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Parmi les fleurs [Lucia]

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Parmi les fleurs [Lucia] Empty Parmi les fleurs [Lucia]

Message par Maëva Romael Jeu 14 Avr - 23:27

Les fleurs sont comme des morceaux de couleurs éphémères, disséminés ça et là. Dans les jardins de Nosco, la végétation s’épanouissait tranquillement et les fleurs étaient parées des plus belles pigmentations que la terre puisse porter. La haute conseillère marchait tranquillement dans les allées ; elle avait décidé de sortir un peu du Capitole. Rester ainsi enfermée dans le bâtiment n’était pas sein, même si la liberté était tout de même relative dans l’espace restreint de la ville. Le parfum que les fleurs dégageaient était plutôt délicat, mélangé, discret parfait pour s’aérer les sens.
Maëva écouta ses pieds faire crisser les cailloux qui formaient le chemin, en appréciant un léger mouvement d’air que l’on pouvait associer à une petite brise. La matinée qui s’ouvrait était agréable, peu propice à de possibles ennuis. Il faudrait cependant penser à rentrer, à travailler, son poste était autant un honneur qu’une responsabilité, elle ne pouvait se permettre de trop flâner au gré de ses simples envies.
Mais sortir, sortir un peu. Voir la verdure des feuilles, c’était tellement agréable. Puis à trop travailler, on se surmène et on finit par devenir fou. Pas que la folie soit une mauvaise chose, mais pour remplir son rôle de conseillère, ce genre de dérive n’est pas vraiment appréciable. Oh, elle n’avait rien contre un brin de folie, quelques divagations futiles, légères, mais elle avait le temps de prendre le temps. D’autres personnes n’avaient pas le temps, comme si on pouvait le posséder, d’autres personnes étaient pressées, avaient sans cesse besoin de résultat. Pour le bonheur de tous, elle devait s’atteler à la précieuse tâche qui lui était confié. Entretenir les relations avec la Congrégation de Joshi, qui n’y mettait pas toujours du sien d’ailleurs.

Enfin, qu’importe ! L’air était frais, pas trop mais juste assez pour vivifier les poumons jeunes d’une âme un peu plus vieillie, pour qu’elle puisse oser se couvrir un peu moins que d’habitude, juste une sorte de large robe bleu pâle, bleu ciel d’hiver, dont les manches couvraient même ses mains. Et comme à son habitude, un tissu mit en capuche d’un bleu un peu plus soutenu. Elle ne sortit sa main de sa cachette de toile que pour remettre son collier en place, un collier plutôt sobre pour une fois, en bois et en lin, tout en restant joliment orné de symboles alambiqués et quelque peu tordu. Elle profita de cette main découverte pour caresser les pétales d’une fleur dont le nom lui était totalement inconnu. Bien qu’elle ait un bon bagage de biologie derrière elle, la botanique ne l’avait jamais réellement attirée, elle en savait donc les bases sans pour autant avoir pris la peine d’apprendre par cœur tous les noms.

Un soupir s’échappa de ses lèvres, peu bruyant, elle regrettait parfois un peu ces années qu’elle avait consacrées à la science du vivant, à ses mystères et à toute sa magie. La vie était pour elle quelque chose de fascinant, comment avait-elle réussit à créer une telle diversité, de telles nuances précises, de telles règles si stables et si équilibrées pour que les espèces survivent malgré les changements et les problèmes. Une chose absolument magnifique à laquelle elle soumettait son travail. Car malgré ce qu’on pouvait dire, elle œuvrait pour que les gens vivent.
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Message par Lucia Stevens Ven 15 Avr - 2:38

Aujourd’hui était un de ces matins de sombre folie, de désespoir.
C’est qu’hier, en rentrant chez elle au soir, Lucia avait croisé un homme. Un homme aux yeux fuyants, au regard tiède et inquisiteur. Elle l’avait croisé sans mot dire, mais il lui avait bien semblé qu’à l’instant où elle l’avait dépassé, il s’était légèrement retourné, et l’avait suivie du regard. Elle ne s’était pas retournée, bien sûr : pourquoi donc risquer de voir se confirmer ce qui n’était qu’une crainte lancée en l’air ?
Mais la nuit vint, et la crainte prit de l’ampleur, et sa compagne de toujours, l’insomnie, ne fut pas longue à venir la rejoindre dans sa furie. Lucia savait bien, pourtant, que ces hommes qui la surveillaient ne lui feraient sans doute aucun mal. Qu’en soi, ils ne veillaient qu’à la sécurité de la ville. Mais cela la rendait malade. A en crever. Vraiment. Elle était surveillée... Comme un individu dangereux. Comme une bête qui ne mériterait pas tout à fait la liberté. Comme il était difficile, aussi, dans le coin, de mériter cette denrée rare : la liberté !

Alors, lentement d’abord, Lucia s’était relevée, habillée, et avait pris sans y penser la direction des jardins. Mais elle ne s’était pas arrêté là : le vent était trop frais qui glissait contre ses oreilles, et sa crainte de l’insomnie trop profonde.
Ce qu’il lui fallait, c’était une bonne nuit de marche. Ce qu’il lui fallait, c’était l’épuisement sain et salvateur d’une nuit blanche consacrée seulement à la promenade et au rêve éveillé. Le salut dans la fuite ? Peut-être, et après tout pourquoi pas, lorsque l’ennemi avait pour nom Insomnie ?

Marcher, donc, jusqu’au bout du monde, si nécessaire... Le bout du monde ? Voilà qui était plaisant... N’as-tu donc, Lucia, qu’un morceau de cotonnade à la place du cerveau ? Aurais-tu donc tout oublié ? C’est que le bout du monde, en Nosco, c’est la porte à côté. Et c’est, surtout, l’Enceinte, auréolée d’horreur : c’est le Néant dans toute son ardeur. Autant dire, pas la meilleure destination à choisir pour faire du tourisme, ni pour faire quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs... Alors, que faire ? Quand les muscles et l’insomnie imposent au corps une marche longue et harrassante au possible, un seul choix : tourner en rond.

Et ainsi, ignorant les caméras qui sans doute devaient finir par avoir le tournis à force de la suivre des yeux, ignorant d’éventuels couche-tard ou lève-tôt, Lucia avait marché, faisant le tour de la Cour intérieure, jusqu’à épuiser ses membres. Dans l’horreur de la nuit. S’efforçant de ne penser à rien. Jusqu’à ce qu’il devienne tout simplement impossible de penser. A cause de la fatigue. A cause du désespoir. A cause de cette impression terrible, de cette angoisse toujours croissante, née d’une idée unique, toujours répétée : une bête en cage. Oui, une bête. Qui a déjà tout tenté : ronger ses barreaux, les écarter, les oublier. Mais qui n’a plus que cette dernière ressource. Marcher. De plus en plus vite. Pour trouver quoi ? N’importe quoi... Ou plutôt, pour trouver une seule et unique chose, la seule qui compte vraiment, au final : du nouveau.

Cela, elle n’avait pu le trouver. Mais elle s’était abimée dans l’oubli et la fatigue, laissant le corps faire ce dont l’esprit était incapable. Certes, ce n’était pas la liberté retrouvée. Mais c’était du moins une ivresse si totale qu’elle empêchait de voir nettement les barreaux de la cage. Sans doute, si elle avait été tant soit peu consciente à ce moment là, serait-elle allée se coucher. Mais le jour arriva avant que cette pensée ait le temps de prendre forme dans son cerveau. Et l’aube, avec la brutalité lente dont elle seule était capable, sortit Lucia de sa torpeur, ne lui laissant pour compagnes que la mélancolie, l’angoisse et la colère. Si mélancolie et colère n’étaient que des présences presque amicales qui murmuraient sans trève dans un recoin de son esprit, dame Angoisse, au contraire, était des plus redoutables : elle l’attaquait avec toujours plus d’ardeur, lui faisant ressentir de la manière la plus pressante qui soit la précarité de son statut et de toute sa vie.

A vrai dire, il n’y avait qu’un seul motif de soulagement : celui que l’heure d’aller travailler était venue, et que Lucia pourrait essayer de noyer dans la terre toute l’horreur qui habitait son âme. Tentative hélas infructueuse : elle se sentait maintenant, après tant d’efforts, trop fatiguée pour être réellement efficace dans son bêchage. Elle commençait à désespérer, quand des pas retentirent à quelques mètres de là... Un léger sourire se glissa sur son visage, ensevelissant partiellement son angoisse. Oui, s’il y avait bien une chose qui pouvait remplir un peu le vide qui la hantait, qui la tuait presque, c’était bien cela : l’humanité.

Et ce specimen là d’humanité était à vrai dire des plus intéressants : rien de moins qu’une haute conseillère de la Guilde, une femme parmi les plus mystérieuses de la ville, que Lucia avait rarement l’occasion de voir en son jardin. Elle s’approcha, toussota pour se faire remarquer de la femme qui était absorbée dans la contemplation, et prit la parole d’une voix assez basse, comme pour ne pas trop déranger les fleurs de sibeau matin :

- Vous aimez ces passiflores ? Elles font partie des expérimentations récentes de nos biologistes : elles survivent à l’hiver et au froid dans le sol...

Elle resta un moment immobile, fixant les fleurs avec une certaine affection, puis reprit la parole, avec un peu plus d'aisance et de chaleur dans la voix :

- Vous ne vous promenez pas souvent dans le coin, pas vrai ?

Il s’agissait de se plonger dans une conversation aimable au possible, de voir ce qui pouvait bien se cacher derrière les longs voiles de cette femme mystérieuse. Il s’agissait d’oublier le vide et la terreur de la nuit, de recouvrer le jour par la voix et la présence physique, palpable à l’extrême, rassurante malgré tout, de cette femme qui l’intriguait.


Dernière édition par Lucia Stevens le Ven 15 Avr - 21:13, édité 1 fois
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Message par Maëva Romael Ven 15 Avr - 3:39

Beaucoup de personnes auraient sursauté en entendant soudain le toussotement semi-discret près, si près, d’eux. Pourtant la femme n’eut pas de réaction brutale, voire pas de réaction du tout si ce n’est qu’elle se retournât vers la nouvelle arrivante. Elle n’avait pas été surprise par l’arrivée, précédé de quelques bruits de pas dans le gravier, elle savait rester attentive à ce qui l’entourait même en contemplant des fleurs si hypnotisantes. Quand bien même elle aurait été surprise par un intrus, elle avait habitué son corps à ne pas être brusque en temps de paix. Un contrôle qui ne s’acquière qu’avec beaucoup de temps et de patience… Il est certain qu’en cas de mouvements orageux, elle serait plus alerte et vive, mais pourquoi avoir peur, ils étaient tous protéger ici…

Maëva se retourna donc vers la nouvelle arrivante qui se révéla être une charmante jeune femme rousse, seul son air extrêmement fatigué mettait un côté terne à son visage. Peut-être avait-elle mal dormi, est-ce qu’elle était mal logée ? La haute conseillère ne le saurait que si elle décidait d’entamer la conversation avec elle, mais l’instant près des fleurs étaient trop beau pour être gâcher par des paroles. Elle reporta son attention sur la fleur, admirant ses pétales étranges et ses couleurs fraîches quand la jeune rousse se mit à parler.
Aimablement, elle l’écouta, mais n’estima pas que ses paroles réclament plus de réponse qu’un simple sourire, un petit sourire agréable qui ne montrait que peu d’émotions, juste son attention à ses paroles. Ces fleurs étaient donc des passiflores… Ce nom ne lui disait rien, bien que la femme aux cheveux noirs cherchât au plus profond de sa mémoire bien remplie. Si la plante était une nouveauté des botanistes, rien de plus normal. Mais qu’elle pouvait être intrigante, comparée aux fleurs plus classiques qui composait le jardin.

Alors qu’elle aurait préféré retrouver son silence bien-aimé, les oreilles de Maëva entendirent la nouvelle interlocutrice continuer en lui demandant à demi si elle avait l’habitude de se promener par ici. En réalité, elle était peu habituée à sortir du Capitole… C’était sûrement la première fois depuis plusieurs années, et ce n’était pas désagréable. Pas qu’elle soit spécialement casanière mais la ville n’était qu’une sorte de vaste bâtiment, fermé, cerné par une enceinte imperméable. Alors de là à se restreindre à une seule partie de ce ‘bâtiment’… Il n’y avait pas grande différence, d’autant plus que tout ce dont elle avait besoin pour vivre et travailler se trouvait là-bas. À tout avoir à portée de main, on ne cherche plus à se lever. Même si c’est dommage pour toutes les belles choses qu’on peut voir simplement en passant un mur.


Rarement…

Maëva sourit encore une fois en hochant doucement la tête d’un air entendu. Et elle resta à admirer la fleur… Cette fleur si attirante. Certes, la femme était peu bavarde mais ce n’est pas pour autant qu’elle montra un quelconque signe qui indiquerait à sa compagne d’un instant que sa présence gênait. Au contraire, elle restait légèrement tournée vers elle, la laissant ainsi la possibilité de lui parler si en avait l’envie ou le besoin. Être à l’écoute du peuple de temps en temps, c’est important…
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Message par Lucia Stevens Sam 16 Avr - 1:20

Eh bien, voilà qui était bien sa veine, elle n’était apparemment pas tombée sur une bavarde... Question conversation, ça promettait d’être amusant ! La question restait évidemment de savoir si cette femme avait vraiment quelque chose à cacher derrière son silence et ses longs voiles, ou si elle faisait juste ça pour se donner un air important. Lucia savait bien à quoi étaient réduites certaines personnes haut placées pour avoir l’air de mériter un rang souvent acquis par une forme ou une autre de corruption : jouer les âmes chargées de secrets et de mystère, comme si l’ensemble des secrets de Nosco pesait sur leurs épaules. Lucia ne pouvait s’empêcher de réprouver ce genre de personnes, et elle était en ce moment assez près de ranger la femme qui lui faisait face dans cette catégorie et de retourner à ses tendres fleurs en maugréant contre le genre humain et ses vicissitudes. Et cependant, quelque chose l’arrêta dans le visage de la femme, une certaine attention, une lueur d’étrangeté dont Lucia n’aurait su dire si elle était honnête ou un peu méprisante. Et puis il y avait ce ton, aussi, dans la voix de la jeune femme, que notre rouquine était bien incapable de percer à jour, et qui la poussèrent à rester, à poursuivre la conversation, si l’on pouvait appeler ainsi ce qui promettait de ressembler surtout à un monologue. Après tout, la jeune femme qui lui faisait face n’avait pas l’air fondamentalement opposée à ce que Lucia lui fasse un brin de causette, et qui sait, peut-être parviendrait-elle à lui délier un minimum la langue... Y compris par la provocation ?

- Rarement ? Eh bien j’espère que vous êtes consciente que vous avez tort... Vous autres, personnes qui dirigez cette cité, je vous connais bien : vous êtes nombreux à ne jamais mettre le nez dehors... Comment voulez-vous, ajouta-t-elle en souriant, avoir l’esprit clair et parfaitement sain, quand vous le laissez toujours patauger entre quatre murs ?

Etait-ce trop osé ? Bah, le franc parler n’a jamais tué personne, non ? Si ? En l’occurence, on verrait bien, mais en principe cette femme ne devrait pas lui sauter dessus et l’égorger brusquement, donc Lucia pouvait escompter encore un minimum de quelques heures de survie : c’était là l’essentiel ! Et puis, elle était convaincue de la véracité de ce qu’elle disait. Vraiment. Elle aurait pu bâtir de nombreuses thèses sur les corrélations inverses entre l’ampleur des problèmes qui pourrissaient la vie de Nosco et le nombre d’heures passées en extérieur par ses dirigeants... Qui, en personnages occupés, ou du moins se croyant tels, passaient pour une grande partie d’entre eux un temps bien trop important dans des bureaux. C’est qu’à vivre sans cesse enfermés dans leurs appartements ternes, quel monde voudriez-vous qu’ils aient en eux, sinon un univers clos, fermé à toute nouveauté et à tout air frais et rajeunissant ? Bon, ok, là, Lucia délirait un brin, mais rappelons tout de même qu’elle venait de passer une nuit blanche, et qui ne s’est jamais surpris dans une telle situation à élaborer des idées quelque peu déplacées et farfelues, tordues même ? Elle était en tout cas entièrement persuadée d’avoir raison, et aurait pu sans problème se lancer dans un long débat, si son interlocutrice en manifestait le désir. Evidemment, elle en doutait, mais qui sait, l’être humain peut parfois receler bien des prodiges inattendus... Cette femme là peut-être plus que les autres encore, elle qui semblait plus que toute autre choyer le secret et son aura de mystère. Lucia fut soudain prise d’une impulsion bizarre, sans doute liée à l’effet nerveux d’une nuit sans sommeil, et elle fixa avec plus d’ardeur le visage de la femme, ses traits graves et fiers, ses yeux attentifs et cependant comme ancrés dans un ailleurs indéfinissable. Et, sans même sans rendre compte, elle reprit la parole, prononçant d’une voix un peu étrange, très faible :

- C’est étrange, il me semble que vous ressemblez à quelqu’un que je connais... Ou à quelqu’un que j’aurais connu, un jour... Mais peut-être vous ai-je simplement déjà rencontrée... Les traits souvent s’ancrent dans ma mémoire, mais pas les personnes, ni même leurs visages... Juste le détail de leurs traits...

Elle s’aperçut bien vite de la raison de son trouble : ce n’était rien d’autre que son souvenir, le seul qui lui avait été rendu de sa vie d’avant Nosco, et qui représentait une femme dont elle ne parvenait pas à voir les traits, mais dont le corps et l’habillement pouvaient ressembler quelque peu à ceux de cette femme-là... La fatigue jouant, elle s’était une fois de plus prise à associer rêve et réalité, accolant ensemble par un quelconque tour de passe-passe celle qui vivait dans sa mémoire et celle qui était bien présente en face d’elle... C’est qu’elle aurait tant voulu connaître les traits de cette femme...
Elle resta un moment silencieuse, les yeux un peu écarquillés, puis secoua lentement la tête...

- Je vous prie de m’excuser... Je suis un... Un tout petit peu épuisée... Ce n'est rien...

Oui, mais cela prenait tout de même là une tournure des plus déplorables. Lucia chercha un moyen, n’importe lequel, de détourner une conversation qu’elle avait pourtant elle-même entamée, et, dirigeant ses yeux vers le sol à la recherche d’un quelconque appui, tourna tout naturellement sa pensée vers les fleurs qui l’ornaient.

- Regardez-moi ces petites haies d’aubépine... Elles sont toutes jeunes encore, mais elles rendent déjà des boutons ! Voilà vraiment de charmantes petites plantes... Vous ne trouvez pas ?

Les aubépines étaient un des chefs-d’oeuvre du jardin, une des plantes dont Lucia était la plus fière. Autant dire que cette remarque, sous ses aspects innocents, avait tout d’un test. Non qu’elle détestât toute personne qui n’aurait pas aimé autant qu’elle les aubépines, cela n’avait pas de sens... Mais disons que, dans l’esprit de Lucia, aucune personne dotée d’un minimum de sensibilité ne pouvait manquer de s’émouvoir devant des fleurs si pleines de grâces et de charmes variés que celles-ci, et elle n’aurait su que qualifier de grossière, et d’un peu balourde, toute personne qui aurait fait mine de les dédaigner.
Elle resta donc immobile, le regard fixe, guettant la réaction de la femme aux yeux sombres qui lui faisait face.
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Message par Maëva Romael Sam 16 Avr - 19:10

La femme renferma les doigts de sa main, un à un doucement. Cachées par le tissu comme la majorité des diverses parties de son corps, ses mains osaient bouger discrètement sous le tissu. Maëva ne montrait les siennes que rarement, elle considérait qu’elles détenaient beaucoup d’informations sur elle. Pas qu’elle ne veuille pas rencontrer des gens, les découvrir mais… C’était comme quelque chose d’intime. Son corps, elle n’aimait pas le montrer. Laisser les autres la regarder était trop troublant pour elle. Les amples tissus ne servaient qu’à ça, une cachette au regard des autres. Pas non plus qu’elle soit complexée, elle n’était certainement pas malformée, bien au contraire. Sa taille était fine, sa peau impeccable, ses mans délicates… Elle était belle, et elle le savait parfaitement. Mais ce n’était pas une raison pour s’exposer, comme le faisaient les jeunes femmes aux décoltés plongeants et aux jupes si courtes. Elle aurait presque pu dire que cela montrait un manque à la politesse et au respect. Après, elle n’allait pas l’interdire, une telle décision serait un manque à la liberté de chacun… La vie, tout un paradoxe ! Trouver l’équilibre, et y rester, quelle difficulté…

Ici, sortir, ce n’est que préférer une grande cage à une petite cage.

Sans plus expliquer son raisonnement, Maëva laissa son interlocutrice réfléchir à ses paroles qu’elle savait évidement être la vérité. L’enceinte était présente pour tout le monde. Nosco n’était et ne sera à jamais qu’un espace clos. Mais était-ce si grave ? Ouvrons un peu les yeux ! Certes, le sentiment d’enfermement pouvait être insupportable mais il fallait voir ce qu’il avait permis. Un développement rapide de technologie de pointe, une organisation de plus en plus perfectionnée. Il n’y avait pas de guerre de territoire, malgré quelques luttes intestines. Imaginez une seconde un monde trente fois plus grand. Trente fois plus de créatures. Toujours autant d’hommes, aussi sûrement… Et trente fois plus de morts. La petitesse permettait de trouver l’harmonie pour le bien collectif.
Pour sa défense, si elle restait souvent enfermée, c’est qu’elle ne voyait pas ou presque l’intérêt de sortir du Capitole. Tout y était, et la provocation qu’avait tenté d’user Lucia l’indifférait.
Par contre, le regard que lui portait la jeune femme la dérangeait un peu plus. Cette façon qu’elle avait de la fixer, de fixer son visage, ses traits la mettait réellement mal à l’aise. Une bouffée de chaleur monta sur les joues de la conseillère, bien qu’elle tentât de se maintenir calme en respirant doucement. Elle sentit son poing se resserrer encore et trembler légèrement… Ses yeux qui la regardaient, qui la sondaient, qui cherchaient à pénétrer son âme, c’était presque insultant, effrayant. Instinctivement, Maëva se protégea en détournant le regard vers les fleurs, cherchant dans leurs courbes graciles quelques réconforts, tout en tirant un coin de la capuche sur son visage. En espérant que cela arrête la fascination dont avait été prise la jeune femme. Qu’avait-elle vu ou voulu voir dans son visage ?

Au moins la distraction eût pour effet de faire parler la botaniste, puisqu’apparemment elle semblait l’être. Elle lui expliqua l’avoir peut-être déjà rencontrer. La haute conseillère haussa un sourcil surprise, en lâchant le coin de sa capuche, un peu rassurée. Elle ne répondit pas à l’hypothèse de Lucia, supposant qu’elle avait dû la croiser un quelconque autre jour dans Nosco. Une des rares sorties qu’elle faisait parfois... Même si elles restaient très rares, ces sorties. Cette rareté pouvait d’ailleurs expliquer son trouble. Voir quelqu’un dix ans auparavant, puis le retrouver sans qu’il ait changé le moins du monde, beaucoup de Noscoiens étaient surpris par ce fait. Si on ne se voit pas vieillir, on a l’habitude de voir les autres le faire.
Et la jeune rousse s’excusa, en se justifiant par la fatigue.


Vous trouvez votre travail trop difficile ?

Tant qu’à sortir un peu, se rendre utile. Rendre la vie des Noscoiens adaptée à leurs besoins et à leurs attentes faisait parti selon elle de ses devoirs. Alors qu’elle contait poser d’autres questions, Lucia changea directement de sujet, parlant de la beauté des aubépines. Maëva acquiesça, tout en restant soucieuse. Qu’est-ce qui n’allait pas chez cette jeune femme ? Elle lui trouvait un comportement réellement étrange, entre sa contemplation de tout à l’heure et son virement si brusque de conversation. Avait-elle un problème avec la haute conseillère ? Elle n’avait pourtant rien fait qui puisse… Pas à ce qui lui semblait tout de fois.
Maëva hésita à demander directement la cause d’une telle conduite, seule la crainte qu’une franchise si brusque ne l’effarouche la retenait. Elle cherchait un moyen détourné pour faire revenir la discussion au sujet précédent, pour que son interlocutrice puisse se sentir libre de choisir d’y revenir ou non, selon ses désirs. Elle n’allait pas la forcer non plus, bien évidemment. Elle pouvait tenter de la faire parler d’elle, ce qui entraînerait fatalement une discussion sur ses problèmes, tout le monde parle de ses problèmes à force de parler de soi, et ainsi elle pourrait trouver une explication à tout ceci. Une tentative pour le moins aléatoire, puisqu’elles pouvaient parler de ça des heures sans trouver le nœud du problème précédemment exposer… La dernière solution était de laisser couler. Peut-être ce mystère restera à jamais résolu, ce qui serait pour le moins poétique, soit elle finirait par lui expliquer le secret, un jour ou l’autre. Elles avaient le temps, ils avaient le temps. Mais finalement, Maëva se décida à agir.


Ai-je fait quelque chose qui vous dérange ?

Bon, ce n’était qu’une question. Certes. Mais pour Maëva, parler était déjà une grande action. Elle ouvrait une porte, laissait un choix. Elle proposait un peu de son temps aussi, parce qu’elle ne posait jamais de question sans en attendre la réponse, sauf dans des cas extrêmes d’interruption aussi grave qu’inopinés. Néanmoins, même si elle devait avoir la réponse que bien plus tard, elle tenait toujours à l’avoir. Question de principe. Quitte à aller chercher la personne loin, à se débattre, à manipuler gentiment… La manipulation, ce n’est pas si méchant. Il n’y que ses utilisateurs qui peuvent l’être…
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Message par Lucia Stevens Mar 19 Avr - 0:33

Rien n’y faisait, cette femme ne semblait réellement pas vouloir quitter son air à la fois détaché, mystérieux et, il faut le dire, un peu méprisant... Et pourtant, elle devait bien avoir quelque chose à cacher derrière ses vêtements amples et ses silences pseudo-inspirés... Cela taraudait un peu Lucia, qui hésitait toujours à tourner les talons et à repartir simplement travailler, s’efforçant pour le moment de jauger si cette femme avait réellement tant à cacher que ce qu’elle voulait laisser croire. Elle ne sembla en tout cas pas se formaliser de l’attaque de Lucia contre les dirigeants de la ville. Cela rassura un peu la jeune femme : elle ne devait donc être venue ni pour l’arrêter, ni pour la rappeler à l’ordre, sinon l’occasion aurait après ces paroles été parfaite. Nul doute cependant que la femme aux longs voiles avait tout noté dans un coin de sa mémoire, et que de les paroles de Lucia lui seraient reprochées le jour de son procès... Si tant est qu’un tel jour arrive jamais...
La femme énonça simplement, en réponse à la pique de Lucia, une vague sentence constatant l’impossibilité de la liberté à Nosco... Remarque, il était déjà assez heureux de voir que les plus hauts dirigeants étaient à ce point conscients de l’aliénation dans laquelle se trouvaient les habitants de la ville, contrairement à ce que pouvait laisser croire le journal officiel. Cela démontrait aussi toute l’hypocrisie qu’il y avait dans toutes les paroles officielle : si encore ils y avaient cru, leurs méfaits auraient pu être pardonnés... Mais là, on voyait bien que le seul désir du pouvoir animait les dirigeants. Damned, qu’ils crèvent tous ! Lucia en était à espérer que les rebelles ou les créatures viennent illico et exterminent toute cette vermine. Puis elle se reprit : pacifisme, Lucia... Ce mot signifie-t-il encore quelque chose pour toi ? Cela n’a pas l’air.
Elle déchargea donc dans ses paroles l’ardeur meurtrière qui venait de la saisir, et répondit à la conseillère, d’un ton vif :

- Sans doute, oui, est-ce une cage de toute façon. Mais cet espace supplémentaire pourrait bien offrir la matière nécessaire pour bâtir notre liberté... Vous devriez y réfléchir, Madame la Haute Conseillère...

C’était peut-être une tendance un peu trop marquée chez Lucia que de parler un peu plus vite qu’elle ne réfléchissait... Ce n’était pas à proprement parler de la bêtise... C’était comme une course qui se lançait en elle à chaque fois qu’elle s’apprêtait à parler, et comme sa langue était vive, elle dépassait souvent ses pensées de plusieurs longueurs... En tout cas, ici, elle était convaincue que son instinct avait bien parlé. Et puis, puisque la femme qui lui faisait face ne semblait pas avoir d’intentions belliqueuses, pourquoi après tout ne pas l’affronter sérieusement, en face à face... Quitte à se retrouver emmêlée dans la toile que semblait vouloir tisser autour d’elle l’intriguante qui lui faisait face ? C’était un risque qui valait le coup qu’on le prenne, et à pleines mains s’il vous plaît !
Pour l’instant, en tout cas, c’est la femme qui semblait étrangement gênée et intéressée à la fois par les paroles involontaires lancées par Lucia, par son regard insistant... Elle reste un moment silencieuse, puis posa à Lucia une question singulière, qui surprit celle-ci... Si elle trouvait son travail trop difficile ? Question étrange, certes, et qui ne pouvait signifier qu’une seule chose : la femme en face d’elle la prenait pour une simple d’esprit ! Ca n’était évidemment pas pour plaire à la rouquine, qui répondit de sa voix la plus froide :

- Mon travail ? Très bien, merci de vous en préoccuper.

Elle se retint. Elle aurait aimé lui crier tout ce qu’elle pensait sur l’insanité de telles questions, ainsi que sur ce qu’elle pensait, elle, du travail qu’accomplissaient leurs dirigeants, ces escrocs et ces assassins de haut vol. Mais, étrangement, elle parvint à se retenir. C’est qu’elle eut une intuition salvatrice, songeant qu’une telle attitude ne ferait sans doute que l’enfoncer : elle ne convaincrait pas cette femme, tout au plus la renforcerait-elle dans cette opinion que, décidément, Lucia n’était pas bien maligne. La franchise, entre gens de hauts rangs, est toujours assimilée à l’idiotie ou à la maladresse... Question d’habitude...
La question suivante - car décidément, tout cela ressemblait un peu à un interrogatoire - troubla Lucia, éveillant sa méfiance... La femme avait-elle fait quelque chose... Qui la dérangeait ? Ma foi, s’il n’y avait que cela pour lui faire plaisir, Lucia pouvait bien lui trouver un petit dérangement... Elle dit en riant, l’air interrogateur :

- Me déranger ? Eh bien, vous avez cruellement ignoré mes aubépines, mais je devrais réussir à vous le pardonner... Ca prendra bien quelques années, mais on y arrivera...

C’était bien entendu une manière détournée de renvoyer à cette femme son étrange question, de lui demander d’expliciter une interrogation qui semblait si peu motivée... En tout cas, cela montrait qu’elle ne connaissait pas Lucia, que rien n’aurait su déranger, si ce n’est peut-être ce sentiment odieux de ne pas être tout à fait libre, auquel elle était maintenant habituée, depuis le temps qu’elle vivait à Nosco... Lucia, réellement, ne pouvait comprendre l’objet d’une telle question, si ce n’est peut-être par la logique de l’intérêt : quel secret cette intrigante cherchait-elle à lui arracher ? Ou était-elle honnêtement troublée par les paroles bizarres de la rouquine, quelques secondes plus tôt ? Elle ne pouvait s’empêcher d’en douter. Non, cette femme volait quelque chose, et elle avait à vrai dire à présent un air qui ressemblait à celui d’un loup en chasse. Joshi en soit remercié, cependant, Lucia n’avait rien d’une brebis égarée... Elle pensa d’abord s’éloigner prudemment, retourner bravement à ses plantations. Et puis, la curiosité fut finalement trop forte... Prise au piège, la Lucia ? Peut-être bien... Mais elle ne comptait pas se laisser mourir sans se débattre, et sans blesser autant que possible son adversaire, puisque la femme mystérieuse semblait vouloir s’établir comme telle.

- Puisqu’on est dans les questions étranges, je crois que c’est mon tour : de quoi donc vous cachez vous ainsi, avec toute l’ardeur de votre être ? De quoi donc avez vous peur ?

Oh, la femme refuserait sans doute de répondre... C’était là son jeu, c’était là son masque... Mais est-ce que cela ne valait pas la peine qu’on tente la coup ? Il s’agissait bien d’une question d’honneur, une chose sur laquelle Lucia ne plaisantait pas : si elle devait perdre tout le reste, il lui resterait toujours sa petite insolence bien à elle, son bien aimé panache.


Dernière édition par Lucia Stevens le Jeu 21 Avr - 13:05, édité 1 fois
Lucia Stevens
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Message par Maëva Romael Jeu 21 Avr - 12:48

La réplique acerbe ne tarda pas. Comme si la remarque intelligente, ou du moins réfléchie, de Maëva avait été faite pour attirer les remontrances, tel aimant attirant les mauvais métaux. Il est vrai qu’étant donné son statut, elle ne devait pas être particulièrement aimée du peuple de Nosco. On n’aime jamais ce qui nous dirige. En réalité, elle ne faisait rien de mal : elle était chargée des relations avec la Congrégation de Joshi. Son dernier projet était de négocier l’augmentation de la quantité d’ondes alpha délivrées, aux vues de la croissance affolante, toutes proportions gardées, de la population de la cité. Un sujet extrêmement délicat, bien évidemment. Mais même si elle échouait, ce qu’elle ne comptait pas faire, son échec ne serait pas une raison valable pour qu’elle soit haïe.
Maëva aurait voulu continuer la discussion, pour savoir quelles étaient ces libertés que la botaniste semblait réclamer auprès d’elle au nom des Noscoiens… Mais c’était là encore un autre sujet sensible. La haute conseillère clôtura donc la discussion avec une dernière répartie.


Evitez de croire que les hauts conseillers ne réfléchissent pas…

Le ton était un poil taquin, la remarque était posée sur le ton de la plaisanterie, comme s’il paraissait évident que les conseillers réfléchissaient. La haute conseillère n’avait de toute façon aucunement l’envie de s’énerver. Si son interlocutrice aimait la provocation et l’insolence, qu’elle le soit, Maëva s’en fichait. Elle lui conseillerait bien de faire attention, tout de même, tout le monde n’avait pas sa patience. Ce genre de qualité ne s’acquérait qu’avec beaucoup d’entraînement et de volonté.
Bref, la femme changea de sujet de discussion. Elle s’inquiétait sincèrement pour Lucia, elle semblait extrêmement fatiguée. Elle ne pensait absolument qu’une telle question puisse la froisser, elle ne considérait pas comme une idiote, mais elle ne connaissait pas quel était la somme de travail moyen pour un noscoien, peut être était-ce réellement trop ? Maëva ne comprit sa maladresse qu’en entendant le ton froid de la jardinière aux cheveux roux. Sans réagir, elle se promit de faire plus attention à ce qu’elle disait.
Elle se tut donc, et retourna son regard vers les fleurs. Les couleurs étaient fraîches, comme l’air ambiant qui régnait autour des deux femmes. L’air pénétra dans ses poumons, elle se concentra sur cette respiration, tout en réfléchissant à la situation. De toute apparence, sa présence ne ravissait pas la rousse en face d’elle, et cette supposition fut plus que confirmer quand Lucia répondit, sur un ton plus qu’ironique. Maëva sourit à cette boutade, sans prendre la peine d’y répondre. Elle n’allait pas faire du lèche-botte, non plus, en feignant avoir un quelconque intérêt pour ses arbustes, aussi jolis soient-ils réellement. Leurs fleurs blanches délicates étaient véritablement charmantes, mais leur couleur pure n’inspirait que des réflexions néfastes, la pureté était si rare de nos jours.

Cette fois, ce fut Lucia qui lança la question. Maëva resta persuadée qu’elle n’attendait pas de réponse à une question si personnelle et brusquement posée.

Si je me cache, ce n’est pas pour dévoiler mes peurs à la première inconnue croisée, ma chère.

Une plaisanterie, une réalité… Se rire de la vérité, quelle occupation stupide et puérile. Un mensonge éhonté d’une certaine manière, ce n’était que la dissimulation d’une vérité énoncée derrière un sourire angélique. Plus sérieusement, la discussion commençait à prendre un tournant qui ne plaisait pas à l’être caché par ses tissus. De toute façon, sa présence dérangeait, non ?

Je vais vous laisser.

Rien de plus, rien de moins. Maëva évita l’hypocrisie d’un remerciement pour cette discussion qui tournait court et ne prit pas la peine de prononcer une salutation de n’importe quelle sorte.

[ Désolée pour le temps de réponse et la qualité médiocre ^^"]
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Message par Lucia Stevens Sam 23 Avr - 1:31

C’était, à vrai dire, un mélange étrange que celui de ces deux femmes mises côte à côte, l’une enfermée en ses longs voiles et en ses responsabilités, réfléchie et silencieuse, l’autre bavarde, éprise de liberté, volage au possible. Une sorte de mixture dans laquelle un cuisinier fou ou aveugle avait négligemment jeté tous les ingrédients présents dans sa cuisine, y compris les plus opposés, les moins compatibles... Comment, dès lors, espérer en tirer quelque chose de potable, sinon par un bien étrange hasard ? C’est, pour traduire approximativement en mots les pensées et sentiments variables qui s’élançaient conjointement dans son esprit, ce que songea Lucia au moment de lancer ses répliques acerbes. Il valait sans doute mieux laisser tranquillement ces deux tas d’ingrédients explosifs rangés là où ils l’étaient. S’éloigner de cette femme étrange afin d’éviter l’invident diplomatique, d’autant qu’il risquait de coûter plus cher à la jeune femme rousse qu’à sa puissante interlocutrice. Oui, Lucia songea à tout cela. Mais trop tard, évidemment. Déjà, elle avait lancé sa pique, et déjà l’autre semblait sur le point de lui répondre... Comme tout s’enchaîne vite dans le monde tangible, laissant aux esprits en cavale à peine le temps de se reprendre, de répondre tant bien que mal ! Et vite, il faut recentrer ses forces autour de soi, s’ancrer tant bien que mal dans le monde : les coups, les actes s’enchaînent, vagues incessantes, brutalisant une falaise toujours sur le point de s’effondrer. Le monde ne laisse pas aux esprits désinteressés le temps nécessaire pour penser : cela passe pour impoli, pour étrange... Ce serait pourtant parfois un plaisir immense, appuyer en quelque sorte sur le bouton pause du monde, et sentir lentement la pensée naître en soi, se développer comme un bambin qu’on enserre tendrement dans ses bras, et dont on n’a qu’à accompagner la croissance lente et merveilleuse... Une idée comme un enfant, sans que le monde vienne vous heurter de ses pinailleries incessantes... Oui, mais voilà... Pour le moment, il fallait à nouveau dresser sa langue tendue comme celle d’un reptile, lutter avec cette arme ô combien ravageuse, et souvent hélas plus dangereuse pour Lucia elle-même que pour les autres, lutter pour survivre.
La répartie de la Conseillère, cette fois, fut un avertissement, une menace à peine voilée... Ne pas croire que les conseillers ne réfléchissent pas... Ce n’était certes pas le cas, le problème selon Lucia était en fait tout autre : c’est qu’à quoi nous servent donc des dirigeants intelligents, s’ils ne réfléchissent qu’à la satisfaction de leur intérêt propre ? Nul doute que cela participe de la nature humaine. Luis, du moins, en aurait été persuadé, lui le révolutionnaire... Le souvenir de Luis troubla Lucia et, curieusement, la sauva, en chassant d’elle l’idée qui la dominait un instant auparavant, de s’engager dans une joute verbale perdue d’avance contre la conseillère. Après tout, elle ne la convaincrait pas, et mieux valait éviter aussi longtemps que possible de se retrouver à moisir dans un quelconque cachot... Remarquez, au moins, là, elle en aurait eu, du temps pour penser...
Lucia se contenta donc d’un signe de tête négligent à l’adresse de son interlocutrice, qui sans marquer un accord qui n’était pas le sien, montrait tout du moins qu’elle avait compris la valeur d’avertissement de telles paroles, malgré le ton sympathique qu’avait adopté la conseillère pour les énoncer.

Puis ce fut au tour de la conseillère de lui renvoyer avec fermeté la question qu’elle lui avait posé, coupant le dernier pont qu’avait tenté de lancer entre elle Lucia en décidant de garder pour elle ses secrets, quels qu’ils soient. La rouquine sourit, peu surprise d’une telle réponse, mais déçue tout de même. Elle dit doucement, comme pour elle-même.

- Et pourquoi pas ? C’est ce que ferait un fou, ou un poète... Et ainsi leurs peurs n’ont pas de prise sur eux...

Elle observa un instant la jeune femme, regrettant un peu tout de même qu’elles soient l’une comme l’autre si peu capables de se comprendre... Y aurait-il donc plusieurs races, plusieurs espèces dans le genre humain, pour que de telles barrières se dressent parfois entre individus pourtant si semblables à bien des égards ? Il semblait que tous les efforts, d'un côté comme de l'autre, pour se tourner vers l'autre, la percer à jour ou avoir pour elle quelque chose comme de la sympathie, de la compassion, avaient tourné court, lamentablement. Devant un tel désastre, il n’y avait plus assurément qu’à clore la conversation. Lucia cherchait un moyen tant soit peu poli de le faire, mais la femme la devança, sans s’embarrasser de salutations et autres gentillesses. Lucia fit de même.

- Bien. Je vous souhaite le bonjour.

Elle ferma les yeux, ne les rouvrit que très lentement. Elle avait l’impression étrange qu’elle venait de s’éveiller, comme si cette conversation n’avait été qu’une parenthèse, ou un rêve indéfinissable, pour clore en beauté une nuit d'horreur et de délire. La fatigue, écartée le temps de quelques paroles, reprenait sa place, se réinstallait, avec son habituelle et perverse lenteur, dans son esprit. Elle aurait aimé poser davantage de question à cette étrange femme, mais il semblait, comme Lucia l'avait déjà souvent observé, qu'obtenir des réponses à ses questions aurait exigé d'elle bien plus de confessions qu'elle n'en aurait consenti. Chaque chose a son prix, n'est-ce pas ? Ce qui est bien dommage, surtout quand on est du côté du payeur... Lucia resta un instant immobile, songeuse, regardant la femme aux vêtements amples s’éloigner le long des rangées de fleurs, puis se dirigea, d’une démarche lourde et ensommeillée, vers un vieux rosier qui avait bien besoin de ses soins.

- Salut, Johnny, bon vieux Johnny... Tu as vraiment une sale mine, tu sais ? Bah, tu passeras bien cet hiver, peut-être le suivant, mais je ne t'en donne pas beaucoup plus... Après on te remplacera par un petit jeunot, et tu pourras rejoindre ta copine la Terre... Tu verras, ça sera fun...

Et, discutant avec le rosier qui avait au moins la délicatesse de ne pas la contredire, Lucia s’efforça de chasser de son esprit cette conversation qui laissait en elle une meurtrissure vague et troublante.



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