'entendre, songeant qu'après tout, il perpétrait peut-être à son tour sa propre erreur. Peut-être Joséphine était-elle dans le vrai... Vivait-on plus heureux, se sentait-on plus libre en ce temps-ci, à l'abri des discours subversifs qui fusaient du temps de Mério et Joshi, protégé non seulement des attaques des créatures mais des rumeurs de leur présence. Allan avait peine à se représenter cette sécurité, ayant trop contemplé l'autre côté du miroir...

Et voilà que ces pas le menaient à la chapelle, où il allait si peu, ne se repentant ni ne se confiant jamais. A Joshi, il n'avait plus qu'une seule parole à offrir, qu'il n'était pas encore en droit de proférer. Que filent les ans, en Nosco, la patience importait presque autant que le dogme.

La porte du fond grinça.

"Entrez"
déclara Allan. S'il parlait à un courant d'air il s'en moquait bien. Il eut été heureux d'accueillir le vent à bras ouvert, tant un mouvement d'air impliquais un ailleurs que celui qui n'avait jamais été Allan Cadmun sinon par l'usurpation d'un nom qui n'était pas le sien aurait brûlé de découvrir.
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Message par Shane M. Lewis Sam 19 Mar - 19:46

    Il y avait songé, ce jour-là, à mettre de côté ce qu’il croyait être vrai, ce qu’il avait trouvé de Nosco, ou ces choses dont il avait l’hypothèse, sans avoir pu prouver son théorème. Il avait donc une solution, mais pas le moindre axiome pour baser son jugement. Ses arguments pouvaient être contrés si aisément, et sa plaidoirie tomberait à l’eau. Eu égard de cela, on ne pouvait que comprendre que Shane vacillait entre le vrai et faux, le réel et l’illusion. Mais l’illusion pouvait cacher le réel, n’est-ce pas ? Alors qu’avait-il à perdre à marcher vers elle ? Ah oui. Le danger. Il y avait cette notion derrière cela. Sous un masque, on peut même n’importe quoi, bien ou mal. Shane avait donc laissé de côté cette notion du danger, et avançait d’un pas nonchalant vers le Sanctuaire de Joshi.

    Il poussa avec douceur la porte, un mouvement léger comparable au vent, il fut, dès lors, ébaubi qu’on le convia à entrer. Il se disposa à lâcher cette porte, retombée avec lenteur, comme poussée simplement par le vent. Il ne faisait que projeter cette action, mais il se rétracta et fit comme le lui avait indiqué la voix : il entra.

    C’était la troisième fois qu’il mettait les pieds dans la chapelle. La première fois n’avait été que par simple curiosité, il avait fait la rencontre du Haut-Prêtre de la Congrégation. La seconde fois fut pour l’attaque des créatures. Il avait été des informaticiens à avoir été rapatriés directement au Sanctuaire pour diagnostiquer dans les ramifications de la Guilde, le disfonctionnement qu’ils subissaient au sujet des ondes alphas. Et il avait passé de nombreux jours ici, enfermé. Pour un claustrophobe comme le mien, il lui avait fallu sombrer dans une semi-conscience pour ne pas céder à la panique. Il avait eu du temps pour méditer et se recueillir. Dans ce silence, les yeux rivés sur la voute, il n’avait eu de cesse de se poser des questions. Questions futiles et innocentes.

    C’était la troisième fois qu’il venait ici, tout simplement parce qu’après les interrogations vient le temps les réponses. Il avait des conclusions, un mémoire qu’on écrit juste pour ça, il avait son plaidoyer. Il voulait des objections, il voulait des répliques, des ripostes, des réfutations, des contre-arguments. Il voulait qu’on lui démolisse tout et qu’à défaut de lui dire ce qui est vrai (car la vérité était d’or à Nosco) qu’on lui dise ce qui est faux, qu’on lui rende ses ruines et il bâtirait un nouvel édifice. Ce serait uniquement un monument à détruire encore, s’il était fondé sur des erreurs. Ce serait, peut-être aussi, une construction qui, forte d’arguments, vivrait éternellement comme la lumière de la certitude et de la conviction.

    Il n’avait pas peur de l’échec, il n’avait pas peur de se tromper, il savait qu’elle ne pourrait que l’enrichir. Il entra donc, et la voix se révéla appartenir au Haut-Prêtre lui-même. Il n’aurait pu espérer meilleur adversaire pour abattre son étude avec une poignée de mots assemblés ensembles dans leur plus bel effet pour porter à vue un arcane ténébreux dont il faudrait briser le secret. Il avança, et la porte s’était close derrière lui, comme un piège qui se referme. Il n’avait pas sursauté, il avait fait abstraction du danger.

    « Bonsoir, Monseigneur. »

    Fit-il d’une voix assez basse, celle d’un apprenti qui rendait visite à un maître dans son art, et qui ne savait pas si la présence lui serait importune ou opportune. Cette gêne apparaissait dans ses gestes, il tenait son bras gauche avec sa main gantée droite. Un auto-contact n’avait de raison qu’un désir de se rasséréner. C’était le cas. Il cherchait à se prouver qu’il ne craignait rien, que le Haut-Prêtre n’allait pas sortir de derrière son dos une mitrailleuse Kalachnikov. Il se tranquillisa psychologiquement et fit l’effort de poursuivre sa parole :

    « J’ai passé du temps ici, au cours de la dernière attaque à me demander comment il pouvait y avoir ce genre d’incident. Je veux parler d’une panne d’ondes alphas. »

    Il marqua une pause, baissa les yeux, comme intimidé.

    « Car il n’y a bien que pour les ondes alphas qu’il y a des pannes en fait… La Guilde fabrique de la nourriture, il n’y a jamais eu de pénurie… En cas de carence, on remet les machines en route et voilà. Vous ne fabriquez pas les ondes alphas, n’est-ce pas ? Sinon, il n’y aurait jamais de panne… Enfin… Je voudrais seulement qu'on soit en sécurité à Nosco. »

    Plus il avançait dans son discours, et plus les doutes grandissaient. Il finissait même par s'égarer lui même.
Shane M. Lewis
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Message par Allan Cadmun Dim 10 Avr - 19:05

La silhouette hésitante qui s'immisça dans la chapelle, le haut prêtre la reconnut avec un rictus. Non qu'il soit friand de moqueries à l'égard de la Guilde, mais parce qu'ils se souvenait tout autant de Shane Lewis que des mots qu'ils avaient échangés. Dans sa lassitude affectée, il lui avait, sans ménagement, intimé de revenir lorsqu'il aurait compris.

Allan Cadmun ne se berçait pas d'illusions. A d'autres, il avait déjà tenu pareils propos sans qu'ils ne lui apportent jamais satisfaction. Et il ne lui avait aucunement interdit de revenir sans savoir. A son salut, le haut prêtre ne répondit que par un bref hochement de tête qui signifiait : maintenant que votre présence est chose entendue, ces salutations sont-elles bien nécessaires ?

« Alors vous n'arriverez jamais à rien, Mr Lewis. Car, par la volonté de Mério de Welfort, comment ne saura jamais de votre ressort. Vous eussiez été plus avisé de vous demandez pourquoi. »


Nullement décontenancé, Allan Cadmun faisait partie de ces gens avec qui il était aisé de deviser de tout et de rien. D'une patience et d'un calme renommés, sans la froide vengeance dont il poursuivait certains, on aurait pu croire que rien n'affectait ni ne blessait jamais le haut prêtre.

« Vous êtes naïfs. La Congrégation de Joshi crée les ondes alpha en flux tendu, elle les stocke alors et les expédie aux quatre coins de Nosco. Une seule erreur, un seul geste maladroit, le bris d'un container et c'est l'entièreté de la cité qui tremble. »


A dire vrai, Allan Cadmun aurait été amusé et agréablement surpris qu'un Guildien put détenir la vérité, là où même l'une des Sept aurait pu se laisser prendre au piège, si elle n'avait pas connu les rouages de la Congrégation dans les moindres détails. Le haut prêtre n'avait que faire qu'on éventât la vérité. Elle était si fragile et si démente qu'il suffirait de peu pour la balayer, pour nier les faits en bloc, tant rares étaient les êtres à pouvoir en capter l'essence et les desseins.

« Tant que les créatures sévirot en Nosco, nous ne pourrons prétendre à la sécurité. »
conclut-il sans la moindre animosité.

On eut pu même jurer qu'un éclair de malice brillait dans ses yeux sombres.
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Message par Shane M. Lewis Lun 11 Avr - 22:23

    Il est vrai que le savoir du comment ne lui appartenait pas. Il n’était qu’un Guildien, ce secret était entre les mains de la Congrégation de Joshi. Une sorte de paradoxe, mon brigadier le comprenait. Soit, alors il se demanderait pourquoi. C’était encore le même abîme d’incompréhension, un loup ouvrant sa gueule ostentant ce gouffre terrorisant. C’était son précipice, il avait marché trop près du bord. Les paroles d’Allan Cadmun fut le sort qui le fit glisser, et le voilà qui était au fond de l’abysse, comme on tombait dans les entrailles d’un monstre. Il était cette pièce qui tombe dans un puits, après qu’on eut fait un vœu. Quel était donc ce souhait d’Allan ? Sa chute le contentait-il ou voudrait-il le voir plus au fond encore de l’aven ? La voix de Shane portait comme un écho sur les parois de la cavité, mais ce n’était que la voute immaculée du Sanctuaire de Joshi. Il n’était pas tombé. Allan semblait le rattraper et répondre à la question qu’il aurait du poser. Serait-ce une main tendue ? Devait-il la saisir ? Oui, bien sûr, puisqu’il avait fait abstraction du danger.

    « En flux tendu. »

    Répéta-t-il perplexe comme si soudain, le Haut-être avait largué mon Shane au beau milieu du désert sans eau ni nourriture et qu’il entrevoyait un oasis, là bas. Etait-ce une illusion ? Vrai ou faux, il n’en avait que faire. Il avait décidé de marcher droit devant lui, et ça ne comptait pas qu’il ait à user de ses dernières forces pour cela.

    « C’est une stratégie de production très risquée. Monseigneur, je suis informaticien de la Guilde. Je connais oméga depuis peu, c’est grâce à ce réseau que nous envoyons les ondes alpha que vous mettez à notre disposition dans nos divers locaux. Nous travaillons également en flux tendu. Mais c’est une stratégie pour laquelle nous n’avons pas fait le choix. Elle nous est imposée par la rareté des ondes alphas. Je me demande alors pourquoi vous, vous avez fait le choix de cette stratégie. Personne ne vous impose un flux tendu. Il suffirait d’avoir suffisamment d’ondes alpha pour paralyser ces créatures et s’en débarrasser une bonne fois pour toutes. »

    Pour Lewis, la déduction avait été rapidement faite. Allan Cadmun avait fait le choix du flux tendu pour préserver la Congrégation de Joshi. C’était une protection, une menace, une épée de Damoclès au dessus de chaque Noscoien. C’était une terrible malédiction. Si les ondes alpha avaient été données en qualité bien supérieure que suffisante, stockées comme il le fallait, la Congrégation pourrait trembler d’un assaut de la Guilde, puisqu’il n’y aurait pas de barrière. Il n’aurait fallu que piller le Sanctuaire et trouver ce fameux secret.

    « Cela vous semble-t-il amusant de jouer avec nos vies ? A moins que je ne me trompe encore. »

    A moins que la stratégie de flux tendu de la Congrégation n’ait elle aussi pas été choisie, mais bel et bien subie. Et pourquoi ? Et comment ? Encore des questions qui trainent et Shane se savait encore bien ignorant. Quel gouffre infecte si plein d'inocence. Il ne voulait plus être inocent. Il avait trop souffert de la dernière attaque pour accepter que son sort et celui de ceux qu'il aimait dépende du hasard.

    « J’étais ici, lors de la dernière attaque. J’étais de ceux qui ont diagnostiqué les ramifications Guildienne de distribution des ondes. Je n’ai rien trouvé chez nous. La panne venait de la Congrégation. Alors… Qui a fait cette erreur ? Qui a fait ce geste maladroit ? Cette personne a-t-elle seulement le sommeil troublé par les 57 morts Guildiens qu’elle a sur la conscience ?! »

    Ce fut cette dernière question qui fut prononcée entre ses dents, comme un signe de rage contre ce qui s’était passé. 57 MORTS ! 57 ! Pour mon brigadier c’était inadmissible. Oh ! Bien sûr, il n’était personne pour juger de ces grandes choses. Il aurait bien mieux fait de se taire, baisser les yeux et attendre que vienne son tour, sonheure, sa mort. Mais il était humain pour juger de la perte causée par cette dernière panne.

    « Vous pouvez blâmer le combat qui nous oppose à la Confrérie, alors que, si vous avez choisi le flux tendu, sauf votre respect, Monseigneur, vous êtes un assassin. Vous tuez vos frères ! »

    Il paierait probablement cher pour ces mots, il s’en voulait déjà de les avoir prononcés. Néanmoins, dans l’esprit du brigadier, ils étaient justifiés. Si Allan prenait le risque du flux tendu par volonté, il était donc en partie responsable des morts au cours de cette dernière attaque. Et Shane était déjà hors de lui. Il savait qu’il aurait du se calmer et Ô combien se taire, mais il était un humain, et il avait des sentiments qui avaient été durement éprouvés par le bilan de l’attaque.

    « Pardonnez, Monseigneur, mon emportement et mon impétuosité. Par delà la haine vouée à la Confrérie, il y a d’autres sentiments bien plus louables dans nos cœurs. Et c’est de ceux-là que nait mon accès de colère. Je voudrais crier vengeance, mais elle serait vaine. Elle ne me les ramènerait pas. Il n’existe rien qui puisse apaiser ce grondement. Alors, par pitié, jamais plus… »

    Plus jamais de panne, plus jamais ces monstrueuses créatures. Etait-ce si chimérique que cela ? Il avaitle nez rougi, des yeux implorants et la voix qui tremble. Il ne céderait pas à la peine. Il était un soldat, fier, et droit. Il n'en avait pas le droit.
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Message par Allan Cadmun Sam 16 Avr - 12:53

Allan Cadmun n'avait jamais pu se décider sur un point : appréciait-il dédaigneusement ou détestait-il cordialement les gens de l'espèce de Shane Lewis ? De tous temps, il avait estimé les esprits affutés, rendant grâce à la pertinence de leur raisonnement et à la justesse de leurs intuitions. Seulement, savoir qu'autant d'efficacité, qu'autant de brillance intellectuelle était assujetti et bridé aux valeurs d'un ordre qui détournait ses membres du sain cheminement d'une pensée individuelle demeurait définitivement navrant.

« Je vous en prie, monsieur Lewis. »

Le haut prêtre avait une manière détestable et avilissante d'employer les titres de ses interlocuteurs pour les toiser.

« Laissez à d'autres le confort de croire que je ne suis qu'un mystificateur versé dans quelque théologie occulte. Sans exceller en tout, vous conviendrez que je suis un piètre lecteur de psaumes. Ne m'assommes pas de ronflants discours sur des choses dont vous ignorez jusqu'au fondement. J'ai caressé ce rêve que vous évoquez, mais Nosco a grandi dans le havre que nous avions édifié, dépassant nos capacités de production. »

Le haut prêtre accueillit d'un soupir les accusations éhontés du Guildien.

« Non, pas le moins du monde. Mais j'ai appris à rire jaune des folies de vos pairs. »


Allan Cadmun rit, et cela n'avait rien d'agréable à entendre. L'heure n'était pas encore venue de lui révéler la vérité, bien que la tentation fut forte.

« Egoïste. 57 Guildiens sont morts, les autres vous importent bien peu ? Combien de mes frères, et je ne parle pas des Frères de la Congrégation, car en ce temps elle n'existait pas même à l'état de chimères, sont morts, à votre avis, des coups des créatures ? N'avez-vous jamais trouvé étrange que de mon temps et de celui de Joséphine il en reste si peu ? Le nombre d'oubliés n'a pas sensiblement augmenté, comme se plaisent à le raconter certains, c'est le nombre de morts qui a décru. »


Il n'y avait pas de rancune, juste une lassitude palpable dans les mots du haut prêtre. Il avait trop vécu pour que sa patience fléchisse fasse à la fougue rageuse de la jeunesse. Et qui donc était vieux, en Nosco, sinon lui, et la puérile impératrice ?

« Je ne suis pas né d'hier, Shane Lewis, et si je confiais le secret des ondes alpha à la Guilde, il y aurait plus de 57 morts en Nosco. A moins que vous déniez l'humanité tant des Frères de la Congrégation que des Rebelles tapis dans les entrailles de la cité ? »

Allan Cadmun regarda longuement le Guildien sans mot dire. Lorsqu'il parla, ses mots étaient tout dépourvus d'humour ou d'ironie.

« Vous n'êtes pas sots. Vous devriez vous allier aux Rebelles. »


Conscient que ces mots éveilleraient la révolte et prêteraient à ambiguïté, il reprit à contrecœur, comme si chaque mot qu'il prononçait était une gemme perdue lâchée au fond d'un puits.

« Je ne parle pas de la Guilde, non pas. Je parle de vous. Si le sort de Nosco vous importe, si vous prenez votre devoir à coeur vous devez avoir conscience du fait que dans nos souterrains, certains circuits font doublon. Si vous parveniez à allier ne serait-ce qu'une partie du maillage de la Guilde à celui des Rebelles, nous ferions d'énormes économies. Nous disposerions de nouveau d'un stock susceptibles de parer aux accidents, et nous pourrions reprendre le projet d'emmagasiner suffisamment d'ondes alpha pour affronter les créatures et découvrir leur source. »

Un rictus sardonique aux lèvres, Allan Cadmun fixait désormais Shane avec une expression de défi, se demandant malgré lui si le Guildien avait l'audace de ses actes ou seulement de ses mots, s'il avait, davantage qu'à leur première entrevue saisi un peu plus du fonctionnement de Nosco.
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Message par Shane M. Lewis Sam 16 Avr - 22:42

    Il ne devait pas croire que le Haut-Prêtre était l’enfant du mystère ? C’était assez osé de songer cette fantaisie puisse être vraie. Allan Cadmun inspirait par sa seule présence toute une sorte de Bible qu’on devait lire entre les lignes pour espérer percer dans l’ultime vérité. Alors, ne serait-ce donc pas à la porte de cet homme qu’il fallait frapper ? Il semblait pourtant tout savoir. Il gardait la clé de l’énigme pour lui-même. Auprès de qui devrait-il alors quémander pour qu’on cesse enfin de lui occulter la vérité ? Personne ne portait aussi bien l’habit que celui à qui il faisait la conversation depuis quelques minutes déjà. Les apparences avaient-elles véritablement l’atout d’être trompeuse ? Auquel cas, il se heurtait à un mur, comme on tente de percer un barrage. Il ne savait pas ce qui se cachait derrière : l’abondante eau de la révélation, ou la plus aride des sécheresses. Certainement avait-il tord. Il demeurait néanmoins persuadé que s’il perdait du temps à chercher quelle porte ouvrir parmi les milliers qui s’offraient à lui, il aurait passé la moitié de sa vie à chercher à devenir devin. Les portes étaient closes, il ne pouvait pas savoir à l’avance ce qu’il trouverait derrière. Il aurait été plus sage de se poser un instant, méditer et voir en soi-même quel serait le meilleur des choix. Il n’y avait pas de meilleur choix. Les possibilités étaient toutes égales. L’unique paramètre amovible était la solution. Il l’ignorait.

    « Je n’ai pas même vécu la moitié de vos jours. Je n’ai pas vu la moitié des images que vous avez eues sous les yeux. Je ne peux parler de ce que j’ignore. Seulement, je suis tellement dénué de savoir. Devrais-je me taire ? Ma candeur n’est pas à la hauteur de tant de bavardages. Je vous prie de m’éclairer. Je vous serai gré de m’informer si mes paroles sont erronées. »

    S’il avait des lacunes en ce qui concernait le monde même de Nosco, il était tant d’effacer et de faire place à autre chose. Il avait, à son arrivé à Nosco, subi le même interrogatoire que tout nouvel oublié passant à l’administration pour s’enregistrer. De toutes ces questions, la Guilde avait fait un rapport. Shane était un bon informaticien, il avait retrouvé cet honteux fichier. Pour avoir été parrain de nombreuses fois, aussi, il savait comme les nouveaux oubliés étaient enrôlés dans la doctrine Guildienne. Combien de fois Shane avait couvert de louanges l’Impératrice ? Non pas qu’il ne croyait pas lui-même en ce qu’on rapportait de grandiose au sujet de sa Majesté, mais il savait bien qu’il colportait un message, l’ancrait dans l’esprit modelable de ces nouveaux, pour les forger à l’image de la Guilde, avant qu’un autre camp ne le fasse. Aujourd’hui, Shane n’était plus cette âme innocente à qui on pouvait dire ce que l’on souhaitait. La propagande restait tout de même omniprésente chez lui. Toutefois, il avait envie d’un flirt avec Dame Vérité.

    « Il y avait, jadis –loin de moi l’envie de vous offenser, mais de ma courte existence, votre temps m’est lointain et révolu-. Il y avait jadis Nosco. Elle avait un visage tout autre. Vous m’aviez parlé des De Welfort. Il n’y avait pas de clans en ce temps, mais plus de morts de toutes évidences. Le temps a passé, il y eut des histoires que je méconnais, des rivalités que je ne discerne pas, des complots et des mutineries dont je n’ai nulle possession. Il y eut des pactes stratégiques pour fixer Nosco en précaire équilibre. »

    Shane devenait un écolier qui avait sagement appris sa longue leçon. Il en ressortait à son professeur le récit appris par cœur. Il attendait des corrections. Il était un élève, et par nature, il devait faire des erreurs et c’était au maître de les corriger. Si l’apprenti faisait trop de contre-sens, d’étourderies et d’aberrations, le précepteur, couvert de désespoir, irait voir ailleurs s’il n’y avait pas un autre corps d’avenir prometteur. Shane tâchait d’être juste.

    « Nous nous sommes installé. Ne comptait plus pour nous le besoin de survie. Cette denrée nous était acquise, il fallait améliorer encore un peur plus. De la grandeur en ce monde terrifiant. Remplir les cœurs d’espoir et chasser les pleurs, la peine et la terreur. Fut-ce une erreur, Monseigneur, que d’avoir voulu un monde meilleur ? Egoïste, le serais-je encore si je vous disais avoir trouvé un environnement stable ? Egoïste, le serais-je encore si je vous disais avoir des projets ? Je suis certain que la vie dans les entrailles de la cité n’est pas aussi parfaite que cette que nous connaissons à la surface. J’insiste néanmoins sur un point : ils ont fait le choix de partir. La Guilde les accueillait en son sein, ils ont pensé trouver mieux qu’avec nous. Je suppose donc leur plénitude. »

    Dans le bas murmure de ses pensées, il réfléchissait encore à ses propos.

    « Non… En fait, nul n’est heureux d’être l’assassin de ses frères. On en oublie même l’humanité lorsqu’on songe à vengeance. Le temps file, et il n’est plus possible de savoir qui se venge de l’autre. La vengeance est devenue mutuelle. C’est un cercle sans fin. Le temps court et l’on cherche l’amélioration, la productivité. La population est d’avantage protégée qu’autrefois. S’il y a une attaque de créatures, la population est acheminée vers des bunkers qui n’existaient pas autrefois. Et la population s’accroît, la ville enfle. Dessus et dessous la terre, ça fourmille. Et vous, dans tout cela, Congrégation de Joshi, vous devez suivre. »

    Il baissa les yeux, perplexe et pensif. Lorsqu’il releva le nez, ce fut avec une sorte de lumière dans le regard, celle d’une idée qui germe et qui grandit. Il avait certainement les idées fausses, mais il était ici pour apprendre, il n’avait pas la science infuse et le véritable maître ici, c’était Allan Cadmun.

    « Mais vous n’y arrivez pas. Pourquoi ? La population a augmenté, nous produisons d’avantage de nourriture, d’avantage d’énergie pour alimenter les bâtiments, d’avantage de services, d’avantage et toujours d’avantage. Alors pourquoi pas d’avantage d’ondes alpha ? Je pense comprendre. Vous ne l’avez pas choisi, alors, le flux tendu. Vous le subissez. Ai-je tord ? Lorsqu’on fabrique une substance, on peut en fabriquer autant que l’on veut pourvu qu’on ait suffisamment d’ingrédients. »

    Il se tut, laissant place au silence. Il rassemblait ses brouillons, ses esquisses éparpillés un peu partout dans sa tête. S’il voulait voir toutes ses idées, il lui fallait les placer de cette façon là. Cette fois, il tentait un édifice, il rassemblait ses notes gribouillées sur un morceau de pensées.

    « Un fruit ne connaît sa rareté que de la rareté même de son arbre. »

    Le fruit, c’était les ondes alphas. L’arbre, c’était ce qui permettait d’avoir les ondes alpha. C’était une chose singulière et insolite, quelque chose dont la Guilde ne pouvait pas avoir idée, sans quoi elle pourrait fabriquer ses propres ondes alpha. Si tel était le cas, la Congrégation cachait cet arbre (ou tout autre qu’un arbre pourvu que ce soit l’essence des ondes).

    « Vos Frères doivent être de bons jardiniers… »

    Termina-t-il, méditatif. Les paroles du Haut-Prêtre lui revenaient en mémoire : le comment ne serait jamais de son ressort. Cette discussion n’avait pas lieu d’être. Il n’était qu’un Guildien de plus à exposer une théorie étrange. Il laissa de côté cette palabre. Un jour peut-être, il reviendrait dessus.

    Les derniers mots du prêtre déclenchèrent une expression scandalisée sur mon brigadier. S’associer aux rebelles ! Ok, Shane était masochiste, c’était un fait. Mais s’était se pousser au suicide qu’un tel acte. C’était donner l’épée qui lui trancherait la tête. Il fallait être fou. Les explications se poursuivirent, éclairant le chemin sombre qu’Allan avait montré de prime abord. Il y avait, là, de vielles toiles d’araignées, des trous caché par l’obscurité et la sournoiserie sentait à plein nez. C’était un guet apens. Mais si ce chemin existait, c’est que quelqu’un l’avait creusé. C’est qu’on l’avait utilisé autrefois. Oui, au temps où la population de Nosco dans son entièreté était soudée. On ne connaissait pas encore le confort des vies d’aujourd’hui. C’était différent, mais on ne semblait pas manquer d’ondes alphas. Aujourd’hui, pour faire des économies de ces si précieuses ondes (puisqu’il ne semblait pas possible d’en fabriquer d’avantage) il y avait deux solutions. La première consistait en une cohabitation. Rien que d’y penser, Shane en riait déjà. On se lèvera dans la nuit pour égorger l’ennemi au lit. Nosco serait un danger permanant. Ce ne pouvait être ainsi. La seconde qui venait à l’esprit de Shane était une simplification du réseau de distribution des ondes alphas. Mais pour cela, la Guilde connaitrait l’emplacement des bunkers rebelles. Ce qui était tout aussi problématique que la première solution. Shane baissa les yeux, secouant la tête de gauche à droite en signe de désespoir :

    « Pour qu’il n’y ait plus ces doublons, il faudrait qu’il n’y ait plus de guerre. Et je… Je ne suis qu’un informaticien. Je suis un brigadier de surcroît. »

    Ils le prendraient pour un traître. Ce serait faux, son but n’aurait été de sauvegarder des ondes alphas. Il serait condamné avant même d’avoir vu croître un noble projet. Son enfant serait mort né, et lui avec. La moindre ébauche de pacte avec les rebelles ne serait qu’un contrat qui entrainerait sa propre mort. Il aurait peut-être bien donné sa vie pour un tel projet, mais que Joshi fasse de sa mort quelque chose d’utile. Ce ne serait pas le cas. Sans subtilité, sa mort serait vaine. Il baissa les yeux, rassembla son courage. Il pouvait au moins tenter une discussion avec les rebelles. Modifier la carte de distribution des ondes alphas pour les acheminer vers les bunkers rebelles, démolir ces doublons qui créaient une perte d’ondes alphas, et parvenir à cacher tout cela à la Guilde, être le seul à savoir. C’était Ô combien dangereux et Ô combien risqué. Mais possible. Possible si on prévoyait un plan de secours pour les rebelles si jamais la chose était découverte et… Bon sang, il était en train de penser à sauver les rebelles, là ? Non, c’était du grand n’importe quoi, il ne pouvait pas, il ne pouvait pas !

    « J’ignorais que vous nourrissiez de sombres illusions. Vous savez aussi bien que moi, si ce n’est mieux, qu’aucune paix n’est possible. Pas même pour mettre fin à l’existence des créatures qui hantent le réseau sous-terrains… »
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Message par Allan Cadmun Dim 17 Avr - 17:20

La connaissance était une arme, une arme à double tranchant que le haut prêtre avait appris, non à manier mais à apprivoiser, conscient qu'elle pouvait blesser ceux qui la détenait. Il avait conscience qu'une part de son raisonnement put être répréhensible, et avouait sans peine que dans un monde idéal il aurait fait bien moins de cachotteries. Ce n'était pas lui qui avait instauré la Guilde ou créé les rebelles, pas même lui qui avait eu l'idée de la Congrégation. Il en avait regroupé les membres sous une bannière unique, mais il ne considérait pas les fervents adeptes de Joshi comme un mal en soi, soit qu'il soit assuré qu'ils pouvaient encore se fondre dans la société noscoienne sur un ordre de sa main, soit qu'il eut trop appris à compter avec eux pour voir en eux des gens irrémédiablement rangés à la sagesse de sa cause.

Allan Cadmun adressa un geste au Guildien, l'invitant à poursuivre, taisant l'évidence des mots qu'il n'avait pas et qui se résumaient par : « Parlez donc, si cela vous apaise. Pour ma part, je suis las de vaines paroles. » La patience légendaire du haut prêtre s'émoussait à l'approche des longs discours. Peut-être avait-il été plus idéaliste avant, à l'époque où ils l'étaient tous, où ils pouvaient se targuer d'être plusieurs à l'être. Désormais, il préférait se taire, et garder l'essentiel aux seuls à même de le comprendre, bien qu'ils fussent trop rares.

« De passé vous n'avez plus, ni ici, ni d'ailleurs. Vos pairs ont édifié barrières et remparts pour vous protéger des créatures, pour les extraire de votre quotidien, pour les effacer des journaux, de telle sorte que vous avez remisé au passé cette menace latente. Notre histoire n'est pas morte tuée par la course inexorable du temps, mais poignardé par l'orgueil de vos contemporains qui se croient d'autant plus instruits qu'ils n'ont rien retenu des leçons du passé. »

Seule l'austérité naturelle d'Allan Cadmun donnait à ses paroles ce ton sentencieux, lui même évoquait le sujet avec une distance affectée, comme s'il évoquait l'éloignement d'un vieil ami ou la perte d'un chaton. L'assurance de Shane le fit sourire, c'était celle d'un universitaire aguerri, d'un homme qui pouvait énoncer fièrement « la chose est fondée, je l'ai lu dans un livre. ». Le haut prêtre aimait cette vision de Nosco, candide, aventureuse et mystérieuse. Un monde en proie au chaos et aux luttes intestines, où la frivolité et la rage humaine battaient leur plein. Seulement, il n'en avait pas été ainsi. Il y avait toujours eu des meneurs, car chaque être aime se sentir rassuré en temps de trouble. Il y avait eu d'autres Joséphine et d'autres Joshis, moins habiles, moins chanceux, et les créatures les avaient eu. Il y avait eu les De Welfort et dame Fortune leur avait souri, et, sur la sécurité établie par Joshi, il avait scellé les bases d'un empire à venir. Un empire. Non, il ne laisserait pas Shane Lewis réécrire l'histoire, c'était avec l'avènement de Joséphine qu'avait été intronisé l'orgueil, pas avant.

« Si vous suffit la survie dans votre tour d'ivoire, une seule question m'habite : que faites-vous ici ? Je transporte peut-être des rêves d'un autre âge, mais nous autres avions la folie de désirer la vie, une existence pleine et entière, dépourvue des périls de notre temps et non simplement nappée d'un tissu de mensonges bien pensants. Vous êtes égoïste car humain, vous avez choisi de fermer les yeux pour vous concentrer sur votre nombril, sur le confort de chaque jour, sur vos ambitions et vos loisirs. »

C'était là le véritable pouvoir de séduction de la Guilde. Les Rebelles offraient une liberté intellectuelle qui n'aurait pas fait frémir le quidam moyen seulement, une existence poussiéreuse dans les entrailles de Nosco ne faisait rêver que les plus audacieux noscoiens. Et encore, Allan aurait parié que certains s'engageaient par soif d'ambition ou d'aventure pour s'illustrer dans ce microcosme sous-terrain plus que pour défendre le droit pour chacun de rêver à sa guise. Car après tout, il suffisait jamais de se taire et de rester dans le rang pour contenter la Guilde.

« La différence, avec moi, me demanderez-vous sûrement, c'est que personne ne m'a jamais poussé dans cette voie. J'ai pris le parti d'agir seul faute d'en trouver aucun meilleur, j'ai endossé le rôle que m'a confié Mério faute d'avoir su me dérober, par crainte de ce qu'il serait advenu de Nosco si un autre que moi s'était emparé de cette source de puissance. En un sens, je détiens Nosco, nos vies et nos rêves, Shane Lewis. Aussi croyez-moi, lorsque je vous dis n'avoir aucun intérêt pour vos luttes intestines, car si tel n'était pas le cas, il n'y aurait plus ni Guilde, ni Congrégation, ni Rebelle depuis longtemps. Je suis égoïste car solitaire, sauf que j'ai décidé de prendre en compte Nosco dans son ensemble. »

Cette prise de position, le haut prêtre avait parfois du mal à l'admettre lui-même. Certaines idées de la Rébellion étaient dangereuses, il le savait, et pourtant, il leur permettait de persister dans leur folie. Peut-être la réponse était-elle plus simple qu'il n'y paraissait : il avait connu Nosco unie, les Rebelles demeuraient la partie indissociable d'un tout.

« Quand à votre charmante histoire, elle émouvrait certainement des coeurs moins arides. J'ai pêché par sottise : je croyais que vos livres d'histoire avaient l'honnêteté de narrer comment la Guilde avait noblement offert Ian Merling en pâture aux créatures. »

Pourtant, cette histoire figurait dans les faits d'armes de Judikhaël Wienfield, lequel avait contribué d'une fort ingrate manière à la survie du leader rebelle. Vaste farce que tout cela, aux yeux d'Allan, mais il s'étonnait de voir le Guildien minimiser les faits de la sorte.

« Vous l'avez dit avec vos mots, mon temps a passé. Il n'y aura pas d'autre Joshi. Nous vivons dans un univers aux ressources limitées, dans un espace clos. De nombreux matériaux nous manquent et nous avons appris à jongler avec ces contraintes quotidiennes. Il en est de même pour les ondes alpha. Je ne vous dois rien, ni à vous, ni aux Rebelles, ni même aux Frères de mon ordre. S'il me fallait périr, mon successeur se verrait libre d'agir à sa guise, car hormis mes propres résolutions, nul engagement ne me lia jamais à Mério sinon celui de conserver le secret des ondes alpha et de le garder hors de portée de Joséphine. »

Cela pouvait paraître affreusement cruel et désintéressé de la part de Mério de Welfort... Sauf lorsqu'on gardait à l'esprit qu'il avait quitté Nosco. Il n'était pas mort, simplement, non, il était parti...

« La productivité de Nosco a augmenté, certes, mais avant tout par économie et gain de qualité. Irait-on pour autant jeter la nourriture par les fenêtres et abattre les rares arbres de Nosco ? Sûrement pas. Oui, nous sommes limités et perdants. La protection des Rebelles coûte bien plus en ondes alpha que celle d'autant de Guildiens. Si vous aviez eu conscience de cela, si la Guilde avait eu le dessein de vaincre ou de rayer de ses préoccupations la menace des créatures, vous auriez fait un geste envers eux. Mais vos pairs préfèrent croire que les ondes alpha ne manqueront jamais, qu'il leur suffit de s'acquitter d'une taxe dérisoire pour en jouir autant qu'ils le voudraient. »

Trop avide de réponse, le brigadier virevoltait comme une girouette, arguant d'une chose puis de son contraire, aussi égaré qu'un jeune oublié.

« Qui vous dit que je ne suis pas le sombre individu que vous dépeignez, à même de priver volontairement Nosco de ce qui lui fait le plus défaut ? Vous ne pouvez me choisir à la fois avocat et témoin. »

Il poursuivit son raisonnement à haute voix et Allan n'y prêta qu'une oreille distraite. N'avait-on jamais précisé combien le savoir était dangereux, et combien le haut prêtre en était précautionneusement avare ?

« Si vous voulez parler jardinage, vous seriez plus avisé de rencontrer Artèmîa. »

Devant la rebuffade éhontée du Guildien, Allan se fendit d'un rictus sardonique.

« Effectivement, c'est tellement naturel d'être en guerre avec ses voisins, je m'étonne que nous n'y ayons jamais pensé. »

Le haut prêtre eut un regard entendu, un regard qui signifiait « Arrêtons-là, convenons que vous n'êtes qu'un lâche et que vos actes ne seront jamais à la hauteur de vos paroles. »

« De sombres illusions ? Mes pensées sont on ne peut plus claires ! Je n'ai pas l'habitude de vivre avec des oeillères. »

Certes, il jouissait d'un avantage indéniable : il ne se trouvait personne en Nosco pour lui ordonner de se taire ou de penser autrement.
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Message par Shane M. Lewis Dim 17 Avr - 21:34

    L’Histoire avec un grand H prenait une autre dimension avec Allan. Elle disait tout ce que les livres ne disaient pas, tout ce qu’ils occultaient. Jamais dans aucun dossier sur Alpha ou Bêta, ni dans aucun journal officiel, il n’avait entendu de pareils mots, de pareilles phrases. Les faits semblaient les mêmes. C’était un subjectif qui apparaissait ou disparaissait pour laisser place à une seconde version. C’était d’un langage si étranger à mon brigadier. Chaque mot, chaque fait, chaque acte trouvait une traduction des plus étranges. Il arrivait à l’informaticien de foncer les sourcils parfois, en entendant les répliques d’Allan. Il ne voulait pas perdre le fil, mais le Haut-Prêtre prenait un malin plaisir à le faire tourner comme une girouette. Il en aurait été étourdi. Il tournait sur place, il en avait le vertige. Mais il ne voulait pas tomber. Il ne voulait pas lâcher. Il s’accrochait à ces mots étranges, il s’accrochait à ses paroles et les mettait en parallèle avec ses propres connaissances.

    A mesure que les palabres se suivaient, un grondement sourd se faisait entendre en Shane. C’était une sorte de rage, une sorte de révolte qui lui était encore inconnue. Il aurait voulu savoir ces choses forgeaient Nosco, comprendre ses mécanismes. Il voulait savoir ce qui la faisait grandir et ce qui la détruisait. Mais comme il aimait parfois sa cécité. Lewis était Guildien, toujours, il avait suivi corps et âme les préceptes de la Guilde. Au début, c’était facile. Il suffisait de se poser et prendre son temps, obéir aux règles pour être bien vu, se faire des amis, travailler pour avoir une meilleure situation. Et puis lorsque tout cela est fait, que reste-t-il à faire ? Les contes de fées ne se lisent que par les enfants. Autrefois, c’étaient de belles histoires. Aujourd’hui, ce sont des morales. Demain, que serait-ce ? Foutaise ?

    Aujourd’hui, il ne pouvait plus se contenter d’être aveugle. Il avait besoin de voir. Comme tout adolescent, le passage de l’enfance à l’âge adulte ne se ferait pas sans mal. On perçait son innocence dans le vif. On lui avait dit que la Guilde était le bien, la Confrérie était le mal, et aujourd’hui, on se complaisait à lui raconter qu’il n’y a pas de blanc ni de noir, juste du gris, rien que du gris. Alors ça faisait mal de mettre du blanc dans du noir, et du noir dans du blanc. En somme, c’était mettre du bon dans l’hideux tableau rebelle et du mal dans la pittoresque fresque Guildienne. Au final, aucun tableau n’était plus laid ou plus beau que l’autre. L’artiste avait mis de son cœur dans les deux, sans parvenir à offrir au spectateur la perfection. Sachez qu’à cet instant, Shane n’avait jamais autant haï et adoré la peinture. C’était une lutte en lui. On opposait des arguments à ce dont il avait toujours eu foi. Il aurait voulu crier au scandale, mais que pouvait-il plaider ? Les indications d’Allan n’étaient pas fausses. Elles étaient cruellement vraies.

    La Guilde usait de la censure pour palier à l’horreur de Nosco. Elle cachait sous des phrases réconfortantes de terribles faits. Et Yan Merling avait bien été cruellement jeté dans la gueule du loup. C’était une punition, disaient ses livres. Alors oui, Yan Merlin avait troublé l’ordre public, alors il méritait une punition. Et tout passait bien. Il n’y avait bien que lorsqu’on grattait sous ce bel artifice qu’on pouvait se demander : quel genre de punition ? La sentence est-elle à la hauteur du crime ? Ou plutôt l’inverse : le crime est-il à la hauteur de la sentence ? Mais personne ne se posait cette question, pas plus Shane. Alors, il s’en rendait bien compte : il n’avait rien à répondre. Mais le Haut-Prêtre ne laissait pas de répit à l’esprit torturé du brigadier. Il le plongeait cette fois dans un océan profond, nulle terre à l’horizon. Il baissa les yeux, il baissa le nez. Mon Brigadier n’était déjà pas un homme de grande taille (autrement dit petit), mais une fois tête baisée, il était un enfant à qui on faisait la leçon. Qu’avait-il à retenir là-dedans ? On apprend à l’école à avoir cet esprit de synthèse. Il en usait, il était bon écolier.

    « Nul ne veut perdre sa morgue. La superbe ne s’allie pas avec la sûreté… »

    Ni rebelle, ni guildien ne tendrait la main vers l’autre camp. Il fallait s’entretuer pour espérer trouver tout au bout de cela, la disparition du camp, au profit de l’autre. Ainsi le problème des ondes alphas serait résolu. Mais de quelle manière ? Il fallait un crime contre l’humanité pour gagner la course aux ondes alphas. Aucun génocide néanmoins n’avait conduit à un glorieux avenir. Les jours de Nosco étaient comptés. Les ressources finiraient pas s’épuiser un jour, proche ou lointain. Allan parlait à nouveau de la panne d’onde alpha, Shane remontait son nez, les sourcils froncés, la mine égarée entre de l’écœurement et de la nescience.

    « Pourquoi… ? Pourquoi avoir fait cela ? »

    Une réponse lui venait bien à l’esprit : faire comprendre aux deux camps que les ondes alphas pouvaient manquer, leur faire sentir le danger.

    « Votre action fut vaine. Nos dirigeants respectifs n’ont pas été avisés d’en prendre conscience. Nous oublions, pour ne pas souffrir, effacer l’horreur ; ils prenaient le parti de nous sombrer à nouveau dans la peine. La guerre était revenue. Vous n’avez rien changé. »

    C’était faux. Il y avait des choses qui avaient changées ; Mon brigadier le savait parfaitement. Ca n’avait pas évolué en haut de l’échelle, mais en son pied. Que ferait Shane en cet endroit si cette dernière attaque ne l’y avait pas amené ? Conscient de son mensonge à l’instant même où les mots avaient franchi ses lèvres, il baissa les yeux et détourna le visage. Artémia ? Que faisait Artémia dans cette histoire ? Ah oui, les fleurs. Soit dit en passant, Allan avait le dont de s’entourer de personnes fleuries, qu’il s’agisse de la prêtresse ou des hibiscus de Silvio. Le Haut-Prêtre ne faisait que, de manière détournée, lui signaler qu’il n’infirmerait ni ne confirmerait aucune piste. Néanmoins, cette absence de réponse le laissa pantois. Allan avait toujours réfuté ses joutes lorsqu’elles étaient fausses, insistant jusqu’au moindre mot. Alors pourquoi cette évasion soudain ? Il y avait de quoi en rester soucieux et songeur.

    Il n’eut pas ce privilège là. Peut-être en aurait-il le loisir un peu plus tard. Ou un autre jour. N’avait-il pas l’éternité devant lui ? S’il n’en eut pas le temps, c’est qu’une nouvelle réplique d’Allan l’en avait sorti. De l’ironie d’abord. Une riposte ensuite. Et cette tourmente, lui, l’en agita bien plus encore. Tant des pensées contraires s’entrechoquaient. Il ne trouvait plus sa droite ligne, celle qu’il suivait depuis tant d’années, celle qui était prônée par la Guilde. Déboussolé, il cherchait des repères, quelque chose à quoi s’accrocher, s’agripper. En vain, rien ne lui venait. Chaque prise à laquelle il voulait s’accrocher s’éffritait sous ses doigts. Tout n’était plus que poussière, tout n’était que cendre. Mais n’était-ce pas ce qu’il avait cherché en venant ici ? N’avait-il pas voulu qu’on détruise son édifice ? C’était chose faite ! C’était du travail bien faire ! Il fallait dès lors faire table rase ! Foule esclave, debout ! Debout ! Ô je te salue bulldozer Cadmun ! (*sors*) Allan l’avait poussé jusque dans ses derniers retranchements. Il hurla, hors de lui :

    « Je voudrais bien qu’on me les ôte mes œillères ! Quelque soit la porte que j’ouvre, je me heurte à un secret, à un silence ! Tout n’est que tabou ! Pour conquérir la vérité, il faut des repaires creusés dans la pierre pour ne pas que cela se voit ! On brise les silences en en créant nous même ! Je suis las de trouver refuge dans les jupons du mensonge !! »

    Sa voix, si forte soudain, se brisa. Le mot « mensonge » trouvait écho dans les voutes de la chapelle. Shane avait plaqué une main gantée sur sa bouche, pour se taire, pour se faire taire. Mensonge, lorsqu’il disait « nescio » ! Mensonge, lorsqu’il affirmait ne pas avoir retrouvé des bribes de son passé ! Mensonge, lorsqu’il déclarait que les rebelles ne méritait que la mort ! Mensonge encore, lorsqu’il jurait ne pas entretenir avec Silvio la moindre idylle ! Mensonge ! Mensonge ! Et encore mensonge ! Et par Joshi, faites qu’il n’y ait dans cette chapelle que le Haut-Prêtre et lui pour l’avoir entendu proférer de tels propos. Ses yeux clairs grands ouverts, presque exorbités, il demeurait figé, bâillonné de sa main. Il s’assura d’en avoir le cœur net et il balaya l’endroit du regard. Vide. Il n’y avait personne. Son cœur battait à tout rompre, il tremblait, peut-être. Qu’avait-il dit là ? Bon sang, et si on l’avait entendu. Il tourna les dos au Haut-Prêtre, non plus pour fuir, mais pour cacher l’égarement qui se lisait dans ses yeux. Mensonge encore.
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Message par Allan Cadmun Dim 24 Avr - 22:00

D'obscures interrogations trottaient dans la tête du haut prêtre. S'il avait pris les rênes de Nosco, et non simplement du groupuscule isolé, de cet électron libre que formait la Congrégation de Joshi, quel sort aurait-il réservé à des énergumènes tels que Shane Lewis ? Aussi vorace et acharné qu'une sangsue, il ne lâchait rien tant qu'il n'avait pas bu tout son saoul. Maudit !

Mério l'aurait apprécié. Il était selon ses mots, un berger de noirs moutons. Il récompensait l'audace et punissait la contemplation par son écrasant mépris. Qu'importe que nous ayons échoué, il eut été pire que nous ne fassions rien, nous aurions vécu avec mille ans de regrets ! Les mots dansaient dans sa mémoire, portant encore l'écho de la folie d'un vieil ami. Il avait eu bien peu de remords à partir. Il lui avait laissé Nosco et ses mystères, les ondes alpha et Joséphine.

Allan, en un sens, ne pouvait s'empêcher d'envier Shane. Il avait vécu ses premières années noscoiennes dans une sombre paranoïa qui ne ressemblait en rien au cocon confortable que la Guilde avait tissé pour le talentueux brigadier.

Là où sa propre analyse le blessait, c'est qu'il était bien forcé de reconnaître une chose : il était réticent à dilapider le savoir et n'en disait guère plus à Shane que ne le faisait Joséphine, comment concevoir alors, qu'il jugeait véritablement égaux tous les oubliés de Nosco ? La réponse était simple, il pouvait rire au nez de la Guilde, il n'était pas assez sot pour se croire à l'abri d'un retour de bâton.

« Si les ans sont figés en Nosco, cela n'empêche pas de mûrir à défaut de grandir. »


Etait-ce trop demander, que d'exiger d'un individu isolé, libéré du joug de son parti, de parler de sa propre voix et non de celle du troupeau bêlant ? Qui, en Nosco, ignorait ce que pensait la Guilde, la Rébellion ou la Confrérie ? Cela n'avait que peu d'importance, le haut prêtre n'était pas convaincu que le porteur de drapeau soit si bien assorti à son étendard qu'on le laissait penser.

« Vous vous égarez une fois encore, Shane Lewis. Je n'attends rien de vos dirigeants, moins encore de cette pauvre Joséphine que de ce cher Merling. »

Allan eut un sourire, il lui avait fallu tant d'années pour s'assurer que le chef des Rebelles était bel et bien un homme en cher et en os et non une figure de proue charismatique pour un camp en mal de liberté qu'il ne s'était jamais reposé sur celui-ci.

« Si l'oubli vous sied, oubliez donc. Si vous parvenez à occulter la rumeur, à ignorer la menace qui sévit dans les tréfonds de Nosco, alors je vous suggère de n'en pas revenir car abrupte est la chute pour qui s'affranchit des mensonges. »

Le haut prêtre lui adressa un sourire en biais. Qui espérait-il donc tromper de la sorte, Allan ou lui-même ? Les mensonges étaient légion en Nosco, fallait-il donc qu'ils soient tous aussi grossiers ?

« Vous voulez vous enorgueillir du savoir sans vous donner les moyens d'en user. Je vous dirais la vérité, si vous étiez prêt à l'entendre. Au lieu de quoi, vous vous retrancher encore et toujours derrières les bons mots de la Guilde. Vous ne voulez pas vous mouiller, vous ne voulez pas risquer de briser le vernis délicat que les préceptes de votre ordre appose sous toute chose, sans quoi votre quotidien risquerait d'être moins reluisant. »

Le mépris sourdait dans ces mots. Si le Sanctuaire de Joshi luisait de mille couleurs, Allan était toujours demeuré ce haut personnage taciturne à la mise et l'humeur sombres. Il fallait plus qu'apparence désuète pour qu'il se laisse abuser.

« En Nosco tout se paye et plus chèrement qu'on croit. La ville n'est qu'une catin effarouchée, qui vous dévore pour se dévoiler de peu. Prouvez que vous êtes davantage qu'un laquais vendu aux sales oeuvres de la Guilde. Oeuvrez pour Nosco, une fois dans votre vie, ni pour vous-même, ni pour ceux qui vous sont chers, ni par orgueil ou gloire, mais pour l'avenir instable de cette morne cité. Si vous y parvenez, peut-être nous recroiserons-nous, et je vous dirai ce que je sais. »

Le haut prêtre s'était exprimé d'une voix égale, un murmure à côté des hauts cris indignés de Shane. Allan ne craignait plus les tempêtes qui naissaient dans les coeurs des hommes, il avait appris à dompter ses propres peurs en des temps la terreur veillait chacune de ses nuits. Il se moquait bien de douleurs et sarcasmes, il avait son propre lot, et c'était assez pour ne point se charger du fardeau d'un brigadier guildien. Tout au plus lui indiquerait-il ce qui lui semblait la meilleure voie à suivre, et libre à lui de se perdre dans les ornières autant qu'il lui plairait.
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Message par Shane M. Lewis Mer 27 Avr - 22:09

    Aphone, Shane laissait sa voix se perdre. Seuls les échos, se frappant contre les murs, résonnaient encore et lui rappelait encore qu’il avait su parler. Il était cet enfant en bas âge qui pour la première fois ouvre la bouche et réalise sa capacité à avoir un langage articulé. Depuis combien de temps avait-il attendu cet instant ? Il n’était pas savant du monde de Nosco, sa courte vie dans la cité voulait qu’il en fût ainsi. Il demeurait profane. Il était un illettré qui apprenait à lire, il formait des mots, et sous sa plume une nouvelle écriture qui n’était pas ce par-cœur de l’on connaît dans les petites écoles. C’étaient des mots, des vrais. Plus que d’être vrai, c’était les siens. Qu’auraient dit ses amis à entendre son verbe ? C’était la sentence d’un traître. On l’aurait mis sous surveillance, comme tous ceux qui suscitent les doutent. On l’aurait étouffé, cette flamme naissante, pour jamais elle n’ait à croitre un jour ou l’autre pour jouer en défaveur de la Guilde. Mais personne ne l’avait entendue. C’était probablement mieux aussi. Son mensonge lui permettait d’une part de ne pas voir sa petite vie choir à même le sol avant même d’avoir entrevu les sommets ; d’autre part, la flamme ne serait pas éteinte : tant qu’il se cacherait, elle pourrait grandir, et s’épanouir lentement.

    Shane était très intuitif et très impulsif. Il sautait souvent sur la première idée qui lui venait en tête, sans mesurer les conséquences inévitables. Il avait appris de ses erreurs, notamment dans sa relation avec Silvio, que pour garder ce qui est précieux, il faut agir avec prudence. Alors, il marchait sur des œufs, il ne pouvait ni courir ni sauter. Il avançait et un jour, il arriverait au bout. Il ne devait simplement pas perdre espoir. Il y avait eu aussi sa dernière promotion comme Traktueur, pendant l’absence de Darek, qui l’avait poussé à devenir stratège. Avec douceur, mon brigadier murissait, son esprit s’enrichissait des informations et des expériences portées à sa connaissance. Aujourd’hui, il parlait avec Allan Cadmun. C’était d’un autre langage. Ce n’était en rien objectif. Il passait d’un discours subjectif à un autre, la Guilde avait ses mensonges et ses secrets, la Confrérie en avait d’autres, et la Congrégation tout autant. L’important était de ne pas croire bêtement un discours. Il fallait retrouver l’essence même des faits et ne croire uniquement qu’en sa version propre.

    « Il y en a qui ne grandissent ni ne murissent. Ils sont sourds aux idées qui différent des leurs. Je ne crois pas me tromper en disant qu’il n’y aurait jamais plus de paix à Nosco. J’aurais voulu connaître votre époque, celle des de Welfort. Cette histoire que vous m’avez contée où ce peuple était uni, du moins, j’ose l’espérer. J’aurai pu savoir ce qu’il y avait de mieux entre cette association soudée qui conjugue des amalgames de discours opposés ou la guerre contemporaine d’esprits affirmés et de morts sans compter. »

    Allan le lui avait dit, lors de leur précédente entrevue. La passé ne valait pas mieux que les faits de ce jour. Il était seulement différent.

    « Je ne le peux pas. Tant mieux. Je n’ai pas la lassitude de ce monde qui change sans créer de mieux, aussi décevant que triomphant. Je ne connais que ce jour, et je n’ai à l’esprit que les espoirs d’une paix. L’armistice ne sera pas pacifique. Seule la destruction d’un camp la ramènera. Je vous avouerai avoir peur de cette paix si je n’avais pas cette haine envers ceux du dessous. »

    Il ne fallait pas demander à Shane de changer du jour au lendemain. Il avait bien trop souvent entendu les discours Guildiens, il les avait d’ailleurs lui-même scandés aux oreilles des plus jeunes, comme pour leur insuffler une leçon de vie. Il ne regrettait pas cette propagande, elle l’avait lui-même bercée de longues années. Il n’avait pas été effrayé de la perte de sa mémoire et de ce monde inconnu que quelques temps seulement. Ces discours apportaient du réconfort et de la sérénité les premiers jours.

    « Pour ouvrir les yeux, il fallait les avoir fermés. Celui qui garde les yeux grands ouverts voit tout, et ne voit plus rien, pris de trop de détails insignifiants. Je veux les ouvrir, il m’en faut seulement le temps. Je ne veux pas oublier, je l’ai déjà fait et je ne sais que trop bien combien rude est le déclin. Je ne me laisserais pas mollement tomber. Dans ma chute je veux m’accrocher à ces pans de rideaux qui fardent ces secrets pour les arracher. »

    Il confessa presque dans un murmure :

    « J’ai peur de ce que je vais trouver au fond de ce gouffre. Je suppose que c’est une réaction normale de craindre l’inconnu, à défaut d’être un acte raisonné. »

    Mon brigadier prit une profonde inspiration pour se débarrasser des futilités qui hantaient son esprit. Ce que penseraient ses amis lui importait peu en définitive. Si des amis ne sont pas capables de s’ouvrir aux idées des autres, alors ce ne sont pas des amis. On ne pouvait pas tout accepter d’autrui, néanmoins, on pouvait entendre les paroles, tâcher de comprendre le point de vue, et surtout ne pas se renfermer dans un cri de scandale. C’était la loi et la justice Guildienne qui se mettait au dessus de lui telle une épée de Damoclès. Que risquait-il ? Tomber au bas de l’échelle ? Et son Silvio ? Qu’adviendrait-il de son Silvio ? Le Haut-Conseil était conscient de sa relation avec le commandor et à défaut de l’accepter, il avait toléré son existence tapie dans l’ombre. Et s’il entrainait Silvio dans sa chute ? Il ne le voulait pas. Au final, ce n’était pas tant son propre cas qui l’inquiétait. Shane avait toujours travaillé en bas de l’échelle, il n’y avait bien que depuis quelques temps que Darek semblait s’intéresser à ses talents d’informaticien. Ce qui l’inquiétait, c’était le devenir de Silvio. Cette fois, il avait mis le doigt dessus. C’était Silvio son frein à la moindre folie, il voulait le protéger parce qu’il l’aimait, et ne voudrait en aucun cas être la source de son plus grand malheur.

    « Comment puis-je trouver ces doublons ? Je n’ai connaissance que des réseaux guildiens… »

    Il s’était retourné, décidé. Que Silvio le pardonne…
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Message par Allan Cadmun Jeu 5 Mai - 23:50

Un sourire las flottait aux lèvres du haut prêtre, celui d'une victoire trop attendue pour en apprécier la saveur. Avait-il possédé la même obstination vaine, lorsque Joshi s'était proposé de dissiper les brumes de son passé, lorsque Mério lui avait suggéré d'œuvrer à son service ? Il n'avait pas toujours été le noscoien qu'il se targuait d'être devant Shane, un brigadier corrompu par essence. Il avait été un simple oublié, fuyant tout et tous, il avait été un complice de Mério.

« N'ayez pas de tels remords. Nosco était unie pour de mauvaises raisons. Nous vivions dans la peur, sous le joug des seuls êtres à n'avoir point trembler devant la menace. Peut-être s'en serait-il trouvé de plus judicieux, de plus aptes meneurs, mais ceux-ci, privés de l'audace et de la démence qu'exigeait notre lot, n'ont jamais eu voix au chapitre. Vous n'auriez pas aimé l'ère des de Welfort. Nous n'avions que peu de certitudes, vous avez grandi pétri de convictions. »

Le discours envenimé du Guildien à l'égard des Rebelles n'étonna pas Allan Cadmun. Il ne cilla même pas. Sans cette morgue, sans cette démence, de quel fil assez solide se tisserait la lutte entre les deux camps ? Fallait-il que se paye dans le sang la folie d'un homme unique, banni pour avoir osé parler, damné pour avoir osé penser ? Joséphine pouvait être fière de ses petits soldats, ils avaient bien retenu la leçon.

« Vous rendez-vous compte, que par ce simple désir, vous êtes un traitre à vos propres valeurs ? Que cette Guilde que vous adulez vous offre sa protection au prix de votre liberté et au mépris de votre passé qu'elle condamne ? Vous espérez le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière et il vous en coûtera. »

C'était en cela que les honneurs faits par Mério l'avait surpris. Il n'avait jamais caché son mépris des opinions trop bien pensantes, il n'avait jamais rien fait pour sortir du lot dans le bon sens du terme, il s'était contenté d'être un sale mouton noir, un vieux loup de mer se prétextant trop usé pour gagner les rangs des jeunots d'oubliés qui les rejoignaient chaque jour.

« Ne me croyez pas rebelle dans l'âme pour autant, il est des soleils que seule l'imprudence peut guider à contempler sans protection. »

Le leader des rebelles avait peut-être vu juste, mais il se trompait, à croire que tout un chacun pouvait accéder à toutes les vérités de ce monde sans y être préparé. Allan Cadmun se gardait de tout élitisme forcené, les erreurs du passé le suivaient rien de plus, ainsi que quelques promesses défraîchies.

« C'est cela qui vous rend unique, Shane Lewis, et fait de vous un mauvais Guildien : vous avez refusé de laisser l'inconnu là où l'on vous a dicté qu'était sa place, dans les prémices de l'ignorance aveugle. »

Tout aurait pu en rester là. Ils auraient pu aller chacun leur chemin et se retrouver un jour ou jamais à deviser des bribes de l'impérissable Nosco. La question de Shane l'amusa, presque autant que la candeur avec laquelle il la prononça.

« Point de miracles de ma part, si vous en attendiez. Il vous faut rencontrer les Rebelles, avec l'espoir qu'ils se montrent plus ouverts que vos semblables. »

Disant ces mots, le haut prêtre avait l'impression de prononcer une bien sombre sentence. Mais était-ce sa faute, si le temps noscoien virait toujours à l'orage ?
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Message par Shane M. Lewis Sam 7 Mai - 18:04

    Il ne saurait dire exactement s’il aurait aimé vivre à l’époque des de Welfort. En fait, la question qu’il se posait n’était pas là. Il aurait voulu connaître ces deux peuples, ces aïeux pour découvrir s’ils avaient eu tord de se diviser. Apprendre l’histoire par des conteurs n’apportait qu’une vérité déformée. Elle était trompée par les expériences de chacun qui portait en tout chose un jugement de valeur qui rendait son discours une glorification ou une horrification. La Haut-Prêtre de la Congrégation de Joshi avait sans aucun doute vécu suffisamment pour avoir des préjugés, envers et contre lui. Il n’y pouvait rien. Et Shane ne pouvait qu’écouter ce dialogue qu’avec une oreille suspicieuse. Allan ne mentait pourtant pas. Il y avait dans ses mots certainement, la vérité, celle que Shane voulait entendre, mais elle était emmêlée et il fallait à Shane trouver la clé pour faire disparaître ces nœuds.

    Lewis avait vécu à Nosco au sein de la Guilde une vie paisible. C’était un cocon de coton, c’était une maison charmante où l’inquiétude semblait avoir quitté les murs. A chaque seconde, son esprit n’était préoccupé par la crainte des créatures et du danger qui l’entourait. Dans l’insouciance, il avait pu planifier sa journée, sans craindre vraiment qu’elle ne soit dérangée par tel ou tel événement hors du commun. C’était une tranquillité de vie qu’offrait la Guilde. Allan avait raison, Shane n’aurait pas aimé vivre dans la crainte d’une attaque surprise. Nosco était devenue sûre, du moins en apparence, c’est ce qui lui permettait d’apaiser son esprit et de cesser d’être constamment sur ses gardes.

    Il baissa les yeux. Etait-il le traître qu’Allan lui disait être ? Il avait toujours cru à cette tranquillité Guildienne. Encore aujourd’hui, malgré qu’il soit conscient du danger qui régnait dans la cité, il ne regarderait pas à chaque coin de rue, épée en main, pour vérifier qu’une créature ne se cachait pas ici. Shane n’était qu’à demi-conscient de cette réalité. Il lui faudrait encore du temps pour ouvrir les yeux, repenser à ce jour, à cette discussion qu’il avait eu avec le haut prêtre. C’était le genre de chose que ‘tu comprendras lorsque tu seras grand’. Un jour, on voit partir son père du foyer. On ne comprend pas, on se sent profondément triste et on dicte la vie comme injuste. Et puis plus tard seulement, on comprendra que papa n’aimait plus maman, et que pour que les enfants grandissent hors de ces conflits dérangeant, il avait fallu que papa s’en aille.

    Aujourd’hui, Shane voyait ces créatures derrière le rideau rassurant de la Guilde. Il soulevait le tissu et il ne comprenait pas. Un jour peut-être qu’il aurait l’esprit suffisamment mûr faire plus que croire. Il saurait. Il comprendrait. Et la cité de Nosco serait soudain si différente. Il avait peur de ce qu’il découvrirait, l’inconnu a toujours eu le défaut d’être terrifiant. Mais qu’importe les vérités, même les plus affreuses et les plus obscures, il les affronterait. Il en avait décidé ainsi et il avancerait pour gagner ces précieux morceaux de vérité éparpillés lamentablement dans toute la ville. Shane était rusé. Il saurait se mettre à l’abri comme il le faudrait. Puisque tout était mensonge ici, quel effet cela aurait-il que la ville se voit logée par un hypocrite de plus ?

    Mais Shane voulait tout, il savait qu’il ne pourrait tout avoir. On ne peut connaître la vérité, faire des coups en douce et vivre tranquillement sans avoir à justifier ses actes. Il marchait sur des œufs, et un jour prochain viendrait où la coquille de l’un d’en eux céderait sous son poids et là, on se retournerait vers lui, le regard suspicieux. Il ne pourrait rien cacher. Un secret et révélerait un autre. Le cercle vicieux s’enchaînerait. Etait-il un traître ? Son cœur se pinçait à l’intérieur de lui. Il aurait voulu être insouciant, il aurait voulu fermer les yeux, il aurait voulu être comme ses autres qui vivent et prennent ce qu’il y a de bon petit à petit. Il savait que ça ne durerait pas éternellement. Shane était un homme assoiffé que l’eau ne pourrait jamais étancher la soif. Il était condamné à boire (PS : Je N’ai PAS dit qu’il s’inscrivait aux alcooliques anonymes).

    Il n’avait pas fini de grandi au cœur de la Guilde. Elle avait encore beaucoup à lui apporter et Shane prendrait tout ce qu’on lui offre. Il irait jusqu’aux limites. Et lorsqu’il n’y aurait plus rien à prendre et qu’il aurait encore tout aussi soif tant que la vérité serait obscure, il empiéterait sur le terrain du voisin et ce serait la catastrophe. Il était un mauvais Guildien, parce que par nature, il en voulait plus. De la sorte, il était comme prédestiné à choir. Il ne pourrait se rattacher à quoique ce soit. S’il décidait de rentrer dans les rangs, sa soif rendrait aride sa gorge. Il se sentirait mal, et il ne se sentirait plus vivre. Le confort de la Guilde ne saurait plus faire le poids et il sombrerait de l’autre côté. Il ignorait encore l’endroit où il tomberait.

    « Si je suis un mauvais Guildien, que suis-je alors ? Qui devrais-je écouter ? Qui devrais-je suivre ? »

    Allan n’aurait probablement pas la réponse. Shane haïssait suffisamment les rebelles pour ne pas vouloir les rejoindre. S’il n’était pas Guildien, cela ne faisait pas de lui un rebelle pour autant. Son attachement à la Guilde et sa répulsion pour la Confrérie l’empêcherait de s’adonner complètement à la Congrégation, car inapte pour le moment à l’impartialité. Il était peut-être et certainement un mauvais Guildien, mais il était Guildien tout de même, car jamais l’envie ne lui avait pris de vouloir voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Il était un Guildien, mauvais certes, mais un Guildien qui intéressait Joséphine et le Haut-Conseil. N’avaient-ils pas accepté sa relation homosexuelle avec le commandor de l’anti-terroriste parce qu’il était intéressant ? Il savait que plus il serait un bon informaticien, et plus le Haut-Conseil fermerait les yeux sur ses bavures. Au fond, il était pire qu’un mauvais Guildien. Il avait le don jusqu’à outrance de marchander avec les grands.

    « Je n’aime pas être un mouton qui suit son berger, mais voyez comme il est impossible d’être une brebis égarée à Nosco. De partout les avis divergent et aucun ne correspond véritablement au mieux. Je suis un mauvais Guildien, mais je donne suffisamment à la Guilde pour me payer le luxe d’être un mauvais Guildien, tout comme je pourrais être un mauvais Frère ou un mauvais Rebelle. »

    Il rajouta, plus bas :

    « Je sais que ma façon de vivre est malsaine. Mais si je ne poursuis aucun berger, je suis l’ennemi de tous et je suis un homme mort. Je suis obligé d’être un mauvais Guildien. »

    Détrompez vous, ce n’était pas sur le mot « mauvais » que portait l’obligation, mais bel et bien sur le mot « Guildien ». Il était « mauvais » par nature et il n’y pouvait rien malheureusement. Il était Guildien néanmoins, parce qu’il se devait être rattaché à quelque chose ou à quelqu’un. Au final, Shane n’était qu’un lamentable chien galeux qui remuait de la queue pour qu’on lui donne à manger, et qu’on ne se méprenne pas des apparences : un jour, proche ou lointain, il mordrait son maître. La bête n’était néanmoins pour le moment pas assez enragée pour ce genre de chose. Shane n’en était qu’au stade du mignon petit lapin qui faisait les yeux doux et qui rongeait sagement sa carotte. Il reniflait, de ci de là, pour prendre ce qu’il y avait à prendre, dans la plus grande des discrétions. Il était claustrophobe, alors il se garderait bien de préserver sa liberté et se tenir loin de la portée des chaînes qui pourraient l’étouffer. Il s’approchait, doucement. Un jour il serait trop près et devrait esquiver pour continuer d’être libre.

    Il ne s’en voulait pas être fait ainsi. L’essence même de l’humanité ne rendait-elle pas chaque être de son espèce semblable à Shane ? Qui pouvait prétendre ne pas être un chien galeux qui, pour la beauté de la vie en société, portait le masque de l’hypocrisie pour être accepté ? Chacun homme avait sa différence, on ne pourrait pas vivre tous ensemble si nous ne nous ressemblions pas. Un masque identique à tous : c’était les mœurs, c’était les us et les coutumes. C’était les règles de bonne conduite et la morale. C’était aussi les lois. C’était des doctrines. Elles ne nous aident pas à vivre mieux, mais à se protéger d’autrui. Quiconque se fait agresser agite d’un large mouvement du bras le Code Pénal alors qu’il est lui-même coupable de quelques autres infractions qui figurent sur le même livre.

    Il n’y avait pas à tirer de tout cela que l’humanité n’était bonne qu’à jeter à la poubelle parce qu’elle ne valait rien. Par delà les vices (et Shane en avait plus d’un), il fallait savoir goûter à ce qu’il y avait de plus doux. Shane changerait, c’était certain. Il évoluerait. Quand et comment étaient les uniques questions. Les réponses n’étaient que de son unique ressort. Il ferait en sorte que les choses se passent pour le mieux et qu’on n’ait pas à faire couler de l’encre et du sang. Il devait se mettre en contact avec les rebelles. Il avait peut-être attendu des prouesses qu’Allan, qu’il lui explique comment. Mais cette connaissance ne semblait pas pouvoir lui appartenir. Vraiment, Shane aurait bien saisi n’importe quelle opportunité pourvu qu’elle ne l’oblige pas à collaborer avec la Confrérie rebelle. Néanmoins, c’était l’unique issue. Il trainerait les pieds pour aller par là, peut-être que sa soif l’aiderait à marcher un peu plus vite.

    « Entendu. »

    Donna-t-il pour réponse. C’était l’unique solution et il l’entendait bien de cette oreille. Il verrait à l’avenir ce qu’il pourrait faire en cette voie, puisque c’était celle-ci qu’il voulait emprunter. La chapelle était vide et Shane voulait aborder un dernier point avec le haut prêtre avant de prendre congé.

    « Je ne vais pas vous déranger d’avantage Monseigneur. Il y a néanmoins une autre chose… Vous allez peut-être me prendre pour un fou, mais un certain Joshi se complait à squatter ma boîte mail. Et peu après, j’ai des pensées étranges me viennent à l’esprit. Ce sont des images que je peux vous assurer ne jamais avoir vues à Nosco. Je sais bien que vous tairez à nouveau la vérité, mais si Joshi est dans vos connaissances, dites lui que j’attends de ses nouvelles avec impatience… A vrai dire, c’est bien l’une des rares personnes, réelle ou non, qui soit véritablement bavarde dans cette cité. Il m’a dit une fois… »
    [Le passage qui suit est caché]

    [Fin du passage caché]

    Il baissa les yeux. Il n’attendait pas vraiment de réponses. Il tenait simplement à lui dire ce qu’il savait. Allan était bien l’une des rares personnes avec qui Shane pouvait être honnête. L’autre personne était Silvio, sa confiance aveugle en son partenaire était d’avantage compréhensible que celle qu’il allouait au haut-prêtre. C’était probablement une nouvelle situation qu’il comprendrait « lorsqu’il sera plus grand ». Ou tout du moins, le seul fait de savoir qu’Allan Cadmun n’avait aucune raison valable de le dénoncer était rassurant au point d’aller aux confidences.


[HJ : Le passage en hide est le gain d'un concours sur Nescio qui a été alloué à Shane. Comme Allan connaît le secret de Nosco, je pense que ça ne posera pas de problème aux admins. Si toutefois c'est le cas, j'éditerai en supprimant cette partie.]
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Message par Allan Cadmun Dim 29 Mai - 15:03

Bien qu'il fut encore aux portes de la chapelle, à deviser de tout et de rien, les pensées du haut prêtre s'égayaient, s'extrayaient de la gangue par trop paisible des murs colorés du sanctuaire. Rongé par l'amertume, il en venait à s'interroger, à rechercher en lui cette même révolte qui luisait dans le regard renfrogné du brigadier. Il se heurtait à Nosco, à ses murs borgnes, à ses impasses peuplées d'ombres et de questions sans réponse. Face à cela, Allan se sentait suranné, corrompu malgré lui par tant de vilenies qu'il se voyait contraint par l'habitude d'accueillir comme autant d'évidences.

Il pouvait blâmer le système, l'ancien tout autant que l'actuel, cibler avec acuité les imperfections et les défauts de l'impérissable engrenage, sans jamais plus trouver la force de se glisser dans l'interstice périlleux des roues dentées. Il se targuait par devers lui d'avoir survécu aux de Welfort, à Joshi, et à tous ceux qui avaient préféré passer leur route en connaissance de cause, non seulement en persistant, mais s'imposant par la fougue qui l'habitait, par cette vie qu'il sentait encore vibrer dans ses veines. Parfois, il se sentait terriblement las, certain de ne vivre que pour sa quête, son lot tout autant que sa raison d'être. S'il réussissait, partirait-il ? Suffit-il de rompre ses liens, de nier ses attaches pour détaler sans un regard en arrière ? Se trouverait-il quelqu'un pour le remplacer, pour mépriser sa lâche désertion comme il avait ruminé le départ de Mério ?

Peut-être était-ce l'une des raisons à sa morgue naturelle. S'il s'était montré plus attentionné et plus délicat auprès de son entourage noscoien, il aurait risqué de recréer la confiance artificielle qui l'attachait à Mério, attache qu'il lui faudrait briser tôt ou tard. Si personne ne le regrettait, il pourrait partir sans s'alourdir du sentiment détestable d'une histoire piétinée. La Congrégation l'appréciait comme on suit un prophète, comme on adule un fantôme. Sa vie, sa présence, ne leur servait de rien. Peut-être aurait-il pu déléguer sa quête et partir, rejoindre ou non, fuir ou non, mille fragments de passé aux reflets trompeurs tel un miroir brisé.

D'autres jours, il lui semblait qu'il avait encore quelque chose à accomplir, et que l'avenir aurait raison de ses réticences, balayerait ses doutes et l'accueillerait en son sein pour qu'il puisse assister à l'accomplissement et au triomphe de ses derniers rêves esseulés. Il entrevoyait l'espoir, le conservait avec malice avant de le laisser détaler, comme un enfant devenu grand et sinistre.

Il aurait pu laisser le brigadier à ses chimères. Il ne lui servait de rien de semer la pagaille dans ses idées trop bien ordonnées, forgées par la propagande appliquée de la guilde. Shane ne lui nuisait pas, il se contentait de suivre la trame qu'on lui avait dicté, de faire un pas après l'autre sur ce chemin illuminé aux murs exigus et obtus. Seulement, il était venu le trouver une seconde fois. Non pour répondre à la provocation par le bruissement furieux de son orgueil froissé, pas davantage pour annoncer sa victoire sur les songes doucereux dont le berçai la Guilde, mais pour narrer son ignorance avec humilité, telle une infirmité réversible qu'il lui fallait contrer.

La question du brigadier tira Allan de ses réflexions, lui arrachant un trop rare sourire. Ce qu'il était, il avait la réponse : un mauvais Guildien. L'esprit humain étant ainsi fait, il ne pouvait s'en contenter, il lui fallait un concept flatteur auquel se rattacher, d'où tirer une once de perfection et d'admiration contemplative, sans quoi il ne se sentirait jamais vivre. Peut-être était-ce ainsi que s'étaient organisés les Rebelles, avides d'un nom et d'un dogme pour se sentir exister. Il fallait à Shane une voix à écouter, une route à suivre, un chemin tout tracé, un sentier de vérité et partout, des traquenards avérés de mensonge. Il aurait aisé de lui rétorquer qu'Allan seul détenait la vérité, qu'il fallait s'abreuver de ses mots et marcher dans ses pas. Mais le haut prêtre avait une toute autre philosophie, il possédait ses propres convictions, et pour l'heure, la nécessité exigeait qu'il en tût tout ou partie.

« Vous êtes vous-mêmes. Vous devez forger vos propres certitudes et suivre votre propre route, en ne vous fiant qu'au son de vos propres pas et à l'écho de vos propres mots. »

Le haut prêtre s'exprimait presque avec négligence, sans donner à ses mots l'autorité sentencieuse qui rendait son mépris si rude. La Guilde, la Congrégation, les Rebelles... Nosco était ainsi bâtie qu'il lui fallait ranger les individus dans des cases ordonnées et les nommer tour à tour pour qu'ils se sentent inclus dans un tout, dans une sommité plus grande, de telle sorte qu'il pouvait décharger à d'autres de gênantes missions, celle de penser et de s'exprimer par l'individualité. Le groupe se chargeait de cela, et Shane se reposai sur la Guilde, sur Joséphine à sa tête comme autant de Frères remettait leur existence entre les mains d'Allan. Si cet état de fait écœurait le haut prêtre, il était bien aise de se voir déroger à cette loi tacite et de pouvoir de ce fait s'exprimer sans procuration. En échange de quoi, il lui fallait sans cesse se convaincre de la justesse de ses jugements, garants des rêves murmurés de ses pairs.

« Nosco change à son rythme, et ce serait folie que d'espérer voir tomber les masques. Chacun porte avec fierté l'étendard de son empire, y voyant protection et honneur, deux illusions des plus tendres au cœur des hommes. »

Allan Cadmun haussa les épaules.

« Vous faites certainement du très bon travail, de telle sorte que l'on ne voit en vous que ce que vous affichez. Vous, n'existez pas. La Guilde se porte fort bien d'ignorer ces revendications que vous ne formulez pas. Et bien qu'il y ait dans mes rangs, des indécis et des sceptiques, libres à eux d'aller et de venir. »

C'eut été folie que de croire qu'Allan n'avait pas de secret. Il en avait pour tout le monde, et quiconque rejoignait les rangs des Frères recevait tout sauf l'assurance d'en savoir davantage à son sujet ou sur les ondes alpha, ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé.

« Vous pouvez continuer à mentir avec ma bénédiction. » rétorqua Allan, narquois.

Le haut prêtre n'avait que faire de paraître sournois, à se moquer des tergiversations de Shane, alors qu'il était cause de les avoir provoquées. Il n'y avait pas à son sens de "bons Guildiens", c'eut été revêtir de trop d'attentions des oubliés désorientés qui se contentaient de pêcher par ignorance et par la naïveté qu'elle suscite.

Le brigadier céda comme un soldat rend les armes. Plus contraint que convaincu, mais non moins déterminé. Il aurait pu en être autrement, c'était un choix qui lui appartenait. Il ne devait rien à Allan Cadmun, haut prêtre de la Congrégation de Joshi et indésirable notoire des relations guildiennes. Il s'apprêtait à prendre congé, et Allan à le lui accorder, car qu'exiger d'autre d'un homme qui acceptait d'ouvrir les yeux sur la cruauté aveugle de sa propre conduite ?

Toutefois, le haut prêtre était trop patient pour abandonner le brigadier à ses réflexions s'il ne partait pas de lui même, et ses paroles aiguisèrent sa curiosité, bien malgré lui. Shane n'était pas le premier, loin de là, à rapporter à ses oreilles le nom de Joshi, à l'évoquer comme une entité introuvable mais bien vivante, se jouant du sort des gens et bien plus au fait de leur passé qu'il ne l'aurait dû. En cela, si Joshi n'avait dû être qu'une théorie, une figure de style, une idée abstraite plus qu'un individu de chair et d'os, alors - Allan l'admettait sans détour - il aurait été ainsi.

« Joshi, tel que je l'ai connu, n'existe plus. »

Les doigts du haut prêtre se crispèrent, il eut pour Shane un regard de glace et un rictus cruel.

« Je ne peux accorder le moindre crédit à votre fable élégante : il ne saurait se trouver d'homme à ne point porter le lot de ses erreurs passés. Les crimes ne sont pas si fréquents quant à eux pour hanter l'esprit de chacun, et si j'ai tué un homme, je jure n'en éprouver jamais le moindre repentir. »

Allan redevint égal à lui-même, amusé autant qu'outré qu'on cherchât une fois de plus à ce que la simplicité d'une douce évidence vint justifier les aléas du présent. Il avait renoncé à cette chimère, accepté que parfois les événements défiaient la raison, et refusaient de plier sous les dogmes des hommes.
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Allan Cadmun
~ Haut-Prêtre de Joshi ~


Camp : Congrégation de Joshi
Profession : Haut prêtre
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Message par Shane M. Lewis Dim 12 Juin - 15:43

    Instinctivement, Lewis avait baissé les yeux pour regarder ses pieds, ou plutôt ses bottes qui remontait jusqu’au milieu de ses mollets, avant que son pantalon ne prenne le relai. S’il devait suivre le son de ses propres pas, autant qu’il s’engage dans cette voie de la meilleure manière qu’il soit. Le regard sur ses propres chaussures ne fut que la visualisation physique des pensées qui le traversèrent. Ses pas le mèneraient là où il le voulait bien. Et si jamais les dalles sur lesquelles il marchait sonnaient creux, devrait-il rebrousser chemin jusqu’au entendre le son frappé d’un plein, là où il ne se heurterait pas à des paroles aussi vides que vaines, aussi belles que celles de la mélodie du flûtiste de ce conte qu’il avait entendu narrer. « On entendit encore quelques temps de son de la flûte ; il diminua peu à peu ; enfin l’on entendit plus rien. Les enfants avaient disparu, et depuis lors, on n’en eut jamais de nouvelles. » Etait-ce que l’impératrice, Yan Merling et la Haut-Prêtre savaient jouer si brillamment de la flûte de d’innocent suivaient leur maître ? La symphonie de l’Impératrice était un fameux concerto joué de mille et un instruments plus brillants les uns que les autres ; la composition de Yan Merling battait au son des tambours de guerre, la trompette en son son ardent clamait les bavures du pouvoir ; Allan était un joueur de flûte, au même tire que les deux autres, à la seule différence de la quête d’un pouvoir semblait lui être étrangère, et sa mélodie n’était autre de cet air de flûte, fluide et un peu aigüe, qui vient aux tympans sans agression aucune et qui invite à le suivre. Lewis voyait parfois et même bien souvent, une sorte de lucidité dans les paroles du Haut-Prêtre, sans pourtant être l’exacte vérité. C’était un autre discours. Mais il était aussi un flûtiste, et s’il souhaitait l’emporter en sa caverne sans que l’on ait à l’avenir jamais plus de nouvelles du brigadier, on ne doutera jamais qu’il fut parti avec le joueur de flûte et qu’il était perdu.

    L’histoire ne dit pas ce qu’il était advenu des enfants qui avaient suivi le joueur de flûte. Si l’on en croit le début de l’histoire, il y avait fort à penser qu’ils avaient connu, comme les rats avant eux, une mort d’aveugle. Car l’étranger toujours flûtant s’achemina vers le Weser ; et là, il entra dans l’eau suivi de tous les rats de Hamelin, qui furent aussitôt noyés. Ainsi la ville en fut purgée. Néanmoins, il est écrit que les enfants ne font que disparaitre et l’histoire s’en trouve à sa fin, fin qui peut-être ne fut que le commencement d’une toute autre. Shane releva enfin les yeux de ses chaussures. Il ne devait ni écouter la populaire symphonie, ni les tambours de guerre, ni même l’air de flûte. Il pouvait les entendre, les comprendre peut-être, mais ne jamais les écouter. Avait-il une flûte lui aussi, en ses bagages ? Il en doutait fort beaucoup, mais il posa l’une de ses mains contre son torse, dans un geste d’auto-contact destiné à se rassurer, il sentait les battements de son propre cœur, tout bas, si bas. Il n’avait nul besoin de savoir jouer de la flûte, si même de posséder d’un pareil instrument. Il ne cherchait pas à ce qu’on le suive, bien qu’il sache en vérité qu’il ne serait jamais seul. Il y avait Silvio, quoiqu’il advienne. Et ce même s’il ne le voulait pas. Il craignait même celle influence réciproque qu’ils avaient l’un sur l’autre, comme des flûtistes dont la mélodie ne pouvait charmer et aliéner qu’une seule autre personne. Alors ce n’était pas un blâme que qu’être un joueur de flûte. Tout un chacun portait son instrument contre son cœur et formait une mélodie à qui voudrait bien l’entendre. Ca s’appelait ‘exister’. Comme dans tout corps de métier, il y avait des apprentis, des habitués, et il y avait ceux bien au dessus de tous. Nosco aveint trois grands musiciens et quelques milliers d’amateurs.

    Et lui, n’existait pas. La seule personne qui eut entendu sa mélodie fut bien Silvio. Il avait été corrompu, tout comme Shane se laisserait corrompre par son amant, autant de fois qu’il le voulait. Et il y avait une personne, qui plus étrangement, entendait ces notes de musique et au lieu de se montrer réfractaire ou de le suivre comme les rats et les enfants suivirent le joueur de flûte de Hamelin, donnait en réponse une autre musique, comme des influences sorties d’outre tombe, qui n’avaient pas vocation à corrompre mais à éveiller à soi-même. Shane ne l’avouerait jamais de vive voix (pas à ce jour du moins) mais il aimait bien Allan Cadmun. L’informaticien avait un esprit malléable, influençable. C’est d’ailleurs ainsi que la Guilde avait réussi à faire de lui un bon chien. Autant dire qu’il n’y avait plus vraiment la place pour une toute autre influence, tant le bourrage de crâne qu’il avait connu depuis son arrivée avait été intensif. A tel point qu’il restait imperméable à certaines choses comme le renversement de l’Empire Guildien ou encore l’idée de sortir de Nosco. Il y avait quelques temps encore, il avait eu l’esprit rigide face aux souvenirs de son passé d’antan, à la Congrégation de Joshi et à l’homosexualité. Mais ces barrières-là avaient bien flanché et menaçaient de sombrer. Elles existaient cependant toujours. Il cachait son passé ante-Nosco, les Frères et les Prêtres attiraient encore sa méfiance et il faisait d’un secret d’Etat sa relation avec Silvio. Les changements mettraient du temps à venir. Si pour Shane, qui, d’esprit un peu plus ouvert, ne semblait véritablement pas près à faire tomber son masque, il ne fallait véritablement pas compter sur l’entièreté de Nosco pour dévoiler ses véritables pensées. Ce serait peut-être même un temps qu’il ne pourrait pas connaître de son vivant.

    Les Frères de la Congrégation étaient libres d’aller et de venir. Si l’idée vint lui frôler l’esprit, Shane ne percuta pas spécialement dans l’immédiat. Le sanctuaire de Joshi était une porte qui lui serait toujours ouverte. Elle lui serait peut-être une échappatoire, un jour, si les choses tournaient mal pour lui. Non pas uniquement dans le sens où il serait en danger de morts et que donc le sanctuaire serait sa voie par défaut, mais aussi dans les conclusions faites qu’il ne puisse plus taire ses mensonges pour lesquels il avait l’ironique bénédiction du haut-prêtre. Ceci d’ailleurs lui arracha un petit sourire. C’était mesquin de la part d’Allan, et amusant dans un même temps. Il n’avait plus grand-chose à dire au haut prêtre et préférait laisser à l’implicite le droit de dire ce que bon lui semblerait sur ce sujet là. Quant à l’autre sujet, celui de Joshi, celui de Nosco et de tous ses secrets, il avait répété à l’homme face à lui ce qu’on lui avait dit. Il n’avait pas rêvé ce Joshi pourtant, et le Haut-Prêtre avait comme par hasard un sanctuaire qui portait son nom. C’était prêcher faux et montrer vrai. C’est un peu comme dans ces BD et certaines scènes comiques du « je n’hurle pas ! » fit-il en hurlant. Il y avait bien ces messages de Joshi et Allan disait qu’il n’existait plus. Non en fait, ce n’était pas que cela. C’était le Joshi qu’il avait connu qui n’était plus. Cela n’empêchait pas un autre qu’il ne connaissait pas d’exister. Joshi n’était donc plus à Nosco. Il y avait donc quelqu’un d’autre qui se targuait d’être Joshi. Ce ne pouvait pas être un plaisantin. C’était quelqu’un qui prenait son rôle très au sérieux et qui se faisait Joshi à merveille. C’était du moins ce qu’en pensait Shane.

    « Soit. Alors le flambeau a été repris… Et ce ne peut-être qu’une personne qui soit aussi ancienne que Joshi, ou bien une entité d’hommes qui se transmet le rôle de génération en génération. »

    Pour Lewis, c’était assez clair. Soit c’était la Congrégation de Joshi qui se faisait passer pour celui dont elle portait le nom, soit c’était un individu isolé (et par conséquent très ancien). Et très franchement, il penchait pour la seconde hypothèse, celle d’une personne qui avait vécu depuis l’époque de Joshi et avait continué à faire vivre sa mémoire. C’était certainement une idée dérisoire, mais quitte à considérer que Joshi avait disparu (car cela faisait tout de même deux fois que me Haut-Prêtre donnait cette version), c’était cette solution-là qu’il envisageait concernant le fameux Joshi. Et comme un élève qui expose une théorie, il ajouta un presque timide :

    « Qu’en pensez-vous ? »

    Car seul le maître pouvait bien avoir assez expérience pour dire sur le champ que l’idée est dérisoire, ou qu’à défaut de l’approuver complètement, qu’il envisage qu’elle soit possible. Une solution peut-être parmi tant d’autres, fausses comme de nombreuses ou bien vraie et unique. Il croisa ce regard de glace soudain face à ce qu’Allan nommait fable. Il est vrai qu’il puisse s’agir d’une belle histoire, mon brigadier en était quant à lui persuadé alors cela devenait une foi.

    « Vous mentez. Si vous disiez vrai, vous n’auriez jamais mis les pieds à Nosco. Il existe des crimes qui ne sont pas ceux qui sont punis par la loi. Ce sont des actes qui ne deviennent des crimes qu’aux yeux de celui qui regarde. C’est comme faire pleurer une femme ou un enfant. En chaque oublié, il y a une bête qui les ronge. Vous n’êtes pas différent. »

    Avant d’être prophète, on est un homme. Et même lorsqu’on est devenu prophète, on reste cet homme. Il n’y avait rien de divin ni de plus précieux, ni d’épargné. Shane baissa alors les yeux :

    « J’ai tué un homme, autrefois. Et je me suis enfuit. Mais on n’échappe pas à son propre démon. J’ignore la fin de l’histoire, mais je la suppose. Et Joshi me souffle le même refrain. Alors peut-être que… Je me suis endormi. »

    Nosco, un rêve ou un cauchemar, un lieu où les démons avaient été repoussés dans les entrailles de la terre. Et lui, il avait Silvio. Alors il ne voulait jamais plus se réveiller. Il haussa finalement les épaules. Savait-il ce qu’il y avait de vrai dans tout ça. Et si Joshi lui avait seulement dit ce qu’il avait voulu entendre. Et s’il lui avait menti.

Shane M. Lewis
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Message par Allan Cadmun Dim 19 Juin - 18:57

« Quelle importance ? » riposta le Haut Prêtre.

Le regard qu'il posait sur le Guildien n'avait plus rien d'amical.

« Vous philosophez sur de charmantes hypothèses au point de nier qu'elles masquent la disparition d'un homme et de fait, maintiennent dans une illusion bienheureuse ceux des oubliés qui cherchent leur passé, ceux-là même qui pourraient, sans cela, ouvrir les yeux. »


Etait-il donc le seul à juger qu'il était inconvenant d'entâcher la mémoire d'un homme de valeur par une grossière imposture ?

« Joshi est mort pour moi. Perdu à jamais. » gronda le haut prêtre.

Il eut un regard à la ronde, dévisageant cette chapelle dont il était supposé gardien, et admit avec un sourire sardonique que Joshi avait finalement acquis la pérennité des prophètes... Mais à quel prix ?

« Qu'il soit un ou plusieurs m'importe peu. J'ai à ce sujet ma vérité et, si elle suffit à acheter mon silence elle ne peut ôter l'amertume d'une existence à pleurer la perte d'un être que tout un peuple veut voir vivant, dans chaque méandre du réseau, dans chaque pierre qui roule en Nosco, dans chaque souvenir réapproprié, comme si notre mémoire venait de lui et non plus de nous-mêmes. »

Malgré la réticence évidente avec laquelle il abordait le sujet, Allan s'était ressaisi. Son ton était redevenu égal et ses yeux, aussi insondables que de coutume.

« Joshi se serait sûrement accommodé de ces dérives, mais je suis trop idéaliste pour goûter à ce ragoût de chimères. »

L'accusation implacable du Guildien lui arracha un soupir.
« Je ne mens pas. Croyez-vous vraiment que j'ai pu laissé s'écouler un siècle sans ressasser le passé ? »
Après qu'il ait rencontré Joshi et rejoint la Nosco bouillonnante qu'assemblait tant bien de mal Mério, ses souvenirs lui étaient revenus rapidement, comme un gros sac qu'il eût laissé dans un coin en arrivant et oublié par la suite. Tout n'était pas limpide, entre ses "derniers instants" et son arrivée en Nosco, le raccord était malhabile mais, à la lumière des ans, le haut prêtre avait fini par accepter que rien ne manque, que l'univers se jouât de lui d'une manière ou d'une autre, mais de telle sorte qu'elle dépassât son entendement et de loin la part de ce qu'il acceptait d'inclure dans la normalité.

En quel honneur jugeait-il impie l'enceinte qui ceignait Nosco ? Pourquoi s'attendait-il toujours à ce que manger revint à s'alimenter à dévorer des mets qui, s'ils pouvaient être mauvais au moins avaient du goût, et non simplement à gober des pilules ? Il avait été forgé par ses expériences premières, et, s'il avait subi une quelconque renaissance pour devenir celui qu'on nommait Allan Cadmun, cet Allan Cadmun-ci avait gardé les normes d'un autre univers, et ne pouvait s'empêcher d'observer Nosco au travers d'une loupe discordante.

S'il en avait été autrement, s'il avait fait avec la cité close corps et âme, il aurait accepté les reproches du Guildien. Il n'aurait plus été bon juge de ses actions, il aurait mystifié son arrivée, consciemment ou non.

« Alors mon crime n'était pas ceux-là. Ce n'était qu'un accident stupide et rien de plus. C'aurait pu être moi, et je l'ai cru, un temps, tant j'avais peine à croire avoir vécu les scènes que me montraient mes souvenirs. »

Il sourit. Il n'y avait ni enfant ni femme dans le monde où il vivait, juste une poignée de vauriens doublés de quelques catins.

« Une bête me ronge, je ne nie pas, mais que Joshi ou tout autre qu'il vous plaira d'invoquer en soit témoin ; elle m'attendait au seuil de Nosco. Elle a fait de moi son esclave, et je n'aurais de cesse de lutter tant que je n'aurais pas achevé ma quête. C'est elle et nulle autre qui me retient en Nosco, et rien de mon passé ne pouvait me mener à présager de cela. J'ai tué pour survivre et je vis à ce jour, bien que le sens de ce mot ait changé bien des fois. Non, sans ma quête, je serais en paix avec moi-même.»

Avec l'un comme avec l'autre
, conclut-il pour lui-même. Même après toutes ces années, il ne parvenait pas à concilier ses deux entités. Elles juraient comme des teintes mal assorties, et il doutait que quiconque eut connu l'une ait pu la déceler en l'autre.

Devant le récit touchant du Guildien, le haut prêtre, ou plutôt celui qui en lui avait revêtu le nom d'Allan Cadmun comme on s’emmitoufle dans un manteau épais, pouffa.

« Avant nous seulement grandi dans le même monde ? Nous serions surpeuplés depuis longtemps si nous écopions de tous les meurtriers du mien ! »

Des études qu'il avait faite sur le sujet, les souvenirs des oubliés présentaient toujours de troublantes coïncidences. Il n'était pas possible de conclure à la similitude, c'était suffisant pour que la coïncidence ne soit pas de mise mais peut-être existait-il de nombreux univers parallèles. Nosco, sur certains points, n'était pas radicalement opposée à ce qu'il avait connu. Parfois, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'un autre lui poursuivait peut-être son existence, là d'où il venait. Il s'abstint d'en faire part au Guildien, il avait déjà fort à penser.

Allan ne pouvait pas croire à la vision trop simpliste de Shane, à son image implicite d'un purgatoire d'entre les mondes, alors que l'existence, malgré les créatures, malgré Joséphine et malgré tous ceux qu'il avait déjà perdu, ne lui avait jamais été aussi douce que dans l'enceinte étriquée de la cité damnée.
Allan Cadmun
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Message par Shane M. Lewis Sam 25 Juin - 23:44

    L’importance. Il n’y en avait pas vraiment, si ce n’est que de connaître la vérité. Depuis quand la vérité n’avait-elle aucune importance ? N’était-ce pas le discours de Joséphine de Nosco prononçait et que le Haut-Prêtre semblait reprendre. Ce n’était alors que parce que le dit-secret concernait Joshi. Ainsi, cela expliquerait l’attitude froide d’Allan, soudain. Shane aurait presque voulu ne pas y toucher, à ce Joshi. Mais il avait pris soin de retourner toutes les pierres, tous les rochers qui étaient en son chemin pour espérer trouver un jour la vérité qu’il cherchait. Qu’on le pardonne alors que devoir pendre Joshi par les épaules, l’accrocher à un fil à linge pour qu’il sèche et voir à la fin de la journée ce qu’y en tombe. Ce n’était pas vraiment très poli ni très bienveillant, mais s’il avait eu tout autre chois, il l’aurait choisi. Il n’en avait pas d’autre. La vérité ne semblait vouloir demeurer invisible à celui qui ne la cherche pas, présente dans le décor toujours, mais incompréhensible et sans nom en demeure.

    « Je vous prie de m’excuser. Je ne souhaitais pas vous offenser à ce sujet. Si l’inconnu avait souhaité s’appeler Shane Lewis plutôt que Joshi, j’aurais continué de l’appeler par mon nom, tout en sachant pertinemment que ce n’était pas réellement moi. Alors… Peut-être aurait-ce été moins confus. Si Joshi a disparu, alors quelqu’un parle encore en son nom. Il n’y aurait de blâme alors que pour l’auteur de cette illusion. Les oubliés s’accrochent à ce qu’ils trouvent. Ce Joshi est l’une des personnes qui semblent avoir le droit de parler, comme s’il échappait à toute loi. Voyez comme dans un monde silencieux le son de Joshi est une belle aubaine. Pour ma part, j’ai cessé de croire qu’il était encore à Nosco depuis le premier jour où vous m’avez dit qu’il n’était plus. C’est message sont pourtant bien réels. »


    Ces yeux se posèrent sur les mains d’Allan, pris d’une sorte de fascination singulière. 1,618. C’était souvent par ce chiffre que tout prenait une autre dimension. 1,618 et tout était plus harmonieux. Ne croyez pas que Shane soit tombé amoureux des mains d’Allan. En bon mathématicien, il cherchait à s’occuper l’esprit, sa raison, pour que divague tout le reste de sa pensée. Joshi n’était plus. Il y avait pourtant bien quelqu’un qui portait le masque de Joshi. Shane ne portait-il pas le masque de Traktueur qui appartenait à Darek depuis que le commandor était aux griffes de la rébellion ? 1,618. Qu’importe qui cela pouvait bien être. Allan semblait connaitre la vérité et comme tous les secrets de la Congrégation, ils seraient bien gardés tant qu’ils trouveraient logis dans la mémoire d’Allan Cadmun. 1,618 et il réalisa qu’il regardait les mains du Haut-Prêtre, rapidement, il releva les yeux, avec une toute autre expression dans le regard.

    « Vous avez bien des secrets, vous aussi, Monseigneur. En cela vous n’êtes pas bien différent de Joséphine de Nosco ou de Yan Merling. Vous débutez des phrases que vous n’achevez pas. Vous laissez tout homme lambda dans son ignorance, un regard si plein et si vide de sous entendus. Comment souhaitez-vous alors que nous ouvrions les yeux sur ce qu’est Nosco ? Comment voulez-vous que nous réalisions que nos ennemis, ce ne sont que les créatures ? Pourquoi gardez-vous le silence ? Pourquoi jouez-vous au même jeu qu’eux ? Pourquoi ? »

    Lewis s’en trouvait presque découragé de se confronter à nouveau à une porte close, soigneusement verrouillée. Il voyait Allan comme de possesseur sadique de cette clé et que jamais, il ne voudrait ouvrir cette porte. Il se trouvait bloqué, encore, comme au bout de ses recherches. Il avait le sentiment de ne plus pouvoir avancer, et cette même rage grandissait en lui. Pourquoi ne parlait-on pas ? Pourquoi tout se terminait-il dans un silence frustrant ? Pourquoi rien ne voulait transparaitre, même à demi-mot ? Pourquoi fallait-il toujours qu’on n’ait rien à déclarer alors que l’esprit regorge de solutions ? Il aurait suffit pourtant d’avoir ces mots, même peu, ajoutés les uns après les autres, comme un puzzle que l’on donne aux enfants et qui forme, une fois terminé, le paysage tant attendu, et même au-delà de cela, la satisfaction d’avoir achevé quelque chose, pour une fois.

    L’impuissance était rongeante et Shane serra les deux poings pour frapper la porte close de son esprit, claquer de toutes ses forces, tambouriner jusqu’à épuisement, assommer le bois rude, saisir la poignée, tourner, pousser, tirer. Jamais rien ne cédait. Aujourd’hui c’était encore la même chanson ! Shane était fou de rage, et si physiquement, il se contenait d’hurler et de percuter tout ce qui pouvait lui tomber sous la main, il y avait dans les yeux toute la furie exaspérée que pouvait transmettre tout son être. Il avait même fini par détourner le regard, pour ne pas que le Haut-Prêtre se sente personnellement agressé. Il ne décoléra pas pour autant.

    « Votre comportement est frustrant. »

    Termina-t-il en sifflant entre ses dents. Il n’y avait qu’un peu de rancœur qui perçait dans le ton de sa voix. Il n’aurait, pour sa part, jamais pu présager connaitre la vie qu’il entretenait à Nosco. Ce qu’il savait de lui était tellement peu et tellement vague. Il connaissait néanmoins sa fin. Il restait persuadé de ses soupçons concernant Nosco. Il s’accrochait encore à ce que lui avait dit Joshi. Il avait fallu ce point essentiel pour expliquer une présence ici. Il avait alors à penser que l’on pouvait nier jusqu’à sa propre existence pour devenir Nosco : je ne connais pas. Une quête alors s’engageait. Chacun pouvait avoir la sienne. Pour Shane, il s’agissait de percer le secret de Nosco, savoir pourquoi il était ici. Allan avait raison. Dans son monde à lui aussi, il y avait bien des criminels. Et si Nosco en était totalement peuplée, il aurait été bien terrible de trainer ici et la loi du plus fort aurait eu raison de tous. Alors peut-être était-ce pour cela que les lois étaient aussi drastiques sous le régime impérial. Peut-être était-ce pour étouffer les assassins. C’était stupide. Shane regrettait amèrement son meurtre. Chaque jour, il ressentait encore son acte comme une grave erreur. Il était un assassin. Silvio aussi était un assassin. Devait-il pour autant conclure de ces deux exemples une règle générale sur laquelle reposeraient toutes ses autres hypothèses. Allan lui prouvait bien que c’était faux. A cela près que Lewis n’acceptait à Nosco que les criminels rongés par le remord. Nul autre ne pourrait avoir sa place. Du moins, c’était dans la théorie de Shane.

    « Quelle est votre quête exactement, Monseigneur ? »
Shane M. Lewis
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Message par Allan Cadmun Dim 3 Juil - 19:40

Allan Cadmun ne revint pas sur sa réserve, comme si l'incident était oublié et l'affaire entendue.

« Vous êtes jeune encore, Shane Lewis mais assez aguerri pour porter sur Nosco un autre regard, lequel puise sa source dans les méandres de vos souvenirs. Peut-être vous souvenez-vous d'un monde où les noms se donnaient sans qu'on garde mémoire qu'il put en être autrement. Les noms n'étaient que des présents anciens, ancrés en nous aussi fort que notre personnalité. En Nosco, il nous a fallu nous forger une nouvelle identité, imposer et porter un nom étranger, recréer des bases et donner un sens à ce qui n'en avait plus. Plus qu'un leurre, l'homonymie est un non-sens en Nosco, en cela que nul n'est jamais doté du nom d'un autre à son arrivée. Je ne serai jamais Allan Cadmun, et pourtant, je le suis bien davantage que Joshi ne sera jamais Joshi. »


Le haut prêtre n'insista pas davantage. Shane n'avait jamais connu Joshi, il abordait la question avec le pragmatisme qui sied aux énigmes mathématiques et aux programmes informatiques, tandis qu'Allan en appelait au passage d'un homme qui avait remodelé à jamais la ville qu'ils prétendaient leur.

« Je pourrais m'appeler Joséphine sans que vous ressentiez le besoin d'accéder à mes demandes. » rétorqua Allan amusé qu'un brigadier, qui plus est doté de quelques capacités en informatique attachât tant de crédits au nom de celui qui lui envoyait des messages, sans se rappeler des prudences élémentaires à observer en présence d'un éventuel pseudonyme.

Trop habitué à ce qu'on évitât son regard, le haut prêtre s'abstint de se formaliser de l'attention toute particulière que Shane portait à ses mains, lesquelles n'avaient rien de notables au demeurant, sinon de regorger d'une bonne dizaine de doigts. La comparaison d'avec Joséphine et Yan arracha un rictus à Allan, sans qu'il fut possible de distinguer, qui de l'amusement ou du dégoût l'emportait.

« Vous vous figurez bien des choses, Shane. Sachez que j'ai pris le parti de rabaisser mes souhaits sans le domaine du plausible. Il ne suffirait pas que je réponde à vos questions pour vous ouvrir la voie. Que vous gardiez vos convictions ou les brûliez m'importe peu, il vous faut prendre conscience du fait que vous n'êtes pas seulement le chien bien dressé de l'impératrice, pas davantage que vous n'êtes le loup dans la bergerie. Vous devez parvenir à transcender cela, les souvenirs ne suffisent pas, il vous accepter d'être dual. Accomplissez la mission que je vous ai donnée et je répondrai à vos questions. »


A parler sans précaution, il avait causé la mort d'un oublié. C'était tout autant sa faute que celle de Mério, il aurait pu défendre sa cause par ce sinistre exemple, il ne craignait guère de saper le peu de confiance que le guildien lui octroyait encore. Seulement, à ne voir aucun danger dans la connaissance, le brigadier poursuivrait certainement à son échelle, indolore, l'oeuvre de Joshi. Allan ne voulait pas porter le lot de cette main que Shane ne tendrait pas vers autrui par peur de les blesser, s'il daignait croire en la sagesse de son expérience.

« Vous agirez autant pour vous même que pour Nosco. Et cessez de me comparez à eux, ils n'agissent que pour maintenir leur autorité et préserver l'illusoire fraternité de leurs ouailles, ou parce qu'ils ont eux-mêmes omis d'acquérir l'enseignement des années écoulées. Je ne vous retiens pas, Shane Lewis, vous connaissez le chemin. »

Si l'on se plaisait à voir dans ses deux homologues, deux contemporains, Allan n'aurait su dire ce que l'un et l'autre dissimulaient sciemment ou ignoraient tout bonnement.

« Vous devriez vous estimer heureux que je sois là pour vous complaire. »


Allan eut un demi-sourire. Le brigadier l'ignorait certainement mais les incursions du haut prêtre dans la chapelle était suffisamment rares pour qu'on pût le qualifier de chanceux.


« J'ai peur que ma réponse ne vous éclaire bien peu, aussi, daignez pardonner à un vieillard l'une de ses dernières lubies. J'ai eu en Nosco moins d'amis que je n'en ai perdu, en cela qu'il est plus aisé pour tout un chacun de nier l'affection que d'étouffer ses pleurs. Si la fatalité est le cadeau empoisonné que le destin nous adresse, alors il me faut décliner ses offrandes. L'une de mes amies n'a pas eu cette liberté, et je ne puis accepter son sacrifice. Ma quête n'aura de fin tant que je n'aurais pas conjuré le sort et rendu à sa mémoire la dignité qui lui sied. »

Jadis, Allan avait pris confiance en Nosco et en lui-même, malgré les poisons cachés de la ville. Il avait préféré ne pas croire au drame qui se tissait, et s'était réveillé trop tard, impuissant pour contrer ce que tous préférait voir comme d'une inébranlable logique.


Dernière édition par Allan Cadmun le Mer 27 Juil - 11:45, édité 1 fois
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Message par Shane M. Lewis Sam 9 Juil - 16:16

    Il s’appelait Lewis. Et pourtant, il avait dans ses veines un tout autre sang, et il ne connaissait à Nosco aucun Lewis qui puisse prétendre faire partie de la même fratrie. Il s’appelait Lewis. Et pourtant, dans la cité, il ne pouvait se vanter de porter le nom d’un illustre ancêtre qui avait servi le peuple des oubliés. L’infertilité humaine, ici, n’avait donné à Joshi aucun descendant pour régner sur le royaume qu’il avait délaissé, de telle sorte qu’il s’en trouva de plus en plus divisé à mesure des générations au pouvoir de la cité de l’oubli. Et quand bien même il n’ait pas capacité à procréer, on avait passé le septe de l’empire de main en main, de Joshi aux consorts Welfort, puis à Allan Cadmun et Joséphine de Nosco. Nosco avait été connue dans un régime quasi monarchique dont les seuls ‘élus du peule’ n’ont toujours été que le sauveur Joshi et le rebelle Yan Merling. Il s’appelait Lewis, mais tout aussi loin qu’il pouvait regorger de souvenirs lointains, il s’appelait Jefferson Wheeler, et il ne se revêtait que du sang et des valeurs de Wyatt Wheeler et Ruth Benson Wheeler. Ce n’était qu’en ce nom là qu’il aurait pu exhiber leur bravoure et leur honneur. Mais qui à Nosco pourrait bien connaitre ces gens là, qui pourtant était si proches de Shane et si loin à présent. Qu’importe. Il garderait ce secret pour lui. S’il apprendrait à connaître les mœurs de ses ancêtres et de son lui-même au travers de bribes de passé qu’il retrouverait, morceau par morceau, ce ne serait que pour se conforter lui-même qu’il n’était pas un individu seul et égaré qui était apparu il ne savait trop comment près de l’enceinte infranchissable de la cité maudite.

    En un sens, courir après son passé, malgré l’horreur d’une découverte d’un homme qu’il souhaiterait être autre et qui était pourtant lui-même, lui offrait la possibilité de se connaître un peu plus aisément. Jefferson Wheeler avait été un homme, un lui, qui avait agi un bon nombre de fois qu’une façon dont l’informaticien n’aurait jamais songé agir. Il avait été un être monstrueux et égoïste, passionné aussi dans un sens, mais il était également, ni plus ni moins son reflet dans le miroir. Il ne pouvait s’empêcher de voir en Jefferson l’espèce qui regorge de pêcher qu’il se dévoile à ce jour. Il avait, en apprenant à connaître son homologue du passé, réussi à lever le voile sur les raisons de certaines de ses craintes, et ainsi parvenir à mieux les maîtriser. La peur de ses mains à un point tel qu’il se voyait obligé de porter ses gants de cuir noir, sa claustrophobie… Son goût prononcé pour l’informatique et son caractère d’animal farouche qui n’acceptera jamais de rentrer dans un cadre imposé. Tout ça, il le retrouvait. Il savait que cela faisait partie intégrante de lui-même. Ca ne l’empêchait pas d’avoir peur et de craindre certaines de ses propres réactions. Il avait tué un homme, jadis, de ses propres mains serrées autour d’une gorge innocente. Il avait connu les ténèbres d’ensuite, le déni de ses actes et l’effondrement. Il supposait la folie. Il supposait Nosco. Il supposait une suite logique entre sa paranoïa terrorisante et son corps étendu sur le sol à proximité de l’enceinte, enfermé dans les murs de son esprit, ad vitam aeternam. C’était une folle histoire qu’en rien un raisonnement scientifique pouvait résoudre. Mais à bien en démordre, il en était certain : sa prison, c’était lui.

    Alors, dans la cage aux barreaux dorés de la cité, il n’y avait plus de place pour penser à lui-même. Du moins, ce n’était plus le temps à présent. Il n’était plus le jeune oublié à l’esprit égaré. Le Haut-prêtre lui avait donné une mission, celle d’agir pour Nosco et non pour lui-même. Pour être honnête, Shane ne songeait pas encore à suivre cette quête là. Il approfondirait ses pensées par la suite. Dans les jours, les semaines ou peut-être les mois à l’avenir. Cela viendrait, peut-être, ou cela sombrerait dans l’oubli. Mais la mer recrache toujours ce qu’elle avala un jour. Ainsi les réponses à ses questions semblaient s’éveiller à une solution. Elles n’étaient pas pour aujourd’hui, cependant, et étaient bien loin encore d’être d’actualité. Un jour, et ce n’était pas certain. Peut-être aurait-il la chance de croiser à nouveau Allan Cadmun. Peut-être auraient-ils à reparler de tout cela, en d’autres circonstances. Il avait, ces derniers temps, eu le loisir de bien plus de discours avec le Haut-Prêtre qu’avec Sa Majesté l’Impératrice. L’esprit de Shane se trouvait souvent influencé. Il avait tant entendu le discours Guildien que les paroles d’Allan sonnaient comme toutes bien différentes et nouvelles. Ce n’était peut-être pas la vérité, mais il pourrait confronter son discours à celui tant entendu, peut-être trouverait-il, en ôtant la trompeuse subjectivité, les faits avérés du passé et de Nosco. Il ne répondit rien cependant au Haut-Prêtre, préférant se cacher dans un silence d’ignorant. Il avait baissé les yeux, jusqu’à fixer le sol, quelque part aux pieds d’Allan sans qu’il n’en porte grand intérêt de ce pavé. Allan lui parla de sa quête et il ne fut pas étonnant de le voir demander :

    « Qui est votre amie ? De qui parlez-vous ?»

    Les sourcils froncés, il avait reposé ses yeux d’un marron très clairs sur le représentant de la Congrégation. Il se mordit finalement la lèvre inférieure, se demandant vers quels horizons il se promenait. Pourquoi ? Pourquoi la raison d’être d’Allan Cadmun semblait être faite pour honorer la mémoire d’une femme dont le sacrifice avait été oublié. D’autant que puisse se souvenir sa mémoire de Noscoien, il n’avait connu nulle femme illustre dans la cité si ce n’est Sa Majesté l’Impératrice, mais il douta fort qu’Allan se complaise à honorer Joséphine de Nosco. Alors peut-être parlait-il de Morgane de Welfort ? Quel sacrifice avait donc fait Morgane ? Rien à sa connaissance. En règle générale, on parlait des faits des époux de Welfort, l’un était jamais dissocié de l’autre, ainsi, il était étonnant qu’Allan ne vienne à parler que de Morgane. De ce fait, Shane n’osa pas véritablement soulever cette hypothèse.

    « Et… Quel sacrifice ? Quel sacrifice a-t-elle, semble-t-il, été obligé de faire ? »
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Message par Allan Cadmun Mer 27 Juil - 11:45

Les fils s'entrelaçaient, voyait-il ? Voyez-vous ? Il en coûtait à Allan de se taire ou d'omettre ce qui n'était que cinglante vérité. Le temps, si volage en Nescio, avait dérobé les confidents qu'il avait dénigré, le laissant seul, dans ce sanctuaire bariolé avec pour toute compagnie les ouailles de la Congrégations et quelques oiseaux de passage, tel ce Shane Lewis, les uns avides de lui complaire, les autres de lui arracher ses secrets, tous prêts à lui offrir une oreille compatissante, mais à quoi bon ? Quels sentiments vivraient encore, en ce discours distordu et malmené qu'il ferait de ces mots, dont la trame délétère raviverait le poison amer d'autres temps ?

Quand bien même, Allan n'était pas de ceux qui croient que la compassion puisse apaiser les âmes. Si longtemps après les faits, quelle valeur aurait la sollicitude de Shane, ou pis, son mépris teinté de défiance ? Avait-il trop vécu déjà, pour soupirer du poids de ses regrets, pour s'alarmer de ce joug auquel il s'étati lui-même condamné ? La question n'était plus "qu'en savait-il ?" en un monde où personne ne savait sinon lui, la question demeurait "qu'y changera-t-il ?". Shane était un Guildien, rechignant encore à salir sa réputation pour le bien de Nosco ? Il n'aurait ni la patience, ni la tendresse de croire à la véracité de ses intentions. Pour lui, il n'était qu'un vieux monstre racorni tiré des temps anciens, trop austère et sournois pour offrir davantage que mensonges et illusions douloureuses. Et pourtant, il avait franchi une nouvelle fois le seuil de la chapelle, il était venu.

Peut-être était-ce uniquement pour cela, qu'il lui répondit. Il ne le connaissait que peu, et à l'aune de ce qu'il avait déjà vécu, c'était pis qu'insuffisant pour oser le compter tel un ami, là où l'existence entière ne suffisait pas toujours à grappiller la confiance d'Allan Cadmun.

« Je n'ai jamais su son véritable nom. »

Il secoua la tête dans cet aveu déconcertant lui pesait, trop accablé pour admettre la réciproque : il ne lui avait jamais révélé non plus.

« Elle était un rayon de soleil apaisant nos jours d'errance, noyé dans les ombres de l'incertitude. Mais déjà, je me plaisais plus à médire des corbeaux dont j'avais la sombre parure qu'à réchauffer mon âme à la douceur des astres, fort que j'étais des flammes qui brûlaient en moi, bien qu'elles se soient avérées n'être que vaine audace. Hélas, le temps pour moi d'ouvrir les yeux, elle s'en est allée sur des chemins où nul ne pourrait la suivre sinon en renonçant à lui apporter le moindre secours. Je lui ai failli, car elle s'est sacrifiée sans la moindre échappatoire. Peut-être m'aurait-elle ri au nez, mais, par cette main que je ne lui ai jamais tendu le moment venu, je l'ai privée d'un choix. »


Allan soupira pour lui-même, ses yeux d'aventures si perçants se perdant dans le vague, comme se remémorant l'instant où il avait omis son devoir et trahi son éthique personnelle.

« Elle a renoncé à la vie pour n'être rien de plus que l'objet des rêves d'un autre. Vivant par sa volonté, tirant fierté de son regard, abreuvant tout un chacun de ces boniments dans lesquels elle s'était noyée. Et lorsque son maître a choisi la voie des ombres, arrachant au néant le repos de son âme, elle ne lui a pas survécu. »

Les mots du haut prêtre se faisaient acerbes, comme un discours qu'il aurait gardé pour un autre, le coupable véritable, sans jamais pouvoir les lui livrer.

« Souvenez-vous de cela, Shane Lewis. Car il y aura toujours un instant où vous tiendrez vos idées pour rien, où survie et espérance vous sembleront valoir davantage que la liberté des songes. Ne laissez personne décider pour vous, n'adoptez aucune conception des choses, aussi plaisante soit-elle, qui vous soit intimement étrangère. Ne vous trahissez pas, ou il vous faudra vivre contre le sort, et cherchez en vain un remède à vos prières. N'offrez foi à personne, Shane Lewis. »

Qu'aurait-il fait, à son heure, de semblables conseils ? Le haut prêtre eut un sourire intérieur. Il n'ait pas certain qu'il eut pu éviter le pire ou rien prévoir des temps qu'ils vivaient actuellement. Mais il ne se sentait aucune attache profonde au cours des événements pour ne pas risquer de l'infléchir.

« Pas même à celui que vous êtes devenu. Pas même à moi. »
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Message par Shane M. Lewis Sam 30 Juil - 12:27

    HJ : Bon, vala, j'avais parlé de cette hypothèse à Lian, il y a quelques mois sur Skype. Je l'applique enfin en RP. Je le met donc en hide puisque ce sont mes hypothèses. Désolé pour ceux qui ne pourront pas lire <3


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Message par Allan Cadmun Sam 20 Aoû - 21:35

[HRP/ Pardon pour le retard. xD /HRP]

Une histoire d'amour. Touchante comparaison pour qui pouvait la comprendre, pour qui avait été bercé par une mère aimante qui, un livre à la main, aurait pris à cœur de lui narrer les aventures formidables de quelque princesse en détresse ou quelque prince en mal d'amour. Allan avait connu plus d'ogres que d'affable paladin, et dans son monde les jouvencelles vendaient leur vertu bien avant d'avoir pu recevoir, ne serait-ce qu'un baiser, d'un quelconque prince charmant.

S'il s'agissait d'une histoire d'amour, elle était bien amère, même privée de la consolation sordide d'un sacrifice mutuel et d'une union perdurant par delà la mort. Non, l'on ne faisait pas cela aux gens que l'on aimait. Aimer, le haut Prêtre s'en gardait bien, se méfiant des liens qu'on ne peut dénouer sans les rompre. Ou peut-être le guildien avait-il raison et Allan bien trop de réserve pour se permettre d'aimer à la folie. La clef était là pourtant, un filtre de démence qui avait étourdi les deux amants de naguère pour qu'ils se perdent l'un l'autre, tandis qu'Allan, en spectateur impuissant ne pouvait que frémir ou pleurer comme on s'émet de la chute d'une étoile filante.

Nosco avait perdu un astre qui n'éclairerait plus jamais ses ruelles glauques nappées de l'éclat que la Guilde leur donnait. Aux premières paroles du Guildien, Allan ne répondit finalement pas, happé par le cours de ses propres pensées. Shane se mit ensuite à réfléchir à voix haute, arrachant par ses réflexions un sourire cynique au haut Prêtre. Jeune et formaté par le moule de la Guilde, ainsi lui paraissait-il, évoquant la banalité de la beauté, sans comprendre que c'était l'amour qui l'habitait qui la rendait si resplendissante et si vive. En ces terres où l'on trouvait toujours plus de raisons de périr que de survivre, c'était une grâce inestimable que de se savoir exister pour quelqu'un.

« Dérobez-là aux mythes qui l'enserrent et à la fatalité qui gouverne toujours pareilles histoires, et oui, ce sera elle. » répondit Allan, non sans amertume.

Il ne pouvait s'épandre sur le sujet avec le même enthousiasme que Shane. Le sujet n'exerçait pas sur lui la moindre fascination, car la beauté du mythe cédait le pas à la réalité sordide.

« Joshi n'est qu'un nom, une parole au vent pour narguer le destin. Bien peu au demeurant et trop tard, toujours trop tard. »


Allan la connaissait, savait où la trouver, elle n'était pas pour lui la créature évanescente que dépeignait le Guildien. Avec une inquiétude grandissante, le haut Prêtre reconnaissait même pouvoir encore donner sens à ses paroles. Fallait-il en déduire qu'il sombrait lui aussi dans la folie et qu'au fil du temps, au bout de quelques décennies de plus, peut-être, l'on lui refuserait le sens commun ?

Allan se sentait blessé par le récit de Shane, plus qu'il n'aurait pu l'admettre. Il salissait son nom, incendiait sa mémoire, accumulaient ignominies et calomnies, prêtant à la pauvre infortunée des vices et des manœuvres dont elle n'eut point voulu. En un sens, il lui était cruel, mais ni plus ni moins que ses contemporains – et lui-même, lui-même ! - en son temps, quand ils avaient consenti au pire. Le haut Prêtre n'avait pas eu besoin de Nosco pour se convaincre de la bassesse de l'humanité, mais s'il avait vécu dans un palais doré, cette expérience y eut suffi amplement.

« Freya. »
murmura Allan en réponse, comme si ce seul nom concrétisait à lui seul le moyen de lui rendre encore hommage sans l'offenser, sans ternir sa mémoire ni mépriser ce qu'elle avait été.

Une fois de plus, l'engouement du Guildien, en habile détective, détonna avec la réserve placide du haut Prêtre. Silencieux, il laissait Shane débiter tout haut ses réflexions, car c'était là pour lui la seule manière honorable. Le laisser à ses suppositions vraies ou fausses, qu'il soit un électron libre au sein de la Guilde, le seul à même de reconstruire une fable dont tous se moquaient, selon laquelle les ondes alpha venaient du sacrifice d'une femme. L'on rirait de lui, ceux qui avaient eu de l'instruction en d'autres lieux y verrait le retour d'un culte primitif à la féminité comme mère de tout espoir. Il aurait fallu qu'il se taise, mais il est ainsi de certains sujets qui tiennent tant à cœur qu'on peut se convaincre que leur honneur vaut toute nécessité.

« Elle n'avait pas à le suivre, pas plus qu'il n'avait à partir en sachant qu'il lui léguerait sa tâche. Qu'avez-vous fait de votre humanité, Shane Lewis ? Qu'elle s'aliène à Nosco ou aux ombres qui nous guette m'importe peu, pas davantage que de savoir à quel tyran se vendent les âmes libres de Nosco, mais sa vie, qu'en faites-vous ? N'avait-elle pas le droit de se réveiller chaque matin, d'ouvrir ses yeux rieurs sur Nosco renée de ses cendres ? Nous aurions trouvé d'autres moyens. En situation de crise, les esprits travaillent... Au lieu de quoi, nous avons choisi l’inacceptable facilité. »


Tandis que l'autre l'observait, tétanisé ou terrifié, Allan poursuivait, incapable de s'octroyer un arrêt inutile maintenait qu'il était lancé.

« Il nous faut du temps. Nosco croit, mais nous ne pouvons nous permettre le luxe de nous contenter de subvenir au présent. En prenant assez d'avance, nous pourrions investiguer davantage, délivrer Freya... »

La voix du haut Prêtre allait s'amenuisant à mesure qu'il sombrait dans ses réflexions, caressant des rêves d'avenir qu'il n'osait prononcer à voix haute. Il se moquait bien de ce que Shane pouvait en comprendre ou en penser, voilà bien longtemps que personne ne pouvait porter sur ses vues autre chose qu'un regard radicalement étranger.

« Voilà pourquoi votre mission m'est chère, s'il vous déplaît ou ne vous suffit d'oeuvrer pour le bien commun. »
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Message par Shane M. Lewis Dim 11 Sep - 22:06

    La dérober au mythe qui l’entourait. Allan était loin d’être dans le tord. A raconter cette histoire, il fallait bien admettre que cela dépassait la raison. Cette déesse déçue aux printemps fanés, n’entait-elle que les réseaux seulement au moins une fois dans sa vie ? Il y avait des histoires autour de cette femme. Un fond de ce qui semble être la vérité, et pourtant, tellement de mensonge pour l’encercler et l’entrainer vers son traineau de mystère. Alors il s’agissait bien d’elle. Il était presque épaté par ce début de parcours sans faute ou si peu. Où s’arrêtait son raisonnement juste et où débutait celui qui était faux ? Aussi se retrouva-t-il perdu entre deux eaux troubles et aussi terrifiantes l’une que l’autre. La vérité faisait peur. Mais le fait qu’elle soit cachée était frustrant. Alors, c’était donc d’elle dont Allan lui avait parlé. C’était cette femme à qui l’honneur avait été dérobé par la fatalité de son sort et rien qui ne puisse un jour sauver le haut prêtre de sa dette. Alors, devait-il être triste pour ce funeste destin ? Devait-il l’accepter comme acquis, à la manière choisie par bien de ses prédécesseurs ? Il était abasourdi. Et pourtant le silence dans la chapelle de Joshi faisait état de mémoire.

    Avait-il seulement sali le nom de la jeune femme en récitant ce qu’il pensait savoir d’elle ? Mais à la mémoire de ce qui devina ensuite, il n’eut pas vraiment besoin de mot pour exprimer ce qu’il y avait au fond de lui. Sa voix s’était brisée, éteinte comme une flamme sur laquelle on aurait soufflé pour en ôter la vie. Alors, il n’y avait plus rien d’elle. Pas plus de fable que de faits avérés. Elle n’était plus que l’ombre brumeuse de l’autrefois, et à ce jour les ténèbres éclairées de ce que l’on se souvient. Pour ceux seulement qui se souviennent. Shane n’avait ni l’expérience ni la connaissance pour épargner la femme de tant d’indélicatesse. Il n’aurait pourtant pas été le premier à pêcher. Il ne serait surement pas le dernier tant que la mission d’Allan Cadmun ne serait pas achevée. Alors il avait baissé les yeux, dans une contemplation romanesque du sol. Jamais la pierre n’eut tant d’éclats et jamais la persévérance dans le rien et le néant n’avait été plus parfaite quête pour un soldat si peu éprouvé par le temps et les sentiments. Il y avait à Nosco, ceux qui prenaient les faits pour acquis. Il y avait ceux-là même qui avait toujours cru que les ondes alphas étaient inépuisables, que c’était un don de Nosco. Lorsque l’on enfouit sous les entrailles de la terre le précieux secret d’un sacrifice, comment pouvait-on prétendre vouloir que la valeur de ce dit sacrifice rétablisse l’honneur perdu du sacrifié ?

    On pouvait peindre tout un chacun de divers mots. Mais il serait bien difficile à Allan de révéler au grand jour le sacrifice de la femme qu’il protège pour qu’elle retrouve le statut auquel elle appartient, sans en offrir le secret même des ondes alphas. C’était un paradoxe bien étrange, qui, si l’on y réfléchissait bien, puisait sa source dans les ordres des époux de Welfort à leur départ : Allan, les ondes alphas et Joséphine, la cohésion de la population. Aussi lorsqu’il répéta le nom de Freya comme pour approuver la réponse que mon brigadier avait apporté, Shane avait ouvert de grands yeux et avait frissonné. Freya. Alors, c’était donc vrai. Ce qu’il pensait, ce qu’il avait cru. C’était donc vrai. Il lui avait suffi de l’arracher aux fables qui l’entourent, tant de mensonges qui cachent l’être salvateur. L’avait-il donc dérobée à son secret ? Le Haut-Prête ne semblait pas s’arrêter. Ses mots sonnaient comme de la colère étouffée, celle d’un homme qui se taisait pour la sureté de celle qu’il protégeait. Il n’aurait su comprendre le tout, il savait seulement que Freya était lié à tout cela et que la Congrégation aurait du porter son nom bien plus que celui de Joshi. Shane avait regardé Allan, comme une poule aurait eu le regard à un renard qui était entré dans le poulailler. Non, en fait, dans le cas présent, c’était la poule qui était sorti de sa cage, s’exposant au danger de l’extérieur. Mais il se trompait encore, Allan n’était pas un renard. Ses yeux clairs étaient grand ouverts, abasourdi par ce qu’il entendait là.

    Aurait-il pu prononcer un mot lorsque le prêtre parla ? Y aurait-il eu seulement une parole qui aurait pu franchir ses lèvres entrouvertes ? Il était scandalisé, atterré. Il y avait tant d’idées qui envahissaient son esprit. Il aurait voulu dire stop, et pour autant, il n’avait jamais tant espéré que cela ne s’arrête jamais. Aussi, lorsque la voix d’Allan s’éteignit dans le silence, l’informaticien, loin de vouloir partir, rassembla ses pensées. Il réfléchissait vite, il avait été entrainé pour cela lorsqu’on lui avait donné, il y a peu de là, le devoir de veiller sur Omega. C’était une muraille, un bâtiment qu’il avait du protéger de l’envahisseur. Il avait du être un stratège, il avait appris à additionner a + b pour résoudre le plus tendancieuses des équations. Freya était une énigme de plus, un feu dont les flammes le dévoraient. Si on avait banni la curiosité des actes moraux pour l’envoyer dans le panier des péchés, alors elle le rongeait. Mais plus que de la curiosité, c’était l’envie de comprendre ce qui se cachait sous les décombres. La ruine était un terrain miné, il n’était pas à l’abri de se prendre un bombe en pleine face. Alors devait-il seulement faire attention ? Il n’en avait ni l’envie, si les moyens. Il l’aurait fallu pourtant. Chaque parole qu’il prononçait aurait pu être un crime. Il assassinait l’inconnu, et il ne ferait toujours tant que tout lui serait inévitablement voilé.

    ‘Voilà pourquoi votre mission m'est chère, s'il vous déplaît ou ne vous suffit d'œuvrer pour le bien commun.’

    « Je vous prie de m’excuser. Je ne voulais pas arrivé à un tel extrême… »

    Non, il n’avait pas voulu vraiment tout cela. Il avait cherché à savoir, à comprendre où il mettait les pieds. Nosco lui faisait peur et l’attirait dans un même temps. Elle ne se dévoilait que peu. Alors, peut-être n’aurait pas du aller aussi lui. Le regrettait-il ? Non. Pas plus que l’on regrette d’avoir tué quelqu’un. Il avait poignardé dans le vide, sans savoir qui ou quoi il frappait. Mais ce qu’il avait touché avait réagi et n’avait pu rester tapi dans l’ombre. Œuvrer pour le bien commun lui avait suffi, il avait déjà pris cette décision et tôt ou tard, il s’y fierait. Mais il avait à présent un objectif qui le pousserait à réaliser plus tôt ce qu’il envisageait. Il avait été plus loin qu’il ne l’aurait cru aujourd’hui. Et comme toutes les histoires, elles ne valent plus le coup d’être lu lorsque le suspens final est levé. Il avait lu plus de pages qu’il n’aurait du. Ca le calmerait, à coup sûr. Il laisserait ce grimoire de côté pendant quelques mois, peut-être quelques années. Mais Nosco était une histoire palpitante dont il n’aurait satisfaction qu’en la lisant jusqu’au bout. Mais pas trop vite. Jamais trop vite. Il n’était pas prêt pour entendre la vérité de la fin de ce livre. Alors, il était temps pour lui de se retirer. Il reviendrait, assurément, peut-être aurait-il le loisir de discourir à nouveau avec Allan Cadmun. Si ce n’était pas le cas, alors peut-être que le silence de la chapelle laissera dans ses réponses les multiples échos, dans les voutes, de ses questions.

    « Je ne vous ai pas répondu tout à l’heure, lorsque vous me demandiez ne faire confiance à personne. Je crains de devoir vous décevoir. J’ai déjà offert ma confiance à quelqu’un. Cette personne pourrait me détruire, si elle le voulait. Je suis déjà condamné le même jour où je lui ai dit que je l’aimais. Mais que vaut-il mieux, Monseigneur ? Vivre à la chaleur des chaines que l’on s’est imposées ou la liberté dans l’hiver glacial de la solitude ? J‘ai fait mon choix. Et quand bien même je réaliserai un jour avoir eu tord, je n’aurais jamais de regrets. Je doute que Freya regrette ses actes parce qu’elle a dans le cœur le souvenir d’avoir brillé dans les yeux de son bourreau. Et si elle n’avait eu confiance en personne, elle n’aurait jamais eu d’ami comme vous. Un ami qui œuvre dans le silence pour la libérer de son fardeau. Si un jour, vous la délivrez, et malgré les souffrances qu’elle aura endurées, croyez vous improbable pour autant qu’elle accorde de confiance à d’autres ? Les sentiments. C’est la seule chose pour laquelle on accepte les tortures, plusieurs fois dans une vie, même si on s’est déjà brûlé les doigts par dix fois. Savez vous pourquoi ? »

    Il fixa le haut-prêtre, longuement, silencieux. Et puis il donna la réponse :

    « Parce que nous sommes humains. Et ceux, malgré la bassesse de l’humanité. Le tableau n’est pas de noir vêtu. Croyez-moi. »

    Il inclina finalement le chef, façon de lui signaler son départ respectueusement. Il tourna les talons et s’enfuit avec ses découvertes, comme un voleur. A un détail près : il reviendrait dans la maison de son crime.


    /HRP/ Si tu ne souhaite pas répondre, signale le pour qu'il soit clos. Pour ma part c'était ma dernière réponse. J'ai adoré et admiré ce superbe RP. Merci ^^ /HRP/
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