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Elucubrations coupables

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Message par Hologramme Sam 26 Mar - 3:50

La fatalité n’a aucun sens, juste une direction. Aujourd’hui, elle en prend une qui, avec brutalité, marche à l’encontre de Nosco. Demain, la situation sera d’un pire encore. Ce fléau n’annonce rien de bon. Il me semble que le mal reprend le dessus et qu’il va nous toucher tous.
Ce mal, c’est de symptômes qu’il nait. Une société si parfaite, si propre, et a contrario des hommes et des femmes que le dos refuse de se tenir droit, que les yeux trahissent la fatigue et que la préoccupation soudaine est de ce guérir de ce mal. C'est une épidémie. Il y a, là, des piques transperçant les cœurs. C’est de l’incertitude, c’est de la peur. On se demande pourquoi, on se demande comment, et on afflue au Sapienta, on espère y trouver une solution, un remède. Les médecins s’étonnent, je ne sais même pas si eux même savent à quoi cela rime. J’ai vu tout ça, des mes propres yeux, certainement peu. En revanche les gens parlent. Ils ouvrent leur cœur et expriment leurs craintes. Alpha devient la parole de tous ces gens là, Alpha devient leur support, cachés derrière leur pseudo, tous tremblent.
Je tremble aussi. J’ai ce mal en moi, j’ignore encore ce que c’est, mais je chercherai. Il doit bien y avoir quelqu’un qui connaisse la vérité. Je tremble parce que mes amis affichent un état à faire pâlir. Ne suis-je donc pas pâle, moi-même ?
D’ores et déjà, on se demande qui est le coupable, parce qu’il faut toujours un responsable. Serait-ce alors lui ? Serait-ce alors elle ?

Serait-ce alors moi ?
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Message par Hologramme Lun 16 Mai - 7:15

ALPHA : À l’origine, le nom de cette lettre dérive du mot aleph qui désigne un bœuf en phénicien. D’ailleurs, la forme de la lettre α est elle-même une tête de bœuf qui a subi une rotation à 90°. A vrai dire, il appartenait à tout à chacun de prendre le taureau par les cornes ces derniers jours. Il n’y avait rien pour être victorieux, et on ne se vantait guère d’être encore sain, alors que nos voisins sont souffrants, parce que l’on sait que bientôt, ce sera notre tour.

ALPHA : Réseau noscoien qui se voyait fleurir de craintes en si peu de temps. Tous se cachaient derrière des pseudos, pour discuter de cette maladie qui se rependait tel un fléau, nulle âme innocente ne serait épargnée. D’autres comme moi, se cachent derrière un pseudo, une adresse IP masquée ou truquée selon son niveau et on parcourt les pages des forums en proie à de nouveaux indices : pourquoi et comment sont en la bouche de chacun. J’observe tout cela, et je ne dis rien. Je me connecte sur quelques chatbox, je suis quelques discussions, mais je n’interviens pas. D’autres seront là pour poser mes questions : nous avons toutes les mêmes.

ALPHA : C’est sur ce réseau qu’un administrateur inconnu avait ouvert un forum il y a quelques temps. Il portait le pseudo étrange de ‘awazenbi’ –ne me demandez pas ce que cela signifie. Son forum avait connu une croissance phénoménale en si peu de temps. Il y avait une raison à ça : il traitait de l’épidémie qui sévissait en Nosco. Alors forcément, pleins de petites oreilles étaient venues se coller contre la porte. La mienne aussi. Et j’étais Locke.

[9 :58] Locke vient de se connecter.
Mad4it : Personnellement, je n’ai pas encore tous vos symptômes. J’ignore combien de temps cela va durer…
@Awazenbi : Profites-en, les courbatures et la fièvre, ça rend cinglé à la longue.
Mad4it : Merci.
Mad4it : Tu as vu le nouveau sujet sur ton forum ?
@Awazenbi : Non, pas encore, lequel ?
Mad4it : Mais là ! Tout le monde poste dessus !
@Awazenbi : Je vais lire.
[10 :06] Lateralis vient de se connecter.
Lateralis : Je vais lire aussi !
[10 : 12] Souricureuil vient de se connecter.
Mad4it : Alors ? Alors ? Tu en penses quoi ?
@Awazenbi :
@Awazenbi : Je ne sais pas… Ça me laisse perplexe…
Souricureuil : Hein ? Qu’est ce qui se passe ?
@Awazenbi : Nous parlons du sujet qui vient d’être poster. Mais si ce n’est pas une grippe qu’est ce que ça peut être ? Et puis, même si je ne suis pas médecin, il s’agit tout de même des symptômes de la grippe.
Mad4it : Ce n’est peut-être qu’une version officielle. Combien de fois avons-nous connu des épidémies de nouvelles maladies à Nosco ?
Locke : Comment ça de nouvelles maladies ?
Mad4it : Ah ! Tu n’étais peut-être pas là à cette époque, mais je me souviens pour ma part d’une épidémie il y a plus d’une trentaine d’année déjà. Tu vois de quoi je veux parler ?
Locke : Un peu oui.
Mad4it : Les rebelles a force de trainer dans leur trou à rats plein de pourritures avaient contracté une maladie nouvelle qui a été transmise à nos brigadiers. Ça avait fait un ravage monstre !
@Awazenbi : En effet, ça avait été horrible… C’est d’ailleurs souvent qu’il y a de nouvelles maladies à Nosco, mais celle d’il y a trente ans avait été particulièrement sauvage. Je ne suis pas persuadé cependant qu’il s’agisse de la même chose aujourd’hui…
Souricureuil : Tu a l’air sceptique… Mais je pense que Mad4it a peut-être raison.
@Awazenbi : Avouez tout de même que ça ressemble beaucoup au virus de la Grippe je ne vois pas pourquoi vous allez chercher des solutions farfelues…
Lateralis : Oui c’est vrai ça y ressemble… Mais c’est louche tout de même.
Locke : Pf… A chaque nouvelle épidémie, c’est une nouvelle psychose.
Mad4it : Je parie que ça va être encore ces foutus rebelles qui nous ont transmis ça !
@Awazenbi : Moi je parie que c’est juste une grippe.
Souricureuil : Je parie que ça vient des créatures, c’est possible non ? Ces bestioles trainent dans la saleté et ont pu contaminer quelqu’un !
Lateralis : Ah ! Et bien, tant qu’à faire des suppositions farfelues, moi je pointe du doigt la Congrégation ! C’est vrai : on ne sait pas ce qu’ils fabriquent !
@Awazenbi : En effet…
Mad4it : J’adore vos idées ! Et toi Locke ? Tu nous proposes quoi ?
Locke : Euh……
Souricureil : Wah quel charisme ce Locke !
Locke : Ah-ah….
Lateralis : Alors, une idée ?
Locke : Bah… En dessous du Sapienta, ils fabriquent des choses pas très louches, j’y ai déjà été… Et bah… J’ai entendu parler des poires défaillantes de Karlovy Kinsky… Pas très rassurant..
@Awazenbi : La honte si je me suis fait contaminé par des poires…
Locke : En parlant de poire, j’ai faim !
Locke : A bientôt !!
[10 :33] Locke s’est déconnecté.
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Message par Hologramme Dim 3 Juil - 2:27

    Coupable, n, m : Personne qui a été jugée par une cour comme étant l'auteur d'une infraction.


On m’avait parlé des dorures sur le tour des larges fenêtres, on m’avait parlé des rayons du soleil qui venaient si refléter dans un éclat d’or. Ce n’était que de la banale peinture, ils en étaient fiers pourtant. Pour moi, ce n’était que du noir, juste des contours sur les murs blancs. Et puis en dessous, des lambris sombres comme placardés ici en un début de prison. On m’avait parlé les lourds rideaux d’un rouge pourpre, le rouge des rois, le rouge du sang des crimes qu’on y punissait. On m’avait parlé des hauts plafonds, tels des immensités éternelles. On m’avait parlé des bancs noirs sur d’ennuyantes rangées, les gros bureaux de bois et de marbreries aux lignes droites et rigides comme la loi. On m’avait parlé du sol marron comme la terre. Tu es né poussière et tu redeviendras poussière qu’ils disent. Soudain, dans le silence coupable et les espoirs innocents, le maillet du président s’abat sur le socle : Coupable.

Coupable. C’est jusque moi que ces gens sont remontés. La maladie, les gens qui souffrent, l’épidémie. J’en suis donc la source. Je dormais sur mon lit au Sapienta lorsque je les ai entendus, les médecins. Ils me croyaient dans le sommeil, et je les sentais me pointer du doigt comme un animal malade. Responsable en mon nom, j’ai contaminé tout Nosco. Lui tout d’abord, et puis d’autres par la suite, qui ont transmis le virus à d’autres et d’autres encore. Tout Nosco dans son entièreté tremble, et ce serait par ma faute.

Quel acte insoupçonnable ai-je bien pu commettre ? Je n’ai connu ni lieu inhabituel, ni personne inhabituelle. J’étais là où j’avais toujours été, à Nosco, à mon poste, à mon travail. Je reproduisais les mêmes gestes, les mêmes habitudes et les mêmes problèmes. Je n’ai connu rien qui puisse sortir de l’ordinaire. Je n’ai pas même, il me semble, côtoyé mes amis des camps adverses. Je ne vois pas comment il pourrait s’agir de moi. Ils se trompent, c’est impossible ! Je le les crois pas. Pourquoi sont-ils remontés à moi ? C’est qu’ils m’en veulent ? C’est qu’ils veulent me faire passer pour le coupable ? Les traitres !

    Apathie, n, f : Incapacité à réagir, mollesse.


Sa longue robe noire touche le sol. Elle est ample, elle est souple, elle volerait au vent si on avait été dans un lieu ouvert. Sur son buste, ce tissu blanc, tranchant à sa non-couleur opposée. Son visage et pâle comme celui de l’accusé. Il sait qu’il n’a que peu de chance, que c’est un procès perdu d’avance, mais il parle et parle encore, comme si la liberté de son client pouvait encore se gagner. Il a tué deux hommes et violé une femme. Croit-il encore pouvoir s’en sortir ? Le meilleur orateur ne saurait venir à bout de cela. Sa peine est déjà toute établie. C’est le procureur qui a fait savoir son avis pour punir le crime. C’est un pénal, un châtiment d’infraction au code. Au font de la salle cette statue de métal. C’est une femme, les yeux bandés qui tient une balance dans sa main, une épée dans l’autre. La justice tranche. Je ferme les yeux et entends la sentence. Coupable. Dans les yeux de l’accusé prononcé coupable, le vide et le néant, son visage à la pâleur des draps blancs du Sapienta, comme le mien, pauvre malade.

Alors je suis coupable. Je n’ai rien fait pour l’être. C’est une maladie qui a dû apparaître dans Nosco. Elle m’a frappée. Maudit Joshi.
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Message par Hologramme Mar 26 Juil - 4:43

Sapienta, ses visages pâles, ses murs blancs, son air maladif, son agonie fatale.
La quarantaine fait du Sapienta le nouvel Aedes. Plus qu’un arrêt maladie, un véritable lieu de vie. Plus que d’y accourir pour bon soin, on y habite pour cloison. Les murs si purs sont verts de peur, et leurs rires jaunes, de ces médecins qui avaient cru en une maladie si faible qu’elle se soumettrait à quelques comprimés verts, d’espoir. Le noir de la déception ronge nos esprits. De la même teinte s’éprennent l’humeur et les rêves. Le rêve bleu a disparu, on retrouve du sang dans tout ce qui sort de nous. On meurt de l’intérieur, et on voudrait bien s’arracher la peau pour s’ôter le monstre du corps.
C’est ma faute. Il ne va pas bien, elle ne va pas bien, et c’est de ma faute. J’ignore où j’ai bien pu attraper cette horreur. Les rebelles se rendent, un par un. Impossible pour la Confrérie de s’en sortir seule. J’ai entendu parler de l’hypothèse rebelle, celle d’un virus ou on ne sait quelle maladie qui aurait contaminé toute la population. Je les hais. Ils ont toujours cherché à détruire la Guilde, par tous les moyens. C’est absolument affreux, la situation devient de plus en plus incontrôlable. On aura beau dire dans le Journal Officiel que les médecins ont la maîtrise de ce qui se passe. Je ne les crois pas. Ils n’ont pas la moindre idée de là où ils vont. Personne ne sait rien. Mais qu’ils interrogent les rebelles : c’est eux ! Ils doivent connaitre la maladie qu’ils ont créée ! Leur magie s’est retournée contre eux ! Ca leur apprendra !
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Message par Hologramme Dim 31 Juil - 2:53

Petite voix intérieure : OoOoOoOoh ! Un nénuphar rose ! Et une grenouille bleue ! Et une jolie petite libélu… Ah non… A plus de libellule… La grenouille avait faim… Et euh… Bon OK, je divague. Mais qu’est ce que je m’ennuie ici ! Je comate… Ou bien je dors. Ca ne change pas grand-chose : je suis en décomposition sur mon lit d’hôpital, un point c’est tout. Ils attendent quoi ? Que je pue la rage pour venir me soigner ? Ils attendent que je sois mort ? C’est quoi cette organisation ! J’espère au moins que je n’ai pas la langue qui pend. Attendez, je vérifie…
DOWNLOAD CERVEAU RECHERCHE : 35%
ECHEC DE LA PROCEDURE
Bon, ce n’est pas grave, on s’en fiche de toute façon, il n’y a personne pour voir que j’ai l’air débile. Ah et quelqu’un qui rentre ! Peut-être pour mon repas. J’ai un petit creux en plus. Je n’arrive même pas à sentir. On prend mon bras, on repose mon bras, on touche mon front, et un peu partout. Vous croyez que je peux demander un petit massaaaage ? Bon pour ça, il faudrait que je parle. Attendez… Comment on fait déjà ?
…..
Bon, j’abandonne. Je n’ai pas besoin de parler. Je vais penser psychologiquement à un massage et par télépathie, ils vont comprendre. Yionhonhonhon…. Mais c’est quoi cette espèce primitive de médecin complètement fermée à la transmission de penser ! Je ne demande pas grand-chose pourtant ! Juste un massage. Juste un tout petit minuscule lilliputien de massage. Une petite gratouille ? MAIS POURQUOI VOUS NE M’ECOUTEZ PAS QUAND JE PARLE ? VOUS NE POUVEZ PAS VOUS TAIRE POUR QUE J’EN PLACE UNE ?!


- … dans les souterrains, les mêmes symptômes… Il en est mort…
- Tu crois que c’est en lien ?


Petite voix intérieure boudeuse : Bon, j’vais compris, ça veut dire boucle là petit microbe, on en a rien à faire de ton massage. Ok je me débrouillerai. Merci les gars, je vous adore. Ah mais attendez… Mort ? MAIDE ! MAIDE ! SORTEZ MOI DE LA ! LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD !

- Admettons. Comment le virus aurait pu passer de l’autre à ce cloporte ?

Petite voix intérieure offensée : QUOI ? MOI LE CLOPORTE ? QUE VOUS REFUSIEZ MON MASSAGE, PASSE ENCORE ! MAIS CLOPORTE ! ATTENDEZ QUE JE ME REVEILLE !

- Aucune idée…
- Allez, passons à la chambre suivante…


Petite voix intérieure vexée : Ouais, c’est ça aller vous en ! Bon, petit cerveau, mets-toi en marche. Un bonhomme dans les sous-terrains est malade comme toi. Il va mal, comme toi… En tout état de cause, il t’a tout simplement transmis le virus ! Bon… Et comment ? J’ai croisé personne qui était malade… Ou qui avait l’air malade… Ou qui avait l’air louche… A moins que… Quand on m’a envoyé…

J’ouvris soudain grand les yeux, comme des billes exorbités. Par Joshi… J'avais trouvé !
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Message par Hologramme Ven 23 Sep - 23:57

Je n’ai jamais voulu être là. J’aurai préféré être n’importe où ailleurs. Mais pas là… Non, en fait je n’aurai pas du être là. Si j’avais pu rester là où j’aurai dû être, rien, absolument rien de tout ce désastre ne se serait produit. Je dois le dire, mais comment ? J’avais le front en sueur, j’avais des spasmes et des tremblements. J’avais froid et chaud à la fois. Mes mains étaient fébriles, j’avais les paupières closes. Pire que closes, elles étaient étroitement fermées, tant la douleur était forte. J’avais le front qui me brûlait, la peau qui s’échauffait. Et je transpirais de tout mon corps. Les draps aussi étaient devenus humides. Mourir qu’ils avaient dit. Il y avait quelqu’un qui était mort dans les sous-terrains de cette maladie. Et je sais qui c’est moi. Je l’ai vu. De mes yeux. D’un peu trop près.

Il y avait sur la table, là, comme une table d’opération, branché sur telle ou telle machine. Le bip régulier m’indiquait que la chose était en vie. J’avais plutôt l’impression qu’il s’agissait d’un cadavre en décomposition. C’était une chose, morte. J’avais voulu le dire, mais ces engins plus sophistiqués que ma vue disaient le contraire. Il y avait ce bip, et mes grands yeux ouverts. Il y avait ce bip. Ce bip. Encore. Comme un compte à rebours, celui de la perte de Nosco. Et trois…

On hurlait à mes côtés. Je ne savais trop qui. Le son était déformé. Peut-être que je sombrais. Peut-être que je m’éloignais à petit pas. Peut-être qu’il fallait que je dise quelque chose, qu’il attendait une réponse. Lui ou elle. J’aurais cru dire lui, mais le bourdonnement à mes oreilles ne me permettait pas ce genre de distinction. J’avais la peau en feu, et les lèvres en feu. Je réclamais faiblement à boire, mais on ne me donne pas de l’eau. Et je brûle pourtant je brûle. Qu’attendent-ils ? Que veulent-ils ? Ah oui. Des réponses. Je les ai moi les réponses. Je voudrais bien le leur dire, avouer ma faute ou ma bêtise. Et s’il est trop tard pour sauver mon cas, pour que cela sauve les autres, tous ceux que j’ai contaminés sans le vouloir, tous ceux que j’ai poussés vers le gouffre de la mort vers lequel je m’approchais. Eux, c’étaient pourtant des gens que j’aime. J’aurai voulu parler, ma gorge était sèche, je n’y parvenais pas.

Je m’approchais, à la fois de terreur et de curiosité. Cette chose avait-elle seulement été un humain ? J’en avais le cœur retourné. S’il y avait eu de l’humanité dans cette chose, elle avait du en perdre beaucoup d’apparence physique. Au fond, qui était le plus humain de la bête ou de l’homme ? Cet être là était entre les deux. Alors que j’avançais, je distinguais un peu mieux les traits calcinés de son visage. Et ce bip encore. Et deux…

On m’avait saisi par les vêtements. J’avais posé mes mains fragilisées par la maladie sur celles couvertes de latex. On me secouait. J’aurais voulu qu’on me lâche. Je toussais, je crachais du sang. J’avais les yeux clos, je ne pouvais pas le voir, mais je sentais dans ma bouche le goût de métal qui était propre à ce liquide. Je tremblais et je comprenais qu’on venait de me relâcher lorsque je retombais sur l’oreiller. J’avais mal. Mes poings se serraient, mes doigts se crispaient, je griffais mon ventre. Je n’en sentais même plus l’éraflure. Mon ventre me faisait mal. On essuyait le sang que j’avais craché, sur le bord de mes lèvres. Et on me donnait enfin de l’eau. Je laissais couler le liquide frais, en moi, changeant radicalement avec le sang. Mais à peine avais-je avalé cette eau qui me faisait tant de bien que je la recrachais bien contre mon gré. Je n’avais plus rien dans le ventre. Ce qui ressortais n’était autre que l’eau que j’avais bu avec un goût aussi acide qu’écœurant.

Ca respirait, la chose. Maintenant que j’étais proche, je m’en rendais bien mieux compte. Ca avait cette respiration suave, cette respiration difficile que l’on rencontre beaucoup dans les films d’horreur. Entre les créatures des sous-terrains et cette… Chose… Nosco était loin d’être le beau tableau paradisiaque que l’on peignait aux nouveaux oubliés. Ca avait l’odeur d’un objet en décomposition. Ca avait du sang séché, de ci et de là, que l’on aurait essayé de sécher, mais la peau trop fragile y avait été à nouveau blessée. Je m’approchais encore, doucement, si doucement que je n’entendais pas mes pas, juste ce bip. Encore le bip… Et un….

Je finis par hurler ma douleur. Ce n’était pas le genre de petit cri étouffé ou perdu. Ce n’était pas celui qui finit par s’arrêter. Le mien perdurait dans le temps, il se poursuivait, indéfiniment. Je criais, et c’était un hurlement d’hystérique. Je sentais qu’on me piquait le bras. Que n’avais-eu de calmant ces temps ci ! On me prenait par la mâchoire, on me serrait fort. C’était la main avec le gant en latex. Il me réclamait de parler. De dire ce qui c’était passé. Moi-même, je ne me souvenais plus trop de rien, ça partait dans le passé et ça ne semblait pas vouloir revenir. Je tremblais et j’hurlais encore. Je voulais que l’autre me lâche, il n’y avait à cela qu’un moyen : parler. Parler, et on me laisserait dormir. Parler, et on me donnerait encore quelques antidouleur. Parler, et je ne sentirai plus rien, pas même la vie qui s’échapperait de moi. Parler, et ce serait fini. Parler et le chaos se tairait. Je bougeais la mâchoire, j’essayais d’articuler. Des mots, des phrases, la vérité.

Et la bombe explosa, j’étais la première victime. Coupable et victime à la fois. Le piège s’était resserré, je n’aurai pas du jouer. Le bip s’était soudain accéléré. La chose avait ouvert les yeux, les miens s’étaient arrondis comme des billes par la terreur et la stupeur. Je calais mon poignet entre mes dents pour ne pas hurler. C’était plus horrible encore de voir la vie dans une chose morte, que la chose morte elle-même. J’ai fui, à toutes jambes. Est-ce que la chose avait essayé de me retenir, de m’attraper ? Je l’ignore, j’avais seulement reçu cette maladie. Celle qui allait faire trembler Nosco.
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